Encore une confidence

Il y a certains événements qu’on voudrait n’avoir jamais vécus. Qu’on donnerait tout pour oublier. Et qu’on se remémore avec d’horribles pincements au cœur…

J’avais apporté, un jour, trois roses rouges dans les bureaux de l’Association. Bien sûr, je n’avais pas réussi à les cacher à mademoiselle Rose, qui avait secoué la tête en soupirant.

Je savais, Ombe, que tu devais venir récupérer un dossier. Il était placé en évidence sur l’étagère proche de la porte. Discrètement, j’y ai posé mes roses et je me suis dissimulé derrière un angle du couloir.

J’avais passé la nuit à concocter un petit sortilège ; les fleurs devaient s’ouvrir au moment où tu les aurais humées et projeter alentour des grains de lumière.

J’attendais donc ton arrivée, le cœur enflammé, me réjouissant à l’avance de ta surprise.

Lorsque tu es arrivée, tu avais ta tête des mauvais jours. Tu t’es arrêtée, incrédule, devant les fleurs rouges. Tu les as prises, montrées à mademoiselle Rose qui a haussé les épaules. Puis tu les as jetées dans la corbeille et tu es repartie, ton dossier sous le bras.

J’étais tétanisé. Je m’étais inventé tant d’histoires avec ces roses ! La réalité, dont tu étais l’étincelant porte-drapeau, les avait toutes balayées…

Aujourd’hui que je me rappelle cette scène mortifiante, je ne regrette plus de l’avoir toujours dans ma mémoire. Je te revois jetant mes roses à la poubelle et je souris.

C’était tellement toi, alors.

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