[1] Allemands: Étaient baptisés «allemands» les vêtements à l’européenne, par opposition aux vêtements proprement russes, paysans: la touloupe, le cafetan, etc. Ici, Raskolnikov se fait remarquer parce qu’il est dans le quartier des Halles. Le mot «allemand» est souvent employé en russe dans le sens d’«étranger».

[2] Raskolnikov tire son nom de celui des Vieux-Croyants (en russe raskolniki: schismatiques) qui se séparèrent de l’Église officielle lors du grand schisme provoqué par la réforme liturgique du patriarche Nikon au milieu du XVIIe siècle.

[3] Aliona: déformation populaire d’Hélène.

[4] Le rouble vaut cent kopecks.

[5] Podiatcheskaïa: Une des rues du centre de Pétersbourg.

[6] Concombres: Les Russes les mangent, peu salés, avec les hors-d’œuvre et la vodka.

[7] Neuvième grade de la hiérarchie civile russe correspondant au grade de capitaine.

[8] Châle: Danse appelée pas de châle.

[9] Lewis: G. H. Lewis, grand admirateur d’Auguste Comte auquel il consacra plusieurs ouvrages, auteur de Physiology of Common Life. Ce livre fut traduit très rapidement en russe.

[10] Appelée tantôt Amalia Fedorovna, tantôt Amalia Ivanovna par l’auteur.

[11] La Petite Ferme : Chanson populaire.

[12] Un uniforme: Les fonctionnaires russes portaient un uniforme.

[13] Un simple coin: Avoir une chambre à soi était considéré comme un luxe chez les gens pauvres. Dans les habitations à bon marché, on louait les coins d’une pièce. On y installait plusieurs locataires.

[14] Appelé plus loin Afanassi Ivanovitch Vakhrouchine.

[15] Dounetchka: Diminutif affectueux de Dounia qui est déjà un diminutif d’Avdotia: Eudoxie.

[16] La verste fait un peu plus d’un kilomètre.

[17] En barbouillant de goudron: Signe d’infamie, lorsque l’inconduite d’une jeune fille était notoire, on badigeonnait de goudron le portail de la maison de ses parents.

[18] Arpenter la pièce: Trait que Dostoïevski prête à nombre de ses héros. Lui-même avait cette habitude lorsqu’il réfléchissait ou bavardait avec quelqu’un.

[19] Le carême de l’Assomption: Il y a quatre carêmes dans le calendrier orthodoxe:

Le grand carême.

Le carême de la Saint-Pierre.

Le carême de l’Assomption, du 1er au 15 août.

L’Avent ou carême de la Saint-Philippe, du 15 novembre au 24 décembre.

[20] L’île Vassilevski: La plus grande des îles de l’embouchure de la Néva.

[21] La Vierge de Kazan: Un des cultes les plus populaires en Russie. La cathédrale de Kazan, à Pétersbourg, contenait une image miraculeuse de la Vierge apportée de Kazan à Moscou en 1579, puis à Pétersbourg en 1721. Elle était couverte d’ornements et de joyaux d’un très grand prix et constamment entourée de fidèles.

[22] La croix de Sainte-Anne: Une des principales décorations russes qui comportait elle-même plusieurs classes.

[23] Aux îles: Les îles étaient la résidence d’été des Pétersbourgeois aisés. Ils y habitaient des villas dispersées dans la verdure. À la pointe de l’île Vassilevski le fleuve se divise en grande et en petite Néva.

[24] L’île Petrovski: Cette île tient son nom de Pierre le Grand qui y créa un parc.

[25] Il se revoit enfant…: Le rêve de Raskolnikov est entremêlé de souvenirs des vacances que Dostoïevski passait, enfant, dans le domaine de ses parents à Darovoïé à 150 kilomètres de Moscou dans la province de Toula.

[26] Le gâteau des morts: Plat de riz ou bouillie de froment garni de raisins secs et de fruits confits qu’on sert au repas des funérailles et qu’on apporte à l’église lors d’un service de commémoration.

[27] Sarafane: Costume des paysannes russes, sorte de robe brodée qu’elles passent sur leur jupe.

[28] La place des Halles: Ancien marché au foin, où s’étaient installées les Halles, quartier très animé surtout au moment des grandes fêtes.

[29] Deux archines huit verchoks: Une archine: 0,71 m; un verchok: environ 4,4 cm.

[30] Verchok: Voir la note 29.

[31] Le jardin Ioussoupov: Dostoïevski habita près de ce jardin au retour du long séjour à l’étranger qu’il fit avec sa seconde femme, Anna Grigorievna.

[32] Le jardin Michel: Ce qui n’aurait fait qu’un vaste jardin de tout un quartier de Pétersbourg. Le palais Michel fut construit par Paul Ier dans le style de la Renaissance. Il y vécut la dernière année de sa vie et y fut assassiné en 1801. En 1819, le palais désaffecté fut attribué à l’École du Génie militaire et devint l’«Institut des Ingénieurs». Dostoïevski y fit ses études et y resta six ans.

[33] Les condamnés qu’on mène au supplice…: Dostoïevski compromis dans le complot de Petrachevski, fut condamné à mort et conduit avec ses camarades sur le lieu de l’exécution. Là leur peine fut commuée en travaux forcés. Dans plusieurs de ses œuvres, il fait allusion à cet épisode tragique et retrace les impressions d’un homme qui croit vivre ses derniers instants.

[34] Ich danke: Merci (en allemand dans le texte).

[35] Man muss: On doit (en allemand dans le texte).

[36] Sein Rock: Son habit (également en allemand dans le texte).

[37] Le quai du canal Catherine: C’est au bord du canal Catherine que s’était installée la rédaction de la revue le Temps que Dostoïevski dirigea avec son frère Michel.

[38] Les Confessions: En français dans le texte

[39] Radichtchev: Écrivain de la fin du XVIIIème siècle. Auteur du célèbre Voyage de Pétersbourg à Moscou où il s’élève violemment contre les abus du servage et du système judiciaire russe. Exilé en Sibérie par Catherine II.

[40] La cathédrale Saint-Isaac: La plus grande église de Saint-Pétersbourg, bâtie par Montferrand, surmontée d’un dôme majestueux qui rappelle ceux de Saint-Pierre de Rome et du Panthéon.

[41] Nastassiouchka: Forme caressante de Nastassia: Anastasie.

[42] Nastassia Nikiforovna: En Russie, c’est une impolitesse de ne pas savoir le nom du père de la personne à qui on s’adresse et de se tromper en déclinant ses prénoms et patronyme. Nikiphore: Nicéphore, Nicétas.

[43] Charmer: Grand tailleur de Pétersbourg à cette époque.

[44] Porphyre Semionovitch: Il s’agit de celui que l’auteur appelle plus loin Porphyre Petrovitch.

[45] Sables: Pétersbourg fut bâtie dans une région de sables et de marais. Certains noms de lieu en font foi.

[46] Mikolaï est un diminutif de Nikolaï.

[47] L’intérêt personnel: Dostoïevski raille ici la morale utilitaire prônée par Pissarev, Tchernychovski et leurs disciples.

[48] Sadovaïa: Ou rue des Jardins.

[49] En français dans le texte.

[50] Copie d’étranger: Poètes anglais, techniciens et philosophes allemands, socialistes français avaient si fortement influencé les classes cultivées, surtout après les guerres de Napoléon, que les jeunes Russes des années 1820, puis 1840, puis 1860 se demandaient avec inquiétude où résidait leur propre essence dans cet amalgame d’éléments hétérogènes.

[51] Piter: Diminutif de Pétersbourg.

[52] L’institut: Institut de jeunes filles nobles.

[53] Un condamné à mort qui reçoit inopinément sa grâce: Voir la note 33.

[54] La vérité…: Si quelqu’un me prouvait que le Christ est en dehors de la vérité et s’il était réellement établi que la vérité est en dehors du Christ, je préférerais rester avec le Christ plutôt qu’avec la vérité. (Lettre écrite à Mme von Vizine, au sortir de la forteresse d’Omsk.)

[55] Des crêpes succulentes: Mets très populaire en Russie. Ce sont des crêpes épaisses qu’on mange avec du caviar, du beurre fondu, de la crème, des petits anchois, des champignons, le tout arrosé de vodka.

[56] Cette phrase se rapporte sans doute à la note qu’on retrouve à plusieurs reprises dans les Carnets: VEUVE CAPET.

[57] En français dans le texte.

[58] Le clocher d’Ivan-le-Grand: Clocher du Kremlin, énorme tour de 82 mètres de haut, achevée sous Boris Godounov, surmontée d’une croix dorée de 15 mètres de haut que les Français emportèrent en 1812, la croyant en or (elle fut remplacée depuis). On a du sommet de cette tour une très belle vue sur Moscou.

[59] En français dans le texte.

[60] En français dans le texte.

[61] Les Nuits égyptiennes: Œuvre en prose inachevée de Pouchkine.

[62] Dussaud: Restaurant et hôtel de Pétersbourg que Dostoïevski aimait et où il habita.

[63] En français dans le texte.

[64] En français dans le texte.

[65] Malaïa-Vichera: Petite station de chemin de fer dans la région de Pétersbourg.

[66] Ce métier d’éditeur: Dostoïevski, qui avait cédé à l’éditeur Stellovski les droits sur ses œuvres complètes pour une somme minime et qui fut toute sa vie talonné par le souci de terminer une œuvre à temps pour un éditeur, caressa longtemps le rêve d’éditer lui-même ses romans. Ce rêve fut réalisé par sa femme Anna Grigorievna qui édita elle-même Les Possédés et les œuvres suivantes, et se consacra à la réédition des œuvres de Dostoïevski après sa mort.

[67] Nouveau Testament: Dostoïevski, en route pour le bagne, avait reçu à Tobolsk la visite de plusieurs femmes de Décembristes (les insurgés de 1825), qui avaient suivi leur mari en exil. Elles lui remirent un Évangile, seul livre autorisé dans la prison. Dostoïevski ne s’en sépara jamais. Il avait l’habitude de le consulter en l’ouvrant au hasard et en lisant en haut et à gauche la page qui se présentait. Il se le fit encore apporter quelques heures avant sa mort.

[68] à la septième verste: À sept verstes de Pétersbourg se trouvait un asile d’aliénés. En Russie, les endroits sont souvent désignés par leur distance de la ville la plus proche.

[69] La résurrection de Lazare: Cette scène fut jugée immorale par les rédacteurs du Messager Russe Crime et Châtiment paraissait alors et Dostoïevski, sur la demande de Katkov, dut la récrire et la réduire notablement.

[70] En français dans le texte.

[71] En français dans le texte.

[72] Sa main droite toucha terre: Geste fréquent en Russie pour saluer, s’excuser, ou à l’église lorsqu’on se prosterne sans se mettre à genoux sur le sol.

[73] La rue des Bourgeois: Rue d’un quartier populeux de Pétersbourg que Dostoïevski habita à l’époque où il travaillait à la revue le Temps.

[74] En français dans le texte.

[75] Dobrolioubov: Écrivain et critique de l’opposition. Eut une grande influence sur la jeunesse dans les années 1860.

[76] Bielinski: Célèbre critique et publiciste russe. Hégélien rationaliste, il collabora aux Annales de la Patrie, puis au Contemporain avec le poète Nekrassov.

[77] Le plat des morts rituel: Voir la note 26 sur le gâteau des morts

[78] Crêpes: Voir la note 55.

[79] Gostiny Dvor: Rangée de magasins bordée d’une colonnade et occupant quatre rues à Pétersbourg.

[80] Pani: Madame, en polonais.

[81] Pan: Monsieur, en polonais.

[82] Vater aus Berlin: Son père de Berlin (en allemand dans le texte).

[83] En français dans le texte.

[84] Die Wäsche et die Dame: En allemand dans le texte.

[85] Geld: D’argent (en allemand dans le texte).

[86] La carte jaune: La carte des prostituées.

[87] Gott der Barmherzige!: Dieu de miséricorde! (en allemand dans le texte).

[88] Piderit: Écrivain et médecin allemand, auteur d’un ouvrage sur la physiognomonie.

[89] Wagner: Économiste allemand.

[90] Pane ladak!: Monsieur le coquin (en polonais).

[91] En français dans le texte.

[92] En français dans le texte.

[93] La perspective Nevski: La plus longue, la plus belle et la plus animée des avenues de Pétersbourg s’étend sur cinq kilomètres, du palais de l’Amirauté au couvent Alexandre Nevski à l’autre bout de la ville. Elle traverse ainsi les quartiers les plus variés. Elle était à cette époque parcourue par une foule très bariolée.

[94] En français dans le texte.

[95] En français dans le texte.

[96] En français dans le texte.

[97] En français dans le texte.

[98] En français dans le texte.

[99] Du hast Diamanten…: Romance sur des paroles de Heine.

[100] Ce fragment de romance est en allemand dans le texte: tu as des diamants et des perles… [Tu as les plus beaux yeux… Fille, que veux-tu de plus?…]

[101] Umsonst: en vain (en allemand dans le texte).

[102] Zaraïsk: Ville de la province de Riazan, dans le centre de la Russie.

[103] Les vrais: Les livres saints qui dataient d’avant la révision des textes sacrés par le patriarche Nikon. (Voir la note 2.)

[104] Un petit billet jaune: Un billet d’un rouble.

[105] En français dans le texte.

[106] Séminariste: Ne veut pas dire ici futur prêtre, mais fils de prêtre, élève d’un séminaire. Les familles de prêtre avaient souvent des noms qui décelaient leur origine. Razoum en russe veut dire raison, bon sens.

[107] En français dans le texte.

[108] En français dans le texte.

[109] La Madone Sixtine de Raphaël: Dostoïevski mettait Raphaël au-dessus de tous les peintres et dans l’œuvre de celui-ci il avait une prédilection pour la madone de Saint-Sixte qui se trouve à Dresde. Il en parle dans plusieurs de ses œuvres. Au-dessus du divan où il mourut, dans son bureau, était accrochée une reproduction de ce tableau, cadeau de la comtesse Tolstoï, veuve du poète Alexis Tolstoï.

[110] En français dans le texte.

[111] En français dans le texte.

[112] Elaguine: Une des îles, lieu de promenade dans la banlieue de Pétersbourg.

[113] En français dans le texte.

[114] Nihil est: En latin dans le texte. Allusion au nihilisme.

[115] Les sages-femmes: Autre allusion aux nihilistes. Les premières femmes émancipées étaient presque toutes des sages-femmes, car c’était le seul métier qui leur fût ouvert.

[116] Il y avait dans l’ancienne Russie trois catégories de travaux forcés pour criminels de droit commun, selon la durée de la peine: la première était celle des forçats condamnés à perpétuité ou à plus de douze ans de bagne; la seconde, celle des forçats condamnés à une peine de huit à douze ans de bagne; la troisième, celle des forçats condamnés à moins de huit ans de bagne. Au milieu du XIXe siècle, les forçats de la première catégorie travaillaient encore dans les mines, ceux de la seconde catégorie à la construction de forteresses, et ceux de la troisième dans les usines. Plus tard cette distinction fut supprimée, et tous furent employés dans les mines.

Tous les condamnés au bagne étaient privés de leurs droits civiques.

[117] Un poud: Environ trente-cinq livres.

[118] Près du monument: La célèbre statue équestre en bronze de Pierre le Grand par Falconet.

[119] Du côté du Palais: Le Palais d’Hiver.

[120] Trente-cinq roubles, dans le texte définitif, ce qui est plus logique avec ce qui suit… (Note du correcteur – ELG.)

[121] La Fontanka : Un des canaux de Pétersbourg; doit son nom aux fontaines du Jardin d’Été qui l’alimentent.

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