Prise de tête

Je me suis, comme tout le monde, posé pas mal de questions sur la mort. Qu’est-ce qui se passe après ? Est-ce qu’on va quelque part ? C’est normal, je crois. De se poser des questions en tout cas. Puisqu’il n’existe pas de réponses. Enfin, de réponses sûres. La mort, c’est le genre de truc qu’il faut expérimenter soi-même. Aucun témoignage ne nous est parvenu a posteriori. Certains magiciens – qu’on appelle nécromanciens ou nécromants – ont réussi à ramener des morts à la vie. Mais aucun d’eux ne leur a jamais rien confié. Parce que ces morts-vivants n’avaient de souvenirs que de leur vie.

J’ai lu sur la question pas mal d’ouvrages de gens bien plus vieux et savants que moi.

Certains préfèrent imaginer cet au-delà en compagnie d’un dieu terrible ou indulgent. D’autres ne voient rien, sinon l’esprit s’éteindre comme s’éteint un écran d’ordinateur quand les circuits du corps partent en fumée. Certains, pour qui la chair n’est qu’un véhicule, s’attendent à une autre vie dans un autre corps. Quelques-uns – ils sont moins nombreux – croient possible de loger l’essence de la vie dans des objets ou des machines. D’autres enfin se sont mis en quête de portes qui s’ouvriraient sur des univers dans lesquels on ne meurt pas.

De leurs réflexions, angoisses et délires, j’ai tiré mes conclusions personnelles. Notamment celle-ci : qu’on rejoigne le néant, un monde pire ou meilleur, des terres blanches ou noires, on disparaît pour toujours du regard des vivants.

La mort est un effacement. Une désintégration de l’être.

On peut spéculer sur l’âme et les arrière-mondes, n’empêche que, comme dit le poète, ce sont ceux qui restent qui se retrouvent en enfer…

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