HarryPotter et l'ordre du phoenix

Traduit par l’ordre des traducteurs :

Eva 1 a 14

nicô 14 20 21 28 37

Cda 26 28 31

Slyther01 18 25 34 36

Faustine,

Stadha 15 16 27 33

Quentin 29

Vitor belfort 38

Watershine 35

Julie 19

Orthographe vérifiée par Legrand98


Sommaire

Chapitre 1 Dudley détraqué ................................................................................ page 3

Chapitre 2 Une plaie de hiboux ......................................................................... page 167

Chapitre 3 La garde rapprochée ......................................................................... page 31

Chapitre 4 Douze Grimmauld Place ................................................................. page 45

Chapitre 5 L’ordre du phoenix ........................................................................... page 60

Chapitre 6 La noble et très ancienne maison des Blacks ............................... page 76

Chapitre 7 Le ministère de la magie .................................................................. page 92

Chapitre 8 L’audience .......................................................................................... page 103

Chapitre 9 Les malheurs de Mme Weasley ...................................................... page 117

Chapitre 10 Luna Lovegood ............................................................................... page 132

Chapitre 11 La nouvelle chanson du choipeau magique ............................... page 146

Chapitre 12 Le professeur umbridge ................................................................ page 164

Chapitre 13 En retenue avec Dolorés ............................................................... page 183

Chapitre 14 Percy et Padmol .............................................................................. page 202

Chapitre 15 La grande inquisitrice de Poudlard .............................................. page 220

Chapitre 16 La tête de cochon ........................................................................... page 237

Chapitre 17 le décret d’éducation n/24 ............................................................. page 250

Chapitre 18 L’armée de Dumbledore ............................................................... page 266

Chapitre 19 Le lion et le serpent ........................................................................ page 286

Chapitre 20 Le récit de Hagrid ........................................................................... page 301

Chapitre 21 L’œil du serpent .............................................................................. page 317

Chapitre 22 L’hopital St Mungo pour maladies et blessures magiques ...... page 333

Chapitre 23 Noël sous haute surveillance ........................................................ page 351

Chapitre 24 Occlumencie .................................................................................... page 368

Chapitre 25 Le scarabée aux abois .................................................................... page 386

Chapitre 26 Vu et imprévu ................................................................................. page 405

Chapitre 27 Le centaure et l’espion ................................................................... page 424

Chapitre 28 Les pires souvenirs de Rogue ....................................................... page 440

Chapitre 29 Conseils de carrières ...................................................................... page 458

Chapitre 30 Grawp ............................................................................................... page 481

Chapitre 31 Les BUSE ........................................................................................ page 499

Chapitre 32 Hors du feu ...................................................................................... page 516

Chapitre 33 Combattre et voler ......................................................................... page 529

Chapitre 34 Le département des mystères ....................................................... page 537

Chapitre 35 Derrière le voile .............................................................................. page 549

Chapitre 36 Le seul dont il a toujours eu peur ................................................ page 567

Chapitre 37 La prophétie perdue ....................................................................... page 576

Chapitre 38 La deuxième guerre commence ................................................... page 594


— Chapitre Premier —

Dudley Détraqué

Le jour le plus chaud de l’été jusqu’alors touchait à sa fin et un silence léthargique régnait sur les grandes maisons carrées de Privet Drive. Les voitures, d’habitude reluisantes se trouvaient couvertes de poussière dans leur allée et les pelouses auparavant d’un vert émeraude s’étendaient desséchées et jaunissantes — car l’usage de tuyaux d’arrosage avait été proscrit en raison de la sécheresse. Privés de leurs passe-temps habituels, lavage de voiture et tonte de pelouse, les habitants de Privet Drive s’étaient retirés à l’ombre de leurs maisons fraîches, les fenêtres grandes ouvertes dans l’espoir d’attirer une brise qui demeurait inexistante. La seule personne encore dehors était un adolescent allongé sur le dos dans un parterre de fleurs devant le numéro quatre.

C’était un garçon maigre, aux cheveux noirs, portant des lunettes, qui avait l’allure quelque peu chétive et maladive de quelqu’un qui a beaucoup grandi en peu de temps.

Son jean était déchiré et sale, son T-shirt ample et délavé et les semelles de ses baskets se décollaient à l’avant. L’apparence de Harry Potter ne le rendait pas attachant aux yeux des voisins, qui étaient du genre à penser qu’une tenue débraillée devrait être punie par la loi, mais comme il s’était caché derrière un grand buisson d’hortensias, il était relativement invisible pour les passants ce soir là. En fait, il n’aurait pu être repéré à moins que son oncle Vernon ou sa tante Pétunia passent la tête par la fenêtre du salon et regardent le parterre de fleurs pile en-dessous.

Dans l’ensemble, Harry se félicitait d’avoir eu l’idée de se cacher là. Il n’était peut être pas très confortable, allongé sur la terre chaude et dure, mais d’un autre côté, personne ne le regardait en grinçant des dents si bruyamment qu’il ne pouvait pas écouter les informations, ni ne lui lançait des questions désagréables comme c’était arrivé chaque fois qu’il avait essayé de s’asseoir dans le salon pour regarder la télévision avec sa tante et son oncle.

Comme si cette pensée avait pénétré en volant par la fenêtre ouverte, Vernon Dursley, l’oncle de Harry, se mit soudain à parler.

« Content de voir que le gosse a cessé de nous importuner. Où est-il, d’ailleurs ? »

« Je ne sais pas », dit la tante Pétunia, indifférente. « Pas à la maison. »

L’oncle Vernon grogna.

« …en train de regarder les informations » dit-il d’un ton cinglant. « J’aimerais bien savoir ce qu’il prépare. Comme si un garçon normal se souciait de ce qu’il y a aux infos.

Dudley n’a pas la moindre idée de ce qui se passe ; je doute qu’il sache qui est le Premier Ministre ! De toutes façons, ce n’est pas comme s’il pouvait y avoir quelque chose sur les gens comme lui dans nos informations –»

« Vernon, chut ! » dit la tante Pétunia. « La fenêtre est ouverte ! »

« Oh — exact — désolé, chérie. »

Les Dursley se turent. Harry écouta une pub pour les céréales Fruit ’n’ Bran, tout en regardant Mme Figg, une vielle dame cinglée qui adorait les chats, habitant dans Wisteria Walk juste à côté, passer nonchalamment. Elle fronçait les sourcils et se parlait à ellemême. Harry était très content d’être dissimulé par le buisson, vu que Mme Figg s’était récemment mis en tête de l’inviter à prendre le thé chaque fois qu’elle le croisait dans la rue. Elle avait disparu au coin de la rue lorsque la voix de l’oncle Vernon s’éleva à nouveau de la fenêtre.

« Dudlinouchet est sorti pour le goûter ? »

« Chez les Polkiss », dit la tante Pétunia avec tendresse. « Il s’est fait tant de copains, il est si populaire… »

Harry réprima un ricanement avec difficulté. Les Dursley étaient étonnamment stupides quant à leur fils, Dudley. Ils avaient tout gobé quand il avait prétendu goûter avec un membre différent de sa bande chaque soir des vacances d’été. Harry savait parfaitement bien que Dudley n’était allé goûter nulle part ; lui et sa bande passaient toutes leurs soirées à saccager l’aire de jeux, à fumer aux carrefours et à jeter des pierres sur les voitures et les enfants qui passaient par là. Harry les avait vus à l’œuvre pendant ses promenades vespérales dans Little Whinging ; il avait passé la majeure partie de ses vacances à déambuler dans les rues, récupérant au passage les journaux dans les poubelles.

Les premières notes du générique annonçant le journal de 19 heures parvinrent aux oreilles de Harry et son estomac se noua. Ce soir peut-être — après un mois d’attente

— il y aurait quelque chose.

« Un nombre record de vacanciers immobilisés dans les aéroports, les bagagistes espagnols entamant leur deuxième semaine de grève –»

« Foutez-leur un congé à vie, non mais écoutez-moi ça » gronda l’oncle Vernon plus fort que la fin du discours du journaliste, mais peu importait : dehors dans le lit de fleur, l’estomac de Harry se desserra. Si quelque chose était arrivé, cela eût certainement constitué le premier titre du journal ; la mort et la destruction étaient plus importantes que des vacanciers immobilisés.

Il libéra une lente respiration et contempla l’éclatant ciel bleu. Tous les jours cet été avaient été pareils : la tension, l’appréhension, le soulagement passager puis de nouveau l’angoisse… et toujours, progressant avec une insistance de plus en plus forte, la question du pourquoi rien n’était encore arrivé ?

Il continua d’écouter, jute au cas où il y aurait quelques indices, mépris par les Moldus

— une disparition inexpliquée peut être, ou un accident curieux… mais la grève des bagagistes fut suivie par des informations sur la sécheresse dans le sud-est (« j’espère qu’il écoute à côté ! » meugla l’oncle Vernon « lui et ses arrosages à trois heures du matin

»), puis un hélicoptère qui avait failli s’écraser dans un champ dans le Surrey, ensuite le divorce d’une célèbre actrice de son célèbre mari (« Comme si leurs histoires sordides nous intéressaient » fit remarquer la tante Pétunia, qui avait suivi l’affaire avec un vif intérêt dans tous les magazines sur lesquels elle était arrivé à poser sa main squelettique).

Harry ferma les yeux pour se protéger du ciel éblouissant dans la lumière du soleil couchant tandis que le journaliste poursuivait «– et finalement, Bungy la perruche a trouvé un nouveau moyen de rester zen cet été. Bungy, qui vit a Five Feathers a Barnsley, a appris le ski nautique ! Mary Dorkins a cherché a en savoir plus. ». Harry ouvrit les yeux. Si on avait atteint le ski nautique pour perruche, il n’y aurait plus rien d’intéressant. Il roula prudemment sur son ventre et se mit à quatre pattes, se préparant à s’éloigner de la fenêtre.

Il avait avancé d’environ cinq centimètres lorsque plusieurs événements se succédèrent très rapidement.

Un violent crac déchira le silence léthargique comme un coup de feu ; un chat déboula de sous une voiture et s’enfuit hors de vue ; un cri, un juron et le bruit d’une porcelaine cassée venant de la salle de séjour des Dursey, et, comme si ç’avait été le signal qu’attendait Harry, il se redressa d’un bond, tirant en même temps de la ceinture de son jean une fine baguette de bois tel un chevalier tirant l’épée du fourreau — mais avant qu’il ait pu se relever entièrement, le sommet de son crâne heurta la fenêtre ouverte des Dursley. Le vacarme qui s’ensuivit fit crier la tante Pétunia de plus belle.

Harry eut l’impression que sa tête venait d’être fendue en deux. Les yeux humides, il oscilla, essayant de discerner nettement la rue à travers ses larmes pour repérer la source du bruit, mais il venait à peine de se relever quand deux grandes mains violacées surgirent par la fenêtre ouverte et se refermèrent autour de sa gorge.

« Range — moi — ça ! » gronda l’oncle Vernon dans l’oreille de Harry

« Maintenant ! Avant — que quelqu’un — la remarque ! »

« Lâche — moi ! » Râla Harry. Pendant quelques secondes ils luttèrent, Harry tirant sur les doigts semblables à des saucisses de son oncle avec sa main gauche, la droite maintenant fermement sa baguette ; ensuite, alors que la douleur redoublait dans le crâne de Harry, l’oncle Vernon cria et le relâcha comme s’il avait reçu un électrochoc.

Quelque force invisible avait semblé surgir de son neveu, le rendant impossible à tenir.

Haletant, Harry s’écroula dans la haie d’hortensias, se redressa et jeta un œil alentour. Il n’y avait aucun signe de ce qui avait causé le violent craquement, mais quelques têtes sortaient de certaines des fenêtres voisines. Harry fourra à la hâte sa baguette dans son jean et essaya d’arborer un air innocent.

« Belle soirée ! » cria l’oncle Vernon en faisant un signe de la main à Mme-du numéro-sept-d’en-face, qui les observait de derrière ses rideaux. « Vous avez entendu cette voiture qui vient juste de caler ? Ça nous a fait sursauter Pétunia et moi. »

Il continua de sourire, d’une façon horrible, comme un maniaque, jusqu’à ce que tous les voisins curieux aient disparu de leurs fenêtres respectives, puis son sourire devint une grimace de fureur lorsqu’il demanda à Harry de s’approcher.

Harry fit quelques pas dans sa direction, en restant soigneusement hors de la zone où les mains tendues de l’oncle Vernon auraient pu reprendre leur étranglement. « Par le diable, qu’est ce que ça signifie ? » demanda l’oncle Vernon d’une voix tremblante de rage.

« Que signifie quoi ? » répondit calmement Harry. Il continuait de regarder à gauche et à droite dans la rue, espérant toujours apercevoir celui qui avait produit le craquement.

« faire un vacarme comme si on donnait le départ d’une course avec un pistolet devant notre –»

« Ce n’est pas moi qui ai fait ce bruit. » répondit Harry fermement.


La tête maigre et chevaline de la tante Pétunia était apparue derrière celle large et pourpre de l’oncle Vernon. Elle semblait livide.

« Pourquoi étais-tu planqué sous la fenêtre ? »

« Oui — oui, bien vu Pétunia. Que faisais-tu sous notre fenêtre, gamin ? »

« J’écoutais les informations. » répondit Harry d’un ton résigné.

Son oncle et sa tante échangèrent des regards outragés.

« Tu écoutais les informations ! Encore ? »

« Eh bien, ça change tous les jours, vous savez… » dit Harry.

« Ne joue pas au plus malin avec moi, gamin ! Je veux savoir ce que tu magouilles vraiment — et ne me ressors plus de j’écoutais les informations. Tu sais parfaitement que les gens de ta sorte –»

« Fais attention Vernon ! » murmura la tante Pétunia, et l’oncle Vernon baissa le ton de sorte que Harry l’entendait à peine. «– que les gens de ta sorte ne passent pas dans nos informations ! »

« Vous n'en savez rien. »

Les Dursley le regardèrent avec des yeux ronds pendant quelques secondes, puis tante Pétunia dit « Tu es un vilain petit menteur. Que font tous ces –», elle aussi baissa l’intensité de sa voix à tel point que Harry dût lire sur ses lèvres les derniers mots, «–

hiboux sinon t’apporter des nouvelles ? »

« Aha ! » chuchota l’oncle Vernon d’un ton triomphant. « Ça t’en bouche un coin, gamin

! Comme si nous ne savions pas que tu as toutes les nouvelles que tu veux grâce à ces pestilentiels volatiles ! »

Harry hésita un moment. Ça lui coûtait de dire la vérité cette fois, même si son oncle et sa tante ne pouvaient pas comprendre combien il avait du mal à l’admettre.

« Les hiboux… ne m’apportent pas de nouvelles. » dit-il très faiblement.

« Tu ne me feras pas croire ça » répliqua tante Pétunia.

« Pas plus qu’à moi. » renchérit l’oncle Vernon avec force.

« Nous savons que tu prépares quelque chose de louche. »

« Nous ne sommes pas stupides, tu sais. » dit l’oncle Vernon.

« Eh bien, voilà au moins une nouvelle pour moi. » répondit Harry, de plus en plus énervé, et avant que les Dursley n’aient eu le temps de le rappeler, il avait fait demi-tour, traversé la pelouse, enjambé le muret du jardin, et arpentait la rue à grands pas.

Il aurait des ennuis maintenant et il en était conscient. Il devrait affronter tôt ou tard sa tante et son oncle et payer le prix de son insolence, mais il ne s’en souciait pas trop pour le moment ; des questions bien plus pressantes le préoccupaient.

Harry était sûr que le craquement avait été produit par une Apparition ou une Disparition. C’était exactement le bruit que Dobby l’elfe de maison faisait lorsqu’il s’évaporait, ne laissant à sa place que du vent. Était-il possible que Dobby fût à Privet Drive ? Dobby pouvait-il être en train de le suivre à ce moment précis ? En pensant à cela il se retourna et scruta Privet Drive, mais elle semblait complètement déserte et Harry était sûr que Dobby ne savait pas se rendre invisible.

Il poursuivit son chemin, presque sans se rendre compte de sa direction, car dernièrement il avait parcouru ces rues si souvent que ses pieds l’amenaient automatiquement à ses planques favorites. Tous les cinq pas il lorgnait par-dessus son épaule. Quelqu’un du monde magique l’avait approché tandis qu’il était allongé parmi les bégonias mourants de la tante Pétunia, il en était certain. Pourquoi ne lui avaient-ils pas parlé, pourquoi ne l’avaient ils pas contacté, pourquoi se cachaient-ils maintenant ?

Et soudain, alors que son sentiment de frustration atteignait son paroxysme, ses certitudes s’enfuirent.

Peut-être que ça n’avait pas été un son magique après tout. Peut-être cherchait-il si désespérément le moindre signe du monde auquel il appartenait, qu’il s’emballait pour des bruits parfaitement anodins. Pouvait-il être sûr que ce n’avait pas été pas un bruit de casse dans une maison voisine ?

Harry eut une sensation sourde s’enfonçant dans son estomac et avant qu’il ne s’en rende compte, le sentiment de désespoir qui l’avait infesté tout l’été le submergea de nouveau.

Le lendemain, il serait tiré de son sommeil à cinq heures par le réveil afin qu’il puisse payer le hibou qui lui livrait la Gazette du Sorcier — mais à quoi bon continuer à la recevoir ? Ces derniers jours, Harry jetait un coup d’œil succinct à la Une avant de la repousser de côté ; lorsque les idiots qui dirigeaient le journal réaliseraient enfin que Voldemort était de retour, ce serait à la tribune, et c’était le seul genre de nouvelles dont Harry se préoccupait.

Avec un peu de chance, il y aurait aussi des hiboux portant des lettres de ses meilleurs amis, Ron et Hermione, bien que tous les espoirs qu’il avait eu que leurs lettres lui apporteraient des nouvelles eussent été balayés depuis longtemps.

Nous ne pouvons pas en dire beaucoup à propos de Tu-Sais-Qui, bien sûr… On nous a dit de ne rien dire d’important, au cas où nos lettres se perdaient… Nous sommes plutôt occupés mais je ne peux pas te donner de détails ici… Il se passe plein de choses, nous te dirons tout lorsque nous te verrons…

Mais quand allaient-ils se voir ? Personne ne semblait trop se soucier d’une date précise.

Hermione avait griffonné Je pense que nous te verrons bientôt à l’intérieur de sa carte d’anniversaire, mais combien « bientôt » était-il tôt ? Autant que Harry pouvait déduire des vagues indices dans leurs lettres, Hermione et Ron se trouvaient au même endroit, qui devait être la maison des parents de Ron. Il pouvait difficilement supporter la pensée de ces deux-là s’amusant au Terrier, pendant que lui était coincé à Privet Drive. En fait, il était tellement en colère contre eux qu’il avait jeté sans les ouvrir les deux boîtes de chocolats Honeydukes qu’ils lui avaient envoyées pour son anniversaire. Il l’avait regretté par la suite, après la salade flétrie que la tante Pétunia avait préparée pour le dîner ce soir-là.

Et à quoi Ron et Hermione étaient-ils occupés ? Pourquoi n’était-il pas occupé, lui Harry ? Ne s’était-il pas montré bien plus capable qu’eux ? Avaient-ils tous oublié ce qu’il avait fait ? N’était-ce pas lui qui était entré dans ce cimetière, qui avait vu Cédric se faire assassiner, et qui avait été attaché à cette pierre tombale et failli être tué ?

Ne pense pas à ça, se dit Harry sévèrement pour la centième fois cet été. C’était déjà assez difficile de continuer de revoir le cimetière dans ses cauchemars, sans en plus le ressasser durant ses périodes d’éveil.

Il prit le tournant dans Magnolia Crescent ; à mi-chemin, il dépassa l’étroite allée le long d’un garage où il avait pour la première fois posé le regard sur son parrain. Sirius, au moins, semblait comprendre ce que ressentait Harry. Certes, ses lettres étaient toutes aussi dépourvues d’informations que celles de Ron et de Hermione, mais au moins elles contenaient des conseils de prudence et des mots de réconfort au lieu d’allusions alléchantes : Je sais que ce doit être frustrant pour toi… Ne t’attire pas d’ennuis et tout ira bien… Sois prudent et ne fais rien d’irréfléchi…

Et bien, pensa Harry, qui traversa Magnolia Crescent, prit Magnolia Road et se dirigea vers le parc qui s’assombrissait, il avait (dans l’ensemble) suivi les conseils de Sirius. Il avait au moins résisté à la tentation d’attacher sa malle à son balai et de partir pour le Terrier par lui-même. En fait, Harry pensait que son comportement avait été très correct, si l’on considérait à quel point il se sentait frustré et furieux d’être coincé à Privet Drive depuis si longtemps, réduit à se tapir parmi les fleurs dans l’espoir d’entendre quelque chose qui aurait pu indiquer ce que manigançait Lord Voldemort.

Quoi qu’il en soit, il était plutôt énervant de se faire dire de ne pas être irréfléchi par un homme qui avait passé douze ans dans la prison des sorciers, Azkaban, s’était évadé, avait voulu commettre le meurtre pour lequel il avait déjà été condamné, puis s’était enfui sur un hippogriffe volé.

Harry sauta par-dessus le portail fermé du parc et marcha sur l’herbe desséchée. Le parc était aussi vide que les rues environnantes. Lorsqu’il atteignit les balançoires, il s’affala dans la seule que Dudley et ses amis n’avaient pas encore réussi à casser, enroula un bras autour de la chaîne et fixa le sol d’un air morose. Il ne pourrait plus se cacher dans le parterre de fleurs des Dursley. Le lendemain, il allait devoir inventer un autre moyen pour écouter les nouvelles. En attendant, il n’avait rien à espérer qu’une autre nuit perturbée et sans repos, car, même quand il échappait aux cauchemars avec Cédric, il faisait des rêves déconcertants avec de longs couloirs obscurs, qui se terminaient tous sur des culs-de-sac et des portes fermées, ce qu’il supposait venir du sentiment d’être pris au piège qu’il ressentait lorsqu’il était éveillé. Souvent la vieille cicatrice sur son front le picotait d’une manière désagréable, mais il ne se leurrait pas : Ron, Hermione ou Sirius ne trouveraient plus cela très intéressant. Dans le passé, la douleur dans sa cicatrice les avait prévenus que Voldemort reprenait des forces, mais maintenant que Voldemort était de retour, ils lui rappelleraient probablement qu’il fallait s’attendre à ses démangeaisons continuelles… rien d’inquiétant… rien de nouveau…

Toute cette injustice s’accumulait en lui tant et si bien qu’il aurait voulu hurler de fureur.

S’il n’avait pas été là, personne n’aurait su que Voldemort était revenu ! Et sa récompense était d’être coincé à Little Whinging depuis quatre semaines entières, complètement coupé du monde magique, réduit à s’accroupir derrière des bégonias mourants afin d’entendre parler de perruches faisant du ski-nautique ! Comment Dumbledore avait-il pu l’oublier si facilement ? Pourquoi Ron et Hermione s’étaient ils retrouvés sans l’inviter, lui aussi ? Combien de temps encore lui faudrait-il écouter Sirius lui dire de se tenir tranquille et d’être un bon garçon ; ou encore résister à l’envie d’écrire à la stupide Gazette du Sorcier pour leur signaler que Voldemort était de retour ? Ces pensées furieuses tourbillonnaient dans la tête de Harry et ses entrailles se tordaient sous l’effet de la colère alors qu’une nuit pesante et veloutée tombait autour de lui, l’air embaumé par l’odeur de l’herbe tiède et desséchée, le seul bruit étant le léger ronronnement de la circulation sur la route derrière les grilles du parc.

Il ignorait combien de temps il était resté sur la balançoire lorsqu’un bruit de voix interrompit sa rêverie et lui fit lever la tête. Les lampadaires des rues alentour projetaient une lueur brumeuse suffisamment intense pour découper les silhouettes d’un groupe de gens traversant le parc. L’un d’entre eux chantait à tue-tête une chanson grossière. Les autres s’esclaffaient. Un léger cliquetis émanait d’onéreux vélos de course qu’ils conduisaient.

Harry savait de qui il s’agissait. Le personnage de devant était assurément son cousin, Dudley Dursley, rentrant à la maison, accompagné de sa fidèle bande. Dudley était toujours aussi large, mais un an de diète sévère et la découverte d’un nouveau talent avait apporté une certaine modification à son physique. Comme le disait l’oncle Vernon avec délices à quiconque voulait bien l’entendre, Dudley était récemment devenu le Champion Inter-écoles de Boxe Poids lourd Junior du Sud-Est. Le « noble sport », comme disait l’oncle Vernon, avait rendu Dudley encore plus immense qu’il avait paru à Harry à l’époque de l’école primaire quand il avait servi de premier punching-ball à Dudley. Harry n’avait plus un soupçon de peur de son cousin désormais mais il ne pensait pas néanmoins que le fait que Dudley apprît à frapper plus fort et plus précisément fût matière à se réjouir. Il terrorisait les enfants du voisinage — encore plus que « ce garnement de Harry Potter » qui, les avait-on prévenus, était un criminel endurci et fréquentait le Centre St Brutus pour les Jeunes Délinquants Récidivistes.

Harry observa les formes noires traverser la pelouse et se demanda qui ils avaient frappé cette nuit-là. Regardez par-ici, pensa Harry en les regardant. Venez… regardez… je suis assis là tout seul… venez et tentez votre chance… Si les copains de Dudley le voyaient assis là, ils fondraient sûrement droit sur lui, et que ferait Dudley alors ? Il ne voudrait pas perdre la face devant sa bande, mais il serait terrifié à l’idée de provoquer Harry…

ce serait vraiment amusant de regarder le dilemme de Dudley, de le provoquer, de l’observer, impuissant à répondre… et si l’un des autres essayait de frapper Harry, il était prêt — il avait sa baguette. Pourvu qu’ils essayent… il adorerait décharger un peu de sa frustration sur les garçons qui avaient autrefois fait de sa vie un enfer.

Mais ils ne se retournèrent pas, ils ne le virent pas, ils étaient presque devant les grilles.

Harry maîtrisa l’envie de les appeler… chercher la bagarre n’était pas une action intelligente… il ne devait pas utiliser la magie… il risquerait l’expulsion à nouveau.

Les voix des acolytes de Dudley s’évanouirent ; ils étaient hors de vue, continuant sur Magnolia Road.

Et voilà, Sirius, pensa Harry. Rien d’irréfléchi. Pas cherché les ennuis. Exactement le contraire de ce que tu aurais fait.

Il se leva et s’étira. La tante Pétunia et l’oncle Vernon semblaient penser que, quelle que soit l’heure du retour de Dudley, c’était l’heure de rentrer, et qu’après cette heure il était bien trop tard. L’oncle Vernon avait menacé d’enfermer Harry dans la réserve si jamais il rentrait encore après Dudley, alors, bâillant, et toujours renfrogné, Harry se dirigea vers la sortie du parc.


Magnolia Road, comme Privet Drive, était pleine de grandes maisons carrées avec des pelouses parfaitement entretenues, chacune détenue par de gros propriétaires carrés qui conduisaient des voitures fort bien nettoyées semblables à celle de l’oncle Vernon.

Harry préférait Little Whinging la nuit, quand les fenêtres aux rideaux tirés maculaient les ténèbres de couleurs brillantes comme des joyaux, et qu’il ne courait aucun risque d’entendre des murmures réprobateurs à propos de son apparence de « délinquant » en croisant les propriétaires de ces maisons. Il marcha à grands pas, si bien qu’à mi-chemin de Magnolia Road la bande de Dudley reparut dans son champ de vision ; ils se disaient au-revoir devant le début de Magnolia Crescent. Harry s’écarta dans l’ombre d’un grand lilas et attendit.

« …couinait comme une truie, pas vrai ? » disait Malcolm, les autres pouffant de rire.

« Joli crochet, Big D », dit Piers.

« À la même heure demain ? » dit Dudley.

« Direct chez moi, mes parents sortent » dit Gordon.

« À la prochaine alors » dit Dudley.

« Ciao, mon pote »

« Salut, Big D »

Harry attendit que le reste de la bande soit parti avant de reprendre son chemin.

Lorsque leurs voix se furent dissipées à nouveau il prit le tournant vers Magnolia Crescent et, en marchant très vite, il parvint bientôt à portée de voix de Dudley qui se baladait tranquillement, chantonnant un air vague, sans véritable mélodie.

« Salut, Big D ! »

Dudley fit demi-tour.

« Oh », grogna-t-il, « c’est toi. »

« Depuis combien de temps t’appelles-tu donc ‹ Big D › ? » dit Harry.

« La ferme ! », répondit Dudley, poursuivant son chemin.

« Super, ton nom. » ajouta Harry en souriant et en suivant le pas de son cousin. « Mais tu seras toujours ‹ Duddlinouchet chéri › pour moi. »

« J’ai dit LA FERME » dit Dudley, dont les mains boudinées se repliaient en poings. »

« Les gars ne savent pas que c’est comme ça que ta maman t’appelle ? »

« Tais-toi ! »

« Tu ne lui dis pas de se taire, à ta mère. Que dis-tu de ‹ mon petit bout de chou › et ‹

Duddinet trésor › ? Alors je peux m’en servir ? »

Dudley ne dit mot. L’effort pour se retenir de frapper Harry semblait lui demander toute son énergie.

« Alors, qui as-tu tabassé ce soir ? » demanda Harry, en perdant son sourire. « Un autre petit de dix ans ? Je sais que tu as frappé Mark Evans l’autre soir –»

« Il le cherchait », dit Dudley.

« Ah ouais ? »

« Il m’a insulté. »

« Vraiment ? A-t-il dit que tu ressemblais à un porc dressé à marcher sur ses pattes de derrière ? Parce que c’est pas une insulte, Dude, c’est la vérité. »

Un muscle de la mâchoire de Dudley tremblait. Cela apporta une grande satisfaction à Harry de constater combien il rendait Dudley furieux ; il eut l’impression qu’il refilait sa propre frustration à son cousin, et c’était sa seule façon de l’évacuer.


Ils prirent à droite dans l’étroite allée où Harry avait vu Sirius pour la première fois et qui servait de raccourci entre Magnolia Crescent et Wisteria Walk. Elle était déserte et bien plus sombre que les rues avoisinantes car il n’y avait pas de lampadaires. Elle était délimitée par des murs de garages d’un côté et une haute clôture de l’autre.

« Tu te prends pour un homme parce que tu tiens ce truc, hein ? » dit Dudley au bout de quelques instants.

« Quel truc ? »

« Ce — ce truc que tu caches. »

Harry sourit à nouveau.

« Tu n’es pas aussi bête que tu en as l’air, hein, Dude ? Mais d’ailleurs, si tu l’étais, tu ne pourrais pas marcher et parler en même temps.»

Harry sortit sa baguette. Il aperçut Dudley la regarder de côté.

« Tu n’as pas le droit » dit Dudley immédiatement. « Je sais que tu n’as pas le droit. Tu serais renvoyé de ton école de tarés. »

« Qui te dit qu’ils n’ont pas changé les règles, Big D ? »

« Ils ne les ont pas changées. » dit Dudley, sans trop d’assurance toutefois.

Harry rit doucement.

« Tu n’as pas les tripes pour m’affronter sans ce truc, n’est-ce pas ? » dit Dudley.

«Alors que toi tu n’as besoin que de quatre copains avec toi pour frapper un petit de dix ans. Tu sais, ce titre de boxeur dont tu n’arrêtes pas de parler ? Quel âge avait ton adversaire ? Sept ans ? Huit ans ? »

« Il avait seize ans, je te signale, » dit Dudley « et il est resté K.O. pendant vingt minutes après que je l’ai fini, et il était deux fois plus lourd que toi. Tu vas voir quand je vais dire à Papa que tu avais ce truc –»

« On va chercher Papa alors, hein ? Son petit champion de boxe a peur de la méchante baguette de Harry ? »

« Tu fais moins le malin la nuit, hein ? » ironisa Dudley.

« Il fait nuit, Duddlinou. C’est ainsi que l’on nomme le moment où tout s’assombrit comme maintenant. »

« Je veux dire quand tu es au lit ! » grimaça Dudley.

Il avait cessé de marcher. Harry s’immobilisa aussi, observant son cousin. D’après le peu qu’il distinguait du gros visage de Dudley, il affichait une expression curieusement triomphante.

« Qu’est-ce que tu veux dire, que je fais moins le malin quand je suis au lit ? » dit Harry, complètement désemparé. « De quoi suis-je censé avoir peur, des oreillers ou quoi ? »

« Je t’ai entendu la nuit dernière, » dit Dudley sans respirer, « parlant dans ton sommeil.

Implorant. »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » répéta Harry, mais il sentait une masse froide qui s’enfonçait dans son estomac. Il avait revu le cimetière la nuit précédente dans ses rêves.

Dudley émit un rire rauque, puis adopta une voix aiguë, plaintive.

« ‹ Ne tuez pas Cédric ! ne tuez pas Cédric ! › Qui est Cédric — ton petit copain ? »

« Je — tu mens. » dit Harry par réflexe.

Mais sa bouche s’était asséchée. Il savait que Dudley ne mentait pas — sinon comment aurait-il entendu parler de Cédric ?

« ‹ Papa ! Aide-moi, Papa ! Il va me tuer, Papa ! Bouh hou ! › »


« La ferme » dit Harry posément. « Tais-toi, je te préviens ! »

« ‹ Viens m’aider, Papa ! Maman, viens m’aider ! Il a tué Cédric ! Papa, Aide moi ! Il va –›

Ne pointe pas ce truc vers moi ! »

Dudley recula contre le mur de l’allée. Harry visait précisément le cœur de Dudley avec sa baguette. Harry sentait quatorze années de haine envers Dudley battre dans ses veines

— que ne donnerait-il pas pour attaquer maintenant, pour ensorceler Dudley si complètement qu’il devrait rentrer à la maison en rampant comme un insecte débile bourgeonnant des antennes…

« Ne reparle plus jamais de ça » dit Harry, « C’est compris ? »

« Pointe ce truc ailleurs ! »

« J’ai dit c’est compris ? »

« Pointe-le ailleurs ! »

« C’EST COMPRIS ? »

« ÉLOIGNE CE TRUC DE –»

Dudley émit un râle bizarre et tremblant, comme s’il avait été trempé dans de l’eau glacée.

Quelque chose était arrivé à la nuit. Le ciel indigo parsemé d’étoiles était devenu tout à coup complètement noir et sans lumière — les étoiles, la lune, les lampadaires brumeux de chaque côté de l’allée s’étaient évanouis. Le ronronnement éloigné des voitures et le murmure des arbres étaient partis. La douce soirée était soudain d’un froid perçant, mordant. Ils étaient entourés d’une obscurité totale, impénétrable, silencieuse, comme si une main géante avait posé un épais manteau glacial sur toute l’allée, les aveuglant.

Pendant une fraction de seconde Harry pensa qu’il avait fait de la magie sans le vouloir, bien qu’il se soit retenu aussi fort qu’il pouvait — puis la raison lui revint — il n’avait pas le pouvoir d’éteindre les étoiles. Il tourna la tête de-ci, de-là, essayant de distinguer quelque chose, mais l’obscurité se collait à ses yeux comme un voile impalpable.

La voix terrifiée de Dudley parvint aux oreilles de Harry.

« Qu–Qu’est-ce que tu fais ? A–Arrête ! »

« Je ne fais rien ! Tais-toi et bouge pas ! »

« Je vois rien ! Je suis devenu aveugle ! Je –»

« J’ai dit tais-toi ! »

Harry était cloué sur place, tournant son regard aveugle à gauche puis à droite. Le froid était si intense qu’il frissonnait de tout son corps ; ses bras avaient la chair de poule et les cheveux de sa nuque étaient dressés — il écarquilla les yeux au maximum, observant inutilement tout autour, sans rien voir.

Ce n’était pas possible… ils ne pouvaient pas être ici… pas à Little Whinging… il tendit l’oreille… il les entendrait avant de les voir…

« Je le dirai à Papa ! » implora Dudley. « Où–où es-tu ? Qu’est-ce que tu f–fais ? »

« Tu vas la fermer ? » siffla Harry. « J’essaie d’écout–»

Mais il se tut. Il avait entendu exactement ce qu’il redoutait.

Ils n’étaient pas seuls dans l’allée, quelque chose respirait en de longs souffles rauques et grésillant. Harry ressentit un horrible sursaut de peur tandis qu’il tremblait dans l’air glacé.

« Arrête ça ! Fais que ça s’arrête ! Je vais te fr–frapper, je le jure ! »

« Dudley, la fer–»


VLAN !

Harry sentit un poing lui saisir la tête et le soulever. De petites lumières blanches étincelèrent devant lui. Pour la deuxième fois en moins d’une heure, Harry eut l’impression que sa tête avait été hachée en deux ; un instant plus tard, il atterrit violemment sur le sol et sa baguette lui échappa.

« Dudley, espèce de crétin ! » hurla Harry, pleurant de douleur tandis qu’il se mit péniblement à quatre pattes, en tâtonnant frénétiquement autour de lui dans le noir. Il entendit Dudley avancer à l’aveuglette, se cogner contre la clôture et trébucher. «

DUDLEY, REVIENS ! TU LUI COURS DROIT DESSUS ! »

Il y eut un horrible cri déchirant, et le bruit des pas de Dudley cessa. Au même moment, Harry sentit s’étendre derrière lui un souffle givré qui ne pouvait vouloir dire qu’une seule chose. Il y en avait plusieurs.

« DUDLEY, GARDE LA BOUCHE FERMÉE ! QUOIQU’IL ARRIVE, GARDE LA BOUCHE FERMÉE ! Ma baguette ! » marmonna Harry avec frénésie. Ses mains exploraient le sol comme des araignées. « Où est — baguette — allez — lumos ! »

Il prononça le sort automatiquement, il lui fallait absolument de la lumière pour l’aider à chercher — et à son soulagement incrédule, de la lumière apparut à quelques centimètres de sa main droite — l’extrémité de sa baguette s’était allumée. Il la ramassa vivement, se remit debout tant bien que mal et se retourna. Son sang se glaça.

Une silhouette imposante, encapuchonnée, glissait doucement vers lui, flottant au dessus du sol, sans pieds ni tête visibles sous sa robe, aspirant la nuit en avançant. Harry recula en titubant et leva sa baguette.

« Spero Patronum ! »

Une ombre argentée jaillit du bout de la baguette et le Détraqueur ralentit, mais le sort n’avait pas bien fonctionné ; se prenant dans ses propres pieds, Harry recula plus loin tandis que le Détraqueur se penchait vers lui, la panique envahissant son esprit —

concentre-toi —

Deux mains grises, visqueuses, pleines de croûtes et de cicatrices se glissèrent hors de la robe du Détraqueur, prêtes à l’attraper. Un bruit envahit les oreilles de Harry.

« Spero Patronum ! »

Sa voix semblait vague et lointaine. Une autre ombre de vapeur argentée, plus faible encore que la précédente, sortit de sa baguette — il n’y arrivait plus, il ne parvenait plus à lancer le sort.

Un rire résonnait dans sa propre tête, un rire strident, aigu… Il sentait l’haleine putride, froide comme la mort du Détraqueur qui remplissait ses poumons, le noyait — pense…

quelque chose de joyeux…

Mais il n’y avait aucune joie en lui… Les doigts glacials du Détraqueur se refermaient sur sa gorge — le rire aigu devenait de plus en plus fort, et une voix parla dans sa tête : «

Incline-toi devant la mort, Harry… ce n’est peut-être même pas douloureux… je n’en sais rien… je ne suis jamais mort… »

Il ne reverrait plus jamais Ron et Hermione —

Et leurs visages surgirent clairement dans son esprit alors qu’il cherchait à reprendre sa respiration.


« SPERO PATRONUM ! »

Un gigantesque cerf argenté jaillit du bout de la baguette de Harry ; ses bois enfourchèrent le Détraqueur à l’endroit où son cœur devait être ; il fut projeté en arrière, léger comme l’ombre, et alors que le cerf revenait à la charge, le Détraqueur s’enfuit tel une chauve-souris, défait.

« PAR ICI ! » cria Harry au cerf. Se retournant, il courut le long de la ruelle, tenant la baguette allumée au-dessus de la tête. « DUDLEY ? DUDLEY ! »

Il n’avait fait qu’une douzaine de pas quand il les atteignit : Dudley était recroquevillé par terre, ses mains crispées lui couvrant le visage. Un deuxième Détraqueur était accroupi juste au-dessus de lui, lui tenant les poignets de ses mains visqueuses, les écartant lentement, presque affectueusement, baissant sa tête encapuchonnée vers le visage de Dudley, sur le point de l’embrasser.

« ATTRAPE-LE ! » Hurla Harry, et, dans un rugissement, le cerf argenté qu’il avait conjuré le dépassa au galop. La tête sans yeux du Détraqueur était au mieux à un centimètre de Dudley quand les bois du cerf le happèrent ; la chose fut projetée en l’air et, comme son semblable, elle s’envola et fut avalée par l’obscurité ; le cerf partit au petit galop vers le bout de la ruelle et se dissipa en une brume argentée. La lune, les étoiles et les lampadaires brillaient à nouveau. Une brise chaude balayait la ruelle. Les arbres bruissaient dans les jardins alentour, et le grondement habituel des voitures dans Magnolia Crescent emplit l’air à nouveau. Harry se tenait presque immobile, tous ses sens en éveil, le temps de s’habituer à ce brusque retour à la normalité. Au bout d’un moment, il se rendit compte que son T-shirt lui collait à la peau ; il était trempé de sueur. Il n’arrivait pas à croire à ce qui venait de se passer. Des Détraqueurs ici, à Little Whinging.

Dudley était toujours recroquevillé sur le sol, tremblant et gémissant. Harry se pencha pour voir s’il était en état de se relever, mais il entendit quelqu’un courir d’un pas pesant derrière lui. Instinctivement, il leva sa baguette et pivota sur ses talons pour faire face au nouveau venu. Mme Figg, leur vieille voisine cinglée, arriva toute essoufflée. Ses boucles grisonnantes sortaient de son filet à cheveux, un sac de courses se balançait sur son poignet en cliquetant et ses pieds étaient à moitié sortis de pantoufles en tissu écossais.

Harry s’apprêtait à dissimuler rapidement sa baguette, mais —

« Ne la range pas, imbécile ! » Cria-t-elle. « Et s’il y en avait d’autres ? Oh, je vais tuer Mundungus Fletcher ! »


Chapitre Deux : Une plaie de hiboux

« Pardon ? » dit Harry.

« Il est parti ! » s’écria Mme Figg, se tordant les poignets. « Parti voir quelqu’un au sujet d’un lot de chaudrons tombés de l’arrière d’un balai. Je lui ai dit que je l’écorcherais vif s’il partait, et regarde maintenant ! des Détraqueurs ! C’est heureux que j’ai mis M. Tib sur l’affaire ! Mais nous n’avons pas le temps de traîner ! Dépêche-toi maintenant, il faut te ramener ! Oh, les ennuis que ça va causer ! Je vais le tuer ! »

« Mais –» La révélation que cette vieille voisine cinglée obsédée des chats savait ce qu’étaient les Détraqueurs était un choc presque aussi fort pour Harry que d’en rencontrer deux dans l’allée. « Vous êtes — vous êtes une sorcière ? »

« Je suis une Cracmol, et Mundungus le sait très bien, alors comment diable étais je censée t’aider à repousser des Détraqueurs ? Il t’a laissé complètement sans protection alors que je l’avais prévenu –»

« Ce Mundungus m’a suivi ? Attendez — c’était lui ! Il a transplané devant ma maison ! »

« Oui, oui, oui, mais heureusement j’avais posté M. Tib sous une voiture au cas où, et M.

Tib est venu me prévenir, mais lorsque je suis arrivé chez toi tu étais parti — et maintenant — oh, que va dire Dumbledore ? Toi ! » cria-t-elle à Dudley, encore gisant sur le sol de l’allée. « Bouge ton gros postérieur d’ici, vite ! »

« Vous connaissez Dumbledore ? » dit Harry en la fixant.

« Bien sûr que je connais Dumbledore, qui ne connaît pas Dumbledore ? Mais allons-y

— je ne serai d’aucun secours s’ils reviennent, je n’ai jamais ne serait-ce que Métamorphosé un sachet de thé. »

Elle se pencha, saisit un des bras massifs de Dudley dans ses mains desséchées et tira.

« Debout, espèce de gros lourdaud, debout ! »

Mais Dudley ne pouvait — ou ne voulait — pas bouger. Il resta par terre, tremblant et blême, les lèvres serrées de toutes ses forces.

« Laissez-moi faire. » Harry saisit le bras de Dudley et le souleva. Au prix d’un énorme effort il réussit à le hisser sur ses pieds. Dudley semblait sur le point de s’évanouir. Ses petits yeux tournaient dans leurs orbites et la sueur perlait de son front. Dès que Harry le lâcha il vacilla dangereusement.

« Dépêche-toi ! » pressa Mme Figg.

Harry tira un des bras de Dudley par-dessus ses propres épaules et le traîna vers la route, fléchissant un peu sous son poids. Mme Figg tituba devant eux, lorgnant vers l’angle avec anxiété.

« Garde ta baguette prête » demanda-t-elle à Harry tandis qu’ils arrivaient dans Wisteria Walk. « Ne t’occupe pas du Code du Secret maintenant, il va y avoir des dégâts quoi qu’il arrive, autant être pendus pour un dragon que pour un œuf. Tu parles de Restriction Raisonnable de l’Usage de la Magie chez les Sorciers du Premier Cycle…

c’est exactement ce que craignait Dumbledore — Qui est-ce au bout de la rue

? Oh, c’est juste M. Prentice… ne range pas ta baguette, mon garçon, ne te dis-je pas sans cesse que je ne sers à rien ? »

Ce n’était pas facile de tenir une baguette droite et de soutenir Dudley en même temps.

Harry donna un coup de coude dans les côtes à son cousin, mais Dudley semblait avoir perdu tout désir de mouvement autonome. Il était affalé sur l’épaule de Harry, ses grands pieds traînant par terre.

« Pourquoi ne m’avez-vous pas dit que vous étiez une Cracmol, Mme Figg ? » demanda Harry, haletant dans l’effort pour continuer à marcher. « Toutes ces fois où je suis venu chez vous — pourquoi n’avez-vous rien dit ? »

« Ordre de Dumbledore. Je devais garder un œil sur toi mais ne rien te dire, tu étais trop jeune. Je suis désolée de t’avoir fait passé des moments si pitoyables, Harry, mais les Dursley ne t’auraient jamais laissé venir s’ils avaient pensé que tu t’amusais. Ce n’était pas facile, tu sais… mais oh ma parole, » dit-elle dramatiquement, se tordant les mains à nouveau, « quand Dumbledore entendra parler de ça — comment Mundungus a-t-il pu partir, il était censé être de service jusqu’à minuit — où est-il ? Comment vais-je raconter à Dumbledore ce qui s’est passé ? Je ne peux pas transplaner. »

« J’ai une chouette, vous pouvez l’emprunter. » grogna Harry, se demandant si sa colonne vertébrale n’allait pas se briser sous le poids de Dudley.

« Harry, tu ne comprends pas ! Dumbledore va devoir intervenir aussi vite que possible, le Ministère a ses propres méthodes pour détecter la magie des sorciers du premier cycle, ils doivent déjà être au courant, je sais ce que je dis. »

« Mais je repoussais des Détraqueurs, j’étais obligé d’utiliser la magie — ils vont plus s’inquiéter de ce que faisaient des Détraqueurs dans Wisteria Walk, certainement ? »

« Oh, mon pauvre, j’aimerais qu’il en fût ainsi, mais je crains — MUNDUNGUS

FLETCHER, JE VAIS TE TUER ! »

Il y eut un puissant crac et une forte odeur d’alcool mêlée de tabac refroidi emplit l’air et un homme ramassé et hirsute dans un pardessus fripé se matérialisa juste devant eux. Il avait de courtes jambes arquées, de longs cheveux étrangement roux, et des yeux injectés de sang dans des paupières trop larges qui lui donnaient l’air dolent d’un basset.

Il serrait aussi un paquet argenté que Harry reconnut aussitôt comme une Cape d’Invisibilité.

« ’c’ qu’y a, Figgy ? » dit-il, son regard se promenant sur Mme Figg, Harry et Dudley. «

J’croyais qu’on d’vait pas s’montrer ? »

« Je vais t’apprendre à ne pas te montrer ! » cria Mme Figg. « Des Détraqueurs, espèce de brigand inutile, tire-au-flanc, traître ! »

« des Détraqueurs ? » répéta Mundungus, horrifié. « des Détraqueurs, ici ? »

« Oui, ici, espèce de bon à rien de chiure de chauve-souris, ici ! » s’exclama Mme Figg. «

Des Détraqueurs qui attaquaient le garçon sous ta surveillance ! »

« ’tain ! » souffla Mundungus, regardant tour à tour Mme Figg et Harry. « ’tain, je –»

« Et toi parti acheter des chaudrons volés ! Je ne t’avais pas dit de ne pas y aller ? N’estce pas ? »

« Je — euh, je –» Mundungus avait l’air très inconfortable. « C’ét — c’était une très bonne affaire, tu sais –»

Mme Figg leva le bras d’où se balançait son sac de provisions et en fouetta le visage et le cou de Mundungus ; d’après le cliquetis métallique qu’il produisit il était plein de boîtes pour chat.

« Aïe — lâche-moi — arrête, vielle chauve-souris folle ! Quelqu’un doit aller prévenir Dumbledore ! »


« Oui — en — effet ! » hurla Mme Figg, balançant le sac de nourriture pour chat sur chaque centimètre carré de Mundungus qu’elle pouvait atteindre. « Et — ça — a —

intérêt — à — être — toi — et — tu — peux — lui — dire — pourquoi — tu —

n’étais — pas — là — en — renfort ! »

« ’perds pas ton filet à ch’veux ! » dit Mundungus, ses bras protégeant sa tête. « J’y va, j’y va ! »

Et dans un autre crac, il disparut.

« J’espère que Dumbledore va l’assassiner ! » ragea Mme Figg. « Maintenant allons, Harry, qu’est-ce que tu attends ? »

Harry décida de ne pas gaspiller le souffle qu’il lui restait pour faire remarquer qu’il pouvait à peine marcher sous le poids de Dudley. Il rehaussa un peu Dudley à demi conscient et poursuivit en titubant.

« Je t’accompagne jusqu’à la porte. » dit Mme Figg, tandis qu’il s’engageaient dans Privet Drive. « On ne sait jamais s’il y en a d’autres dans le coin… oh ma parole, quelle catastrophe… et tu as du les repousser tout seul… et Dumbledore disait que nous devions t’éviter de faire de la magie à tout prix… bon, ben je suppose qu’on ne répare pas une baguette brisée… mais le loup est dans la ferme à lutins maintenant. »

« Ainsi » haleta Harry, « Dumbledore… m’a fait… suivre ? »

« Évidemment ! », s’impatienta Mme Figg. « Tu espérais qu’il te laisserait te promener tout seul après ce qui s’est passé en Juin ? Bon Dieu, mon garçon, ils m’avaient dit que tu était intelligent… bon… rentre et ne bouge pas de là » dit-elle, alors qu’ils atteignaient le numéro quatre. « Je pense que quelqu’un va te contacter très bientôt. »

« Qu’allez-vous faire ? » s’enquit Harry rapidement.

« Je reste à la maison. » dit Mme Figg, scrutant la rue obscure en frissonnant. « Je dois attendre de nouvelles instructions. Ne bouge surtout pas de la maison. Bonne nuit.

»

« Un moment, ne partez pas encore ! Je veux savoir –»

Mais Mme Figg s’en était déjà allée au trot, ses pantoufles se décollant, son sac à provisions cliquetant.

« Attendez ! » appela Harry. Il avait un million de questions à poser à quiconque était en contact avec Dumbledore ; mais en l’espace de quelques secondes Mme Figg fut avalée par la nuit. Maussade, Harry rajusta Dudley sur son épaule et monta le lent et douloureux chemin du jardin du numéro quatre.

La lumière de l’entrée était allumée. Harry remit sa baguette dans la ceinture de son jean, sonna, et regarda la silhouette de la tante Pétunia s’agrandir progressivement, bizarrement déformée par le verre irrégulier de la porte d’entrée.

« Duddlinouchet ! c’est pas trop tôt, je commençais à — à — Duddlinouchet, qu’est-ce qui t’arrive ? »

Harry regarda de côté vers Dudley et le lâcha juste à temps. Dudley vacilla sur place pendant un certain temps, son visage verdâtre… puis il ouvrit sa bouche et vomit partout sur le paillasson.

« DUDDLINOUCHET ! Duddlinouchet, qu’est-ce qui t’arrive ? Vernon ? VERNON !

»


L’oncle de Harry arriva en trombe du salon, sa moustache à la gauloise secouée de ci, de-là comme toujours quand il était agité. Il se précipita pour aider la tante Pétunia à faire passer le seuil à Dudley dont les genoux étaient trop faibles tout en évitant de marcher dans la flaque de vomi.

« Il est malade, Vernon ! »

« Qu’est-ce qu’il y a, fiston ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Est-ce que Mme Polkiss t’a donné de la nourriture exotique pour le goûter ? »

« Pourquoi es-tu tout sale, mon chéri ? Tu ne t’es pas allongé par terre ? »

« Attends — on ne t’a pas lancé de terre, hein, fiston ? »

La tante Pétunia cria.

« Appelle la police, Vernon ! Appelle la police ! Duddlinouchet, chéri, parle à Maman !

Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? »

Dans tout ce vacarme personne ne semblait avoir remarqué Harry, ce qui lui convenait parfaitement. Il réussit à se glisser dans la maison juste avant que l’oncle Vernon fermât la porte et, alors que les Dursley progressaient bruyamment dans l’entrée vers la cuisine, Harry se dirigea prudemment et doucement vers l’escalier.

« Qui a fait ça, fiston ? Donne-nous les noms. Nous les aurons, ne t’inquiète pas. » «

Chut ! Il essaie de dire quelque chose. Vernon ! Qu’est-ce qu’il y a Duddlinouchet ?

Raconte à Maman ! »

Le pied de Harry était sur la première marche quand Dudley retrouva la voix.

« Lui. »

Harry se figea, le pied sur la marche, le visage tendu, en attente de la détonation.

« GAMIN ! VIENS ICI ! »

Avec un sentiment mêlé d’appréhension et de colère, Harry retira lentement son pied de la marche et se tourna pour suivre les Dursley.

La cuisine minutieusement nettoyée avait un éclat étrangement irréel après l’obscurité du dehors. La tante Pétunia conduisait Dudley dans une chaise ; il était toujours très verdâtre et moite. L’oncle Vernon se tenait devant l’égouttoir, fixant Harry de ses petits yeux contractés.

« Qu’as-tu fait à mon fils ? » dit-il dans un grondement menaçant.

« Rien. » dit Harry, sachant parfaitement bien que l’oncle Vernon ne le croirait pas.

« Qu t’a-t-il fait, Duddlinouchet ? » chevrota la tante Pétunia, qui épongeait le vomi de la veste en cuir de Dudley. « C’était — est-ce que c’était tu-sais-quoi, chéri ?

Il s’est servi de — la chose ? »

Lentement, par à-coups, Dudley acquiesça.

« Je n’ai rien fait ! » dit Harry sèchement, alors que la tante Pétunia émit un hurlement et que l’oncle Vernon leva ses poings. « Je ne lui ai rien fait, ce n’était pas moi, c’était –»

Mais à cet instant précis une chouette effraie plana par la fenêtre de la cuisine. Manquant de peu le sommet du crâne de l’oncle Vernon, elle voleta à travers la cuisine, largua la grande enveloppe de parchemin qu’elle portait dans son bec aux pieds de Harry, fit un gracieux demi-tour, les bouts de ses ailes frôlant le haut du réfrigérateur, puis ressortit à toute allure et s’éloigna par le jardin.


« Des HIBOUX ! » meugla l’oncle Vernon en claquant les fenêtres de la cuisine, la veine habituelle de sa tempe battant furieusement. « ENCORE DES HIBOUX ! JE NE

VEUX PLUS VOIR UN SEUL HIBOU DANS MA MAISON ! »

Mais Harry déchirait déjà l’enveloppe et tirait la lettre qu’elle contenait, son cœur battant quelque part dans la région de la pomme d’Adam.

Cher M. Potter,

Nous avons été informés que vous avez effectué le Charme Patronus à neuf heures et vingt-trois minutes ce soir dans une zone habitée par des Moldus et en présence d’un Moldu.

La gravité de cette infraction au Décret pour la Restriction Raisonnable de l’Usage de la Magie chez les Sorciers du Premier Cycle a conduit à votre expulsion de l’École Poudlard de Sorcellerie. Des fonctionnaires du Ministère se présenteront sous peu à votre domicile pour détruire votre baguette.

Étant donné que vous avez déjà fait l’objet d’un avertissement officiel pour un précédent délit sanctionné par la Section 13 du Code du Secret de la Confédération Internationale des Mages, nous sommes au regret de vous informer que votre présence est requise pour une audition disciplinaire au Ministère de la Magie à 9 heures le douze Août.

Veuillez agréer l’expression de mes vœux les plus sincères, Mafalda Hopkirk

Service des Usages Abusifs de la Magie

Ministère de la Magie

Harry relut deux fois la lettre. Il ne se rendait pas bien compte que l’oncle Vernon et la tante Pétunia parlaient. Dans sa tête, tout était gelé et transi. Une chose avait frappé son esprit comme un trait paralysant. Il était expulsé de Poudlard. C’était fini.

Il ne reviendrait plus jamais.

Il leva les yeux sur les Dursley. L’oncle Vernon, le visage violacé, criait, les poings toujours levés ; la tante Pétunia enserrait Dudley, encore nauséeux.

Le cerveau temporairement paralysé de Harry sembla se réveiller. Des fonctionnaires du Ministère se présenteront sous peu à votre domicile pour détruire votre baguette. Il n’y avait pas trente-six solutions. Il devrait fuir — tout de suite. Où ça, Harry n’en savait rien, mais il était sûr d’une chose : à Poudlard ou ailleurs, il avait besoin de sa baguette.

Dans un état presque onirique, il défourailla sa baguette et se retourna pour sortir de la cuisine.

« Où crois-tu aller ? » hurla l’oncle Vernon. Devant le silence de Harry, il se précipita à travers la cuisine se mettre en travers de la porte donnant sur l’entrée. « Je n’en ai pas fini avec toi, gamin ! »

« Écarte-toi de mon chemin. » dit Harry calmement.

« Tu vas rester ici et m’expliquer comment mon fils –»

« Si tu ne bouges pas je vais t’ensorceler. » dit Harry, levant sa baguette.

« Tu ne me feras pas avaler ça ! » ricana l’oncle Vernon. « Je sais que tu n’as pas le droit de t’en servir hors de cette maison de fous que tu appelles une école ! »


« La ‹ maison de fous › m’a viré. » dit Harry. « Donc je peux faire tout ce que je veux. Tu as trois secondes. Une — deux –»

Un grand CRAC résonna dans la cuisine. La tante Pétunia cria, l’oncle Vernon hurla et sauta de côté, mais pour la troisième fois de la nuit Harry cherchait la source d’une perturbation qu’il n’avait pas causée. Il la repéra immédiatement : une chouette hulotte étourdie et ébouriffée qui venait de se cogner contre la fenêtre fermée était posée sur le rebord extérieur.

Ignorant le « HIBOUX ! » vociféré par l’oncle Vernon, Harry courut à travers la pièce et ouvrit la fenêtre. La chouette tendit la patte, où était attaché un petit rouleau de parchemin, s’ébroua, et s’envola dès que Harry eût prit la lettre. Les mains tremblantes, Harry déroula le second message, qui était griffonné à la hâte et plein de tâches d’encre noire.

Harry —

Dumbledore vient d’arriver au Ministère et il se démène pour arranger ça. NE T ’EN

VAS PAS DE CHEZ TA TANTE ET TON ONCLE. NE REFAIS PAS DE

MAGIE. NE RENDS PAS TA BAGUETTE.

Arthur Weasley

Dumbledore essayait d’arranger ça… qu’est-ce que cela voulait dire ? Quel pouvoir avait Dumbledore pour contrer le Ministère de la Magie ? Y avait-il donc un espoir qu’il puisse être autorisé à retourner à Poudlard ? Un petit sursaut d’espérance bourgeonna dans le cœur de Harry, presque aussitôt étouffé par la panique — comment était-il censé refuser de rendre sa baguette sans faire de magie ? Il serait obligé de combattre les fonctionnaires du Ministère, et s’il le faisait, il aurait de la chance d’éviter Azkaban, sans parler de l’expulsion.

Son esprit s’emballait… il pouvait prendre ses jambes à son cou et risquer d’être repris par le Ministère, ou se tenir tranquille et attendre qu’ils viennent le chercherici. Il était bien plus tenté par le premier choix, mais il savait que M. Weasley agissait dans son intérêt… et après tout, Dumbledore avait arrangé des choses bien pires auparavant.

« Très bien » déclara Harry, « J’ai changé d’avis, je reste. »

Il se jeta sur une chaise à la table de la cuisine et fit face à Dudley et à la tante Pétunia. Les Dursley semblèrent abasourdis devant son brusque changement d’avis. La tante Pétunia chercha désespérément le regard de l’oncle Vernon. La veine sur sa tempe violacée battait plus qu’elle ne l’avait jamais fait.

« De qui viennent tous ces fichus hiboux ? » grogna-t-il.

« Le premier était du Ministère de la Magie, il m’expulsait. » dit calmement Harry. Il tendait l’oreille aux bruits du dehors, au cas où les fonctionnaires du Ministère approcheraient, et il était plus facile et moins bruyant de répondre aux questions de l’oncle Vernon plutôt que d’avoir à supporter ses grognements et ses rugissements. « Le deuxième était du père de mon ami Ron, qui travaille au Ministère. »

« un Ministère de la Magie ? » meugla l’oncle Vernon. « Des gens comme toi au gouvernement ? oh, voilà qui explique tout, absolument tout, pas étonnant que le pays tourne mal. »

Face au silence de Harry, l’oncle Vernon le regarda, puis cracha : « Et pourquoi as tu été expulsé ? »


« Parce que j’ai fait de la magie. »

« AHA ! » rugit l’oncle Vernon, abattant son poing sur le réfrigérateur, lequel s’ouvrit ; quelques sandwichs allégés de Dudley basculèrent et éclatèrent sur le sol.

« Alors tu le reconnais ! Qu’as-tu fait à Dudley ? »

« Rien. » dit Harry, un peu moins calme. « Ce n’était pas moi –»

« Si. » grommela Dudley que l’on n’espérait plus, et l’oncle Vernon et la tante Pétunia firent aussitôt des gestes vifs avec la main à l’intention de Harry pour le faire taire pendant qu’ils se penchaient tous deux au-dessus de Dudley.

« Continue, fiston. » dit l’oncle Vernon. « Qu’est-ce qu’il a fait ? »

« Raconte-nous, chéri. » chuchota la tante Pétunia.

« M’a visé avec sa baguette, » marmonna Dudley.

« Oui, c’est vrai, mais je ne m’en suis pas –» débuta Harry furieusement, mais —

« TAIS-TOI ! » rugirent l’oncle Vernon et la tante Pétunia en chœur.

« Continue, fiston. » répéta l’oncle Vernon, ses moustaches se balançant de rage.

« Tout est devenu noir » dit Dudley d’une voix rauque et tremblante. « Tout était noir.

Et puis j–j’ai entendu… d–des choses. D–Dans ma tête. »

L’oncle Vernon et la tante Pétunia échangèrent des regards exprimant la plus totale horreur. Si la chose qu’ils aimaient le moins au monde était la magie — précédée de près par les voisins qui violaient plus qu’eux la proscription de l’arrosage — les gens qui entendaient des voix étaient des voix étaient certainement dans les dix derniers. Ils pensaient évidemment que Dudley devenait fou.

« Quelles sortes de choses tu as entendues, mon chou ? » souffla la tante Pétunia, blême et les yeux humides.

Mais Dudley semblait incapable de le dire. Il frissonna encore et secoua sa grande tête blonde, et malgré la sensation d’être paralysé de terreur qui s’était emparée de Harry depuis l’arrivée du premier hiboux, il ressentit une certaine curiosité. Les Détraqueurs forçaient à revivre les pires moments de sa vie. Qu’est-ce que Dudley, pourri, gâté, tyrannique, avait été forcé d’entendre ?

« Comment se fait-il que tu sois tombé, fiston ? » dit l’oncle Vernon, d’une voix anormalement calme, le genre de voix qu’il pourrait adopter au chevet d’un grand malade.

« T–Trébuché. » dit Dudley en tremblant. « Et ensuite –»

Il désigna sa poitrine imposante. Harry comprit. Dudley évoquait le froid suintant qui envahissait les poumons tandis que l’espoir et le bonheur étaient aspirés.

« Horrible » croassa Dudley. « Froid. Vraiment froid. »

« D’accord. » dit l’oncle Vernon, se forçant à rester calme, alors que la tante Pétunia posa une main anxieuse sur le front de Dudley pour sentir sa température. «

Que s’est-il passé alors, Duddy ? »

« Senti… senti… senti… comme… comme si… »

« Comme si tu ne serais plus jamais heureux. » proposa Harry, monotone.

« Oui. » murmura Dudley, toujours tremblant.

« Alors ! » s’écria l’oncle Vernon, sa voix revenue à son volume entier et considérable alors qu’il se redressait. « Tu as jeté un sort tordu sur mon fils pour qu’il entende des voix et qu’il croie qu’il était — qu’il était condamné au malheur, en gros, hein ? »


« Combien de fois faudra-t-il que je te le dise ? » dit Harry, sa colère et sa voix augmentant ensemble. « Ce n’était pas moi ! C’était deux Détraqueurs ! »

« Deux — qu’est-ce que c’est que ces salades ? »

« Dé — tra — queurs » prononça Harry. « Deux. »

« Et par l’enfer que sont ces Détraqueurs ? »

« Ils gardent la prison des sorciers, Azkaban. » dit la tante Pétunia.

Deux secondes de silence résonnèrent après ces paroles avant que la tante Pétunia pose sa main sur sa bouche comme si elle avait laissé échapper un gros mot dégueulasse.

L’oncle Vernon la regardait avec des yeux comme des soucoupes. Le cerveau de Harry tourbillonna. Mme Figg était une chose — mais la tante Pétunia ?

« D’où sais-tu cela ? » lui demanda-t-il, foudroyé.

La tante Pétunia sembla plutôt s’être horrifiée elle-même. Elle lança à l’oncle Vernon un regard d’excuse terrorisé, puis baissa légèrement sa main pour révéler ses dents chevalines.

« J’ai entendu — cet affreux garçon — lui en parler — il y a des années. » dit-elle, tendue.

« Si tu parles de ma mère et mon père, pourquoi tu n’utilises pas leurs noms ? » dit Harry avec force, mais la tante Pétunia l’ignora. Elle semblait horriblement troublée.

Harry était pétrifié. À part une crise des années auparavant, durant laquelle la tante Pétunia avait crié que la mère de Harry était un monstre, il ne l’avait jamais entendue faire allusion à sa sœur. Il était renversé qu’elle ait retenu ce fait à propos du monde magique pendant si longtemps, alors que d’habitude elle dépensait toute son énergie à faire comme s’il n’existait pas.

L’oncle Vernon ouvrit la bouche, la ferma, béa à nouveau, la referma, puis, l’air de lutter pour retrouver l’usage de la parole, la rouvrit encore et croassa : « Donc — donc — ils

— euh — ils — euh — ils existent vraiment, hein — euh — les Détraqu–jsaispuquoi ? »

La tante Pétunia acquiesça.

L’oncle Vernon promena ses yeux tour à tour sur la tante Pétunia, Dudley et Harry, comme s’il espérait que quelqu’un allait s’écrier « Poisson d’Avril ! ». Comme personne ne dit rien, il ouvrit encore un fois la bouche, mais l’effort de trouver d’autres mots lui fut épargné par l’arrivée du troisième hibou de la soirée. Il fonça par la fenêtre encore ouverte comme un boulet de canon à plumes et atterrit avec fracas sur la table de la cuisine, faisant sursauter de frayeur les trois Dursley. Harry arracha une deuxième enveloppe administrative du bec du hibou et la déchira tandis que le hibou retournait dans la nuit à tire d’aile.

« Assez — de ces satanés — hiboux ! » marmonna l’oncle Vernon distraitement, marchant vers la fenêtre et la claquant à nouveau.

Cher M. Potter,

Suite à notre lettre d’il y a approximativement vingt-deux minutes, le Ministère de la Magie a révisé sa décision de détruire votre baguette sur-le-champ. Vous êtes autorisé à conserver votre baguette en attendant l’audition disciplinaire du douze Août, lors de laquelle il sera statué sur une décision officielle.

Après discussion avec le Directeur de l’École Poudlard de Sorcellerie, le Ministère a accepté de reporter également à ce moment la question de votre expulsion. Vous devez par conséquent vous considérer suspendu de l’école en attendant une instruction approfondie.

Veuillez agréer l’expression de mes vœux les plus sincères, Mafalda Hopkirk

Service des Usages Abusifs de la Magie

Ministère de la Magie

Harry relut cette lettre trois fois d’affilée. Le nœud de misère dans son cœur se desserra un peu avec le soulagement de savoir qu’il n’était pas encore définitivement expulsé, bien que ses craintes n’étaient en aucun cas dissipées. Tout semblait dépendre de cette audition du douze août.

« Eh bien ? » dit l’oncle Vernon, rappelant Harry à la réalité. « Que se passe t'il ? T’ont-ils condamné à quelque chose ? Est-ce que vos gens ont la peine de mort ? »

ajouta-t-il comme l’idée pleine d’espoir lui venait après-coup.

« Je dois aller à une audition. » dit Harry.

« Et ils te puniront là-bas ? »

« Je suppose que oui. »

« Je ne perds pas espoir, alors. » dit l’oncle Vernon très méchamment.

« Bon, si tu as fini » dit Harry en se levant. Il voulait absolument être seul, pour réfléchir, peut-être pour envoyer une lettre à Ron, Hermione ou Sirius.

« NON, JE N’AI FICHTRE PAS FINI ! » beugla l’oncle Vernon. « RASSIEDS-TOI ! »

« Quoi encore ? » s’impatienta Harry.

« DUDLEY ! » rugit l’oncle Vernon. « Je veux savoir exactement ce qui est arrivé à mon fils ! »

« TRÈS BIEN ! » cria Harry, et dans sa colère, des étincelles rouges et or jaillirent du bout de sa baguette, toujours serrée dans sa main. Les trois Dursley sursautèrent, l’air terrifié.

« Dudley et moi étions dans la ruelle entre Magnolia Crescent et Wisteria Walk. » dit Harry, parlant vite, luttant pour garder son sang-froid. « Dudley a essayé de faire le malin avec moi, j’ai sorti ma baguette sans l’utiliser. Alors deux Détraqueurs sont arrivés

–»

« Mais que SONT les Détractodes ? » demanda l’oncle Vernon en colère. « Qu’estce qu’ils FONT ? »

« Je te l’ai dit — ils t’aspirent tout ton bonheur, » dit Harry, « et s’ils en ont l’occasion, ils te donnent le baiser –»

« Le baiser ? » dit l’oncle Vernon, ses yeux légèrement exorbités. « Le baiser ? »

« C’est comme ça qu’on dit quand ils aspirent ton âme par la bouche. »

La tante Pétunia émit un petit cri.

« Son âme ? Ils n’ont pas pris — il a toujours son –»

Elle saisit Dudley par les épaules et le secoua, comme si elle essayait de voir si elle pouvait entendre son âme se cogner contre ses entrailles.

« Bien sûr qu’ils n’ont pas pris son âme, ça se verrait. » dit Harry, à bout de nerfs. « Tu les a matés, hein, fiston ? » dit l’oncle Vernon avec force, l’air de se débattre pour ramener la conversation sur un sujet qu’il comprenait. « Tu leur a mis le bon vieux crochet du droit, hein ? »


« On ne peut pas mettre le bon vieux crochet du droit à un Détraqueur. » dit Harry la mâchoire serrée.

« Comment ça se fait qu’il soit sain et sauf, sinon ? » fulmina l’oncle Vernon. « Pourquoi n’est-il donc pas complètement vide ? »

« Parce que j’ai lancé le Charme Patronus –»

FLAP. Dans un vacarme de battements d’ailes et une douce pluie de cendres, un quatrième hibou déboula par la cheminée de la cuisine.

« POUR L’AMOUR DE DIEU ! » mugit l’oncle Vernon, arrachant de grandes touffes de poeils de sa moustache, ce qu’il n’avait pas fait depuis longtemps. « JE NE VEUX

PAS DE HIBOUX ICI, JE NE TOLÉRERAIS PAS CECI, JE TE PRÉVIENS ! »

Mais Harry détachait déjà un rouleau de parchemin de la patte du hibou. Il était si persuadé que cette lettre devait être de Dumbledore, pour tout expliquer — les Détraqueurs, Mme Figg, ce que préparait le Ministère, comment lui, Dumbledore, pensait tout arranger — que pour la première fois de sa vie il fut déçu de voir l’écriture de Sirius. Ignorant les clameurs de l’oncle Vernon à propos de hiboux, et baissant ses paupières face à un second nuage de cendres alors que le dernier hibou repartait par la cheminée, Harry lut le message de Sirius.

Arthur vient de nous dire ce qui s’est passé. Ne ressors pas de la maison, quoi que tu fasses.

Harry trouva cette réponse si décalée par rapport à tout ce qui s’était passé cette nuit qu’il retourna le parchemin, cherchant la suite de la lettre, mais c’était tout. Et désormais sa colère s’amplifiait à nouveau. Personne n’allait donc dire « bien joué » pour avoir repoussé deux Détraqueurs à lui tout seul ? M. Weasley et Sirius avaient l’air de dire qu’il s’était mal comporté, et semblaient réfréner des réprimandes en attendant d’avoir mesuré l’ampleur des dégâts.

« … une plaie, je veux dire, une pluie de hiboux entrant et sortant de ma maison. Je ne tolérerait pas cela, gamin, je ne –»

« Je ne peux pas empêcher les hiboux de venir. » grinça Harry, froissant la lettre de Sirius dans son poing.

« Je veux la vérité sur ce qui s’est passé ce soir ! » aboya l’oncle Vernon. « Si c’étaient des Détradeurs qui ont fait du mal à Dudley, comment se fait-il que tu aies été expulsé ? Tu as fait tu sais quoi, tu l’as avoué ! »

Harry prit une profonde inspiration pour se calmer. Sa tête recommençait à faire mal. Il voulait plus que tout au monde sortir de la cuisine et s’éloigner des Dursley.

« J’ai lancé le Charme Patronus pour me débarrasser des Détraqueurs. » dit-il, se forçant à rester calme. « C’est la seule chose qui marche avec eux. »

« Mais que faisaient des Détractodes à Little Whinging ? » dit l’oncle Vernon d’un ton outré.

« J’en sais rien. » balbutia Harry. « Aucune idée. »

Son crâne battait maintenant sous l’éclat des néons. Sa colère s’estompait. Il se sentait lessivé, exténué. Les Dursley étaient tous en train de le regarder.

« C’est toi. » s’écria l’oncle Vernon. « Ça a quelque chose à voir avec toi, gamin, je le sais.

Sinon que feraient-ils ici ? Sinon pourquoi se retrouveraient-ils dans cette ruelle ? Tu dois être le seul — le seul –» évidemment, il ne pouvait pas articuler le mot « sorcier ». «

Le seul tu sais quoi sur des kilomètres à la ronde. »

« Je ne sais pas ce qu’ils faisaient ici. »

Mais aux paroles l’oncle Vernon, le cerveau épuisé de Harry se remit en marche.

Que faisaient ces Détraqueurs à Little Whinging ? Comment cela pouvait-il être une coïncidence qu’ils soient arrivés dans la ruelle où se trouvait Harry ? Avaient-ils été envoyés ? Le Ministère de la Magie avait-il perdu le contrôle des Détraqueurs ? Avaient-ils déserté Azkaban et rejoint Voldemort, comme l’avait prédit Dumbledore ?

« Ces Détradeurs gardent une espèce de prison tordue ? » s’enquit l’oncle Vernon, qui creusait dans le sillage du cheminement mental de Harry.

« Oui. » dit Harry.

Si seulement sa tête arrêtait de le faire souffrir, si seulement il pouvait sortir de la cuisine et se réfugier dans la pénombre de sa chambre pour réfléchir …

« Oho ! ils venaient t’arrêter ! » dit l’oncle Vernon, la mine triomphante de celui qui parvient à une conclusion irréfutable. « C’est cela, hein, gamin ? Tu es un hors la- loi en cavale ! »

« Bien sûr que non. » dit Harry, secouant la tête comme pour chasser une mouche, réfléchissant à toute allure.

« Alors comment –»

« C’est lui qui a dû les envoyer. » dit Harry calmement, plutôt à lui-même qu’à l’oncle Vernon.

« Hein ? Qui a du les envoyer ? »

« Lord Voldemort. » dit Harry.

Il remarqua vaguement combien il était étrange que les Dursley, qui sursautaient, grimaçaient et braillaient s’ils entendaient des mots comme « sorcier », « magie » ou «

baguette », pouvaient entendre le nom du sorcier le plus maléfique de tous les temps sans ciller.

« Lord — une minute. » dit l’oncle Vernon, les traits tendus, un air d’entendement naissant dans ses yeux porcins. « J’ai déjà entendu ce nom… c’est celui qui a –» «

assassiné mes parents, oui. » dit Harry platement.

« Mais il est mort. » s’impatienta l’oncle Vernon, sans songer un seul instant que le meurtre des parents de Harry pût être un sujet douloureux. « Ce type géant l’a dit. Il est mort. »

« Il est revenu. » dit Harry pesamment.

C’était une sensation très étrange d’être là dans la cuisine plus propre qu’un bloc opératoire de la tante Pétunia, à côté du réfrigérateur haut de gamme et de la télévision grand écran, à parler tranquillement de Lord Voldemort à l’oncle Vernon.

L’irruption des Détraqueurs à Little Whinging semblait avoir percé une brèche dans le grand mur invisible qui séparait le monde implacablement non-magique de Privet Drive et le monde au-delà. Les deux vies de Harry avaient en quelque sorte fusionné et tout avait été bouleversé ; les Dursley demandaient des détails sur le monde magique, et Mme Figg connaissait Dumbledore ; des Détraqueurs flottaient dans Little Whinging, et il pourrait bien ne plus jamais retourner à Poudlard. La tête de Harry battit encore plus douloureusement.


« Revenu ? » balbutia la tante Pétunia.

Elle regardait Harry comme jamais elle ne l’avait regardé auparavant. Tout d’un coup, pour la première fois de sa vie, Harry appréciait vraiment que la tante Pétunia avait été la sœur de sa mère. Il n’aurait pu expliquer pourquoi cela le frappa si brutalement à cet instant. Tout ce qu’il savait était qu’il n’était pas le seul individu dans la pièce qui avait une idée de ce que le retour de Voldemort pourrait entraîner. Jamais dans sa vie la tante Pétunia ne l’avait regardé de la sorte. Ses grands yeux pâles (si différents de ceux de sa sœur) n’étaient pas contractés par le mépris ou la colère, ils étaient dilatés et terrifiés. La comédie que la tante Pétunia avait jouée durant toute la vie de Harry — qu’il n’y avait pas de magie et pas de monde en dehors de celui qu’elle habitait avec l’oncle Vernon —

semblait s’être écroulée.

« Oui. » dit Harry, s’adressant maintenant directement à la tante Pétunia. « Il est revenu il y a un mois. Je l’ai vu. »

Les mains de la tante Pétunia trouvèrent les épaules massives habillées de cuir de Dudley, et elles se crispèrent dessus.

« Attends » dit l’oncle Vernon, regardant tantôt sa femme, tantôt Harry, apparemment choqué et étourdi par l’intelligence sans précédent qui semblait s’être tissée entre eux deux. « Attends. Ce Lord Voldetruc est revenu, tu dis ? »

« Oui. »

« Celui qui a assassiné tes parents. »

« Oui. »

« Et maintenant il a envoyé des Distracteurs à tes trousses ? »

« Ça en a tout l’air » dit Harry.

« Je vois. » dit l’oncle Vernon, regardant sa femme livide puis Harry et retroussant son pantalon. Il semblait gonfler, son gros visage violacé s’étirant à vue d’œil. « Eh bien, c’est réglé, » dit-il, le devant de sa chemise se tendant alors qu’il enflait, « tu peux partir de cette maison, gamin ! »

« Quoi ? » dit Harry.

« Tu m’as entendu — DEHORS ! » mugit l’oncle Vernon, et même la tante Pétunia et Dudley sursautèrent. « DEHORS ! DEHORS ! Ça fait des années que j’aurais dû faire ça ! Les hiboux qui prennent ma maison pour un asile, les puddings qui explosent, la moitié du salon en ruines, la queue de Dudley, Marge qui rebondissait sur le plafond et cette Ford Anglia volante — DEHORS ! DEHORS ! Tu l’auras voulu !

Tu n’es plus que de l’histoire ancienne ! Tu ne restes pas là s’il y a un fou à tes trousses, tu ne mets pas en danger ma femme et mon fils, tu ne nous attires plus d’ennuis.

Puisque tu vas suivre tes bons-à-rien de parents, c’en est fini ! DEHORS ! »

Harry resta cloué au sol. Les lettres du Ministère, de M. Weasley et de Sirius étaient toutes froissées dans sa main gauche. Ne ressors pas de la maison, quoi que tu fasses.

NE T ’EN VAS PAS DE CHEZ TA TANTE ET TON ONCLE. « Tu m’as entendu !

» dit l’oncle Vernon, se penchant maintenant en avant, son imposante face violacée si proche de Harry, qu’icelui sentait effectivement des postillons contre son visage. « Vas-y

! Tu étais tout à fait prêt à partir il y a une demi heure

! Je suis avec toi ! Dégage et n’assombris plus jamais notre seuil ! Pourquoi nous t’avons pris au début, je l’ignore, Marge avait raison, ç’aurait du être l’orphelinat. Nous étions fichtre trop bons pour ne pas en pâtir, nous avons cru qu’on pouvait te purger de cela, qu’on pourrait te rendre normal, mais tu étais pourri depuis le début et j’en ai assez —

des hiboux ! »

Le cinquième hibou fonça si vite par la cheminée qu’il heurta le sol avant de poursuivre avec un puisant ululement. Harry tendit la main pour attraper la lettre, qui était dans une enveloppe écarlate, mais le hibou vola droit au-dessus de sa tête directement vers la tante Pétunia, qui laissa échapper un cri et s’écarta, les bras sur le visage. Le hibou largua l’enveloppe rouge sur sa tête, fit demi-tour, et repartit tout droit par la cheminée.

Harry courut pour ramasser la lettre, mais la tante Pétunia fut plus rapide.

« Tu peux l’ouvrir si tu veux, » dit Harry, « mais j’entendrai ce qu’elle dit quand même.

C’est une Beuglante. »

« Lâche-la, Pétunia ! » rugit l’oncle Vernon. « Ne la touche pas, elle pourrait être dangereuse ! »

« Elle est adressée à moi. » dit la tante Pétunia d’une vois tremblante. « Elle est adressée à moi, Vernon, regarde ! Mme Pétunia Dursley, La Cuisine, numéro quatre, Privet Drive

–»

Elle retint son souffle, horrifiée. L’enveloppe rouge avait commencé à fumer.

« Ouvre-la ! » la pressa Harry. « Ne perds pas de temps ! Tu ne peux rien y faire. »

« Non. »

La main de la tante Pétunia tremblait. Elle scruta frénétiquement la cuisine comme si elle cherchait une issue de secours, mais trop tard — l’enveloppe s’enflamma. La tante Pétunia cria et la lâcha.

Une voix affreuse emplit la cuisine, rebondissant dans le volume restreint, sortant de la lettre en feu sur la table.

« Souviens-toi, Pétunia. »

La tante Pétunia eut l’air d’être sur le point de perdre connaissance. Elle s’écroula sur la chaise à côté de Dudley, son visage caché dans ses mains. Les restes de l’enveloppe se consumèrent en silence.

« Qu’est-ce que ceci ? » dit l’oncle Vernon d’une voix rauque. « Que — je ne — Pétunia

? »

La tante Pétunia resta muette. Dudley observait bêtement sa mère, bouche bée.

Le silence tournoyait horriblement. Harry regardait sa tante, complètement abasourdi, sa tête battant assez pour exploser.

« Pétunia, chérie ? » aventura l’oncle Vernon. « P–Pétunia ? »

Elle redressa sa tête. Elle tremblait toujours. Elle déglutit.

« Le garçon — le garçon doit rester, Vernon. » dit-elle faiblement.

« Qu–Quoi ? »

« Il reste. » dit-elle. Son regard évitait Harry. Elle se remit sur ses pieds.

« Il… mais Pétunia… »

« Si nous le jetons dehors, les voisins vont jaser. » dit-elle. Elle recouvrait rapidement ses habituelles manières brusques et grinçantes, tout en restant très pâle. « Ils poseront des questions embarrassantes, ils voudront savoir où il est parti. Nous sommes obligés de le garder. »

L’oncle Vernon désenflait comme un vieux pneu.

« Mais Pétunia, chérie –»


La tante Pétunia l’ignora. Elle se tourna vers Harry.

« Tu vas rester dans ta chambre. » dit-elle. « Tu ne vas pas sortir d’ici. Maintenant au lit.

»

Harry ne broncha pas.

« De qui était cette Beuglante ? »

« Ne pose pas de questions. » aboya la tante Pétunia.

« Tu es en contact avec des sorciers ? »

« Je t’ai dit d’aller au lit ! »

« Ça voulait dire quoi ? Souviens toi de quoi ? »

« Au lit. »

« Comment se fait –? »

« TU AS ENTENDU TA TANTE, ALORS MONTE TE COUCHER ! »


Chapitre 3 : L'avant-garde

Je viens d'être attaqué par des détraqueurs et je risque d'être renvoyé de Poudlard. Je veux savoir ce qu'il se passe et quand je pourrai partir d'ici.

Harry recopia ces mots sur trois parchemins différents, dès qu'il eut rejoint sa chambre dans la pénombre. Il adressa la première à Sirius, la deuxième à Ron et la troisième à Hermione. Sa chouette, Hedwige, était partie chasser. Sa cage était vide sur le bureau.

Harry tournait en rond dans sa chambre, en attendant qu'elle revienne. Il avait toujours aussi mal à la tête. Il avait trop d'idées qui lui trottaient dans la tête pour qu'il puisse dormir, bien que ses yeux se ferment de fatigue. Son dos le faisait souffrir depuis qu'il avait ramené Dudley à la maison et les deux bosses sur sa tête - à l'endroit où il s'était cogné à la fenêtre et à celui où Dudley l'avait frappé - l'élançaient douloureusement.

Tout en tournant autour de sa chambre, tiraillé entre la colère et la frustration, grinçant des dents, les poings fermés, il jetait des regards furieux vers le ciel vide d'étoiles, à chaque fois qu'il passait devant la fenêtre. Des détraqueurs lui avaient été envoyé.

Madame Figg et Mundungus suivaient en secret le moindre de ses pas. Ensuite, ce renvoi de Poudlard et cette audition au ministère de la magie.Et toujours personne pour lui dire ce qu'il se passait ! Et de quoi parlait cette beuglante ? A qui appartenait la voix dont l'écho avait été si horriblement menaçant dans la cuisine ? Pourquoi était-il encore retenu ici sans aucune information ? Pourquoi tout le monde le traitait-il comme un enfant ? Ne fais plus de magie ! Reste à la maison ! Il donna un coup de pied dans la malle où il rangeait toutes ses affaires d'école. Mais, au lieu de soulager sa colère, il se sentit encore plus mal, son gros orteil l' élançant douloureusement. Cela venait s'ajouter aux autres douleurs dans le reste de son corps. Au moment où il passait devant la fenêtre en boitillant, Hedwige s'engouffra avec un léger bruissement d'aile ressemblant au bruit qu 'aurait pu faire un fantôme.

- Tu as vu l'heure ? grogna Harry, comme elle atterrissait sur le haut de sa cage. Tu peux laisser tomber ça, j'ai du boulot pour toi.

Les grands yeux ronds et ambrés d'Hedwige jetèrent un regard plein de reproches, pardessus la grenouille morte serrées dans son bec.

- Viens par là ! dit Harry, ramassant les trois rouleaux de parchemin et les nouant avec une lanière de cuir à la patte d'Hedwige. Amène-les vite à Sirius, Ron et Hermione ! Et ne reviens pas ici sans leurs réponses. Et donne-leur des coups de bec si leur réponses sont trop courtes. Compris ?

Hedwige répondit par un hululement étouffé, la grenouille toujours dans le bec.

- Allez ! Vas y ! dit Harry.

Elle décolla immédiatement. Dès qu'elle fut partie, Harry s'affala sur son lit tout habillé et son regard se fixa sur le plafond dans le noir. En plus de tout ses inquiétudes, il s'en voulait d'avoir était si dur avec Hedwige. Elle était sa seule amie au numéro 4 de Privet Drive. Il s'excuserait quand elle serait revenue avec les réponses de Ron, de Sirius et d'Hermione. Ils devaient lui répondre rapidement. Ils ne pouvaient pas ne pas être au courant de l'attaque des détraqueurs. Probablement se réveillerait-il, le lendemain matin, avec trois grandes lettres sympathiques, pleine de plans pour l'emmener immédiatement au Terrier.

Cette idée rassurante, le calma et il s'enfonça dans un sommeil réparateur qui effaça tous ses soucis.

Mais Hedwige ne rentra pas le lendemain matin. Harry passa la journée dans sa chambre, ne la quittant que pour aller aux toeilettes. A trois reprise au cours de la journée, la tante Pétunia glissa de la nourriture dans sa chambre à travers la chatière que l'oncle Vernon avait installé trois ans plus tôt.

A chaque fois que Harry l'entendait approcher, il essayait d'obtenir des réponses à propos de la Beuglante, mais il aurait aussi bien pu questionner la poignée de porte, les réponses auraient été les mêmes. Les Dursley se tenaient aussi éloigné que possible de sa chambre. Harry ne voyait pas l' intérêt de leur imposer sa présence. Une nouvelle confrontation n'aurait d' autres résultats que de le remettre en colère et de l'inciter à utiliser encore une fois la magie d'une façon illégale. Cela continua pendant trois jours entiers. Harry était soit frénétique - ce qui l'empêchait de se concentrer sur quoi que ce soit : il continuait de tourner en rond dans sa chambre, furieux d'être laissé pour compte

- soit si totalement léthargique, qu'il pouvait rester totalement immobile, allongé sur son lit, les yeux dans le vague, s'angoissant pour son audition au ministère. Quelles genres de décisions pourraient-ils prendre contre lui ? Que se passerait-il si, finalement, il était expulsé et que sa baguette soit brisée ? Que pourrait-il bien faire ? Où pourrait-il aller ?

Il ne pourrait plus habiter comme avant chez les Dursley.Plus maintenant qu'il connaissait son monde à lui. Celui auquel il appartenait réellement. Pourrait-il s'installer chez Sirius, comme celui-ci le lui avait suggéré il y avait un an, avant d'avoir été obligé de s'échapper des griffes des gens du ministère sur le dos d'un hippogriffe. Que lui permettrait-on dans sa vie solitaire, puisqu'il était encore mineur ? Ou bien, déciderait-on pour lui de l'endroit où il devrait vivre ? Est-ce que la violation du décret international du secret de la magie avait été suffisamment grave pour l'envoyer croupir dans une cellule d 'Azkaban ?

A chaque fois que cette pensée l'effleurait, Harry, invariablement, sautait de son lit et recommençait à tourner en rond dans sa chambre. La quatrième nuit après la disparition d'Hedwige, Harry se trouvait encore plongé dans une phase d'apathie, les yeux fixés au plafond, l'esprit presque vidé par l' épuisement, quand son oncle rentra dans sa chambre. Harry se retourna lentement vers lui. L'oncle Vernon avait mis son meilleur costume et arborait un air suffisant.

- Nous sortons, dit-il

- Pardon ?

- Nous.C'est-à-dire, ta tante, Dudley et moi, sortons !

- Bien, répondit Harry tristement, retournant à la triste contemplation de son plafond.

- Tu n'as pas intérêt à quitter ta chambre pendant notre absence !


- Ok.

- Tu n'as pas le droit d'allumer la télé, la chaîne ou un quelconque autre de nos appareils.

- D'accord.

- Je t'interdis de voler de la nourriture dans le frigo !

- Ok.

- Je vais fermer ta porte à clef.

- Fais-le.

L'oncle Vernon lança un regard furibond à Harry, plein de suspicion à l' encontre de cette absence de combativité, puis sortit de la chambre et referma la porte derrière lui.

Harry entendit la clef tourner dans la serrure et les pas de l'oncle Vernon descendre l'escalier. Quelques instants plus tard, un bruit de portière et de moteur, suivi d'un crissement inimitable de pneu, lui indiqua que la voiture quittait l'allée. Harry se moquait de l'escapade des Dursley. Leur présence ou leur absence le laissait totalement indifférent. Il n'arrivait même pas à rassembler assez d'énergie pour se lever et aller allumer la lumière de sa chambre. Sa chambre s' enfonçait dans la pénombre pendant qu'il écoutait les bruits du soir par la fenêtre, entrouverte depuis trois jours, attendant le retour inespéré d' Hedwige. La maison était pleine des craquements. La tuyauterie émettait un bruit de gargouillis continuel. Harry restait là, prostré dans sa misère, ne pensant à rien.

Soudain, très distinctement, il entendit un bruit dans la cuisine, suivi immédiatement d'un son de verre brisé. Il se redressa et écouta avec attention. Les Dursley ne pouvaient pas être de retour ! C'était bien trop tôt ! En plus, il n'avait pas entendu la voiture. Le silence était revenu quand des voix s'élevèrent. Des cambrioleurs, pensa-t-il en se levant doucement. Mais il lui apparut aussitôt que des cambrioleurs n'auraient pas parlé à voix haute. Quelque soit les personnes qui se déplaçaient dans la cuisine, elles le faisaient sans s'occuper du bruit qu'elles provoquaient. Il saisit sa baguette sur sa table de nuit et se mit en face de sa porte de chambre, écoutant attentivement. L'instant d'après, il y eut un bruit dans la serrure qui le fit sursauter et la porte s'ouvrit.

Harry restait figé, scrutant le palier dans la pénombre, ouvrant grand ses oreilles pour tenter d'entendre d'autres bruits.en vain. Il hésita un moment avant de se glisser furtivement et souplement hors de sa chambre. Il pouvait sentir dans tout son corps les battements de son cour. Il y avait du monde dans l'ombre du couloir d'entrée. Il ne distinguait que les silhouettes grâce à la lueurs des réverbère qui traversait la vitre de la porte. Une dizaine de personnes, autant qu'il pouvait voir, étaient en train de le dévisager.

- Baisse ta baguette mon garçon, avant que quelqu'un ne se la prenne dans l'œil, ronchonna une voix de basse.

Harry ne contrôlait plus les battements de son cour. Cette voix. Il la connaissait. Mais il ne baissa pas sa baguette.

- Professeur Maugrey ? hésita Harry

- Je n'aime pas beaucoup qu'on m'appelle Professeur, gronda la voix.


Je ne me suis jamais précipiter pour enseigner, je crois. Descends un peu, qu'on te voit en entier.

Harry baissa légèrement sa baguette mais sans relâcher la pression sur elle, et ne bougea pas d'un poeils. Il avait de très bonnes raisons de rester sur ses gardes. Récemment, il avait passé neuf mois avec une personne qui s'était fait passer pour Maugrey Fol Oeil.

Un imposteur qui, de plus, avait essayé de tuer Harry avant d'être démasqué.

Avant de décider ce qu'il convenait de faire, Harry entendit une deuxième voix enrouée, en haut de l'escalier.

- Tout va bien Harry. Nous sommes venus te chercher.

Le cour d'Harry fit un bond. Cette voix aussi, il la connaissait, bien qu'il ne l'ait pas entendu depuis plus d'un an.

- Professeur Lupin ? dit-il sans y croire. Est-ce que..c'est vous ?

- Pourquoi reste-t-on dans le noir ? dit une troisième voix, cette fois totalement étrangère. Lumos !

Le bout d'une baguette s'illumina, inondant le couloir d'un clarté magique. Harry cligna des yeux. Ses visiteurs étaient tous groupés au pied de l' escalier, le regardant avec attention, certains relevant la tête pour apparaître plus clairement à Harry. Remus Lupin était à côté de Harry. Bien qu'encore jeune, Lupin semblait plutôt fatigué et mal en point. Il avait plus de cheveux gris qu'au moment de ses adieux avec Harry, et sa robe était encore plus rapiécée et râpée que jamais. Néanmoins, il souriait à Harry qui lui-même essayait de sourire sans y parvenir dans l'état dans lequel il était.

- Oh ! Il a exactement l'air auquel je m'attendais, dit la sorcière qui avait illuminé la pièce.

Elle semblait être la plus jeune de tous. Son visage pâle avait la forme d' un cœur. Ses yeux pétillaient et les pointes de ses cheveux courts étaient violettes.

- Comment ça va, Harry ? dit Lupin

- Oui, je vois ce que tu veux dire Remus, dit un grand magicien noir, un peu en retrait.

Sa voix était profonde et lente et il portait un anneau d'or à une de ses oreilles. Il ressemble exactement à James.

- A part les yeux, dit d'une voix sifflante un sorcier au cheveux argentés qui était derrière. Il a les yeux de Lili.

Maugrey Fol Oeil, dont les long cheveux gris étaient ébouriffé et dont le nez n'était pas entier, louchait sur Harry de ses yeux désaxés. L'un d'eux était petit et sombre et l'autre était grand, rond et d'un bleu électrique : c' était l'œil magique qui pouvait voir à travers les murs, les portes et même à l'arrière du crâne de Maugrey.

- Tu es sûr que c'est lui Lupin ? ronchonna-t-il. Ca serait une belle réussite si on ramenait un mangemort qui aurait pris son apparence. On devrait lui poser quelques questions auxquelles seul le vrai Harry Potter pourrait répondre. A moins que quelqu'un ait du Veritaserum.

- Harry. Quelle apparence prend ton patronus ? demanda Lupin.

- Un cerf, répondit nerveusement Harry.

- C'est bien lui, Maugrey, dit Lupin.


Très conscient des regards braqués sur lui, Harry descendit les escaliers, rangeant finalement sa baguette dans la poche arrière de son jean.

- Ne mets pas ta baguette à cette endroit mon garçon, grogna Maugrey. Que se passerait-il si elle s'allumait ? Des sorciers bien plus fort que toi s'y sont brûler les fesses, tu sais.

- Qui donc s'est brûlé les fesses ? demanda avec intérêt la jeune femme aux cheveux violets.

- Ne mets jamais ta baguette dans ta poche arrière, continua de grogner Fol Oeil.

Sécurité élémentaire du port de la baguette ! Très vite oublié par tout le monde !

Il se dirigea vers la cuisine.

- Et je l'ai vu ça ! ajouta-t-il irrité, cependant que la sorcière aux cheveux violets préférait regarder au plafond.

Lupin tendit la main pour serrer celle d'Harry.

- Comment vas-tu ? demanda-t-il en examinant Harry.

- B.Bien

Harry avait du mal à croire qu'il ne rêvait pas. Rien pendant quatre semaine ; pas l'ombre d'un signe pour le faire échapper de Privet Drive.Et soudain toute une équipe de sorciers qui se trouvait dans la maison, comme si cela était parfaitement naturel, comme si c'était là un plan prévu de longue date. Il jeta un regard aux autres sorciers qui entouraient Lupin. Ils continuaient à le dévisager. Il prit soudain conscience qu'il ne s'était pas peigné depuis quatre jours.

- Je. Vous. Vous avez vraiment de la chance que les Dursley soient sortis, dit-il.

- De la chance ! Ah ! s'exclama la sorcière aux cheveux violets, C'est moi qui les ait attiré à l'extérieur. Je leur ai envoyé une lettre par la poste des moldus, qui leur annonçait qu'ils avaient été sélectionné pour le prix de la pelouse de banlieue la mieux entretenue de toute l'Angleterre.

Ils se préparent à assister à la remise des prix maintenant. ou du moins le croient-ils.

Harry eut la vision fugace de la tête de l'oncle Vernon quand il comprendrait qu'il n'y avait aucun prix.

- On s'en va ? demanda-t-il. Maintenant ?

- Presque, dit Lupin. On vérifie juste que tout est en ordre.

- Où va-t-on ? Au Terrier ? demanda Harry plein d'espoir.

- Heu. Le Terrier. Non. dit Lupin en poussant Harry vers la cuisine.

Les autres sorciers, les yeux rivés sur Harry les suivirent.

- .Trop risqué. Nous avons établi notre quartier général dans un endroit incartable. Ca a pris un moment !

Maugrey Fol Oeil était assis à la table de la cuisine et buvait le flasque qu 'il avait toujours dans sa poche, son oeil magique tournant dans toutes les direction et se posant sur tous les appareils ménager des Dursley.

- C'est Alastor Maugrey, Harry, continua Lupin en désignant du doigt Maugrey.

- Oui, je sais, répondit Harry, mal à l'aise.

Ca lui semblait bizarre d'être présenté à quelqu'un qu'il pensait connaître depuis un an.


- Et voici Nymphadora.

- Ne m'appelle pas Nymphadora, dit la jeune sorcière dans un frémissement. Je préfère Tonks.

- Nymphadora Tonks.qui préfère qu'on l'appelle par son surnom.

- Oui et bien tu en ferais autant si ta folle de mère t'avait appelée Nymphadora, murmura Tonks.

- Et voici Kingsley Shacklebolt, dit Lupin en désigna le grand magicien noir qui s'inclina.

Elphias Doge. Le magicien à la voix sifflante acquiesça. Dedalus Diggle.

- Nous nous sommes déjà rencontrés, piaffa le très excité Diggle, en faisant tomber son chapeau violet.

- Emmeline Vance. une sorcière à l'air majestueux, portant un châle vert émeraude sur la tête.

- Sturgis Podmore. un sorcier à la mâchoire carré, à l'épaisse chevelure couleur de paille lui fit un clin d'oeil.

- Et Hestia Jones. une sorcière aux joues roses et aux cheveux noirs, assise près du grille pain, leva la main.

Harry inclinait à chaque fois la tête de façon maladroite. Il espérait qu' ils ne continueraient pas à le dévisager comme ça trop longtemps. C'était comme si on l'avait précipité sur le devant d'une scène. Il se demanda aussi, combien ils étaient en tout.

- Un nombre étonnant de personne se sont portées volontaire pour venir te chercher, dit Lupin, un petit sourire au coin des lèvres. comme s' il venait de lire dans les pensées d'Harry.

- Plus on est de fous, plus on rit, marmonna Maugrey. Nous constituons ta garde personnelle, Potter.

- Nous n'attendons plus que le signal nous disant que la voie est libre, dit Lupin en regardant à travers la fenêtre de la cuisine. Nous avons à peu près 15 minutes.

- Ils sont très propres, ces moldus, dit la sorcière qui s'appelait Tonks, en observant la cuisine avec un grand intérêt. Ma grand-mère paternelle était moldu, mais son fils n'est qu'une vieille bouse. Je suppose que ça change. Comme chez les sorciers.

- Oui, répondit Harry. Dites-moi, dit-il en se retournant vers Lupin. Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que Volde.

Plusieurs sorciers et sorcières l'empêchèrent de prononcer le nom. Dedalus Diggle, fit encore tomber son chapeau et Maugrey gronda encore :

- Tais-toi !

- Quoi ? dit Harry.

- On ne parle de rien tant qu'on est encore ici. C'est trop dangereux, ajouta-t-il en tournant son oeil normal vers Harry, son œil magique restant fixé au plafond. Bon sang ! ajouta-t-il avec colère en poussant du doigt son oeil magique.

Il est encore bloqué ! Et, avec un bruit répugnant, ressemblant à celui d'un débouche évier, il enleva l'oeil magique de son orbite.

- Fol Oeil ! Vous savez que c'est dégoûtant, n'est-ce pas ? lui dit Tonks sur le ton de la conversation.


- Donne-moi un verre d'eau Harry, S'il te plait.

Harry se dirigea vers le lave vaisselle, en sortit un verre propre et le remplit d'eau à l'évier en jetant un coup d'oeil impatient à la bande de sorciers. Leurs regards insistants commençaient vraiment à l'ennuyer.

- A la votre, dit Maugrey quand Harry lui tendit le verre d'eau.

Il plongea l'oeil magique dans l'eau et le poussa du doigt de haut en bas. L'oeil regardaient à toute vitesse et successivement toutes les personnes présentes.

- Je veux pouvoir voir tout autour pendant le voyage de retour, dit Maugrey.

- Comment fait-on ? Où est-ce qu'on va ? demanda Harry.

- On prend les balais, dit Lupin. C'est la seule façon. Tu es trop jeune pour transplaner.

Ils surveilleront le réseau de la poudre de cheminette. Et on risque plus que notre vie à mettre en place un portoloin sans autorisation.

- Remus dit que tu te débrouilles plutôt bien sur un balai, dit Kingsley Shacklebolt de sa voix profonde.

- Il est excellent ! renchérit Lupin en regardant sa montre. Quoiqu' il en soit, tu ferais mieux de te préparer Harry. Il faut que nous soyons prêts au moment du signal.

- Je vais venir t'aider Tonks d'une voix ravie.

Elle suivit Harry, qui retournait dans le couloir et montait les escaliers, tout en regardant autour d'elle avec intérêt et curiosité.

- Drôle d'endroit, dit-elle. Un peu trop propre. Si tu vois ce que je veux dire. Un peu artificiel. Oh ! Voilà qui est mieux, ajouta-t-elle en entrant dans la chambre de Harry, une fois la lumière allumée.

Sa chambre était certainement plus en désordre que le reste de la maison. Confiné à l'intérieur depuis quatre jours, d'une humeur massacrante, Harry ne s'était guère occupé du ménage. La plupart de ses livres étaient éparpillés par terre. Il avait essayé de se distraire avec chacun d'eux et les avait jeté en désordre les uns après les autres. La cage d'Hedwige qui commençait à sentir mauvais avait besoin d'un sérieux coup de nettoyage. Sa malle, restée ouverte, dévoeilait un curieux mélange d'habits moldus et de robes de sorcier, qui débordaient et se répandaient sur le sol. Harry commença par ramasser ses livres, les jetant pêle-mêle dans sa malle. Tonks s'était arrêtée devant l'armoire ouverte, pour vérifier son apparence dans le miroir collé à l'intérieur de la porte.

- Tu sais, je ne pense pas que le violet est vraiment MA couleur, dit-elle pensivement en tirant sur un nœud dans ses cheveux. Tu ne trouves pas que ça me donne un air plutôt pâle ?

- Heu. dit Harry la regardant par-dessus le haut du livre Les équipes de Quidditch de Grande Bretagne et d'Irlande.

- Oui, vraiment ! reprit Tonks d'un air sûr d'elle.

Elle plissa les yeux avec une expression de concentration comme si elle tentait de se souvenir de quelque chose. Une seconde plus tard, ses cheveux avaient pris une couleur rose chewing gum.

- Comment vous avez fait ça ? demanda Harry en se rapprochant d'elle au moment où elle rouvrait les yeux.


- Je suis un metamorphmagus, dit-elle, se retournant vers son reflet dans la glace en inclinant la tête pour voir ses cheveux sous tous les angles. Ca veut dire que je peux changer mon apparence à ma guise,

ajouta-t-elle, apercevant dans le miroir l'expression de surprise de Harry derrière elle. Je suis née comme ça. J'ai obtenu la meilleure note en dissimulation et déguisement pendant l'entraînement des Aurors. Sans avoir suivi aucun cours ! C'était génial !

- Vous êtes une Auror ? demanda Harry impressionné.

Devenir un attrapeur de mages noirs, était la seule carrière que Harry avait envisagé pour lui, après Poudlard.

- Ouais, répondit Tonks avec fierté. Kingsley aussi. Mais il a plus d'ancienneté que moi.

Je n'ai été certifié que l'année dernière. J'ai failli raté l'épreuve de dérobade et pistage. Je suis très maladroite. Tu ne m'as pas entendu cassé cette assiette en arrivant ?

- Peut-on apprendre à devenir un metamorphmagus, demanda Harry en oubliant complètement de ranger ses affaires. Tonks partit d'un petit rire étouffé.

- Je suppose que ça ne te déplairait pas de cacher cette cicatrice de temps en temps ?

Ses yeux venaient de se poser sur la cicatrice en forme d'éclair sur le front de Harry.

- Non cela ne me déplairait pas, marmonna Harry en se retournant. Il n'aimait pas que les gens regardent sa cicatrice.

- Et bien, j'ai bien peur que tu ne sois obligé d'apprendre cela par la voie la plus difficile, dit Tonks. Les metamorphmagi sont vraiment très rares. Leur don est inné, pas acquis.

La plupart des magiciens ont besoin d' une baguette ou d'une potion pour changer d'apparence. mais dépêchons-nous Harry. Nous sommes supposé faire tes bagages, ajouta-t-elle d'un air coupable en regardant toutes les affaires sur le sol.

- Oh. Oui, répondit Harry qui ramassa encore quelques livres qui traînaient par terre.

- Ne sois pas stupide. On ira beaucoup plus vite si je .Paquetage ! cria Tonks en faisant tournoyer sa baguette en un mouvement de balayage du plancher.

Les livres, les vêtements, le télescope et les horoscopes se rassemblèrent tous en l'air et se jetèrent pêle-mêle dans la malle.

- Ce n'est pas très bien rangé, dit Tonks, enjambant la malle et regardant le fouillis qu'elle contenait. Ma mère avait attrapé le tour de main. Elle était capable de faire se ranger les choses correctement. Elle arrivait même à faire en sorte que les chaussettes se plient toute seule. Mais je n'ai jamais compris comment elle faisait. C'était une sorte de petit mouvement de baguette comme cela, dit-elle en agitant la sienne pleine d' espoir.

Une des chaussettes de Harry se tortilla faiblement et retomba dans le fouillis de la malle.

- Bon ! dis Tonks en refermant brutalement le couvercle. Au moins, tout est dedans. On pourrait aussi donner un petit coup de nettoyage ici.

Elle pointa sa baguette en direction de la cage d'Hedwige : Ordonatus !

dit-elle. Quelques plumes et excréments disparurent.

Bon.C'est un peu mieux. Je n'ai jamais vraiment été doué pour cette catégorie de charmes ménager. Bien.On a tout ? Le chaudron, le balai.Wahouuuu ! Un éclair de feu !

Ses yeux s'écarquillèrent quand elle vit le balai dans la main droite d' Harry. C'était sa fierté et sa joie, un cadeau de Sirius. Un balai dont les prouesse étaient reconnues de manière internationale.


- Et dire que je monte toujours sur un vieux comète 2.60, dit Tonks envieuse. Ta baguette est dans ton jean ? Tes fesses sont intactes ? Ok, allons-y ! LOCOMOTOR

RES !

La malle d'Harry s'éleva de quelques centimètres. Tenant sa baguette d'une main à la manière d'un chef d'orchestre et la cage d'Hedwige de l'autre, Tonks fit planer la malle à travers la pièce et lui fit passer la porte devant eux. Harry descendit les escaliers derrière elle en portant son balai. De retour dans la cuisine, il constatèrent que Maugrey avait remis son oeil en place. Il tournoyait si vite après son nettoyage, qu'Harry en eut le mal de mer en le regardant. Kingsley Shacklebolt et Sturgis Podmore étaient en train d'examiner le micro-onde et Hestia Jones riait en regardant un couteau à éplucher les légumes qu'elle avait déniché en farfouillant dans les tiroirs. Lupin était en train de sceller une lettre adressée aux Dursley.

- Excellent ! dit Lupin, en relevant les yeux vers Harry et Tonks qui entraient. Il nous reste encore une minute je pense. Nous devrions sans doute sortir dans le jardin et nous tenir prêts. Harry. Je laisse une lettre pour que ton oncle et ta tante ne s'inquiètent pas et leur dire.

- Ca ne leur arrivera pas dit Harry.

- .Que tu es en bonne santé.

- Alors ça ! Ca va les déprimer !

- .et que tu les reverras l'été prochain.

- Je suis obligé ?

Lupin sourit mais ne répondit pas.

- Viens par ici mon garçon, lui dit Maugrey d'un ton bourru avec un signe de la main. Il faut que je t'illusionne.

- Vous devez faire quoi ? demanda Harry nerveusement.

- Le sort Illusion, reprit Maugrey en levant sa baguette. Lupin dit que tu as une cape d'invisibilité mais elle ne restera pas accroché à tes épaules pendant tout le vol. Mon sort va te dissimuler bien plus efficacement. Viens ici.

Il lui donna un coup sec avec sa baguette sur le sommet du crâne et Harry ressentit un curieuse sensation. C'était comme si Maugrey venait de lui écraser un ouf sur la tête. Il avait l'impression que des filets froids descendaient le long de son corps à partir de l'endroit où la baguette avait frappé.

- Pas mal Fol Oeil ! s'exclama Tonks en regardant Harry au niveau de l'estomac.

Harry se regarda, ou plutôt tenta de se regarder. Mais il ne voyait plus rien. Il n'était pas invisible. Il prenait simplement l'exact couleur et l' exact texture de la cuisine derrière lui.

Il était devenu un caméléon humain.

- Allez ! dit Maugrey, en déverrouillant la porte arrière avec sa baguette.

Ils se retrouvèrent tous sur la pelouse magnifiquement entretenue de l'oncle Vernon.

- Belle nuit, grogna Maugrey, son oeil magique scannant le ciel. Il y aurait pu avoir un peu plus de nuages quand même. Bon, toi ! aboya-t-il à Harry. Nous allons voler en formation serré. Tonks serra juste devant toi. Reste près d'elle. Lupin te protégera par en dessous. Moi, je serai juste derrière toi. Les autres décriront des cercles autour de nous. On ne rompt la formation en aucun cas. C'est clair ? Si l'un d'entre nous est tué.


- Ca peut arriver ? demanda Harry avec appréhension. Mais Maugrey ignora sa question.

- .Si l'un d'entre nous est tué, les autres continuent de voler.

Personne ne s'arrêtent. On ne rompt pas la formation. Si jamais nous sommes tous capturé et que tu t'en tires Harry, l'arrière garde se tient prête à prendre la suite. Garde le cap vers l'est et elle te rattrapera.

- Ne soyez pas aussi plein d'optimisme Maugrey. Sinon il va croire que nous ne sommes pas sérieux, dit Tonks en arrimant la malle de Harry et la cage d'Hedwige sous son balai.

- Je lui explique juste le plan, grommela Maugrey. Notre mission est de l'emmener sain et sauf au quartier général. Et si nous mourrons pendant le vol.

- Mais personne ne va mourir ! dit Kingsley Shacklebolt de sa voix calme et profonde.

- Tous sur vos balais ! Voilà le premier signal ! s'écria Lupin, en montrant le ciel du doigt.

Loin au-dessus d'eux, une gerbe d'étincelles rouge vif s'était allumée au milieu des étoiles. Harry reconnut tout de suite ce signal comme provenant d 'une baguette. Il enjamba son éclair de feu et agrippa son manche. Il le sentit vibrer légèrement comme s'il était aussi impatient que lui de s'élever dans les airs.

- Deuxième signal ! On y va ! Cria Lupin , alors qu'une gerbe d' étincelles vertes explosait au-dessus d'eux.

Harry donna un coup de pied par terre et s'élança dans les airs. La fraîcheur de la nuit s'engouffra dans ses cheveux alors que le bel ordonnancement des jardins de Privet Drive disparaissait dans un patchwork de carrés aux couleurs vert foncé et noir.

Le soucis de son audition au ministère était comme balayé de son esprit par le vent qui lui sifflait aux oreilles. Il sentait que son cour allait exploser de plaisir. Il volait enfin, s'échappant de Privet Drive comme il en avait rêvé tout l'été. Il rentrait chez lui.Et dans ce moment de joie, tous ses sujets de préoccupations semblaient peu de chose dans l'infini du ciel étoeilé.

- Virage à gauche ! Virage à gauche ! Il y a un moldu qui lève les yeux vers nous !

Tonks fit une embardée, suivie de près par Harry, qui surveillait sa malle qui se balançait violemment sous son balai.

- On a besoin de plus de hauteur ! Montons de 500 mètres.

Les yeux de Harry s'emplirent de larmes à cause du froid, alors qu'ils prenaient de l'altitude. Il ne voyait plus rien d'autre en bas que des têtes d'épingles lumineuses qui devaient être les réverbères et les phares des voitures. Deux de ces points auraient pu être ceux de la voiture de l'oncle Vernon. Les Dursley étaient sûrement sur le chemin du retour vers leur maison qui était vide maintenant, furieux sans doute que le fameux concours n'existe pas. Harry éclata d'un rire sonore à cette idée qui fut couvert par les claquements des robes de sorciers des autres, les craquements du harnais qui entourait sa malle et la cage d'Hedwige et du sifflement de l'air à leurs oreilles, alors qu'il accéléraient. Il ne s'était pas senti aussi vivant et aussi heureux depuis un mois.

- Cap au Sud, cria Maugrey. Ville en vue !


Il virèrent à droite pour éviter de passer au dessus de la toeile d'araignée scintillante que formait la ville en dessous.

- Cap au sud-est et continuez à prendre de l'altitude. Epais manteau nuageux droit devant dans lequel on peut se perdre ! cria Maugrey.

- On va pas traverser les nuages ! cria Tonks en colère. Sinon on va être trempé Maugrey.

Harry était soulagé de l'entendre dire ça. Ses mains s'engourdissaient sur le manche de son éclair de feu à cause du froid. Il regrettait de ne pas avoir pensé à mettre un manteau. Il frissonnait.

Ils poursuivirent leur navigation en fonction des instructions que Maugrey leur donnait.

Harry plissait les yeux pour les protéger du vent glacial qui commençait à lui arracher les oreilles. Il ne se rappelait avoir eu aussi froid sur un balai qu'une seule fois, en troisième année pendant un match de Quidditch contre Poufsouffle, qui n'avait pu avoir lieu que pendant un orage. Le reste de la garde continuait à décrire des cercles autour d'eux, tel un vol d'oiseaux de proie. Harry avait perdu la notion du temps. Il se demandait depuis combien de temps il volait ainsi. Une heure peut-être ?

- Virement sud-ouest, hurla Maugrey. Nous devons éviter l'autoroute.

Maintenant Harry grelottait tellement, qu'il pensait sans arrêt à l'intérieur chaud et sec des voitures circulant au-dessous et de façon encore plus marqué aux déplacements grâce à la poudre de cheminette. Arriver dans des cheminées peut avoir quelques désagréments mais au moins, on a toujours chaud dans les flammes. Kingsley Shacklebolt descendit en piqué vers lui. Sa tête chauve et son anneau d'or luisaient faiblement dans le clair de lune.

Maintenant Evelyne Vance se trouvait à sa droite, sa baguette sortie, les yeux scrutant le ciel de droite et de gauche. Elle aussi fit une descente en piqué et laissa sa place à Sturgis Podmore.

- On devrait faire demi-tour quelques instants ! Juste pour nous assurer qu'on n'est pas suivi, cria Maugrey.

- Etes-vous fou Fol Oeil ? cria Tonks à l'avant. Nous sommes tous ;congelés sur nos balais. Si on rallonge encore le chemin, on n'arrivera pas avant la semaine prochaine. De toute façon, on est presque arrivé !

- Procédure de descente ! annonça Lupin.

- Suis bien Tonks, Harry !

Harry suivit Tonks dans sa descente. Ils se dirigeaient vers une ville. C'était le plus grand ensemble de lumières qu'il n'ait jamais vu. L'énorme masse était sillonnée de lignes brillantes, entrecoupées de carrés d'obscurité. Plus ils descendaient, et plus Harry arrivait à distinguer les phares des voitures, les cheminées des maisons et les antennes de télé sur les toits. Il était impatient d'atteindre le sol mais il était sûr qu'il aurait besoin d'aide pour se décoller de son balai.

- On atterrit ! annonça Tonks. Et quelques secondes plus tard, elle se posa.

Harry atterrit derrière elle et descendit de son balai sur un carré de pelouse mal entretenue au milieu d'un petit square. Tonks s'occupait déjà de décharger la malle de Harry. Tremblant, Harry regardait autour de lui les façades sinistres des maisons aux alentours qui n'étaient pas accueillantes. Plusieurs d'entre elles avaient des fenêtres cassées, luisants tristement dans la lumière des réverbères. La peinture s'écaillait de plusieurs portes et des tas d'ordures s'amoncelaient devant les perrons des maisons.

- Où sommes-nous ? demanda Harry. Mais Lupin l'interrompit calmement.

- Une minute.

Maugrey était en train de fourrageait dans ses poches. Ses mains noueuses rendues maladroites par le froid.

- Je l'ai ! murmura-t-il en brandissant une sorte de briquet en argent et en l'allumant.

Le plus proche réverbère s'éteignit avec un pop sonore. Il fit jouer à nouveau son éteignoir. Le réverbère suivant s'éteignit aussi. Il continua ainsi jusqu'à ce que tous les réverbère du square soient éteints et, que la seule source de lumière soit celle provenant de derrière les rideaux des fenêtres et celle de la lune.

- Je l'ai emprunté à Dumbledore, grommela Maugrey en le rangeant dans sa poche. Ca nous mettra à l'abri des regards moldus. Maintenant dépêche toi.

Il prit Harry par le bras et lui fit traverser la rue pour le conduire sur le trottoir en face.

Lupin et Tonks suivaient, portant à deux la malle de Harry. Le reste de la garde, toutes baguettes dehors, protégeaient leurs flancs. Le son étouffé d'un chaîne Hi fi leur parvenait à travers une fenêtre au premier étage de la maison suivante. Une odeur âcre d'ordures

pourrissantes provenait d'une pile de sacs poubelle qui s'entassaient devant un portillon cassé.

- C'est ici ! marmonna Maugrey.

Glissant un petit morceau de parchemin dans la main d'Harry et rapprochant le bout lumineux de sa baguette pour éclairer le texte, il dit à Harry :

- Lis rapidement et mémorise ça.

Harry baissa les yeux vers le parchemin. La fine écriture lui était vaguement familière.

Elle disait : Le quartier général de l'Ordre du Phénix se trouve au 12 place Grimmauld.

Londres.


Chapitre 4 : 12, place Grimmauld

C'est quoi l'Ordre du., commença Harry.

Pas ici mon garçon, grogna Maugrey. Attends d'être à l'intérieur. Il reprit le bout de parchemin à Harry et l'enflamma avec sa baguette magique. Pendant que le message partait en fumée et se répandait en cendres sur le sol, Harry regarda les maisons alentours. Ils s'étaient arrêtés devant le numéro 11 à gauche duquel il aperçut le numéro 10 et à droite duquel il vit le numéro 13.

Mais où ?

Concentre toi sur ce que tu viens d'apprendre, dit calmement Lupin.

Harry se concentra, et, au moment où il pensa au 12, place Grimmauld, une porte délabrée apparut entre les numéros 11 et 13, rapidement suivie par des murs sales et des fenêtres sinistres. C'était comme si une maison supplémentaire venait de faire sa place en écartant les deux autres. La stéréo du numéro 11 émettait un bruit mat.

Apparemment les moldus n'avaient rien senti.

Allez viens ! Dépêche toi grogna Maugrey en poussant Harry dans le dos.

Harry monta les marches de pierre usées, regardant avec attention la porte qui venait d'apparaître. Sa peinture noire était défraîchie et rayée. Le marteau de porte en argent avait la forme d'un serpent enroulé sur lui-même. Il n'y avait ni serrure ni boîte aux lettres. Lupin sortit sa baguette et en frappa la porte une fois. Harry entendit plusieurs cliquetis métalliques, qui faisaient penser un peu à la dégringolade d'une chaîne. La porte s'ouvrit dans un craquement.

Dépêche-toi d'entrer Harry ! murmura Lupin. Mais ne va pas trop loin à l'intérieur et ne touche à rien.

Harry passa le seuil de la porte et se retrouva dans l'obscurité presque totale de l'entrée.

Ca sentait l'humidité, la poussière et il flottait dans l'air une odeur de légère pourriture.

L'endroit donnait la sensation d'être totalement abandonné. Il regarda en arrière pardessus son épaule et vit que les autres l'avaient suivi, Lupin et Tonks portant sa malle et la cage d'Hedwige. Maugrey était resté sur la dernière marche pour relâcher les boules de lumière que l'éteignoir avait capturé. Elles rejoignirent leurs ampoules respectives et le square s'éclaira momentanément d'une lumière orange avant que Maugrey ne rentre, clopin-clopant, et referme la porte derrière lui, plongeant ainsi le couloir dans la plus totale obscurité.

Ici.

Il frappa la tête d'Harry d'un coup sec avec sa baguette. Harry sentit quelque chose de chaud dégouliner le long de son dos et comprit que le charme d'illusion avait été levé.

Maintenant plus personne ne bouge. Je vais donner un peu de lumière, dit Maugrey.


Les murmures des autres donnaient un mauvais pressentiment à Harry. C'était comme s'ils venaient d'entrer dans la maison d'un mourant. Il entendit un doux sifflement et de vieux becs à gaz démodés se réanimèrent le long des murs, projetant une lumière hésitante sur le papier peint décollé et le tapis élimé d'un long couloir triste, au milieu duquel un chandelier recouvert de toeiles d'araignée éclairait faiblement une galerie de portraits accrochés aux murs et noircie par le temps. Harry entendit quelque chose détaler derrière une plinthe. Le chandelier et le candélabre qui se trouvaient sur une table branlante à côté, étaient en forme de serpent. Il y eut des pas précipités et madame Weasley, la mère de Ron, apparut dans l'encadrement d'une porte à l'autre bout du couloir. Elle se précipita vers lui pour l'accueillir et Harry remarqua qu'elle était plus maigre et plus pâle que la dernière fois qu'il l'avait vu.

Oh Harry ! C'est merveilleux de te voir, murmura-t-elle dans une étreinte à lui briser les côtes avant de le prendre par la main et de l'examiner sous toutes les coutures.Tu as l'air pâlot. Mais j'ai peur que tu ne doives attendre encore un peu avant de dîner.

Elle se retourna vers le groupe de magiciens derrière lui et chuchota : Il vient d'arriver !

La réunion commence.

Les magiciens derrière Harry se mirent tous à murmurer avec intérêt et le bousculèrent pour rejoindre la porte que Madame Weasley venait d'emprunter. Il s'apprêtait à suivre Lupin, mais Madame Weasley le retint.

Non Harry ! La réunion est réservée aux membres de l'ordre. Ron et Hermione t'attendent en haut. Vous allez rester ensemble jusqu'à la fin de la réunion. Ensuite, vous viendrez dîner. Et n'oublie pas parler à voix basse dans le couloir !

Pourquoi ?

Je ne veux pas qu'on réveille quelque chose.

Qu'est-ce que vous.

Je t'expliquerai plus tard. Je dois me dépêcher. Je suis supposée assister à la réunion. Je te montre juste où tu dors.

Pressant son doigt sur ses lèvres, elle lui fit dépasser sur la pointe des pieds une paire de longs rideaux troués par les mites qui, supposait Harry, devait cacher une autre porte Après être passé à côté d'un gros porte parapluie, qui semblait avoir été fabriqué avec des jambes de troll, ils entamèrent la montée de l'escalier sombre, passant devant une rangée de têtes réduites accrochées aux murs. En se rapprochant, Harry remarqua qu'il s'agissait de têtes d'elfes de maison. Ils avaient tous le même faciès caractéristique. Le désarroi d'Harry grandissait à chacun de ses pas. Que diable faisaient-ils dans une maison qu'on aurait dit avoir appartenu au plus noir des magiciens.

Madame Weasley, pourquoi .

Ron et Hermione vont tout t'expliquer, mon chéri. Il faut vraiment que j'y aille, dit madame Weasley distraitement. Ici - il venait d'atteindre le deuxième palier - tu as la chambre de droite. Je t'appellerai quand ce sera fini.


Et elle se dépêcha de redescendre l'escalier. Harry traversa le coquet palier, tourna la poignée de la porte de la chambre, qui avait la forme d'une tête de serpent, et poussa sur la porte. Il eut la vision fugitive d'une chambre à lits jumeaux, dont l'atmosphère lui semblait mélancolique et qui était très haute de plafond. Il entendit ensuite une sorte de hululement aigu suivi d'un cri de joie et, sa vue fut complètement bouchée par une chevelure ébouriffée. Hermione s'était précipitée sur lui et l'étreignait à l'étouffer pendant que le petit hibou de Ron, Coq, tournait comme un fou autour de leurs têtes.

Harry ! Ron , il est là ! Harry est là ! Nous ne t'avons pas entendu arriver ! Oh.

Comment vas-tu ? Tu te sens bien ? Tu as dû être en colère contre nous je parie. Je savais que nos lettres étaient vides de sens, mais on ne pouvait rien te dire. Dumbledore nous a fait jurer de nous taire ! On a tellement de choses à te raconter ! Et toi aussi ! Les détraqueurs. Quand on a appris. Et en plus cette audition au ministère ! C'est trop injuste ! J'ai vérifié tous les textes. Ils ne peuvent pas te renvoyer. Ils ne peuvent pas ! Il y a un article dans le décret de restriction de l'usage de la magie pour les sorciers de premier cycle qui autorise l'usage de la magie en cas de force majeure.

Laisse-le respirer Hermione, dit Ron en souriant à belles dents et en fermant la porte derrière Harry.

Il semblait avoir prit quelques centimètres en hauteur, pendant leur mois de séparation, ce qui le faisait paraître plus grand et plus maigre que jamais. Mais son long nez, ses cheveux oranges et ses tâches de rousseur étaient toujours les mêmes. Encore rayonnante, Hermione lâcha Harry. Mais avant d'avoir pu ajouter un mot, il y eut un mouvement dans l'air, et quelque chose de blanc s'éleva du haut d'une armoire sombre pour atterrir doucement sur l'épaule d'Harry.

Hedwige !

La chouette, d'un blanc neigeux, mordilla son oreille en signe d'affection et Harry la caressa.

Elle va très bien, dit Ron. Elle nous a donné des coups de bec presque jusqu'au sang en nous apportant tes lettres ! Regarde !

Il montra à Harry l'index de sa main droite sur lequel on voyait une coupure nette à moitié cicatrisée.

Ah. Oui, dit Harry. Désolé. Mais je voulais des réponses, vous savez.

Mais nous, on voulait bien te les donner ! Hermione était inquiète. Elle n'arrêtait pas de dire que tu allais faire une bêtise si tu restais coincé sans nouvelles. Mais Dumbledore nous avait . .interdit de me dire quoique ce soit ! dit Harry. Je sais Hermione vient d'en parler.

La joie qu'avait ressentie Harry en voyant ses deux amis cédait la place à une sensation douloureuse dans l'estomac. A ce moment précis, bien qu'il ait désespéré pendant un mois de les revoir, il aurait préféré que Ron et Hermione le laisse seul. Il y eut un silence lourd pendant lequel Harry se contenta de continuer à caresser Hedwige sans un regard pour ses amis.

Il semblait vraiment convaincu que c'était la meilleure solution, reprit Hermione d'une voix blanche. Dumbledore, je veux dire.


Bon, dit Harry.

Il remarqua que les mains d'Hermione aussi portaient des marques de coups de bec d'Hedwige et il revint à de meilleurs sentiments.

Je crois qu'il pensait que tu serais plus en sécurité chez les moldus, commença Ron.

Ah oui ? dit Harry en levant les sourcils. Lequel d'entre-vous s'est fait attaquer par des détraqueurs cet été ?

Ben. Personne. Mais c'est aussi pour cette raison qu'il avait attaché quelqu'un de l'Ordre du Phénix à ta surveillance tous les jours.

Harry sentit comme un coup qu'on lui aurait donné à l'estomac. Comme s'il avait raté une marche dans l'escalier. Alors comme ça tout le monde sauf lui savait qu'il était suivi.

Belle réussite, n'est-ce pas ? dit Harry, gardant son calme avec difficulté. Il fallait bien que j'en arrive à m'occuper de moi, après tout.

Il s'est mis dans une telle colère, dit Hermione d'une voix intimidée.

Dumbledore. On l'a vu. Quand il a découvert que Mundungus était parti avant son heure. Il était terrifiant !

Oui et bien je suis content qu'il soit parti avant son heure, dit froidement Harry. Sinon je n'aurai pas pu utiliser la magie et Dumbledore m'aurait probablement laissé moisir à Privet Drive tout l'été.

Tu n'as. Tu n'as pas peur de l'audition au ministère ? demanda Hermione.

Non, mentit Harry sur le ton du défi.

Il s'éloigna d'eux en regardant la pièce, Hedwige confortablement nichée sur son épaule.

Mais à la réflexion, cette chambre ne lui plaisait pas. Elle était humide et sombre. Une bande blanche de dentelle autour d'un cadre était le seul décor qui combattait la nudité des murs décrépits de la pièce et, en passant devant, Harry crut entendre quelqu'un, tapi dans l'ombre, se mettre à rire doucement.

Alors pourquoi Dumbledore avait-il si envie de me garder au frais, demanda Harry en essayant de garder une voix calme. Ca ne vous est pas venu à l'idée de lui demander ?

Il leva les yeux juste à temps pour surprendre le regard que Ron et Hermione s'échangèrent et qui signifiait qu'ils s'attendaient à ses réactions. Il ne fit aucun effort pour se calmer.

On a dit à Dumbledore qu'on voulait te mettre au courant, dit Ron. On l'a vraiment fait

! Mais il est vraiment très occupé maintenant. On ne l'a aperçu que deux fois depuis qu'on est ici et il avait l'air pressé. Il nous a juste fait jurer de ne rien aborder d'important dans nos lettres. Il a ajouté que nos hiboux pouvaient être interceptés.

Il aurait pu m'informer s'il avait voulu, dit Harry. Ne me dites pas qu'il ne connaît pas d'autres moyens d'envoyer des messages.

Hermione regarda Ron.

J'y ai pensé. Mais il voulait que tu ne saches absolument rien.


Il n'a peut-être pas confiance en moi, dit Harry guettant une réaction.

Ne sois pas bouché, dit Ron, d'un air déconcerté.

Ou alors je suis incapable de prendre soin de moi.

Mais bien sûr que non, intervint Hermione avec anxiété.

Alors comment se fait-il que je devais rester coincé chez les Dursley alors que vous deux, vous aviez le droit de participer à tout ce qui se passe ici ? dit Harry en martelant chacun de ses mots. Comment se fait-il que vous aviez le droit de savoir tout ce qu'il se passe ?

Mais on n'a pas eu le droit ! le coupa Ron. Maman nous tient éloignés ! Elle dit que nous sommes trop jeunes !

Sans s'en rendre compte, Harry s'était mis à hurler.

ALORS COMME CA VOUS N'AVEZ PAS ASSISTE AUX REUNIONS ! LA BELLE AFFAIRE ! VOUS AVEZ BIEN ETE INVITES ICI, NON ? VOUS ETES

RESTES ENSEMBLE ! MOI, J'AI ETE COINCE CHEZ LES DURSLEY

PENDANT UN MOIS ET J'EN AI BAVE PLUS QUE VOUS DEUX REUNIS ET

DUMBLEDORE LE SAIT BIEN !

QUI A MIS EN SECURITE LA PIERRE PHILOSOPHALE ? QUI A RESOLU

L'ENIGME ? QUI A SAUVE VOTRE PEAU FACE AUX DETRAQUEURS ?

Chaque pensée amère et pleine de ressentiment qu'il avait eu le mois passé était en train de le quitter. Sa frustration, dûE à l'absence de nouvelles, sa peine de savoir Ron et Hermione ensemble mais sans lui, sa fureur d'être suivi sans avoir été prévenu et tous les autres sentiments dont il avait à moitié honte, explosèrent. Hedwige eut peur des cris de Harry et s'envola pour aller trouver refuge en haut de l'armoire. Coq gazouilla d'un ton alarmé et accéléra encore plus sa course folle autour de leurs têtes.

QUI A MAITRISE LE DRAGON ET LE SPHINX ET TOUTES LES AUTRES

CREATURES NAUSEABONDES L'ANNEE DERNIERE ? QUI L'A VU

REVENIR ? QUI LUI A ECHAPPE ? MOI

!

Ron en avait la bouche ouverte, abasourdi, ne sachant quoi dire, pendant qu'Hermione le regardait, les larmes aux yeux.

MAIS POURQUOI DEVRAIS-JE SAVOIR CE QU'IL SE PASSE ? HEIN !

POURQUOI QUI QUE CE SOIT DEVRAIT S'INQUIÉTER DE M'EN

INFORMER ?

Harry.On voulait te le dire ! On voulait vraiment, commença Hermione.

SI TU AVAIS VRAIMENT VOULU, TU M'AURAIS ENVOYÉ UN HIBOU ! MAIS

BIEN SUR DUMBLEDORE T'A FAIT JURER.

Oui, c'est vrai.


PENDANT QUATRE SEMAINES, J'ETAIS COINCE A PRIVET DRIVE !

OBLIGE DE FOUILLER LES POUBELLES A LA RECHERCHE DU MOINDRE

INDICE.

On voulait.

CE QUE VOUS VOULIEZ C'ETAIT DE VOUS PAYER DU BON TEMPS .

Non, honnêtement.

Harry, on est vraiment désolé, cria Hermione au désespoir, les yeux inondés de larmes.

Mais je te comprends, Harry, j'aurai été aussi furieuse à ta place.

Harry la regarda encore haletant puis leur tourna le dos et se mit à tourner en rond.

Hedwige hulula d'un air sombre du haut de son armoire. Il y eut un long silence, interrompue seulement par les craquements lugubres de lames de plancher sous les pas d'Harry.

Bon, où est-ce qu'on est ? demanda hargneusement Harry.

C'est le quartier général de l'Ordre du Phénix, répondit vivement Ron.

Est-ce que quelqu'un va enfin prendre le temps de m'expliquer ce qu'est l'Ordre du Phénix ?

C'est une société secrète, répondit rapidement Hermione. Dumbledore la préside. Il l'a fondé. Elle rassemble les gens qui ont combattu tu-sais-qui la dernière fois.

De qui s'agit-il, demanda Harry en arrêtant de tourner en rond, les mains toujours dans les poches ?

Un certain nombre.

On en a rencontré 20, la coupa Ron, mais on pense qu'il y en a beaucoup plus.

Harry les regarda.

Et ? demanda-t-il.

Heu.dit Ron. Et quoi ?

Voldemort ! demanda Harry avec fureur.

Ron et Hermione firent une grimace.

Que fait-il ? Où est-ce qu'il est ? Que devons-nous faire pour l'arrêter ?

On te l'a déjà dit. L'ordre ne nous accepte pas dans ses réunions, dit nerveusement Hermione. Donc on ne connaît pas les détails mais on a une idée générale, ajouta-t-elle rapidement en voyant l'expression d'Harry.

Fred et Georges ont inventé les oreilles extensibles. Attends ! dit Ron, c'est génial.

Extensibles ?

Et oui ! Seulement on a été obligé d'arrêter de s'en servir parce que ma mère les a trouvées et est devenue folle de rage. Fred et Georges ont dû les cacher pour éviter que maman ne les mette à la poubelle. Mais on a pu s'en servir un peu avant que maman ne les découvre. On a apprit que certains membres de l'ordre surveillent des mangemorts connus en les gardent tout le temps à l'oeil.

D'autres travaillent à recruter de nouveaux membres pour l'Ordre.

Et un troisième groupe monte la garde devant quelque chose, ajouta Ron. Ils sont sans arrêt en train de se raconter leur tours de garde.


Ca ne serait pas moi dont ils seraient en train de parler ? dit Harry d'un ton sarcastique.

Mais bien sûr ! dit Ron avec un début de compréhension dans le regard.

Harry grogna et se remit à faire les cent pas en regardant tout sauf Ron et Hermione.

Mais alors qu'est-ce que vous avez fait tous les deux si vous n'étiez pas aux réunions ?

demanda-t-il. Vous disiez que vous étiez très occupés.

On a.dit Hermione rapidement. On a décontaminé cette maison. Elle est vide depuis des siècles, mais il y a des choses qui s'y reproduisent On a réussi à nettoyer complètement la cuisine, la plupart des chambres et je pense qu'on fera la galerie de réception dem.Ahhhhhhhh !

Dans deux forts craquements, Fred et Georges, les deux frères jumeaux de Ron, apparurent dans un nuage de fumée au milieu de la pièce. Coq gazouilla plus fort que jamais et fonça se réfugier près d'Hedwige, sur le haut de l'armoire.

Arrêtez de faire ça ! dit Hermione dans un souffle aux deux jumeaux, qui étaient aussi désespérément roux que Ron, bien que plus calmes et moins grands que lui.

Salut Harry, dit Georges content de le voir. On se disait bien qu'on avait cru entendre ta douce voix.

Allez ! Tu ne vas pas passer ta colère comme ça Harry ! Fais-la sortir, dit Fred aussi rieur que son frère. Il doit bien rester une douzaine de personnes à 50 kilomètres à la ronde qui ne t'ont pas entendu.

Vous avez réussi à passer votre permis de transplaner ? demanda Harry d'un ton maussade.

Avec mention ! dit Fred, qui tenait quelque chose qui ressemblait à une longue corde couleur chair.

Ca ne vous aurait pas pris plus de 30 secondes de venir par l'escalier, dit Ron.

Le temps c'est de l'argent, petit frère, dit Fred. De toute façon, Harry, tu crée des interférences sonores. Les oreilles extensibles. ajouta-t-il en réponse au regard interrogateur d'Harry vers la longue corde couleur chair qui maintenant était en train de s'allonger en direction du palier. On essaye de capter les conversations du dessous.

Faites attention, dit Ron en regardant l'oreille. Si maman tombe encore sur l'une d'elles.

Oh ! Ca vaut le coup de courir le risque. C'est une réunion très importante qu'ils sont en train de tenir.

La porte s'ouvrit et une longue crinière de cheveux roux apparut.

Oh, bonjour Harry, dit Ginny d'une voix claire. Je pensais bien avoir entendu ta voix.

Se retournant vers Fred et Georges, elle ajouta.

Ca ne sert à rien d'essayer d'utiliser vos oreilles extensibles, maman est partie jeter un sort d'IMPERTUBATION pour rendre impénétrable la porte de la cuisine.

Comment tu sais ça ? demanda Georges déconfit.

Tonks m'a appris comment le découvrir, dit Ginny. Il suffit de lancer n'importe quoi sur la porte, et si l'objet ne peut pas la toucher, c'est que la porte a été ensorcelée. Je lui ai lancé des Bombabouses depuis le haut de l'escalier et elles n'ont pas touché la porte.

Donc aucune chance pour que vos oreilles extensibles ne captent le moindre bruit.

Fred poussa un profond soupir.

Quel dommage ! Je me faisais une joie d'entendre ce que le vieux Rogue est sur le point de faire.

Rogue ! s'exclama Harry. Il est là !

Oui, répondit Georges, fermant avec précaution la porte en s'asseyant sur un des lits, imité en cela par Fred et Ginny. Il leur fait un compte-rendu top secret.

Il est stupide, dit Fred paresseusement.

Il est de notre côté maintenant, dit Hermione d'un air réprobateur.

Ron grogna.

Ca n'est pas ça qui va le faire arrêter d'être stupide, vu la façon qu'il a de nous dévisager quand il nous regarde.

Bill ne l'aime pas non plus, dit Ginny, comme si cela clôturait le débat.

Harry n'était pas sûr de ne plus être en colère, mais sa soif d'informations prenait le pas sur son envie de crier. Il s'allongea sur le second lit.

Est-ce que Bill est là ? demanda Harry, je pensais qu'il travaillait en Egypte.

Il a postulé à un nouvel emploi dans un bureau, pour pouvoir rentrer à la maison et aider l'Ordre.

Il dit que les tombeaux lui manquent mais, dit Fred en souriant de manière amusée, qu'il y a des compensations.

Mais qu'est-ce que tu veux dire ?

Tu te souviens de Fleur Delacourt ? Elle s'est faite embaucher chez Gringotts pour ameulioreu sa prononciation.

Et Bill a commencé à lui donner des leçons privées, ricana Fred.

Charlie aussi fait partie de l'ordre, dit Georges, mais il est toujours en Roumanie.

Dumbledore veut intégrer le plus possible de sorciers étrangers.

Charlie essaye donc de nouer de nouveaux contacts pendant ses congés.

Est-ce que Percy ne pourrait pas le faire aussi ? demanda Harry.

La dernière fois qu'il en avait entendu parler, le troisième Weasley travaillait au département de la coopération magique internationale au ministère de la magie. La question d'Harry provoqua un échange de regards lourds de signification entre les Weasley et Hermione.

Quoi que tu fasses, ne mentionne plus le nom de Percy devant maman et papa, dit Ron d'une voix tendue.

Pourquoi ?

Parce qu'à chaque fois qu'on parle de Percy, papa casse tout ce qu'il a entre les mains et maman commence à pleurer, dit Fred.

C'était affreux, dit Ginny tristement.


Je pense qu'on est mieux loin de lui, dit Georges avec une expression affreuse qui ne lui ressemblait pas.

Percy et papa se sont engueulés, dit Fred. Je n'avais jamais vu papa se disputer sur ce ton là avec quelqu'un. Normalement, c'est maman qui crie.

Ca s'est passé la première semaine après la fin de l'année scolaire, dit Ron. Nous nous apprêtions à rejoindre l'Ordre. Percy est rentré à la maison et nous a annoncé qu'il avait eu une promotion.

Tu plaisantes ? demanda Harry.

Bien qu'il savait parfaitement que Percy était très ambitieux, Harry avait eu l'impression qu'il n'avait guère brillé dans son premier poste au ministère de la magie. Percy n'avait pas été assez malin pour remarquer que son patron était contrôlé par Lord Voldemort (le ministère non plus ne l'aurait pas cru, ils pensaient tous que Monsieur Croupton était devenu fou).

- Oui, on a tous été surpris, reprit Georges, parce que Percy avait l'air de beaucoup s'inquiéter au sujet de Croupton. Il y a eu une enquête et tout ça.

Ils ont dit que Percy aurait dû se rendre compte que Croupton perdait les pédales et ils ont ajouté qu'il aurait dû en référer à un supérieur. Mais vous connaissez Percy.

Croupton lui fichait la paix. Il n'avait donc aucune raison de se plaindre.

- Alors comment se fait-il qu'ils l'aient promu ?

- C'est exactement la question qu'on s'est posé, dit Ron qui semblait vouloir maintenir le ton normal de la conversation maintenant que Harry avait cessé de crier.

Il est rentré à la maison très satisfait de lui-même, encore plus que d'habitude, si vous pouvez imaginer ça ; et il a dit à papa qu'on lui avait offert un poste au bureau même du ministre. Un excellent poste pour un jeune diplômé de Poudlard : Assistant Junior du ministre de la magie. Il s'attendait à ce que papa soit impressionné, je pense.

- Seulement papa ne l'a pas été du tout, dit Fred d'un ton sinistre.

- Et pourquoi ? demanda Harry.

- Apparemment, Fudge a fait une descente dans tous ses services pour s'assurer que personne n'avait de contacts d'aucune sorte avec Dumbledore, dit Georges.

- Au ministère, ces jours-ci, le nom de Dumbledore est considéré comme de la crotte !

- Ils sont tous convaincus qu'il veut semer la panique en disant que vous savez qui est de retour.

- Papa dit que Fudge a pris ses dispositions pour virer du ministère quiconque se rallierait à Dumbledore. Le problème c'est que Fudge soupçonne papa. Il sait qu'il est un ami de Dumbledore. En plus, il a toujours considéré papa comme un peu fou à cause de son obsession pour les objets moldus.

- Mais quel rapport avec Percy ? demanda Harry, un peu perdu.

- J'y arrive. Papa estime que Fudge veut Percy dans son bureau pour pouvoir surveiller toute la famille et Dumbledore.

Harry siffla d'étonnement.


Je parie que Percy adorerait ça !

Ron se mit à rire d'un rire caverneux.

Il est devenu fou furieux. Il a dit. Il a dit des choses terribles. Il a ditqu'il avait été toujours obligé de se battre contre la mauvaise réputation de papa depuis qu'il était rentré au ministère. Que papa n'avait aucune ambition et que c'était à cause de ça qu'on n'avait jamais eu beaucoup d'argent à la maison.

Quoi ? dit Harry qui n'en revenait pas.

Ginny émit un feulement à la manière d'un chat à qui on a marché sur la queue.

Je sais, dit Ron à voix basse. Et ça a été pire. Il a dit que c'était idiot de la part de papa de se montrer avec Dumbledore. Que Dumbledore était la source de gros ennuis et que papa allait tomber avec lui. Et que lui, Percy, savait envers qui rester loyal : le ministre.

Et que si maman et papa devenaient des traîtres, il allait s'arranger pour que tout le monde sache qu'il ne faisait plus partie de notre famille. Il a fait ses bagages la même nuit et il est parti. Il s'est installé à Londres.

Harry transpirait. Il avait toujours moins aimé Percy que ses autres frères, mais il n'aurait jamais imaginé l'entendre dire de telles choses à monsieur Weasley. Maman est dans le même état, dit Ron tristement. Tu sais. Elle pleure et tout ça. Elle est allée à Londres pour essayer de parler à Percy, mais, il lui a claqué sa porte au nez. Je ne sais pas ce qu'il fera s'il croise papa au bureau. Je pense qu'il l'ignorera.

Mais Percy doit savoir que Voldemort est de retour, dit doucement Harry, il n'est pas idiot ! Il devrait comprendre que vos parents ne prendraient pas de risque s'ils n'avaient pas de preuves. Ah ! Tu viens de toucher le fond du problème. Percy a dit que la seule preuve, c'était ta parole et que ça n'était pas suffisant.

Percy prend très au sérieux la Gazette du Sorcière, dit Hermione d'un ton piquant.

Et tous les autres acquiescèrent.

Mais de quoi est-ce vous parlez ? dit Harry en les regardant les uns après les autres.

Ils le regardèrent avec prudence.

Tu n'as pas lu la Gazette du Sorcier ? demanda Hermione nerveusement Si, répondit Harry.

Et.Heu.Tu l'as lue en détail ?demanda-t-elle plus anxieuse encore.

Pas dans le détail, répondit Harry sur la défensive. S'ils avaient eu quelque chose à dire sur Voldemort, ils l'auraient dit dans les gros titres.

Les autres grimacèrent en l'entendant prononcer ce nom. Hermione se hâta de poursuivre.

Et bien, tu aurais dû le lire page par page pour t'en rendre compte, mais .heu.il t'ont mentionné deux ou trois fois par semaine.


Mais je l'aurais vu !

Pas si tu t'es contenté des gros titres, dit Hermione en hochant la tête. Je ne te parle pas des articles en première page. Ils t'ont juste glissé entre les lignes comme pour ne pas trop attirer l'attention.

Qu'est-ce que tu .

C'est assez mesquin en fait, dit Hermione avec un calme contenu. Ils ont bien réussi à reprendre le style de Rita.

Mais, elle ne travaille plus pour eux ?

Oh non ! Elle a tenu sa promesse. De toute façon, elle n'avait pas le choix, ajouta Hermione très satisfaite. Mais on retrouve ses méthodes dans ce qu'ils essayent de faire maintenant.

C'est-à-dire? demanda Harry impatiemment.

Bien.Tu te rappelles qu'elle a écrit que tu t'évanouissais sans arrêt et que tu te plaignais que ta cicatrice te faisait mal et tout ça?

Ouais, dit Harry qui n'était pas prêt d'oublier les rumeurs que Rita Skeeter avait fait courir sur lui.

Et bien, ils ont écrit que tu es quelqu'un qui se leurre de vaines espérances en réclamant l'attention de tout le monde et qui se croit un grand héros de tragédie. Ou quelque chose dans ce genre, ajouta Hermione très vite, comme si cela faisait moins de mal à Harry d'entendre ça très vite. Ils continuent à raconter des horreurs à ton sujet. Si quelque fait divers inexplicable se produit, ils ajoutent un commentaire du genre : une fable digne d'Harry Potter. Ou si quelqu'un a un accident étrange, ils terminent l'article en disant : espérons que cette personne ne s'est pas fait une cicatrice sur le front, sinon il devra rendre grâces à Harry Potter.

Mais je ne veux pas que qui que ce soit se mette à me vénérer ! s'exclama Harry Je le sais bien, dit Hermione à nouveau apeurée, je le sais, Harry. Mais ne comprends-tu pas ce qu'ils sont en train de faire ? Ils veulent te faire passer pour quelqu'un envers qui on ne peut pas avoir confiance. C'est une idée de Fudge ! J'en suis sûre. Je suis prête à parier n'importe quoi ! Ils veulent que tous les sorciers se fassent à l'idée que tu n'es qu'un stupide petit plaisantin qui raconte n'importe quoi pour qu'on s'intéresse à lui.

Mais je n'ai rien demandé ! Je ne veux pas ! Voldemort a tué mes parents, bredouilla Harry. Je suis devenu célèbre parce qu'il a tué toute ma famille sauf moi. Qui voudrait devenir célèbre dans ces conditions ? Ils ne se sont pas imaginés que j'aurai préféré que ça ne se soit pas arrivé?.

On le sait bien, Harry, dit Ginny avec un air sérieux.

Et bien sûr, ils n'ont rien dit sur l'attaque des détraqueurs, dit Hermione. Quelqu'un a dû leur dire d'étouffer l'affaire. Ca aurait pourtant dû être un article très important. Des détraqueurs hors de contrôle ! Ils n'ont même pas parlé du fait que tu avais violé le décret du secret sur l'usage de la magie. On pensait qu'ils l'auraient fait. Ca aurait renforcé ton image de vedette stupide. On pense qu'ils attendent désespérément ton expulsion de Poudlard pour pouvoir ensuite se déchaîner contre toi. Je veux dire, si tu es expulsé, reprit-elle rapidement. Logiquement, tu ne devrais pas. Pas s'ils appliquent leurs propres lois. Il n'y a aucune sanction pour ce que tu as fait.


Ils revinrent sur le sujet de l'audition mais Harry en avait assez et ne voulait plus entendre parler de ça. Il essayait désespéramment de changer de sujet quand, au même moment, ils entendirent un bruit de pas dans l'escalier.

Oh, oh !

Fred tira violemment sur l'oreille extensible, il y eut un fort craquement et il disparut avec Georges. Une seconde plus tard, Madame Weasley rentrait dans la chambre.

La réunion est terminée. Vous pouvez descendre le dîner est prêt. Tout le monde meurt d'envie de te voir Harry. Qui a oublié toutes ses bombabouses devant la cuisine ?

c'est Pattenrond, répondit Ginny d'un air innocent, il adore jouer avec ça.

Je pensais que c'était Kreacher qui avait fait ça. Il fait tout un tas de choses bizarres de ce genre. Maintenant n'oubliez pas de baisser la voix quand vous serez dans le hall d'entrée. Ginny. Tu as les mains salles. Qu'est-ce que tu as fait ? Vas te les laver avant le dîner.

Ginny fit la grimace car les autres la regardaient et suivit sa mère hors de la chambre, laissant Harry seul dans la chambre avec Ron et Hermione. Ces deux derniers regardaient Harry avec appréhension, comme s'ils redoutaient qu'Harry recommence à hurler maintenant que les autres étaient partis. Leur apparente nervosité lui faisait un peu honte.

Bon, murmura-t-il.

Mais Ron secoua la tête et Hermione le coupa avec calme.

On savait que tu te mettrais en colère, Harry. On ne t'en veut pas. Mais il faut que tu nous croies, Harry. On a vraiment essayé de convaincre Dumbledore.

Oui, je sais, dit Harry.

Il cherchait un moyen de ne pas parler de Dumbledore, car à chaque fois qu'il y pensait, il sentait la colère monter en lui.

Qui est Kreacher ?

C'est l'elfe de maison qui vit ici, dit Ron. Complètement fou ! J'en n'ai jamais rencontré un comme lui !

Hermione fit une grimace de reproche à Ron.

Il n'est pas complètement fou, Ron.

Son but dans la vie, c'est de se faire couper la tête ! Et qu'elle soit empaillée et accrochée à côté de celle de sa mère ! Tu trouves ça normal Hermione ?

Oui, bon.C'est un peu étrange ! Mais ça n'est pas de sa faute.

Ron eut un regard désespéré vers Harry.


Elle est encore très « SALE »

Ce n'est pas SALE ! dit Hermione très énervée, c'est S.A.L.E : société d'aide à la libération des elfes. Et il n'y a pas que moi. Dumbledore aussi dit que nous devons être gentils avec Kreacher.

Ouais c'est ça, dit Ron. Allez, on y va, je meurs de faim.

Il passa le premier, mais avant de commencer à descendre.

Attendez, souffla Ron en tendant un bras pour arrêter Harry et Hermione. Ils sont encore dans le hall. On pourrait entendre quelque chose d'intéressant.

Les trois amis regardèrent prudemment à travers les barreaux de la rampe de l'escalier.

Le hall d'entrée était plein de sorciers et sorcières, y compris la garde personnelle de Harry. Ils chuchotaient entre eux avec excitation. Au milieu du groupe, Harry distingua les cheveux noirs et graisseux ainsi que le nez proéminent du professeur qu'il aimait le moins à Poudlard : Rogue. Harry se pencha au-dessus de la balustrade. Ce que Rogue faisait pour l'Ordre du Phénix l'intéressait au plus haut point. Une fine corde couleur chair descendit juste sous les yeux d'Harry. Regardant au-dessus, il aperçut Fred et Georges sur le palier du deuxième étage, faisant prudemment descendre leur oreille extensible en direction du groupe en dessous. Quelques instants plus tard, le groupe prit la direction de la porte d'entrée et disparut.

Harry entendit Fred murmurer « Raté ! » et ce dernier remonta son oreille extensible. Ils entendirent la porte d'entrée s'ouvrir puis se refermer.

Rogue ne mange jamais ici, dit Ron à Harry. Dieu merci ! Allons-y ! Et n'oublie pas de chuchoter dans le hall, Harry, chuchota Hermione.

En passant devant l'alignement de têtes d'elfes de maison, accrochées aux murs, ils aperçurent Lupin, Madame Weasley et Tonks, derrière la porte d'entrée. Ils jetaient des sorts pour fermer magiquement les nombreux verrous de la porte derrière ceux qui venaient de partir.

Nous mangerons en bas, dans la cuisine, murmura Madame Weasley, en venant à leur rencontre en bas de l'escalier. Harry, mon chéri, si ça ne t'embête pas, traverse le hall sur la pointe des pieds. C'est la porte juste là-bas.

CRASH

Tonks ! cria Madame Weasley exaspérée, en se retournant vers elle Je suis désolée, dit Tonks avec une voix plaintive. Elle venait de trébucher et était allongée de tout son long. C'est ce stupide porte parapluie ! C'est la deuxième fois que je me prends les pieds dedans.

Mais le reste de sa phrase fut couverte par un horrible cri perçant, à vous déchirer les oreilles et à vous glacer le sang. Le rideau de velours, mangé aux mites, devant lequel Harry était passé en arrivant, venait de s'envoler. Il ne dissimulait aucune porte, comme il l'avait cru. L'espace d'un instant, Harry pensa qu'il était en train de regarder à travers une fenêtre. Une fenêtre derrière laquelle une vieille dame dans un manteau noir hurlait à la mort. Mais il réalisa bien vite qu'il ne s'agissait que d'un portrait grandeur nature, mais le plus réaliste et le moins agréable à regarder qu'il avait vu de toute sa vie. La vieille dame bavait. Ses yeux roulaient dans leurs orbites. La peau de son visage était tellement parcheminée qu'elle semblait sur le point de craquer. Et tout le long du couloir derrière eux, tous les autres portraits se réveillèrent et commencèrent à hurler si fort que Harry dut se boucher les oreilles en plissant les yeux. Lupin et Madame Weasley se précipitèrent et essayèrent de ramener le rideau sur le portrait de la vieille dame, mais, ils n'y parvinrent pas tout à fait et elle se mit à crier encore plus fort, agitant ses mains griffues comme pour essayer de lacérer leurs visages.

Saletés ! Excréments ! Sous-produit de vilenie ! Dégénérés ! Mutants ! Bizarreries ! Vous tous qui aviez quitté cet endroit ! Comment osez-vous infecter la maison de mes aïeux ?

Tonks s'excusait encore et encore, traînant le porte parapluie derrière elle. Madame Weasley abandonna l'idée de fermer le rideau et se mit à courir dans le hall pour calmer les autres portraits d'un coup de baguette magique et un homme avec une longue chevelure noire s'élança de la porte juste en face d'Harry.

Tais-toi, vieille harpie ! gronda-t-il en saisissant le rideau, que Madame Weasley avait abandonné. La vieille dame devint pâle.

Tooooooooiiii !!! hurla-t-elle, ses yeux s'exorbitant à la vue de l'homme. Traître à mon sang ! Abomination ! Honte de ma chair !

J'ai dit Tais-toi ! mugit l'homme. Et avec un effort démesuré, il réussit avec l'aide de Lupin à refermer le rideau.

Les hurlements de la vieille dame s'évanouirent et le silence revint. Chancelant légèrement et balayant les cheveux qui lui retombaient devant ses yeux, le parrain de Harry, Sirius, se retourna vers lui.

Bonjour Harry, dit-il d'un ton sinistre, je vois que tu as fait connaissance avec ma mère.


Chapitre 5 :L'ordre du Phénix

Ta...

Ma chère vieille mère, dit Sirius. Ma chère vieille mère, oui. Ca fait un mois qu'on essaye de la décrocher, mais on pense qu'elle a jeté un sort de colle permanente au dos de son tableau. Descendons ! Vite ! Avant qu'ils ne se réveillent tous.

Mais que fait le portrait de ta mère ici ? demanda Harry désorienté, alors qu'ils passaient la porte et descendaient une volée de marche en pierres, les autres sur leurs talons.

Personne ne te l'a dit ? C'est la maison de mes parents, dit Sirius. Je suis le dernier descendant de la famille Black, alors maintenant, elle m'appartient. J'ai offert à Dumbledore qu'il en fasse son quartier général ; c'est à peu près la seule chose utile que je n'ai jamais faite.

Harry, qui s'attendait à un accueil plus chaleureux, remarqua l'amertume et la dureté dans la voix de Sirius. Il suivit son parrain en bas de l'escalier. Celui-ci ouvrit la porte qui donnait sur la cuisine. C'était un peu moins glauque que le couloir d'entrée. La pièce ressemblait à une caverne avec ses murs en pierres brutes. La lumière provenait essentiellement d'un grand feu à un bout de la pièce. Des volutes de fumée de tabac à pipe flottaient dans l'air, comme des fumées au-dessus d'un champ de bataille, à travers lesquelles se profilaient les silhouettes menaçantes de poêles et de casseroles qui pendaient du plafond. Plusieurs chaises avaient été amenées pour la réunion et s'entassaient au fond de la pièce, et une grande table de bois trônait au milieu d'elles, recouverte de feuilles de parchemin, de bouteilles, de gobelets et d'un tas de vieux vêtements.

Monsieur Weasley et son aîné, Bill, parlaient tranquillement à un bout de la table.

Madame Weasley s'éclaircit la voix. Son époux, un homme maigre, roux, atteint d'une légère calvitie et qui portait des lunettes à montures d'écaille, regarda vers eux et sauta littéralement sur place.

Harry ! Dit monsieur Weasley, se pressant à sa rencontre et en serrant sa main vigoureusement. C'est bon de te voir !

Par-dessus son épaule, Harry vit Bill, qui avait encore les cheveux longs ramenés en catogan, rouler rapidement les parchemins sur la table.

Le voyage s'est bien passé, Harry ? Demanda Bill, qui essayait de prendre d'un seul coup douze rouleaux de parchemin en même temps. Fol Oeil ne t'a pas fait passer par le Groenland ?

Oh ! Il a essayé, répondit Tonks, se précipitant pour aider Bill. Elle fit alors tomber une bougie sur le dernier morceau de parchemin qui s'enflamma aussitôt. Oh, non ! Désolée

!


Venez ici, dit Madame Weasley exaspérée en réparant les dégâts d'un coup de baguette.

Grâce à l'éclair de lumière provoqué par le sort de madame Weasley, Harry entrevit sur le parchemin un dessin, qui lui fit penser à un plan d'immeuble. Madame Weasley surprit son regard et retira vivement le plan de la table pour le fourrer dans les bras déjà surchargés de Bill.

Ce genre de chose doit être débarrassé le plus vite possible à la fin de chaque réunion, rouspéta-t-elle avant d'épousseter un ancien vaisselier duquel elle sortit des assiettes.

Bill sortit sa baguette, murmura EVANESCO et les rouleaux disparurent.

- Assieds-toi Harry, dit Sirius. Tu connais déjà Mundungus, je crois.

La chose qu'Harry avait prise pour un tas de vêtements laissa échapper un grognement prolongé et se réveilla en sursaut.

-Y a quelqu'un qu'a dit mon nom ? Marmonna-t-il d'une voix endormie. Moi, j'suis d'accord avec Sirius, dit-il en levant une main crasseuse, comme s'il reprenait la suite d'un vote. Ses paupières tombaient sur ses yeux injectés de sang qui semblaient regarder dans le vague.

Ginny eut un petit rire bébête.

La réunion est terminée depuis longtemps, Dung, dit Sirius, au moment où ils s'asseyaient tous autour de la table. Harry est arrivé.

Hé, dit Mundungus, en jetant un coup d'oeil sinistre à Harry, à travers ses cheveux roux et ternes. Blimey.'lors. l'a réussi ? T'vas bien Harry ?

Mundungus farfouilla nerveusement dans ses poches, tout en continuant de regarder Harry, et en sortit une vieille pipe toute noire. Il se la colla dans la bouche, l'alluma avec le bout de sa baguette magique et tira une longue bouffée. De longues volutes ondoyantes de fumée vertes passèrent devant ses yeux pendant quelques instants.

J'spère qu'tu p'rdonne, grogna sa voix de derrière le nuage de fumée.

Pour la dernière fois, Mundungus, prévint Madame Weasley, je vous demande de ne pas fumer cette chose dans la cuisine ; spécialement avant le dîner.

Ah, dit Mundungus, D'solé Molly.

Le nuage de fumée disparut au moment où il refourra sa pipe dans sa poche, mais l'odeur entêtante de chaussettes brûlées resta.

Et, si vous voulez qu'on dîne avant minuit, j'aurai besoin d'aide, dit Madame Weasley à l'assistance. Non, pas toi Harry. Tu as eu un dur voyage.

Qu'est-ce que je peux faire, moi ? demanda Tonks en se précipitant.


Madame Weasley hésita avec une certaine appréhension.

Heu.Non.Ca ira Tonks. Vous devez vous reposer aussi. Vous en avez fait suffisamment pour aujourd'hui.

Non, non, non ! Je veux vous aider, s'exclama Tonks en reversant une chaise alors qu'elle se dirigeait vers le buffet où Ginny était occupé à sortir les couverts.

Bientôt, une série de lourds couteaux se mirent à découper la viande et les légumes tout seuls, simplement surveillés de loin par Monsieur Weasley, pendant que Madame Weasley allait remuer le contenu d'un chaudron suspendu au-dessus du feu. Les autres s'occupèrent de prendre les assiettes, les gobelets et la nourriture, qu'ils tiraient du garde manger.

Harry était resté près de la table, à discuter avec Sirius et Mundungus qui le regardaient toujours avec un air sinistre.

T'as r'vu la vieille Figgy ? demanda-t-il

Non, dit Harry, je n'ai revu personne.

C'est vrai qu'j'aurai pas dû partir, dit Mundungus en s'inclinant avec un ton d'excuse dans la voix. Mais fallait qu'je saute sur ct'opportunité commerciale.

Harry sentit quelque chose se frotter contre ses genoux et sursauta. Mais ce n'était que Pattenrond, le chat roux et aux pattes arquées d'Hermione, qui s'enroula autour des jambes d'Harry en ronronnant, avant de sauter sur les genoux de Sirius et de s'y rouler en boule. Sirius ne s'en rendit même pas compte et se gratta l'oreille en se retournant vers Harry avec un air sinistre.

L'été a été bon, jusque là ?

Non, ça a été nul, dit Harry.

Pour la première fois, un petit sourire apparut sur les lèvres de Sirius.

Moi, je ne sais pas de quoi tu te plaints.

De quoi ? dit Harry incrédule.

Personnellement, j'aurai apprécié être attaqué par un détraqueur ! Une lutte à mort pour sauver mon âme, ça aurait brisé superbement la monotonie de ma vie. Ca ne t'a pas plu, mais au moins tu t'en es sorti. Tu as pu te détendre avant de foncer dans de nouvelles bagarres. Moi, j'étais coincé dans cette maison pendant un mois.

Pourquoi ? grimaça Harry.

Parce que le Ministère de la magie est encore à mes trousses. Et Voldemort doit tout savoir de moi, maintenant. Même que je suis aussi un Animagus. Queudver lui aura sûrement tout raconté. Mon beau déguisement ne me sert plus à rien. Il n'y a plus grand-chose que je puisse faire maintenant pour l'Ordre du Phénix, comme le dit Dumbledore.

Il y avait un petit quelque chose, dans la voix monocorde avec laquelle Sirius avait prononcé le mot Dumbledore, qui fit penser à Harry que, Sirius, lui aussi, n'était pas très copain avec le directeur de Poudlard. Harry ressentit un sursaut d'affection pour son parrain.

Au moins, toi tu es au courant de ce qu'il se passe, dit-il en se raidissant.

Oui, dit Sirius sarcastique. Ecouter les comptes rendus de Rogue. Croire à ses faux airs de héros qui risque sa vie pendant que moi je suis assis sur mes fesses, ici, en prenant du bon temps, et en me demandant comment avance la décontamination.

Quelle décontamination ? demanda Harry.

Et bien, pour rendre cet endroit habitable pour des humains, répondit Sirius, en désignant la cuisine sombre. Personne n'a habité ici depuis dix ans. Depuis que ma mère est morte. Sauf son vieil elfe de maison, qui est à moitié fou, et qui n'a pas fait le ménage ici depuis des siècles.

Sirius, demanda Mundungus, qui apparemment n'avait pas suivit la conversation, occupé qu'il était à contempler un gobelet vide. C'est d' l'argent massif, hein ?

Oui, oui, dit Sirius, en le regardant avec un certain dégoût. De l'argent Gobelin de première qualité du 15ème siècle, frappé aux armes de la famille Black.

D'la vraie orfèvrerie alors, murmura Mundungus en le frottant avec sa manche.

Fred ! Georges ! Non ! PRENEZ-LES A LA MAIN ! hurla madame Weasley.

Harry, Sirius et Mundungus regardèrent ce qu'il se passait et ils s'écartèrent vivement de la table pour se protéger. Fred et Georges avait ensorcelé l'énorme chaudron de ragoût, une grosse bouteille ventrue de bièreaubeurre et une lourde planche à pain et son grand couteau, et les faisaient flotter dans l'air vers la table. Le chaudron glissa tout le long de la table et ne s'arrêta qu'arrivé au bout, laissant une longue traînée de suie derrière lui. La bouteille de bièreaubeurre explosa par terre en répandant son contenu, le couteau glissa de la planche à pain et atterrit, la pointe en avant à l'endroit exact où se trouvait la main droite de Sirius auparavant.

Pour l'amour de Dieu, hurla Madame Weasley, il n'y avait vraiment pas besoin ça ! J'en ai assez ! Tout ça parce que maintenant, vous avez le droit d'utiliser la magie ! Vous n'avez pas à utiliser vos baguettes dès que quelque chose vous demande le moindre effort.

On essaye juste de gagner du temps, dit Fred, en s'efforçant de détacher le couteau à pain de la table.

Heu, désolés Sirius. On n'a pas fait exprès.

Harry et Sirius riaient tous les deux. Mundungus qui était tombé en arrière de sa chaise, jurait en se remettant debout. Pattenrond avait sifflé de colère et s'était réfugié sous le buffet. On pouvait voir ses grands yeux jaunes briller dans l'ombre.

Les garçons, dit Monsieur Weasley, en ramenant le chaudron au milieu de la table. Votre mère a raison. On attend de vous un certain sens des responsabilités maintenant que vous êtes majeurs.

Aucun de vos frères n'a fait autant de bêtises ! s'étrangla de colère madame Weasley, en posant violement une nouvelle bouteille de bièreaubeurre sur la table et en renversant presque autant qu'eux. Bill ne transplane pas tout les 50 centimètres. Charlie n'ensorcelle pas tout ce qu'il voit. Percy. Elle s'arrêta, en retenant sa respiration avec un regard apeuré vers son mari, qui soudain était devenu livide.

Passons à table, dit Bill calmement.

Ca sent drôlement bon, Molly, dit Lupin en lui servant une louche de ragoût et en lui tendant l'assiette au-dessus de la table. Pendant quelques instants, on n'entendit plus que le bruit des assiettes, des couverts et des chaises, pendant que chacun prenait place autour de la table. Madame Weasley se retourna vers Sirius.

Il faut que je vous dise Sirius, il y a quelque chose enfermée dans le secrétaire qui se trouve dans la galerie de réception. Ca n'arrête pas de râler et de trembler. Peut-être ne s'agit-il que d'un Epouvantard, mais je pense qu'on ferait mieux de demander à Alastor de regarder avant de faire une bêtise.

Comme vous voudrez, dit Sirius indifférent.

Et les rideaux sont plein de doxys. Je pense qu'on devrait essayer de les attraper demain.

Je suis impatient de le faire, répondit Sirius, laconique.

Harry décela le sarcasme dans cette remarque, mais il n'était pas sûr que quelqu'un d'autre l'ait aussi compris. En face d'Harry, Tonks faisait rire Hermione et Ginny, en transformant son nez entre chaque bouchée. En plissant les yeux avec la même expression de concentration qu'elle avait affichée dans la chambre de Harry, elle faisait gonfler son nez, celui-ci prenant une forme de bec d'oiseau qui le faisait ressembler à celui de Rogue, le réduisait ensuite à la taille d'un petit crapaud en y faisant pousser une grosse touffe de poils dans chaque narine. Apparemment, elle avait pris l'habitude de le faire à chaque repas car Hermione et Ginny lui demandaient sans cesse de faire apparaître leurs nez préférés.

Fais-nous celui qui ressemble à un groin de cochon, Tonks.

Tonks s'exécuta et Harry, voyant cela, eut l'impression qu'un Dudley femelle lui souriait de l'autre côté de la table. Monsieur Weasley, Bill et Lupin, entretenaient une conversation nourrie au sujet de gobelins.

Ils ne laissent rien transparaître, dit Bill. Je n'ai pas encore réussi à savoir s'ils croient ou non qu'il est de retour. Sans doute, préfèrent-ils ne pas prendre parti du tout et rester en dehors de tout ça.

- Je pense qu'ils ne défieront jamais tu-sais-qui, dit Monsieur Weasley en hochant la tête.

Ils ont eu des grosses pertes eux aussi. Rappelez-vous cette famille Gobelin qu'il a assassiné près de Nottingham la dernière fois.

- Je pense que ça dépend de ce qu'ils attendent, dit Lupin. Et, je ne parle pas de l'or. Si on leur reconnaît les droits dont ils ont été privés pendant des siècles, ils vont sûrement être tentés. Tu n'es pas encore arrivé à quelque chose avec Ragnok, Bill ?

Il est plutôt anti-magicien en ce moment, dit Bill. Il n'a pas arrêté de s'énerver contre ses affaires avec Verpey. Il estime que le ministère a déjà donné assez d'or à Verpey et que celui-ci n'a pas remis l'argent sur son compte. Ces Gobelins n'ont pas encore récupéré l'or que Verpey leur doit, tu sais.

Le reste de la phrase de Bill, fut couvert par des éclats de rire en provenance du milieu de la table. Fred, Georges, Ron et Mundungus s'esclaffaient sur leur chaises.

.Et ensuite, haleta Mundungus en pleurant de rire, et ensuite, Vous l'croyez si vous l'voulez. Y m'a dit : Heu. Dung, où t'as trouvé tous ces crapauds ? Parce qu'un des rej'tons d'un des cognards est parti en écrabouillant tous les miens. Et j'lui ai dit : tous tes crapauds, y sont écrabouillés Will ? Et quoi d'autre encore ? T'en veux des nouveaux

? Et croyez moi, les gars, c'te nouille de gargouille m'a racheté tout un lot de crapauds pour beaucoup plus cher que la première fois.

Je pense pas que nous ayons besoin d'entendre le détail de vos transactions commerciales, Mundungus, dit Madame Weasley d'un ton tranchant, alors que Ron glissait de sa chaise tellement il riait.

Ah, 'xusez-moi Molly, dit Mundungus, en essuyant ses yeux, avant de faire un clin d'oeil à Harry. Mais vous savez, Will, il avait déjà découpé tous les crapauds de Warty Harris.

Donc c'tait pas vraiment une mauvaise chose de l'faire payer plus cher.

Je ne sais pas où vous avez appris la différence entre le bien et le mal, Mundungus, mais vous avez dû sécher plusieurs cours importants, dit froidement madame Weasley.

Fred et Georges se cachèrent leur fou-rire derrière leur gobelet de bièreaubeurre.

Georges en avait le hoquet. Pour une raison incompréhensible, madame Weasley jeta un regard noir à Sirius, avant d'aller chercher un grand gâteau à la rhubarbe pour le dessert.

Harry se retourna vers son parrain.

Molly n'a pas l'air d'apprécier Mundungus, dit Sirius à voix basse.

Comment se fait-il qu'il soit membre de l'ordre ? demanda Harry calmement.

Il est très utile, continua Sirius. Il connaît tous les escrocs. C'est facile, il en est un lui-même. Mais il est aussi parfaitement loyal envers Dumbledore, qui l'a tiré d'un mauvais pas, il y a longtemps. Ca vaut le coup d'avoir quelqu'un comme lui dans les parages. Il entend des choses qui nous échappent. Mais Molly pense que le garder à dîner est trop cher payer. Elle n'est pas prête de lui pardonner d'être parti au lieu de te surveiller.

Trois parts de gâteau et de crème épaisse plus tard, la ceinture du jean de Harry commençait à le serrer, ce qui était embêtant, car le jean avait appartenu autrefois à Dudley. Comme il reposait sa cuillère, il s'aperçut que l'ambiance s'était calmée.

Monsieur Weasley se balançait sur sa chaise d'un air détendu et rassasié ; Tonks baillait largement, son nez revenu à son état normal et Ginny, qui avait attiré Pattenrond hors du buffet sous lequel il s'était réfugié, était assise en tailleur, par terre, en envoyant des bouchons de bièreaubeurre à Pattenrond.


On ne va pas tarder à aller se coucher, dit Madame Weasley dans un bâillement.

Pas encore, Molly, dit Sirius, en repoussant son assiette vide et en se retournant vers Harry. Tu sais, tu me surprends beaucoup. Je pensais que la première chose que tu ferais, en arrivant ici, ça aurait été de nous bombarder de questions sur Voldemort.

Dans la cuisine, l'atmosphère changea comme si des détraqueurs venaient d'arriver.

Alors que quelques instants plus tôt, l'atmosphère était détendue et propice au sommeil, elle était maintenant tendue. Un frisson parcourut la table à la mention du nom de Voldemort. Lupin, qui était sur le point de boire une gorgée de vin, reposa son verre avec prudence.

Mais je l'ai fait ! s'indigna Harry. Je l'ai demandé à Ron et Hermione. Mais ils disent qu'ils ne sont pas autorisés par l'ordre.

Et ils ont raison, dit Madame Weasley. Vous êtes tous trop jeunes.

Elle était assise bien droite dans sa chaise, ses mains se cramponnant aux accoudoirs, toute trace de sommeil disparue.

Depuis quand doit-on appartenir à l'Ordre du Phénix pour avoir le droit de poser des questions ? demanda Sirius. Harry a été piégé dans cette maison de moldus pendant un mois. Il a le droit de savoir ce qu'il s'est passé.

Attendez ! les interrompit Georges d'une voix forte. Comment ça se fait que Harry ait le droit à des réponses ? demanda-t-il en colère. Ca fait un mois qu'on essaye de savoir et vous ne nous avez rien dit du tout.

Vous êtes trop jeunes. Vous ne faites pas partie de l'ordre, dit Fred d'une voix aiguë, qui imitait imprudemment sa mère. Harry n'a même pas notre âge !

Ca n'est pas de ma faute si on ne vous a pas dit ce que faisait l'Ordre, dit calmement Sirius. C'est la décision de vos parents. A contrario, Harry.

Ca n'est pas à vous de décider ce qui est bon pour Harry, dit Madame Weasley d'un ton tranchant. Son visage, d'ordinaire calme et souriant, prit une expression tendue. Je suppose que vous avez oublié ce que Dumbledore a dit.

Quelle partie de ce qu'il a dit ? demanda poliment Sirius, prenant l'air de quelqu'un qui se prépare au combat.

La partie où il a dit de ne pas révéler à Harry, plus que le nécessaire, dit madame Weasley en insistant lourdement sur les quatre derniers mots.


Les têtes de Ron, Hermione, Fred et Georges suivaient l'échange entre Sirius et Madame Weasley, comme s'ils étaient en train de regarder un match de tennis. Ginny s'était agenouillée au milieu des bouchons de bièreaubeurre abandonnés par Pattenrond, regardant la scène, la bouche à moitié ouverte. Lupin avait les yeux rivés sur Sirius.

Je n'ai pas l'intention de lui dire plus que le nécessaire, Molly. Mais c'est quand même lui qui a vu Voldemort revenir (il y eut encore un frisson collectif autour de la table). Il a le droit, plus que quiconque de savoir.

Il n'est pas membre de l'Ordre du Phénix. Il n'a que 15 ans et.

.et il a affronté autant de dangers que la plupart des membres et même plus que certains.

Personne ne conteste ce qu'il a fait, dit Madame Weasley en élevant la voix, ses mains tremblant en serrant les accoudoirs. Mais il est encore.

.Il n'est plus un enfant, s'impatienta Sirius.

Il n'est pas encore un adulte, dit Madame Weasley son visage devenant rouge. Ce n'est pas James, Sirius.

Oh, je sais parfaitement qui il est, Molly, dit Sirius froidement.

Je n'en suis pas si sûr, dit madame Weasley. Parfois vous lui parlez comme si il était votre meilleur ami qui était revenu.

Mais quelle est le problème ? demanda Harry.

Le problème, Harry, c'est que tu n'es pas ton père. Même si tu lui ressembles un peu, dit Madame Weasley, les yeux foudroyant encore Sirius. Vous n'avez pas encore quitté l'école et les adultes qui sont responsables de vous ne devraient pas l'oublier.

Cela veut-il dire que je suis un parrain irresponsable ? demanda Sirius d'une voix forte.

Ca veut dire que vous agissez de façon irréfléchie, Sirius. Et c'est pour ça que Dumbledore n'arrête pas de vous dire de rester à la maison.

Ne vous mêlez pas des instructions que Dumbledore m'a données, cria Sirius.

Arthur ! dit Madame Weasley, en se retournant vers son mari. Arthur, tu ne diras pas le contraire ?

Monsieur Weasley n'avait pas encore dit un mot. Il enleva ses lunettes, et en essuya lentement les verres avec un pan de sa robe, sans un regard pour sa femme. Ce ne fut qu'après les avoir soigneusement réajustées sur son nez qu'il répondit.


Dumbledore sait que la situation a changé, Molly. Il est d'accord pour qu'on mette Harry au courant, dans une certaine mesure, maintenant qu'il est appelé à rester au quartier général.

Oui, mais il y a une différence entre ça et l'inviter à nous poser toutes les questions qu'il veut.

Personnellement - dit Lupin calmement, détachant son regard de Sirius pour rencontrer celui de madame Weasley qui se retournait vers lui, pleine d'espoir de trouver enfin un allié - je trouve préférable que Harry apprennent les événements - pas tous les événements, Molly, mais les plus importants - de notre part, plutôt que d'entendre une version imparfaite de la part d'autres personnes.

Son expression était mélangée mais Harry se sentit sûr que Lupin, lui, avait compris que des oreilles extensibles avaient échappé aux recherches de madame Weasley.

Bien, dit madame Weasley, en respirant profondément et en cherchant autour de la table une aide qui ne venait pas. Bien. Je vois que je dois m'incliner. Je continue à dire que Dumbledore doit avoir ses raisons pour ne pas vouloir qu'Harry en sache trop et dans l'intérêt d'Harry.

Il n'est pas votre fils, dit Sirius calmement.

Il est comme un fils pour moi, dit Madame Weasley fièrement. Et qui d'autre a-t-il de toute façon ?

Moi.

Oui, dit madame Weasley avec une moue. Ca n'a pas dû être très facile de vous occuper de lui, tout ce temps que vous avez passé enfermé à Azkaban, n'est-ce pas ?

Sirius commença à se lever de sa chaise.

Molly. Vous n'êtes pas la seule personne autour de cette table à vous préoccuper de Harry, dit Lupin d'une voix tranchante. Et Sirius rassieds-toi.

Les lèvres de madame Weasley tremblaient. Sirius, livide, se coula dans sa chaise.

Je pense qu'on devrait donner la parole à Harry, continua Lupin. Il est assez vieux pour décider de ce qui le concerne.

Je veux savoir ce qu'il s'est passé, dit Harry.

Il ne regardait pas madame Weasley. Il avait été touché quand elle avait dit qu'il était presque un fils pour elle, mais il en avait assez de sa manie de vouloir le protéger de tout. Sirius avait raison. Il n'était plus un enfant.


Très bien, dit madame Weasley d'un ton cassant. Ginny, Ron, Hermione, Fred, Georges, vous sortez de cette cuisine maintenant.

Il y eut une protestation générale.

On est les plus vieux, beuglèrent Fred et Georges en même temps.

Si Harry est au courant, pourquoi pas moi ? cria Ron.

Maman, je veux entendre aussi pleurnicha Ginny.

NON ! hurla madame Weasley, debout, les yeux flamboyants. J'interdis formellement !

Molly, tu ne peux pas rejeter Fred et Georges, dit Monsieur Weasley d'un ton las. Ils ont l'âge requis

Ils vont encore à l'école.

Oui, mais légalement, ils sont adultes, dit Monsieur Weasley de la même voix fatiguée.

Madame Weasley était devenue écarlate.

Je.Oh et puis bon.Fred et Georges peuvent rester. Mais Ron.

De toute façon, Harry nous racontera tout à Hermione et à moi ! N'est-ce pas ? ajouta-t-il d'un air incertain en regardant Harry.

L'espace d'un instant, Harry s'imagina répondre à Ron qu'il ne lui répéterait pas le moindre mot ; histoire de lui faire comprendre ce que ça fait d'être maintenu dans le noir et de voir s'il apprécierait. Mais cette idée disparut quand il les regarda.

Bien sûr, dit Harry

Ron et Hermione rayonnèrent.

Très bien ! hurla madame Weasley. Ginny ! AU LIT!

Ginny s'exécuta de mauvaise grâce. Ils l'entendirent piquer une colère contre sa mère tout le temps où elle montait l'escalier de la cuisine et, quand elle atteignit le hall, les hurlements de madame Black mère se joignirent aux siens. Lupin se précipita pour faire revenir le portrait au calme. Ce ne fut qu'après son retour, une fois la porte de la cuisine soigneusement refermée, et qu'il eut réintégré sa place à la table, que Sirius commença.

D'accord Harry. Que veux-tu savoir ?


Harry prit une profonde inspiration et posa enfin la question qui l'obsédait depuis un mois.

Où est Voldemort ? demanda-t-il, ignorant les nouveaux frissons autour de la table. Que fait-il ? J'ai essayé de regarder le journal télé des moldus mais il n'y a jamais eu la moindre information qui faisait penser à lui. Comme des morts bizarres ou d'autres choses étranges.

C'est parce qu'il n'y a pas encore eu de morts bizarres. Pas qu'on sache. Et on en sait beaucoup.

Plus qu'il ne le croit ! ajouta Lupin.

Comment se fait-il qu'il ait arrêté de tuer des gens ? demanda Harry qui savait que Voldemort en avait tué plus d'un, rien que l'année passée.

C'est parce qu'il ne veut pas attirer notre attention sur lui, dit Sirius. Ca serait trop dangereux pour lui. Son retour ne s'est pas fait comme il l'avait prévu. Il l'a quelque peu raté.

Ou disons plutôt que tu lui as fait rater son retour, dit Lupin avec un sourire satisfait.

Comment ça ? demanda Harry perplexe.

Tu n'aurais pas dû survivre, dit Sirius. A part ses mangemorts, personne n'était supposé savoir qu'il allait revenir. Mais tu as survécu pour en témoigner.

Et la dernière personne qu'il aurait voulu mettre au courant de son retour, c'était bien Dumbledore, dit Lupin. Et tu as fait en sorte que Dumbledore apprenne tout immédiatement.

Et en quoi ça a changé quelque chose ? demanda Harry

Tu plaisantes ? demanda Bill incrédule. Dumbledore est le seul qui a toujours fait peur à tu-sais-qui.

Grâce à toi, Dumbledore a pu réunir l'Ordre du Phénix moins d'une heure après le retour de Voldemort, dit Sirius.

Et donc ? Que fait l'Ordre ? demanda Harry en les regardant.

On travaille aussi dur que possible pour faire échouer tous les plans de Voldemort.

Mais comment connaissez-vous tous ses plans à l'avance ? demanda Harry.

Dumbledore a du flair et ses idées se trouvent souvent confirmées.


Et quel va être son prochain plan d'après Dumbledore ?

Et bien d'abord, il veut lever à nouveau son armée. Avant, il avait des troupes très nombreuses sous ses ordres. Des sorcières et des sorciers qu'il avait forcés ou ensorcelés pour les obliger à le suivre, ses loyaux mangemorts, et une grande variété de créatures de l'ombre. Tu l'as entendu parler de recruter les géants. Et bien il ne s'agit que d'un groupe parmi plusieurs autres qu'il veut former. Il est certain qu'il n'arrivera pas à abattre le ministère de la magie avec seulement une douzaine de mangemorts.

Donc vous essayez de l'empêcher de lever une armée ?

On fait ce qu'on peut, dit Lupin.

Comment ?

Et bien, l'important c'est d'essayer de convaincre le plus de gens possible que vous-savez-qui est réellement de retour, afin que chacun soit sur ses gardes, dit Bill, mais ça n'est pas évident.

Pourquoi ? demanda Harry

A cause de l'attitude du ministre, dit Tonks. Tu as vu Cornelius Fudge, après le retour de tu-sais-qui Harry. Et bien il n'a absolument pas changé d'avis. Il refuse catégoriquement de cautionner ce qu'il s'est passé.

Mais pourquoi ? demanda Harry d'un air désespéré. Pourquoi est-il si stupide ? Si Dumbledore.

Et bien justement ! Tu mets le doigt là où ça fait mal, dit Monsieur Weasley en grimaçant. Dumbledore !

Fudge a peur de lui, tu vois, dit tristement Tonks.

Peur de Dumbledore ? demanda Harry incrédule.

Il a peur de ce qu'il est capable de faire, dit Monsieur Weasley. Fudge est convaincu que Dumbledore veut le renverser. Il pense que Dumbledore veut prendre le ministère.

Mais Dumbledore ne veut pas !

Bien sûr que non, dit Monsieur Weasley. Il n'a jamais voulu devenir ministre. Même quand tout le monde le poussait quand Millicent Bagnold a pris sa retraite. Fudge a pris le pouvoir mais il n'a jamais été aussi populaire que Dumbledore, même si Dumbledore n'avait pas postulé au poste. Au plus profond de lui, Fudge sait que Dumbledore est bien plus intelligent que lui et qu'il a beaucoup plus de pouvoir.


Et d'ailleurs, au tout début de son ministère, il n'arrêtait pas de lui demander des conseils, dit Lupin. Mais très vite, il s'est mis à aimer le pouvoir. Il est devenu de plus en plus sûr de lui. Il adore être ministre de la magie et il a réussi à se convaincre que finalement, c'est lui le plus intelligent, et que Dumbledore n'est qu'un agitateur.

Comment peut-il penser une chose pareille ? demanda Harry avec colère. Comment peut-il croire que Dumbledore ne pense qu'à tout bouleverser ? Que je pense à tout bouleverser ?

Parce que, accepter le retour de Voldemort, signifie valider l'arrivée d'un grand trouble que le ministère a perdu l'habitude de gérer depuis presque quatorze ans maintenant, dit Sirius amère. Fudge est incapable d'ouvrir les yeux sur ce sujet. Il se sent beaucoup mieux avec l'idée que Dumbledore ment pour le déstabiliser.

Tu vois le problème ? dit Lupin. Quand le ministère clame qu'il n'y a rien à redouter de Voldemort, c'est dur de convaincre les gens de son retour. D'autant que personne n'a envie de croire ça. De plus, le ministère a la main mise sur la Gazette du Sorcier et lui interdit de publier quoi que ce soit sur les soi-disant « rumeurs » colportées par Dumbledore. Dans ces conditions la communauté magique est tenue complètement à l'écart des événements et elle devient une cible facile pour les mangemorts qui vont pouvoir utiliser l'Impérius.

Mais tout ça, vous le dites à tout le monde, non ? dit Harry en regardant monsieur Weasley, Sirius, Bill, Mundungus, Lupin et Tonks. Vous faites savoir à tout le monde qu'il est de retour ?

Ils eurent tous le même sourire navré.

Et bien tout le monde pense que je suis un fou meurtrier et le ministère a promis une récompense de dix mille galions à celui qui aurait ma tête. Je peux à peine traverser la rue et piquer des portefeuilles, dit Sirius d'une voix fatiguée.

En ce qui me concerne, je ne suis pas un invité très populaire. On ne m'invite pas facilement à dîner dit Lupin. C'est dangereux un loup garou.

Tonks et Arthur perdraient leur travail au ministère s'ils ouvraient la bouche. Et il est très important pour nous d'avoir nos espions au ministère. Parce que tu penses bien que Voldemort a les siens.

On a réussi à convaincre quelques personnes, dit M Weasley, en particulier Tonks qui est ici. Elle est trop jeune pour avoir connu la dernière réunion de l'Ordre du Phénix, mais avoir un Auror de notre côté est un énorme avantage et Kingsley Shacklebolt est un appui précieux. C'est lui qui dirige la chasse contre Sirius au ministère et il a envoyé ses troupes sur une fausse piste au Tibet.


Mais si aucun d'entre vous n'annonce la nouvelle du retour de Voldemort, commença Harry.

Mais qui te dit qu'on ne l'a pas fait ? demanda Sirius. Pourquoi crois-tu que Dumbledore a autant de problèmes ?

Qu'est-ce que tu veux dire demanda Harry ?

Ils sont en train de le discréditer, dit Lupin. Tu n'as pas lu la Gazette du Sorcier la semaine dernière ? Il ont écris qu'il avait été congédié de la présidence de la Confédération Internationale des Mages et Sorciers parce qu 'il était trop vieux et qu'il avait perdu sa poigne. Mais ce n'est pas vrai. Il a subi le vote contre lui des représentants du ministère après qu'il ait fait un discours dans lequel il annonçait le retour de Voldemort. La Haute Cour des Sorcier l'a rétrogradé du rang de Chef de guerre à celui de simple membre de la haute cours. Ils parlent en plus de lui retirer sa distinction de première classe de l'Ordre de Merlin.

Mais Dumbledore a dit que ça ne le dérangeait pas, tant qu'ils ne lui retiraient pas les chocogrenouilles, dit Bill en riant.

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