HUGUES PAGAN Je suis un soir d’été

How long you go,

And how high you fly,

You just go to an early grave.

Pink Floyd

1

Le Falcon 50 glisse dans la nuit glacée, à vingt mille pieds.

L’homme est seul dans la cabine, les mains posées sur les genoux. De grandes mains maigres, aux poignets puissants. Il porte un masque de relaxation en velours noir sur les yeux.

Il est immobile, le buste et le cou très droits, et l’arrière de son crâne repose à peine contre le dossier du siège.

Tout est immobile.

Il perçoit peut-être le clappement étouffé lorsque le commandant de bord ouvre et referme derrière elle la porte du cockpit. Elle se dirige vers lui et ne se penche pas. Elle dit, le visage un peu crispé :

— Satolas dans huit minutes, monsieur.

L’homme relève le masque, le retire. Il incline un peu le buste, cherche par le hublot. La nuit, le bourdonnement étouffé du jet. La grande et mince femme blonde le dévisage. Il secoue la tête, se passe les mains sur la figure.

— Je vous remercie, commandant, dit-il d’une voix rauque et étouffée.

Une voix accordée aux épaules larges et aux poignets solides, aux yeux durs et à la face couturée de cicatrices. Une voix… La femme pivote sur les talons, sa main gauche s’attarde sur le dossier.

Elle n’est plus là.

Simon attache sa ceinture.

Quelque part dans sa tête, une pendule digitale aux chiffres d’un rouge sournois a entrepris la cavalcade d’un sinistre compte à rebours.

Il referme les yeux.

Le Falcon a commencé la procédure d’approche.

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