Il était assis sur une pierre, pieds nus. Ses pieds étaient givrés de glace-9. Pour tout vêtement, il portait un dessus de lit blanc parsemé de flocons de laine bleue qui épelaient les mots « Casa Mona ». Il ne prêta pas attention à notre venue. Il tenait un crayon dans une main, du papier dans l’autre.
— Bokonon ?
— Oui ?
— Puis-je vous demander à quoi vous pensez ?
— Je pense, jeune homme, à la phrase finale des Livres de Bokonon. Le temps d’écrire cette phrase est venu.
— Et ça vient bien ?
Il haussa les épaules et me tendit un morceau de papier. Voici ce que j’y lus :
Si j’étais plus jeune, j’écrirais une histoire de la bêtise humaine ; et je monterais jusqu’au sommet du mont McCabe, où je m’allongerais sur le dos avec mon histoire en guise d’oreiller ; et je prendrais par terre un peu du poison bleuâtre qui transforme les hommes en statues ; et je me transformerais en un gisant au sourire sardonique, un pied de nez dressé vers Qui vous-savez.