Un Lion avait invité tous les quadrupèdes à honorer les obsèques de sa Femme qui venait de mourir. Pendant que tous les Animaux ressentaient à la mort de la Reine une douleur inexprimable, seul, le Cerf, à qui elle avait enlevé ses fils, étranger au chagrin, ne versait pas une larme. Le Roi s’en aperçut. Il fait venir le Cerf pour le mettre à mort. Il lui demande pourquoi il ne pleure pas avec les autres la mort de la Reine. – C’est ce que j’aurais fait, dit celui-ci, si elle ne me l’avait pas défendu. Quand j’approchai, son âme bienheureuse m’apparut. Elle se rendait aux demeures Élyséennes, ajoutant qu’il ne fallait pas pleurer son départ, puisqu’elle se rendait vers les parcs riants et les bois, séjour enchanté du bonheur. – À ces mots, le Lion plein de joie accorda au Cerf sa grâce. Cette fable signifie que c’est parfois le devoir d’un Homme prudent de feindre et de s’abriter de la fureur des puissants derrière une honorable excuse.