Un grand Chasseur revenant un jour de la chasse avec un Daim qu’il avait pris, aperçut un Sanglier qui venait droit à lui. – Bon, dit le Chasseur, cette bête augmentera ma provision. – Il banda son arc aussitôt et décocha sa flèche si adroitement qu’il blessa le Sanglier à mort. Cet animal, se sentant blessé, vint avec tant de furie sur le Chasseur qu’il lui fendit le ventre avec ses défenses, de manière qu’ils tombèrent tous deux sur la place. Dans ce temps-là il passa par cet endroit un Loup affamé qui, voyant tant de viande par terre, en eut une grande joie. – Il ne faut pas, dit-il en lui-même, prodiguer tant de biens, mais je dois, ménageant cette bonne fortune, conserver toutes ces provisions. – Néanmoins, comme il avait faim, il en voulut manger quelque chose. Il commença par la corde de l’arc, qui était de boyau, mais il n’eut pas plus tôt coupé la corde que l’arc, qui était bien bandé, lui donna un si grand coup contre l’estomac qu’il le jeta tout raide mort sur les autres corps. Cette fable fait voir qu’il ne faut point être avare.