J’espère que vous êtes contents

Je fis entrer les trois enfants du Dr Hoenikker dans la chambre à coucher de « Papa ». Je refermai la porte et m’y adossai. Je me sentais à la fois amer et supérieur. J’avais reconnu la glace-9. Je l’avais si souvent vue en songe !

Il ne faisait aucun doute que Frank avait donné de la glace-9 à « Papa ». Et il paraissait certain que si Frank estimait pouvoir donner de la glace-9, Angela et le petit Newt étaient dans le même cas.

C’est donc avec hargne que je m’adressai à eux, en les mettant en demeure de répondre d’un crime monstrueux. Je leur dis que la comédie était finie, que je connaissais leur petit jeu comme je connaissais l’existence de la glace-9. Je m’efforçai de leur faire peur en leur disant que la glace-9 pouvait anéantir la vie sur terre. Bref, je fus si impressionnant qu’ils n’eurent même pas l’idée de me demander comment je connaissais la glace-9.

— J’espère que vous êtes contents ! dis-je.

Mais Bokonon nous le dit bien : « De toute Sa vie, Dieu n’a jamais écrit une bonne pièce. » La scène qui s’offrait à nous dans la chambre de « Papa » ne manquait pas de spectaculaire dans le dénouement comme dans les accessoires, et en guise de prologue, ma tirade avait été parfaite.

Hélas ! La première réplique en provenance d’un Hoenikker fit s’écrouler cette magnificence. Le petit Newt vomit.

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