Chapitre XVIII

Un flot d’adrénaline accéléra le rythme cardiaque de Malko. Derrière son guichet, Mr Hong-Wu, ressemblait à un sage employé de banque. Or, il était certain que l’homme à qui il parlait était un membre des services spéciaux chinois. Il fallait une raison sérieuse pour qu’il se découvre ainsi.

— Qui va m’enlever ? demanda-t-il. Et comment ? Il y a beaucoup de gens dehors. Je peux crier, me défendre.

Le Chinois se pencha en avant à travers le guichet.

— Ce sont des hommes de la C.I.S.C.O., en uniforme. La foule croira que vous êtes un malfaiteur. Personne ne vous défendra. Au contraire. Ensuite ce sera trop tard…

Malko examina le visage volontairement inexpressif de son interlocuteur. Autour d’eux, le train-train de la banque continuait. John Canon devait être loin. Soudain, l’attaché-case plein de billets lui parut terriblement lourd.

— Comment êtes-vous au courant de cette tentative d’enlèvement ? demanda-t-il.

— Nous avons beaucoup d’informateurs, dit le Chinois. Nous avions peur que Tong Lim soit mort sans avoir parlé. Maintenant, nous savons qu’il n’en est rien.

Malko était suffoqué par la certitude tranquille du Chinois.

— Mais enfin comment sont-ils ici à m’attendre ? dit-il. Une seule personne connaissait ce rendez-vous.

Mr Hong-Wu s’extirpa un petit sourire triste.

— Il faut faire très attention au téléphone. Il est souvent surveillé.

Tout cela ressemblait à un mauvais rêve. Après tout, rien ne disait que ce Chinois soit ce qu’il disait. Il y avait déjà eu tant de pièges dans l’histoire Lim. Tant de faux-semblants…

— Pouvez-vous m’excuser une seconde ? dit Malko.

Sans lâcher son attaché-case, il traversa le hall de la banque, s’approchant de la porte tournante.

Il examina la longue queue qui attendait pour signer le livre d’or. Raffles Place grouillait de monde. Tout à coup, il eut un choc au cœur. Contre le trottoir circulaire, il y avait une BMW de la C.I.S.C.O. avec quatre hommes à bord. Prenant dans leur champ de vision l’entrée de la banque. Une fine antenne de radio émergeait du coffre.

Il fit demi-tour, regagna le guichet où Mr Hong-Wu n’avait pas bougé.

— Vous me croyez maintenant, Mr Linge ?

— Qui me dit que cette voiture m’attend ?

Le Chinois secoua la tête.

— À votre place, je ne prendrais pas le risque de le vérifier.

— Bien, dit Malko. Que faut-il faire ?

Mr Hong-Wu eut un hochement de tête imperceptible.

— Quand vous sortirez d’ici, tournez à gauche le long des gens qui font la queue. Suivez la rue jusqu’à Boat Quay. Quelqu’un vous attend dans une barque pour vous faire traverser la rivière. Il vous fera signe. Je ne pense pas qu’ils aient prévu cela…

— Et s’ils tirent ?

Le Chinois secoua la tête.

— Ils ne tireront pas. Ils vous veulent vivant.

Les deux hommes se mesurèrent du regard pendant quelques instants. Son sixième sens disait à Malko que ce Chinois disait la vérité, qu’il voulait sincèrement l’aider. Il se décida d’un coup.

— Très bien, dit-il, je vais faire ce que vous me dites.

— J’espère que tout se passera bien, dit le Chinois. Nous souhaitons de tout notre cœur que vous réussissiez.

Après un petit signe de tête, Hong-Wu recula, disparut du guichet.

Malko reprit le lourd attaché-case et se dirigea d’un pas ferme, vers la porte tournante.


* * *

Après la fraîcheur du hall de la Bank of China, la chaleur poisseuse lui tomba sur les épaules comme une charge de plomb. Calmement, il descendit les marches du perron et s’arrêta sur le trottoir, comme s’il hésitait sur son chemin. La voiture bleue et blanche de la C.I.S.C.O. était en face de lui à dix mètres. À sa gauche, la file des Chinois s’allongeait le long de la petite rue sans trottoir qui rejoignait le quai de la Singapore River.

Il n’était pas là depuis vingt secondes que deux des portières de la voiture bleue et blanche s’ouvrirent. Il en sortit deux policiers chinois en bleu qui s’avancèrent vers Malko, sans se presser. Les deux autres restèrent dans le véhicule. Si Mr Hong-Wu ne l’avait pas prévenu, Malko ne se serait douté de rien. Les policiers semblaient calmes, détendus. Il en eut froid dans le dos. L’enlèvement avait été bien préparé.

Une voiture arriva de Shenton Way, tournant autour de Raffles Place, dissimulant pendant quelques secondes Malko aux yeux des deux policiers chinois. D’un seul élan, il démarra, courant le long de la queue, vers la rivière. La voiture lui permit de prendre une vingtaine de mètres d’avance.

Il entendit des appels derrière lui, en chinois et en anglais. Se retournant, il aperçut les deux policiers chinois lancés à ses trousses. Le chauffeur de la voiture bleue et blanche faisait à toute vitesse le tour de la place pour rejoindre la petite rue par laquelle fuyait Malko.

Un Chinois se dressa tout à coup devant lui, un rasoir à la main. Un coiffeur en plein air, en train d’opérer sur le trottoir. Malko lui envoya l’attaché-case dans l’estomac, le pliant en deux. Les Chinois de la queue le regardaient avec effarement.

Essoufflé, il déboucha sur « Boat-Quay », encombré de marchandises et de véhicules chargeant et déchargeant. Les cris s’enflaient derrière lui. Il dut envoyer un coup de poing à un autre Chinois qui essayait de le ceinturer. L’eau sale de la « Singapore River » disparaissait sous les jonques ventrues et basses sur l’eau, où vivait toute une population lacustre. Il parvint au bord du quai, s’arrêta, cherchant l’embarcation qui devait l’attendre. D’abord, il ne vit que les énormes jonques, bord à bord. Puis il aperçut une barque minuscule coincée entre deux jonques plates. Avec un seul homme à bord. Jeune. En jeans et maillot de corps. Il se retourna, les policiers étaient à trente mètres. Il courut le long du quai. En le voyant le Chinois le héla. Malko arriva au-dessus de lui. L’eau se trouvait à 1,50 m environ en contrebas du quai.

Sans lâcher l’attaché-case, Malko sauta d’un seul élan dans la barque, disparaissant à la vue de ceux qui le poursuivaient. Il crut que le choc de sa chute allait faire chavirer la frêle embarcation. Mais le Chinois poussant sur sa gaffe se mit à godiller furieusement se faufilant habilement entre les jonques. Les deux policiers jaillirent sur le quai, criant des menaces. Malko les vit se consulter. L’un sortit son revolver de son étui et le brandit, visant la barque. À cette distance-là, il ne pouvait pas rater Malko.

La détonation claqua et un petit geyser d’eau sale jaillit devant la barque. Il avait volontairement visé trop loin. Mr Hong-Wu avait dit vrai… Ils hurlèrent encore des menaces. Puis disparurent à la vue de Malko. La barque était au milieu de la rivière. À cause de la circulation, cela prendrait aux policiers dix bonnes minutes pour rejoindre le point où il allait aborder en passant par le pont de South Bridge Road.

Trois minutes plus tard, la barque heurtait le ciment du quai opposé. Un petit escalier menait au niveau de la rue. Malko l’escalada, suivi du jeune Chinois. Un autre Chinois l’attendait, jeune également, l’air sérieux, à côté d’une antique Austin dont le moteur tournait.

— Come ! dit-il. Quick.

Malko s’y engouffra. Suivi du godilleur. Le nouveau venu prit le volant et se lança sur le quai, remontant tant vers South Bridge Road. Décidément, Mr Hong-Wu avait tout prévu.

Ils roulèrent en silence, quittant le quai pour River Valley Road, se dirigeant vers le nord, puis le chauffeur se tourna vers Malko.

— Where you go ?

Question embarrassante. Le cercle se refermait sur lui. Il fallait qu’il échappe aux hommes de la « Spécial Branch » et à leur alliés jusqu’au soir. Il était sûr qu’ils surveilleraient l’ambassade américaine et le domicile de John Canon. Tout à coup, il eut une idée. Même la maison de Phil Scott pouvait être dangereuse.

— Déposez-moi au Mandarin, dit-il.

L’Austin roulait doucement dans la circulation intense de Grange Road. Dix minutes plus tard, Malko descendait en face du Mandarin, et pénétrait dans l’énorme hall. Il fila droit au desk, inspecta rapidement les casiers des clefs.

— Le 2715, demanda-t-il.

Une employée chinoise lui tendit la clef sans même le regarder… Au 15e étage, Malko entra dans « sa » chambre et referma la porte. Il y avait des bagages ouverts partout, mais la chambre avait été faite. Il se laissa tomber dans un fauteuil. Personne ne viendrait le chercher là.

Pour l’instant du moins…


* * *

Le bruit de la clef qui tournait dans la serrure fit sursauter Malko.

Sans quitter le fauteuil, il braqua son pistolet sur la porte. Il vit d’abord une mini-jupe rouge, puis une Malaise grassouillette, suivie d’un gros blanc d’une cinquantaine d’années, suant et soufflant. Les nouveaux arrivants s’immobilisèrent, sur le pas de la porte. Stupéfaits.

— Entrez, dit Malko, souriant.

Automatiquement, le blanc referma la porte. C’est tout ce que Malko voulait. Sans lâcher son pistolet, il annonça :

— N’ayez pas peur, je ne vous veux aucun mal. Nous allons seulement passer quelques heures ensemble. Ensuite, je vous laisserai…

La fille le fixait, les yeux agrandis de terreur. Son compagnon balbutia quelque chose d’inintelligible en anglais.

— Asseyez-vous sur le lit, ordonna Malko d’un ton plus ferme. Et surtout ne criez pas. Sinon, je serais obligé de tirer.


* * *

L’ascenseur stoppa avec une petite secousse au rez-de-chaussée. Malko en sortit rapidement et se dirigea vers la petite porte qui donnait sur le parking derrière le Mandarin, évitant de traverser le hall. Tout s’était bien passé. Ses « hôtes » involontaires devaient encore se demander ce qui s’était passé. Ils avaient dîné dans la chambre tous les trois, comme de vieux amis mais sans un mot. Malko leur avait fait assez peur pour qu’ils ne se ruent pas sur le téléphone dès qu’il serait hors de la chambre… Il était 1 heure du matin. Il y avait peu de voitures dans le parking et il aperçut tout de suite un camion-grue jaune tous feux éteints.

Il se dirigea vers le véhicule. Phil Scott était au volant, Sani à côté de lui. Malko monta à son tour.

— Vous l’avez volé ? demanda-t-il.

— On n’a pas pu faire autrement, fit nerveusement l’Australien. Si vous croyez que c’est facile…

Il mit en route et sortit du parking. Sani n’avait pas dit un mot.

— Où allons-nous ? demanda Scott.

— River Valley Road, dit Malko. Avant d’arriver à Hill Street, il y a une petite rue qui part du quai, à gauche. Reah Road. Vous la prenez et vous allez jusqu’au quai. Vous avez l’équipement ?

— Ouais, dit Phil Scott.

À son haleine, Malko se dit que l’Australien avait dû terminer sa bouteille de Gaston de Lagrange. Sans soda.

Ils n’échangèrent plus un mot jusqu’à la rivière. Large d’une trentaine de mètres, encombrée de centaines de jonques qui ne laissait qu’un étroit passage, elle serpentait d’ouest en est sur deux kilomètres, séparant les vieilles demeures de Chinatown du majestueux Parliament House et du City Hall. Le quai était absolument désert. Malko fit manœuvrer la camion-grue, de façon à ce que l’arrière soit au ras du quai, surplombant l’eau. Il y avait d’autres camions garés sur le quai. Toutes les boutiques étaient fermées, les vieilles maisons obscures. Malko montra l’eau noire à l’Australien. Le quai, à cet endroit, formait une sorte de pointe. Une grosse jonque y était amarrée. Vert-sale, comme le vérifia Malko à la lueur des phares.

— Vous allez plonger ici sous cette jonque, dit Malko. Dessous, il y a un coffre. Il est peut-être enfoui dans la vase. Il faut le remonter.

L’Australien regarda l’eau noire et gluante de saleté.

— Combien pèse-t-il ? S’il est dans un mètre de vase, on ne le trouvera pas.

— Je ne sais pas.

— Bon, je vais me préparer, soupira l’Australien.

Tout le matériel se trouvait à l’arrière, Sani aida à fixer la bouteille d’oxygène sur le dos de Scott.

Malko surveillait le quai désert. Lorsque Phil Scott fut prêt, il s’approcha de lui.

— Si vous me dites qu’il n’y a pas de coffre, avertit-il, je redescendrai avec vous. Alors, pas de blagues.

L’Australien ne répondit pas. Malko le regarda disparaître dans l’eau noire, avec son masque, ses palmes et sa bouteille dans le dos. À sa ceinture, il portait tout un échantillonnage d’outils dont une lampe sous-marine.

Les secondes commencèrent à s’écouler, interminables. Comme Phil Scott était sous la grosse jonque, on ne pouvait rien distinguer de son activité. Sani attendait, dans la cabine du camion-grue. Impassible, Malko vint s’asseoir près d’elle.

— Comment a-t-il été aujourd’hui ? demanda-t-il.

Elle tourna vers lui ses yeux pleins d’une joie nouvelle.

— Il n’a rien dit. Vous lui avez fait peur ce matin. Et il est content d’avoir l’argent. Moi aussi, je suis contente. Nous allons partir. Cette nuit. Nous prendrons l’avion de Kuala-Lumpur. Je ne reviendrai jamais à Singapour.

Le silence retomba. Le camion-grue ressemblait à tous les autres véhicules stationnés sur le quai. Malko essayait de contrôler sa respiration pour ne pas être trop nerveux. Il consulta sa montre. L’Australien était au fond de la rivière depuis sept minutes.

Une éternité.

Il perçut soudain, un infime clapotis et sauta hors du camion, s’approcha du quai. Il vit grandir la lueur jaunâtre, puis la tête de Scott émergea. S’accrochant d’une main au quai, il ôta son masque de l’autre et leva la tête vers Malko.

— Vous avez de la chance, dit-il. Votre coffre était attaché à une chaîne fixée au fond de la jonque. Sinon, on ne l’aurait jamais retrouvé dans la vase. Il ne doit pas faire plus de cent kilos. Il n’y a plus qu’à le remonter.

Malko avait envie de hurler d’excitation.

— Vous avez besoin du filet ? demanda-t-il.

— Je ne pense pas, fit Scott, il y a des chaînes autour du coffre. Il n’y a qu’à y accrocher celles du camion. Descendez-les jusqu’à moi. Il n’y a pas plus de trois mètres de fond.

Malko se précipita à l’arrière du camion-grue. Les chaînes pendaient déjà hors de l’eau. Il commença à manœuvrer le treuil à la main, faisant lentement descendre les chaînes. Le bruit de ferraille était épouvantable et il se dit qu’il allait réveiller tous les habitants du quai… Malheureusement, il n’y avait pas d’autre méthode…

Enfin, Phil Scott attrapa un bout de la chaîne et commença à s’enfoncer lentement en la tirant. À chaque tour de manivelle, les grincements semblaient plus forts à Malko. De nouveau, il ne voyait plus que l’eau noire. L’Australien avait tiré la chaîne sous la jonque. Celle-ci arrivait au bout. Le vacarme s’arrêta enfin. Malko regarda les maisons sombres autour de lui. Il devait bien y avoir des gens qui s’étaient réveillés et qui l’observaient… Pourvu qu’aucun ne songe à prévenir la police… La chaîne était maintenant à fond et Scott devait lutter pour l’attacher au coffre. Il semblait à Malko que les battements de son cœur rythmaient les secondes. Seule, Sani était impassible, ailleurs. Dans son rêve. Veillant sur l’attaché-case.

Cette fois, Phil Scott remonta si vite que Malko eut à peine le temps de suivre son cheminement. L’Australien lui tendit la main.

— Aidez-moi, bon sang !

Malko se coucha à plat-ventre sur le quai et lui tendit la main, l’aidant à remonter.

L’Australien souffla, cracha, se débarrassa des bouteilles, des palmes et du masque. Sani sauta du camion et lui tendit une serviette.

Il n’y avait toujours pas un chat sur le quai.

— Allez doucement ! fit l’Australien. Et priez le Bon Dieu pour que cette putain de chaîne ne casse pas !

Malko remonta dans la cabine, mit en marche le moteur et enclencha le treuil. Celui-ci commença à tourner avec d’effroyables grincements. Malko ne quittait pas des yeux la chaîne tendue qui montait, maillon par maillon. S’enroulant autour du treuil.

Pendant ce temps, Phil Scott s’était rhabillé et avait jeté son équipement au fond du camion. Il se passa une éternité avant qu’une masse noire émerge de l’eau, au bout de la chaîne. Malko, le cœur dans la gorge, enroula la chaîne à son maximum, de façon à ce que le coffre soit largement au-dessus du niveau du sol.

Le camion vibrait de toute sa structure.

Enfin, Malko débraya le moteur du treuil, le bloquant en position haute. Pendant quelques secondes, il s’offrit le luxe de contempler la masse noirâtre bardée de chaînes qui se balançait à l’arrière du camion. C’était pour cela que l’on s’était entre-tué à Singapour depuis son arrivée. Il ressentait une impression grisante. À côté de lui, Phil Scott grogna :

— On ne va pas rester ici…

Machinalement, Malko embraya, recula et fila le long du quai, vers le nord, surveillant dans le rétroviseur le coffre qui se balançait à l’arrière. À cause de lui, il ne pouvait pas rouler trop vite. Et c’était plutôt voyant. Dans Valley Road, ils croisèrent un taxi attardé. Maintenant, il n’avait plus qu’une hâte : retrouver John Canon et ouvrir le coffre. Il se tourna vers Phil Scott :

— Où allez-vous ?

— Chez moi, fit l’Australien. Vous avez l’argent ?

— Là, fit Malko.

L’Australien prit l’attaché-case et l’ouvrit, plongea la main dans les billets. Un faible sourire éclaira son visage fatigué.

— Ça va, dit-il, vous êtes correct.

Le silence retomba jusqu’à ce qu’ils atteignent Anguilla Road. Malko stoppa sans arrêter le moteur. Sani descendit la première, suivie de Phil Scott, l’attaché-case à la main. Avant de refermer la portière, il jeta à Malko ironiquement :

— Quand vous aurez fini, ramenez ce truc à « Bornéo Motors ». C’est là que je l’ai fauché.

Malko avait déjà redémarré. Il ne croisa pas un véhicule jusqu’à Bukit Timah. Surveillant sans cesse le coffre qui se balançait au bout de sa chaîne. Fugitivement, il pensa à Sani. Au moins, la mort de Tong Lim lui aurait servi à réaliser son rêve.

Il était si absorbé par la surveillance du coffre qu’il faillit manquer l’entrée de la villa de John Canon. Il fit attention de ne pas freiner trop brusquement, entra dans le jardin et stoppa devant la porte. De la lumière brillait au rez-de-chaussée. À peine le moteur du camion-grue eut-il stoppé que les cheveux gris de John Canon apparurent sur le pas de la porte. Il était accompagné d’un autre homme. Malko sauta à terre et s’avança vers eux.

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