Cersei

Chaque nuit paraissait plus froide que la précédente.

La cellule ne disposait ni d’un âtre ni d’un brasero. L’unique ouverture était trop haute pour lui permettre de voir l’extérieur, et trop étroite pour se faufiler à travers, mais plus qu’assez large pour laisser entrer le froid. Cersei avait déchiré la première camisole qu’on lui avait donnée, exigeant qu’on lui rendît ses propres vêtements, mais cela n’avait eu d’autre résultat que de la laisser grelotter toute nue. Quand on lui avait tendu une nouvelle chemise, elle l’avait enfilée et les en avait remerciées, ses mots lui restant en travers de la gorge.

L’embrasure laissait également entrer les bruits. C’était le seul moyen pour la reine d’apprendre ce qui se passait en ville. Les septas qui lui apportaient à manger ne lui en disaient mot.

Cela l’ulcérait. Jaime allait venir la chercher, mais comment saurait-elle qu’il était arrivé ? Cersei espérait seulement qu’il n’aurait pas la sottise de partir en avant-garde de son armée. Il aurait besoin de toutes ses épées pour se charger de la horde dépenaillée des Pauvres Compagnons qui cernaient le Grand Septuaire. Cersei demandait souvent des nouvelles de son jumeau, mais ses geôlières ne lui répondaient pas. Elle les interrogeait également sur le sort de ser Loras. Aux dernières nouvelles, le Chevalier des Fleurs agonisait sur Peyredragon de blessures reçues pendant la prise de la forteresse. Qu’il crève, se disait Cersei, et qu’il se hâte. La mort du jeune homme libérerait une place dans la Garde Royale, et cela pourrait représenter pour elle le salut. Mais les septas restaient bouche close, tant sur Loras Tyrell que sur Jaime.

Lord Qyburn avait été son dernier et unique visiteur. Le monde où elle vivait comptait une population de quatre personnes : elle-même et ses trois geôlières, pieuses et inflexibles. La septa Unella avait une solide charpente et des manières hommasses, des mains calleuses et des traits ingrats, maussades. La septa Moelle avait des cheveux blancs et raides et de petits yeux mauvais plissés en permanence par le soupçon, aux aguets sur un visage ridé aussi tranchant qu’un fer de hache. La septa Scolera avait une silhouette courte et épaisse, des seins pesants, une peau olivâtre et une odeur de rance, comme du lait sur le point de tourner. Elles lui apportaient le manger et l’eau, vidaient son pot de chambre et emportaient à l’occasion sa chemise pour la laver, la laissant se pelotonner nue sous sa couverture jusqu’à ce qu’on la lui restituât. Parfois, Scolera lui lisait des passages de L’Étoile à sept branches ou du Livre des Prières sacrées, mais pour le reste, aucune d’entre elles ne lui adressait la parole ni ne répondait à la moindre de ses questions.

Elle les haïssait et les méprisait toutes les trois, presque autant qu’elle haïssait et méprisait les hommes qui l’avaient trahie.

De faux amis, des serviteurs félons, des hommes qui avaient juré un amour éternel, même des hommes de son propre sang… tous, ils l’avaient abandonnée lorsqu’elle avait eu besoin d’eux. Osney Potaunoir, cette chiffe molle, avait capitulé sous le fouet, déversant dans l’oreille du Grand Moineau des secrets qu’il aurait dû emporter dans la tombe. Ses frères, de la racaille des rues qu’elle avait élevée à un noble rang, s’étaient contentés de rester assis sur leurs mains. Aurane Waters, son amiral, avait fui en mer avec les dromons qu’elle avait fait construire pour lui. Orton Merryweather était reparti à toutes jambes à Longuetable, en emmenant son épouse Taena, qui avait été la seule amie véritable de la reine en cette effroyable période. Harys Swyft et le Grand Mestre Pycelle l’avaient laissée croupir en captivité, offrant le royaume précisément à ceux qui avaient conspiré contre elle. Il n’y avait plus de traces nulle part de Meryn Trant et de Boros Blount, protecteurs jurés du roi. Même son cousin Lancel, qui protestait naguère de son amour pour elle, figurait parmi ses accusateurs. Son oncle avait refusé de l’aider à gouverner, alors qu’elle le voulait faire Main du Roi.

Et Jaime…

Non, cela, elle ne pouvait le croire, ne voulait le croire. Jaime accourrait ici dès qu’il apprendrait dans quelle situation elle se trouvait. « Viens tout de suite », lui avait-elle écrit. « Aide-moi. Sauve-moi. J’ai besoin de toi aujourd’hui comme jamais je n’ai eu besoin de toi auparavant. Je t’aime. Je t’aime. Je t’aime. Viens tout de suite. » Qyburn avait juré de veiller à ce que la lettre parvînt à son jumeau, quelque part dans le Conflans avec son armée. Qyburn n’était jamais revenu, toutefois. Pour ce qu’elle en savait, il pouvait être mort, sa tête fichée au bout d’une pique au-dessus des portes du Donjon de la ville. À moins qu’il ne se morfondît dans l’un des noirs cachots sous le Donjon Rouge, sans que la lettre ait été envoyée. Cent fois la reine s’était enquise de lui, mais ses geôlières n’en voulaient rien dire. Elle n’avait qu’une unique certitude : Jaime n’était pas venu.

Pas encore, se répétait-elle. Mais bientôt. Et une fois qu’il sera là, le Grand Moineau et ses garces chanteront sur un autre ton.

Elle exécrait ce sentiment d’impuissance.

Elle avait menacé, mais ses menaces avaient été accueillies par des visages de bois et de sourdes oreilles. Elle avait ordonné, mais on avait ignoré ses ordres. Elle avait invoqué la clémence de la Mère, en appelant à la compréhension naturelle entre femmes, mais ces trois septas flétries avaient dû se séparer de leur féminité en prononçant leurs vœux. Elle avait essayé la séduction, en leur parlant d’un ton affable, en acceptant tout nouvel outrage avec humilité. Rien ne les fit fléchir. Elle leur avait offert des récompenses, promis sa mansuétude, des honneurs, de l’or, des charges élevées à la cour. Elles avaient traité ses promesses de même manière que ses menaces.

Et elle avait prié. Oh, comme elle avait prié. Elles ne demandaient que des prières, aussi leur en servit-elle, et les leur servit-elle à genoux comme si elle était une vulgaire traînée des rues, et non point une fille du Roc. Elle avait appelé dans ses prières le soulagement, la délivrance, Jaime. À haute voix elle avait supplié les dieux de défendre son innocence, en silence elle avait demandé que ses accusateurs fussent frappés de morts subites et douloureuses. Elle avait prié jusqu’à se mettre les genoux à vif et en sang, jusqu’à en avoir la langue si lasse et si lourde qu’elle s’en serait étouffée. Toutes les prières qu’on lui avait apprises enfant revinrent à l’esprit de Cersei dans sa cellule, et elle en inventa de nouvelles, selon ses besoins, sollicitant la Mère et la Pucelle, le Père et le Guerrier, l’Aïeule et le Forgeron. Elle avait même invoqué l’Étranger. Qu’importe le dieu quand le besoin parle. Les Sept se montrèrent aussi sourds que leurs servantes terrestres. Cersei leur adressa tous les mots qu’elle avait en elle, leur donna tout sauf des larmes. Cela, ils ne l’auront jamais, se jura-t-elle.

Elle exécrait ce sentiment de faiblesse.

Si les dieux lui avaient attribué la force qu’ils avaient accordée à Jaime et à ce fat fier-à-bras de Robert, elle aurait pu s’évader par ses propres moyens. Oh, que n’ai-je une épée et le talent pour la manier. Elle avait un cœur de guerrière, mais les dieux dans leur aveugle malveillance l’avaient dotée d’un corps de faible femme. La reine avait essayé de s’opposer aux septas, au début, mais elles avaient eu le dessus. Elles étaient trop nombreuses, et plus robustes qu’elles n’y paraissaient. D’horribles vieillardes, toutes autant qu’elles étaient, mais le temps qu’elles avaient consacré à prier, à briquer, et à rosser des novices à coups de bâton les avait endurcies comme des racines.

Et elles lui refusaient tout repos. Nuit et jour, chaque fois que la reine fermait les paupières pour dormir, une de ses geôlières apparaissait pour la réveiller et exiger la confession de ses péchés. Elle était accusée d’adultère, de fornication, de haute trahison et même de meurtre, car Osney Potaunoir avait avoué avoir étouffé le dernier Grand Septon sur son ordre. « Je suis venue t’entendre relater tous tes crimes et fornications », grondait la septa Unella, en secouant la reine pour l’éveiller. La septa Moelle lui déclarait que c’étaient ses péchés qui la privaient de repos. « Seuls les innocents connaissent la quiétude d’un sommeil paisible. Reconnais tes péchés, et tu dormiras comme un nouveau-né. »

Veille, sommeil et encore veille, chaque nuit était mise en pièces par les rudes mains de ses bourrelles, et chaque nuit était plus froide et plus cruelle que la précédente. Les heures du hibou, du loup et du rossignol, le lever et le coucher de la lune, le crépuscule et l’aube défilaient devant elle en titubant comme autant de pochards. Quelle heure était-il ? Quel jour était-on ? Où était-elle ? Était-ce un rêve, ou s’était-elle éveillée ? Les petites échardes de sommeil qu’on lui autorisait se muaient en rasoirs, qui lui tailladaient l’entendement. Chaque matin la trouvait plus hagarde que la veille, épuisée et fiévreuse. Elle avait perdu toute notion de la durée de son emprisonnement dans cette cellule, dans les hauteurs d’une des sept tours du grand Septuaire de Baelor. Je vais vieillir et mourir ici, se disait-elle, au désespoir.

Cersei ne pouvait permettre que cela advînt. Son fils avait besoin d’elle. Le royaume avait besoin d’elle. Elle devait se libérer, quel qu’en fût le risque. Son monde s’était rétréci à une cellule de six pieds carrés, un pot de chambre, une paillasse toute en creux et en bosses, et une couverture de laine brune, aussi mince que ses espoirs, qui lui grattait la peau, mais elle demeurait l’héritière de lord Tywin, une fille du Roc.

Épuisée par son manque de sommeil, grelottant sous le froid qui s’insinuait chaque nuit dans la cellule de la tour, tantôt fiévreuse et tantôt affamée, Cersei en arriva enfin à la conclusion qu’elle devait se confesser.

Cette nuit-là, quand la septa Unella arriva pour l’arracher au sommeil, elle trouva la reine qui attendait à genoux. « J’ai péché », déclara Cersei. Elle avait la langue lourde en bouche, les lèvres gercées, irritées. « J’ai péché fort gravement. Je le vois, à présent. Comment ai-je pu être si aveugle si longtemps ? L’Aïeule m’a visitée avec sa lampe brandie bien haut et, à sa lumière sacrée, j’ai vu la route que je devais suivre. Je veux de nouveau être propre. Je ne recherche que l’absolution. Je vous en prie, bonne septa, je vous en supplie, conduisez-moi devant le grand Septon, afin que je puisse confesser mes crimes et mes fornications.

— Je le lui dirai, Votre Grâce, répondit la septa Unella. Sa Sainteté Suprême en sera fort aise. C’est seulement au travers de la confession et d’une sincère repentance que nos âmes immortelles peuvent trouver le salut. »

Et durant le reste de cette longue nuit, elles la laissèrent dormir. Des heures et des heures de sommeil bienheureux. Pour une fois, le hibou, le loup et le rossignol se succédèrent sans laisser trace ni souvenir de leur passage, tandis que Cersei faisait un long et doux rêve où Jaime était son époux et leur fils vivait encore.

Le matin venu, la reine se sentit presque redevenue elle-même. Quand ses geôlières vinrent la chercher, elle leur adressa un fort pieux verbiage, et leur réitéra sa détermination à confesser ses péchés et à être pardonnée de tout ce qu’elle avait commis.

« Nous nous réjouissons de l’entendre, assura la septa Moelle.

— Votre âme sera soulagée d’un gros poids, commenta la septa Scolera. Vous vous sentirez beaucoup mieux, après, Votre Grâce. »

Votre Grâce. Ces deux simples mots la firent tressaillir de joie. Durant son interminable captivité, ses geôlières ne s’étaient pas souvent donné la peine de cette élémentaire courtoisie.

« Sa Sainteté Suprême attend », annonça la septa Unella.

Cersei baissa la tête, humble et obéissante. « Pourrais-je avoir d’abord la permission de prendre un bain ? Je ne suis pas dans une condition décente pour me trouver en sa présence.

— Vous vous laverez plus tard, si Sa Sainteté Suprême l’autorise, répondit la septa Unella. C’est la propreté de votre âme immortelle qui devrait vous préoccuper pour l’heure, et non de telles vanités de la chair. »

Les trois septas lui firent emprunter l’escalier de la tour, la septa Unella ouvrant le chemin, et les septas Moelle et Scolera sur ses talons, comme si elles craignaient qu’elle pût chercher à fuir. « Voilà si longtemps que je n’ai eu de visite, murmura Cersei à voix basse au cours de la descente. Comment se porte le roi ? Je ne pose cette question qu’en tant que mère, inquiète pour son enfant.

— Sa Grâce est en bonne santé, répondit la septa Scolera, et bien protégée, nuit et jour. La reine est auprès de lui, en permanence. »

C’est moi, la reine ! Elle ravala les mots, sourit et dit : « Je suis heureuse de le savoir. Tommen l’apprécie tellement. Je n’ai jamais cru aux horreurs qu’on avait racontées sur son compte. » Margaery Tyrell avait-elle d’une façon ou d’une autre réussi à se dépêtrer des accusations de fornication, d’adultère et de haute trahison ? « Y a-t-il eu un procès ?

— Bientôt, dit la septa Scolera. Mais son frère…

Chut ! » La septa Unella se retourna pour jeter par-dessus son épaule un regard noir à Scolera. « Tu jacasses trop, vieille idiote. Il ne nous appartient pas d’aborder de tels sujets. »

Scolera baissa la tête. « Je te prie de me pardonner. »

Elles effectuèrent le reste de la descente en silence.

Le Grand Moineau reçut Cersei dans son sanctuaire, une austère chambre à sept côtés où les visages grossièrement sculptés des Sept fixaient les parois de pierre, avec des expressions presque aussi aigres et désapprobatrices que Sa Sainteté Suprême en personne. Quand Cersei entra, le Grand Septon était assis derrière une table sommaire, occupé à écrire. Il n’avait pas changé depuis la dernière fois qu’elle s’était trouvée en sa présence, le jour où il l’avait fait arrêter et emprisonner. C’était toujours un homme maigre aux cheveux gris, à la silhouette fine, dure et décharnée, au visage ridé avec des traits anguleux, aux yeux soupçonneux. Au lieu des riches robes de ses prédécesseurs, il portait une tunique informe en laine écrue qui lui arrivait aux chevilles. « Votre Grâce, lança-t-il en guise de salutation. J’ai cru comprendre que vous désiriez vous confesser. »

Cersei tomba à genoux. « Oui, Votre Sainteté Suprême. L’Aïeule m’a visitée durant mon sommeil, sa lampe brandie haut…

— Mais bien sûr. Unella, restez ici et prenez note de ce que dira Sa Grâce. Scolera, Moelle, vous avez ma permission de vous retirer. » Il pressa les doigts de ses mains les uns contre les autres, le même geste qu’elle avait vu son père exécuter mille fois.

La septa Unella prit un siège derrière Cersei, déploya un parchemin, plongea une plume dans l’encre de mestre. Cersei sentit une pointe de peur. « Une fois que je me serai confessée, aurai-je le droit de…

— On traitera Votre Grâce selon ses péchés. »

Cet homme est implacable, comprit-elle, une fois de plus. Elle se concentra un moment. « Que la Mère prenne pitié de moi, en ce cas. J’ai couché avec des hommes en dehors des liens du mariage. Je le confesse.

— Qui ? » Les yeux du Grand Septon étaient rivés sur les siens.

Cersei entendait Unella écrire derrière elle. Sa plume produisait un léger grattement. « Lancel Lannister, mon cousin. Et Osney Potaunoir. » Les deux hommes avaient avoué avoir couché avec elle, il ne lui servirait à rien de le nier. « Ses frères, également. Tous les deux. » Elle n’avait aucun moyen de savoir ce que pouvaient dire Osfryd ou Osmund. Mieux valait confesser trop de choses que pas assez. « Cela n’excuse pas mon péché, Votre Sainteté Suprême, mais j’étais seule et j’avais peur. Les dieux m’ont pris le roi Robert, mon amour et mon protecteur. J’étais seule, entourée de conspirateurs, de faux amis et de traîtres qui complotaient la mort de mes enfants. Je ne savais pas à qui me fier, aussi ai-je… ai-je employé le seul moyen dont je disposais pour lier les Potaunoir à moi.

— Par cela, vous entendez vos attributs féminins ?

— Ma chair. » Elle pressa une main contre son visage, en frémissant. Quand elle la baissa de nouveau, elle avait les yeux trempés de larmes. « Oui. Que la Pucelle me pardonne. Mais j’ai agi pour mes enfants, pour le royaume. Je n’y ai point pris de plaisir. Les Potaunoir… ce sont des hommes durs, et cruels, et ils ont usé de moi avec rudesse, mais que pouvais-je faire d’autre ? Tommen avait besoin autour de lui d’hommes auxquels je puisse me fier.

— Sa Grâce était protégée par la Garde Royale.

— La Garde Royale a assisté sans pouvoir intervenir à la mort de son frère Joffrey, assassiné à son propre banquet de noces. J’ai vu mourir un fils, je n’aurais pas pu supporter d’en perdre un autre. J’ai péché, je me suis livrée à une fornication débridée, mais je l’ai fait pour Tommen. Que Votre Sainteté Suprême me pardonne, mais j’aurais ouvert mes cuisses à tous les hommes de Port-Réal si tel avait été le prix à payer pour préserver mes enfants.

— Le pardon ne vient que des dieux. Qu’en est-il de ser Lancel, qui était votre cousin, et l’écuyer du seigneur votre époux ? L’avez-vous accueilli dans votre lit pour gagner sa loyauté, lui aussi ?

— Lancel. » Cersei hésita. Prudence, se dit-elle, Lancel a dû tout lui raconter. « Lancel m’aimait. C’était à moitié un enfant, mais je n’ai jamais douté de son dévouement, envers moi et envers mon fils.

— Et cependant vous l’avez quand même corrompu.

— Je me sentais seule. » Elle ravala un sanglot. « Je venais de perdre mon époux, mon fils, le seigneur mon père. J’étais régente, mais une reine demeure femme, et les femmes sont de fragiles réceptacles, aisément tentés… Votre Sainteté Suprême sait la vérité de tout cela. On a même vu de pieuses septas céder au péché. J’ai puisé du réconfort auprès de Lancel. Il était doux, tendre, et j’avais besoin de quelqu’un. C’était mal, je le sais, mais je n’avais personne d’autre… Une femme a besoin qu’on l’aime, elle a besoin d’un homme à ses côtés, elle… elle… » Elle éclata en sanglots incontrôlables.

Le Grand Septon ne fit pas un geste pour la consoler. Il resta assis, fixant sur elle ses yeux durs, avec la même immobilité de pierre que les statues des Sept dans le septuaire au-dessus. De longs moments s’écoulèrent, mais enfin les larmes de Cersei se tarirent entièrement. Elle avait les yeux rouges et brûlants d’avoir pleuré et se sentait au bord de la pâmoison.

Le Grand Moineau n’en avait toutefois pas terminé avec elle. « Ces péchés sont de nature triviale, déclara-t-il. On connaît bien la perversité des veuves, et toutes les femmes sont au fond des gourgandines, rompues à employer leurs charmes et leur beauté pour imposer leur volonté aux hommes. Il n’y a en cela nulle trahison, tant que vous ne vous êtes pas écartée de la couche nuptiale du vivant de Sa Grâce le roi Robert.

— Jamais, souffla-t-elle, en frémissant. Jamais, je le jure. »

Il ne prêta aucune attention à ces mots. « On a porté contre Votre Grâce d’autres accusations, des crimes bien plus graves que de simples fornications. Vous reconnaissez que ser Osney Potaunoir était votre amant, et ser Osney insiste pour dire qu’il a étouffé mon prédécesseur à votre requête. Il insiste, de plus, pour affirmer qu’il a commis un faux témoignage contre la reine Margaery et ses cousines, en racontant des actes de fornication, d’adultère et de haute trahison, là encore à votre demande.

— Non, protesta Cersei. Ce n’est pas vrai. J’aime Margaery comme si elle était ma fille. Et l’autre… Je me suis plainte du Grand Septon, je le reconnais. Il était une créature de Tyrion, faible et corrompue, une offense à votre sainte Foi. Votre Sainteté Suprême sait cela aussi bien que moi. Il se peut qu’Osney ait cru que sa mort me contenterait. En ce cas, je porte une partie du blâme… Mais un meurtre ? Non. De cela, je suis innocente. Conduisez-moi au septuaire et je me placerai devant le siège de jugement du Père pour en jurer la vérité.

— En son temps, répondit le Grand Septon. Vous êtes également accusée d’avoir conspiré à la mort du seigneur votre époux, notre roi défunt et bien-aimé Robert, Premier du Nom. »

Lancel, songea Cersei. « Robert a été tué par un sanglier. M’accuse-t-on à présent d’être une change-peau ? Un zoman ? Suis-je accusée d’avoir tué Joffrey, également, mon propre fils chéri, mon premier-né ?

— Non. Simplement votre époux. Le niez-vous ?

— Certes, je le nie. Face aux dieux et aux hommes, je le nie. »

Il hocha la tête. « En dernier lieu, et pire que tout, il est des gens pour affirmer que vos enfants n’ont point été engendrés par le roi Robert, qu’ils sont des bâtards nés de l’inceste et de l’adultère.

— Stannis l’affirme, répliqua aussitôt Cersei. Mensonge, mensonge, mensonge criant. Stannis guigne le trône de Fer, mais les enfants de son frère lui font obstacle, aussi lui faut-il prétendre qu’ils ne sont point nés de son frère. Cette lettre immonde… Elle ne contient pas une once de vérité. Je le nie. »

Le Grand Septon plaça ses deux mains à plat sur la table, et poussa pour se lever. « Bien. Lord Stannis s’est détourné de la vérité des Sept pour adorer un démon rouge, et sa foi impie n’a nulle place en ces Sept Couronnes. »

Voilà qui était presque rassurant. Cersei hocha la tête.

« Quand bien même, poursuivit le Grand Septon, ce sont de terribles accusations, et le royaume doit savoir si elles ont quelque fondement. Si Votre Grâce a dit vrai, nul doute qu’un procès prouvera votre innocence. »

Un procès, malgré tout. « J’ai confessé…

— … certains péchés, certes. Vous en niez d’autres. Votre procès séparera les vérités des mensonges. Je demanderai aux Sept de pardonner les péchés que vous avez confessés et prierai pour qu’on vous juge innocente de ces autres accusations. »

Cersei se releva lentement de sa position agenouillée. « Je m’incline devant la sagesse de Votre Sainteté Suprême, dit-elle. Mais si je pouvais implorer une seule goutte de la clémence de la Mère, je… Voilà bien longtemps que je n’ai vu mon fils, s’il vous plaît… »

Les yeux du vieil homme étaient des éclats de silex. « Il ne serait pas convenable de vous autoriser à voir le roi, tant que vous n’avez pas été purgée de vos perversités. Vous avez accompli le premier pas sur la voie qui vous remettra sur le droit chemin, cependant, et, à la lumière de cela, je vous permets d’autres visiteurs. Un par jour. »

La reine fondit de nouveau en larmes. Cette fois-ci, ses pleurs étaient sincères. « Vous êtes trop bon. Merci.

— La Mère est miséricordieuse. C’est à elle que doivent aller vos remerciements. »

Moelle et Scolera attendaient pour la ramener dans sa cellule de la tour. Unella les suivait de près. « Nous avons toutes prié pour Votre Grâce », confia la septa Moelle tandis qu’elles montaient. « Oui, renchérit la septa Scolera, et vous devez vous sentir tellement plus légère, à présent, propre et innocente comme une pucelle au matin de ses noces. »

Le matin de mes noces, j’ai baisé avec Jaime, se souvint la reine. « En effet, dit-elle, je sens comme une seconde naissance, comme si on avait percé un abcès purulent et que, désormais, je puisse enfin entamer ma guérison. Je m’envolerais presque. » Elle imagina le plaisir qu’elle aurait à percuter du coude le visage de la septa Scolera pour l’envoyer dégringoler l’escalier en spirale. Si les dieux étaient bons, cette vieille conne ridée se heurterait à la septa Unella pour l’entraîner dans sa chute.

« C’est bon de vous voir à nouveau sourire, commenta Scolera.

— Sa Sainteté Suprême a déclaré que je pourrais recevoir des visiteurs ?

— En effet, confirma la septa Unella. Si Votre Grâce nous indique qui elle souhaite voir, nous les avertirons. »

Jaime, j’ai besoin de Jaime. Mais si son jumeau se trouvait en ville, pourquoi n’était-il pas venu à elle ? Elle serait mieux avisée peut-être de laisser Jaime de côté jusqu’à ce qu’elle ait des notions plus précises de la situation au-delà des murs du grand Septuaire de Baelor. « Mon oncle, décida-t-elle. Ser Kevan Lannister, le frère de mon père. Est-il en ville ?

— Oui, répondit la septa Unella. Le lord Régent a élu résidence dans le Donjon Rouge. Nous allons tout de suite l’envoyer quérir.

— Merci », dit Cersei, qui nota : Lord Régent, vraiment ? Elle ne pouvait prétendre en être surprise.

Un cœur humble et pénitent se révéla avoir des avantages qui dépassaient largement celui d’avoir une âme lavée de tout péché. Cette nuit-là, on déménagea la reine dans une cellule plus grande, deux étages plus bas, avec une fenêtre par laquelle elle pouvait vraiment regarder, et des couvertures chaudes et douces pour son lit. Et quand vint l’heure du dîner, au lieu du pain rassis et du gruau d’avoine, on lui servit un chapon rôti, une assiette de légumes frais saupoudrés de brisures de noix, et un monticule de purée de panais baignant dans le beurre. Cette nuit-là, elle se glissa dans son lit le ventre plein pour la première fois depuis son arrestation, et dormit d’une traite durant les noires veilles de la nuit sans être jamais dérangée.

Le lendemain, avec l’aube arriva son oncle.

Cersei n’avait pas achevé son petit déjeuner quand la porte s’ouvrit largement et que ser Kevan Lannister la franchit. « Laissez-nous », lança-t-il à ses geôlières. La septa Unella fit sortir Scolera et Moelle et referma la porte derrière elle. La reine se mit debout.

Ser Kevan paraissait plus vieux que lors de leur dernière entrevue. C’était un grand gaillard, les épaules larges et la taille épaisse, avec une barbe blonde taillée ras qui suivait la ligne de sa mâchoire lourde, et de courts cheveux blonds en pleine déroute sur son front. Une grosse cape en laine, teinte en écarlate, était retenue sur une épaule par une broche d’or en forme de tête de lion.

« Merci d’être venu », dit la reine.

Son oncle se rembrunit. « Tu devrais t’asseoir. Il y a des choses que je me dois de t’apprendre… »

Elle ne voulait pas s’asseoir. « Vous êtes encore en colère contre moi. Je l’entends dans votre voix. Pardonnez-moi, mon oncle. J’ai eu tort de vous jeter mon vin à la tête, mais…

— Crois-tu que j’ai cure d’une coupe de vin ? Lancel est mon fils, Cersei. Ton propre neveu. Si je suis furieux contre toi, la raison vient de là. Tu aurais dû veiller sur lui, le guider, lui trouver une fille convenable de bonne famille. Et au lieu de ça, tu…

— Je sais. Je sais. » Lancel me désirait plus que je ne l’ai jamais désiré. Et il me désire encore, je le parierais. « J’étais seule, j’étais faible. Je vous en prie. Mon oncle. Oh, mon oncle. C’est tellement bon de voir votre visage, votre doux, votre si doux visage. J’ai commis des horreurs, je le sais, mais je ne pourrais pas supporter que vous me haïssiez. » Elle jeta ses bras autour de lui, lui baisa la joue. « Pardonnez-moi. Pardonnez-moi. »

Ser Kevan soutint l’étreinte le temps de quelques battements de cœur avant de lever enfin ses propres bras pour la rendre. L’accolade fut brève et gênée. « Ça suffit », déclara-t-il, d’une voix encore atone et froide. « Tu es pardonnée. À présent, assieds-toi. Je t’apporte de rudes nouvelles, Cersei. »

Ces mots effrayèrent la reine. « Est-il arrivé quelque chose à Tommen ? Par pitié, non. Je me suis tant inquiétée pour mon fils. Personne ne veut rien me dire. Par pitié, dites-moi que Tommen va bien.

— Sa Grâce va bien. Il demande souvent de tes nouvelles. » Ser Kevan posa les mains sur les épaules de Cersei, la maintint à distance.

« Jaime, alors ? Est-ce Jaime ?

— Non. Jaime est toujours dans le Conflans, quelque part.

— Quelque part ? » Cette expression ne lui plut guère.

« Il a pris Corneilla et accepté la capitulation de lord Nerbosc, mais sur le chemin du retour vers Vivesaigues, il a abandonné sa suite pour partir avec une femme.

— Une femme ? » Cersei le regarda sans comprendre. « Quelle femme ? Pourquoi ? Où sont-ils allés ?

— Nul ne le sait. Nous n’avons plus eu de nouvelles de lui. La femme était peut-être la fille de l’Étoile-du-Soir, lady Brienne. »

Elle. La reine se souvenait de la Pucelle de Torth, une créature énorme, laide, gauche qui s’habillait dans de la maille d’homme. Jamais Jaime ne me quitterait pour un tel être. Mon corbeau n’est jamais parvenu jusqu’à lui, sinon il serait venu.

« Nous avons reçu des nouvelles du débarquement d’épées-louées dans tout le Sud, disait ser Kevan. Torth, les Degrés de Pierre, le cap de l’Ire… Où Stannis a-t-il trouvé les moyens d’engager une compagnie libre, j’aimerais énormément le savoir. Je n’ai pas les forces pour me charger d’eux, pas ici. Mace Tyrell en dispose, mais il refuse de se déplacer tant que la question de sa fille n’aura pas été réglée. »

Un bourreau trancherait promptement le problème. Cersei se moquait comme d’une guigne de Stannis, ou de ses mercenaires. Que les Autres l’emportent, et les Tyrell avec lui. Qu’ils se massacrent les uns les autres, le royaume ne s’en portera que mieux. « De grâce, mon oncle, sortez-moi d’ici.

— Comment ? Par la force des armes ? » Ser Kevan avança jusqu’à la fenêtre et regarda au-dehors, sourcils froncés. « Il me faudrait transformer ce lieu sacré en abattoir. Et je n’ai pas les hommes pour ce faire. La plus grande part de nos troupes se trouvait à Vivesaigues avec ton frère. Je n’ai pas eu le temps de lever une nouvelle armée. » Il se retourna pour lui faire face. « J’ai discuté avec Sa Sainteté Suprême. Il ne te libérera pas tant que tu n’auras pas expié tes péchés.

— J’ai confessé.

Expié, ai-je dit. Aux yeux de la ville. Une marche…

— Non. » Elle savait ce que son oncle allait conseiller et ne voulait point l’entendre. « Jamais. Expliquez-le-lui, si vous devez encore vous entretenir avec lui. Je suis reine, et non une putain des quais.

— Il ne t’adviendrait aucun mal. Nul ne touchera…

— Non, répéta-t-elle, avec plus de dureté. Plutôt mourir. »

Ser Kevan n’en fut pas ému. « Si tel est ton souhait, tu risques de le voir exaucé sous peu. Sa Sainteté Suprême est déterminée à te faire juger pour régicide, déicide, inceste et haute trahison.

— Déicide ? » Elle faillit en rire. « En quelle occasion ai-je tué un dieu ?

— Le Grand Septon parle ici-bas pour les Sept. Frappe-le, et tu frappes les dieux eux-mêmes. » Son oncle leva la main avant qu’elle pût protester. « Il ne sert à rien d’évoquer ces choses. Pas ici. Il sera bien temps d’en débattre au cours d’un procès. » Il parcourut la cellule des yeux. Son visage s’exprimait avec une éloquence extrême.

Quelqu’un nous écoute. Même ici, même maintenant, elle ne pouvait s’aventurer à s’exprimer librement. Elle reprit son souffle. « Qui me jugera ?

— La Foi, répondit son oncle, à moins que tu n’insistes pour avoir un jugement par combat. Auquel cas, tu devras désigner comme champion un chevalier de la Garde Royale. Quelle qu’en soit l’issue, ton règne est terminé. Je tiendrai le rôle de régent pour Tommen jusqu’à sa majorité. Mace Tyrell a été nommé Main du Roi. Le Grand Mestre Pycelle et ser Harys Swyft poursuivront comme de coutume, mais Paxter Redwyne est désormais lord Amiral et Randyll Tarly a accepté la charge de justicier. »

Des bannerets de Tyrell, tous les deux. Tout le gouvernement du royaume était remis entre les mains de ses ennemis. La parentèle de la reine Margaery. « Margaery est également accusée. Elle, et ses belles cousines. Comment se fait-il que les moineaux l’aient libérée, et pas moi ?

— Randyll Tarly a insisté. Il a été le premier à atteindre Port-Réal quand cette tourmente a éclaté, et il a apporté son armée avec lui. Les filles Tyrell passeront quand même en jugement, mais les charges contre elles sont faibles, Sa Sainteté Suprême le reconnaît. Tous les hommes cités comme amants de la reine ont nié l’accusation ou se sont rétractés, à l’exception de ton chanteur estropié, qui paraît à demi fou. Si bien que le Grand Septon a placé les filles sous la garde de Tarly et que lord Randyll a prêté un serment sacré de les livrer au jugement quand l’heure viendrait.

— Et ses accusateurs ? demanda la reine. Qui les détient ?

— Osney Potaunoir et le Barde Bleu sont ici, au-dessous du septuaire. Les jumeaux Redwyne ont été déclarés innocents, et Hamish le Harpiste est mort. Les autres se trouvent au cachot dans les profondeurs du Donjon Rouge, sous la responsabilité de ton séide, Qyburn. »

Qyburn, songea Cersei. C’était bien, au moins un fétu de paille auquel se raccrocher. Lord Qyburn était leur geôlier, et lord Qyburn était capable d’opérer des miracles. Et des horreurs. Il est aussi capable d’opérer des horreurs.

« Il y a plus, et pire. Est-ce que tu vas t’asseoir ?

— M’asseoir ? » Cersei secoua la tête. Que pouvait-il y avoir de pire ? On allait la juger pour haute trahison alors que la petite reine et ses cousines s’envolaient, libres comme l’oiseau. « Dites-moi. Qu’y a-t-il ?

— Myrcella. Nous avons reçu de graves nouvelles de Dorne.

Tyrion », dit-elle aussitôt. Tyrion avait expédié sa petite fille à Dorne, et Cersei avait dépêché ser Balon Swann afin de la ramener à la maison. Tous les Dorniens étaient des serpents, et les Martell étaient les pires du lot. La Vipère Rouge avait même essayé de défendre le Lutin, et frôlé d’un cheveu la victoire qui aurait permis au nain d’échapper au blâme pour la mort de Joffrey. « C’est lui. Il était à Dorne tout ce temps, et voilà qu’il s’est emparé de ma fille. »

Ser Kevan grimaça à ces mots. « Myrcella a été attaquée par un chevalier dornien du nom de Gerrold Dayne. Elle est vivante, mais blessée. Il lui a lacéré le visage, elle… Je suis désolé… elle a perdu une oreille.

— Une oreille. » Cersei le fixa, atterrée. Ce n’était qu’une enfant, ma précieuse princesse. Et elle était si jolie. « Il lui a tranché l’oreille. Et le prince Doran et ses chevaliers dorniens, où étaient-ils ? Ils n’ont pas su défendre une petite fille ? Où était Arys du Rouvre ?

— Tué en la défendant. Dayne l’a occis, dit-on. »

L’Épée du Matin avait été un Dayne, se souvenait la reine, mais il était mort depuis longtemps. Qui était ce ser Gerrold, et pourquoi voudrait-il du mal à sa fille ? Elle ne voyait aucun sens à tout cela sinon que… « Tyrion a perdu la moitié de son nez dans la bataille de la Néra. Lacérer le visage de Myrcella, lui couper une oreille… Je vois les petites mains crasseuses du Lutin dans toute cette affaire.

— Le prince Doran n’a rien dit de ton frère. Et Balon Swann écrit que Myrcella attribue tout cela à Gerrold Dayne. Sombre Astre, comme on l’appelle. »

Elle eut un rire amer. « Qu’on l’appelle comme on veut, il tire les marrons du feu pour mon frère. Tyrion a des amis parmi les Dorniens. Le Lutin a manigancé cela depuis le début. C’est Tyrion qui a promis Myrcella au prince Trystan. À présent, je comprends pourquoi.

— Tu vois Tyrion dans chaque ombre.

— C’est une créature des ombres. Il a tué Joffrey. Il a tué Père. Croyez-vous qu’il va s’arrêter là ? Je craignais que le Lutin fût toujours à Port-Réal, en train de comploter quelque malveillance contre Tommen, mais en fait il a dû gagner Dorne pour tuer d’abord Myrcella. » Cersei arpentait sa cellule. « J’ai besoin d’être auprès de Tommen. Ces chevaliers de la Garde Royale sont aussi inutiles que des tétons sur une cuirasse. » Elle se retourna vers son oncle. « Ser Arys a été tué, disiez-vous ?

— Aux mains de ce Sombre Astre, oui.

— Mort. Il est bien mort, vous en êtes certain ?

— C’est ce qu’on nous a rapporté.

— Alors il y a une place libre dans la Garde Royale. On doit immédiatement la combler. Il faut protéger Tommen.

— Lord Tarly dresse une liste de chevaliers dignes de considération, à soumettre à votre frère, mais, jusqu’à ce que Jaime réapparaisse…

— Le roi peut décerner le manteau blanc à quelqu’un. Tommen est un bon garçon. Dites-lui qui nommer et il le nommera.

— Et qui voudrais-tu voir nommer ? »

Elle n’avait pas de réponse immédiate. Mon champion aura besoin de porter un nouveau nom, autant qu’un nouveau visage. « Qyburn saura. Reposez-vous sur lui sur ce compte. Nous avons eu nos différends, mon oncle, vous et moi. Mais, pour le sang que nous partageons et l’amour que vous portiez à mon père, pour le salut de Tommen et celui de sa pauvre sœur mutilée, faites ce que je vous demande. Allez voir lord Qyburn de ma part, apportez-lui un manteau blanc, et dites-lui que l’heure est venue. »

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