Malko prit soin de ne pas garer sa voiture en face de la cathédrale, mais près de l’hôpital où elle se remarquerait moins. La fraîcheur de la grande nef d’acajou contrastait délicieusement avec la touffeur de l’extérieur. Il regarda partout sans voir personne. Tonton Beretta était en retard. Pourvu qu’il n’ait pas eu de pépin avec les moteurs du bateau ! Il essaya la porte montant au chœur, mais elle était verrouillée. Aussi, il s’arrêta sur les marches, dissimulé dans la pénombre. C’était un endroit idéal pour attendre car il était invisible pour quelqu’un entrant dans l’église. Les bruits de l’extérieur lui parvenaient faiblement.
Plusieurs minutes s’écoulèrent. Puis, il entendit un grincement de porte. Quelqu’un venait d’entrer. Ce devait être le vieux Français. Il se pencha un peu et aperçut au milieu de la nef une silhouette immobile, semblant renifler l’atmosphère. Ce n’était pas Tonton Beretta, mais un barbu à la peau très sombre. Un Pakistanais ou un Indonésien. Que venait-il faire dans une église catholique ? Malko était en train de réfléchir à cette bizarrerie lorsqu’il reconnut l’homme : c’était Ayub, le barman du Parbo Inn ! Son cœur se mit à battre aussitôt comme un tambour. Ce ne pouvait pas être une coïncidence. Il se calma aussitôt. Herbert Van Mook semblant avoir toute confiance en lui, il devait être venu porter un message de sa part à Tonton Beretta. Malko allait descendre de son escalier pour lui faire signe lorsque le barman se dirigea rapidement vers un confessionnal, non loin de lui et y disparut.
Malko n’eut pas longtemps le loisir de méditer sur cette étrangeté. Quelques instants plus tard, il entendit un bruit de pas, cette fois venant du chœur, et aperçut le crâne chauve de Tonton Beretta. Sortant aussitôt de sa cachette, il fonça vers le Français. Ce dernier l’accueillit avec un sourire rayonnant :
— Tout est en ordre ! annonça-t-il. Les deux moteurs tournent comme des montres suisses.
L’excitation faisait perler à la commissure de ses lèvres un peu de bave. Une lueur avide brillait dans ses gros yeux marron. À voix basse, Malko demanda :
— Vous connaissez le barman du Parbo Inn, Ayub ?
Tonton Beretta le fixa avec surprise.
— Ouais, pourquoi ?
— Il est ici, caché dans un confessionnal. Il est entré après moi. Vous pensez que c’est Van Mook qui l’a envoyé ?
Les gros yeux marron semblèrent se vitrifier. Tonton Beretta n’eut aucune exclamation de surprise. Il dit seulement d’une voix égale :
— On va le savoir tr… tr… très vite. Filez au Parbo Inn, je m’occupe d… d… de lui.
Dès que Malko fut sorti de la nef, Tonton Beretta s’approcha à pas de loup du confessionnal désigné par Malko. La pointe de son nez rejoignait presque son menton, ce qui le faisait ressembler à un vieux polichinelle.
Il posa la main sur le loquet du confessionnal et tira brusquement.
Le Pakistanais ne l’avait pas entendu venir. Il sursauta si fort que son coude heurta violemment la paroi du confessionnal, trouant le vieux bois. Son regard affolé ne pouvait se détacher du petit trou noir terminant le canon de l’automatique tenu d’une main ferme par le vieux Français. La main avança un peu et l’extrémité du canon s’enfonça dans le cou du Pakistanais, à la naissance de sa barbe.
— Qu’est-ce que tu… tu… fais là-de… de… dans ? demanda Tonton Beretta.
La pomme d’Adam de Ayub montait et descendait comme un ludion, mais il avait la gorge trop serrée pour répondre. Tout le visage de Tonton Beretta se crispa d’une manière effrayante et il enfonça brutalement son arme.
— C’est Herbert qui t’a en… en… voyé ?
Avec ces âmes simples, on ne savait jamais. Le Pakistanais hocha affirmativement la tête.
— Pour me dire quoi ?
Silence, regard fuyant. Il semblait se tasser sur lui-même. Tonton Beretta était édifié. Il eut un sourire éclatant de toutes ses fausses dents, les vraies ayant été détruites depuis longtemps par le scorbut, lorsqu’il purgeait une peine dans une prison vénézuélienne.
— Puisque tu t’es mis là, tu vas pouvoir te con… con… confesser.
Le Parbo Inn était fermé. Malko tambourina, fit le tour, alla au Popenkast, également fermé. Il avait croisé une voiture de pompiers essayant d’éteindre tout un bloc de maisons qui avaient flambé comme des allumettes non loin de là. Tout Paramaribo était à la merci de ce genre d’incident.
Il allait s’en aller quand la porte du Parbo Inn s’entrouvrit enfin sur les yeux bleus de Herbert Van Mook.
— Entrez vite, dit-il à Malko.
Ce dernier pénétra dans le bar. Il y avait deux autres hommes. Le gros barman barbu du Popenkast et un métis grand et maigre. Dans un coin, l’inévitable Rachel fumait à son habitude. Van Mook adressa à Malko un sourire éblouissant.
— Je crois que vous connaissez Éric… Il marche avec nous.
Le barman pansu et rouquin se dandina orgueilleusement et tendit une main énorme à Malko.
— Content de vous revoir.
— C’est un bon élément, fit sobrement Herbert Van Mook. Il sait se servir d’une arme et ça lui fera plaisir de faire un carton sur ces salauds… Quant à l’autre, c’est Selim, Midnight Cowboy. Un vieux copain. Il conduira le camion. Lui aussi c’est un type solide…
Il lui donna une grande claque dans le dos et le « type solide » sembla prêt à se désintégrer. Il avait l’air aussi heureux d’être là qu’un juif à l’entrée d’une chambre à gaz. Malko se demanda comment le grand Hollandais l’avait convaincu et surtout s’il allait tenir le coup. Van Mook continua jovialement :
— Il ne manque plus que cette petite canaille de Dutchie. Il doit être en train d’aider Tonton.
— C’est tout ? demanda Malko.
— Ça suffit.
Van Mook n’osait pas dire que ce n’était pas la peine d’être trop pour partager l’or.
— Ayub, le barman, n’est pas dans le coup ?
— Ayub ?
Herbert Van Mook semblait sincèrement stupéfait.
Malko sentit sa gorge se nouer et dissimula son angoisse dans un sourire froid.
— Dans ce cas, nous avons un problème sérieux sur le dos.
Herbert Van Mook éclata en une série de jurons orduriers pendant que Malko lui relatait ce qui s’était passé dans la cathédrale. Ses yeux s’étaient injectés de sang. Midnight Cowboy semblait prêt à tourner de l’œil. Finalement, le géant hollandais parvint à se dominer.
— OK, fit-il, je vais à la cathédrale. Attendez-moi ici en buvant une bière. N’ouvrez à personne. Il y a une sortie derrière. Éric reste avec vous. Au cas où il aurait un pépin, nous nous retrouvons à la ferme.
Il sortit, comme un boulet de canon, sans même adresser la parole à Rachel.
Herbert Van Mook traversa en trombe la nef et s’arrêta en face de Tonton Beretta.
— Où est-elle, cette crapule ?
Le Français désigna le confessionnal du bout de son pistolet.
— Là-dedans. P… p… pas frais.
— Va fermer cette putain d’église.
Tandis que le vieux Français se dirigeait vers la porte, Herbert Van Mook envoya le bras droit à l’intérieur du confessionnal et son énorme main se referma autour du cou de Ayub, l’arrachant de son abri comme un Bernard-l’hermite de sa coquille. Il le colla si brutalement à la paroi de bois qu’elle se fendit avec fracas. Le Pakistanais était livide.
— Qu’est-ce que tu foutais ici ? gronda le Hollandais.
Terrifié, l’autre n’arrivait pas à répondre. Arrachant la machette de sa ceinture, Van Mook frappa le visage du barman à toute volée, du plat de la lame, lui brisant le nez et lui fendant la bouche. Puis, il appuya la pointe sur son larynx et annonça d’une voix vibrante de rage :
— Tu parles ou je te crève.
Tonton Beretta, revenu, contemplait la scène sans intervenir.
— Fais pas des s… s… saletés pa… par… partout, dit-il. Après, c’est moi qui n… net… nettoie.
Le Pakistanais roulait des yeux blancs, essuyant le sang qui coulait de son visage, muet comme une carpe.
Van Mook sentit que s’il utilisait la machette, il risquait de le décapiter du premier coup, tant il bouillait de haine. Or, il était vital qu’Ayub parle. Sinon, tout était fichu. L’or lui passait sous le nez. Apercevant les deux cordes des cloches qui pendaient presque au sol devant l’escalier menant au chœur, il eut une idée. Saisissant le barman par sa chemise, il le traîna jusque-là et, en un clin d’œil, lui passa une des grosses cordes autour du cou avec un superbe nœud coulant. Tonton Beretta approuva :
— Ça c’est plus propre.
— Aide-moi, dit Van Mook.
À deux, ils forcèrent leur prisonnier à monter le petit escalier puis lui firent passer les jambes par-dessus la rampe de bois, l’installant, la corde au cou, les jambes dans le vide. Le Hollandais resserra le nœud d’un coup sec, laissant tout juste un filet d’air passer. Il suffisait d’une petite poussée pour faire basculer Ayub de cette potence improvisée. Herbert Van Mook lui prit la barbe à pleine main, le forçant à le regarder.
— Je te donne une minute pour me dire ce que tu faisais ici, dit-il. Sinon, tu sautes.
Le Pakistanais toussa, faillit vomir et finit par murmurer d’une voix imperceptible :
— Je suivais votre ami.
— Pourquoi ?
— On me l’avait demandé.
— Qui ?
Silence. Herbert Van Mook poussa un peu, lui faisant presque perdre l’équilibre. Ayub émit un cri étranglé.
— C’est le chef de la Milice de notre quartier. Depuis longtemps, il m’a dit de vous surveiller, de lui dire tout ce que vous faisiez, qui vous rencontriez.
Herbert Van Mook faillit le précipiter dans le vide tant sa rage était violente.
— Petit salaud et tu ne m’as pas prévenu, gronda-t-il. Moi qui avais confiance en toi…
— Il m’avait dit que je me retrouverais « plein de trous » si je n’obéissais pas, gémit Ayub.
Le Hollandais respira profondément pour se calmer.
— Qu’est-ce que tu leur as dit ?
— Rien, rien, jura Ayub. Seulement que vous aviez rencontré un étranger plusieurs fois au Parbo Inn. Ils m’ont demandé de le suivre. Ils ont très peur des mercenaires. Je n’ai rien dit d’autre, je le jure. D’ailleurs, je ne sais rien…
— Tu ne sais pas ce qu’on va faire ? demanda Van Mook d’une voix trop douce.
— Non, non.
Tonton Beretta était muet comme une carpe, mais ses gros yeux marron exprimaient un dégoût profond.
— Eh bien, je vais te dire ce qu’on va faire, continua Van Mook.
— Non !
C’était un vrai hurlement. Van Mook ne le laissa pas s’achever. D’une brusque poussée, il projeta le Pakistanais dans le vide. Son cri se termina brutalement en un gargouillement bref et le craquement sec de ses vertèbres cervicales se brisant retentit dans le silence de l’église. Son corps tressauta quelques instants au bout de la corde, les pieds à quelques centimètres du sol. De l’extérieur un tintement grave parvint jusqu’à eux. La cloche où était accrochée la corde, sonnait involontairement le glas pour le barman qui eut quelques derniers soubresauts, puis s’immobilisa. La cloche tinta encore un peu, puis le calme retomba. Herbert Van Mook cracha par terre, livide de rage.
— Quelle merde, ce type…
— T’es trop con… con… confiant, fit Tonton Beretta. Tu crois qui… qui… qu’il s’est allongé ?
— Ouais, il avait trop les jetons. Mais, il a rien pu apprendre, on n’était jamais près de lui.
— J’espère que tu te goures pas, fit le vieux Français. De toute façon, on peut pas le laisser là. Il y a des vieilles mamas qui viennent le soir. Aide-moi.
Les deux hommes défirent la corde et transportèrent le corps inerte pour le tasser sous l’escalier. Quand Herbert Van Mook se redressa, il avait une lueur dangereuse dans ses yeux bleus.
— Tonton, dit-il, il faut qu’on parle sérieusement.
— Tu c… cr… crois ? ricana Tonton Beretta.
— Tu es au courant pour l’or ?
— Oui.
— Bon, fit le Hollandais, j’avais pas vraiment l’intention de me lancer dans l’attaque de la diligence, mais maintenant, il n’en est plus question. Cette saloperie de barman a peut-être bavé un peu plus… Et, de toute façon, ils doivent se méfier. Donc voilà mon idée. On fait la banque, avec l’autre, et, ensuite…
— On le laisse à la place de l’or, compléta froidement Tonton Beretta.
— Tout juste, fit Van Mook. Ensuite, on partage moitié-moitié, toi et moi. J’ai tout organisé. Midnight Cowboy nous attend avec un camion au bac de Carolina. De là, on filera sur Zanderij et on prendra la piste de l’est, vers Witagron et ensuite Avanero. Il y a un terrain d’aviation et quelquefois des avions qui viennent du Venezuela pour les recherches minières. On pourra peut-être s’arranger.
— Mais dis donc, fit Tonton Beretta, il n’y a pas un chat dans ce c… c… coin.
— Justement. Il suffit d’emporter de l’essence. Pour la bouffe on trouvera toujours avec les Indiens. Et là, personne ne nous cherchera. Et si on ne trouve pas d’avion à Avanero, on continuera jusqu’au Venezuela, en traversant le Guyana. Il y a des pistes que personne ne pratique. On n’est pas pressés. On arrivera bien un jour à Caracas…
Au Venezuela, Tonton Beretta était chez lui. Le plan du Hollandais lui paraissait difficile mais jouable. Personne n’irait les chercher dans la jungle. Le tout était que leur véhicule tienne et qu’ils arrivent avant la saison des pluies.
Tonton Beretta pencha la tête de côté, comme un gros oiseau satisfait.
— C’est bien goupillé, fit-il, mais fais pas le c… c… con avec moi.
Herbert Van Mook lui jeta un regard douloureusement choqué.
— Tonton ! Tu me connais !
— J… just… justement, fit le vieux Français. Maintenant, va leur ra… raconter tes salades. On se retrouvera chez m… moi demain soir.
Il le suivit jusqu’au parvis de la cathédrale et s’immobilisa, regardant les voitures qui passaient. Herbert Van Mook sifflotait. Tonton avait raison de se méfier, il n’avait pas la moindre envie de partager l’or avec le vieux Français, mais ce dernier ne verrait pas venir le coup. Maintenant, il restait à rassurer celui qui allait les mener au trésor.
Un silence lourd régnait au Parbo Inn, presque aussi étouffant que la chaleur. Rachel avait beau fusiller d’œillades incendiaires Malko et Éric le barman, les deux hommes étaient trop tendus pour s’intéresser à sa sensualité animale. Dans son coin, Midnight Cowboy n’avait pas touché à sa bière. Herbert Van Mook entra, le visage grave, referma soigneusement et annonça :
— Ce fumier d’Ayub travaillait pour la Milice populaire !
Malko sentit une coulée glaciale le long de sa colonne vertébrale. À côté de ça, les autres difficultés semblaient de la rigolade.
— Où est-il ? demanda-t-il.
Herbert Van Mook lui jeta un regard de commisération.
— Là où il ne fera plus de mal. Tonton s’en est occupé.
Midnight Cowboy avala bruyamment un peu de sa bière. Éric baissa les yeux, l’estomac retourné. Cela faisait deux en une journée.
— Quelles sont les conséquences pratiques ? demanda Malko. Que savait-il ?
Van Mook fit le tour du bar et se servit un rhum. Malgré sa sérénité apparente, lui aussi crevait d’inquiétude.
— Je crois qu’on ne risque pas grand-chose, dit-il finalement. Les gens de Bouterse sont obsédés par les mercenaires. Ils savent que je ne suis pas leur copain, alors ils ont demandé à Ayub de me surveiller. Comme vous êtes nouveau en ville, il s’est intéressé à vous. C’est tout.
— C’est déjà pas mal, fit amèrement Malko. Si je suis suivi, vous réalisez les conséquences ?
— Je ne pense pas que ça aille jusque-là, dit Van Mook. Ce sont des lents. Quand ils se réveilleront, nous serons loin.
— La disparition d’Ayub risque de les alerter, remarqua Malko.
— Il devrait être au bar jusqu’à minuit, laissa tomber Herbert Van Mook. Ils se poseront des questions demain. Moi, je vais retourner à la ferme, Éric va au boulot. On ne change pas nos plans. On se retrouve chez Tonton demain soir. Le bateau sera en place.
— Où sont les armes ? demanda Malko.
— Ici, dans ma voiture, je vais les laisser chez Tonton.
— Et moi ? demanda timidement Midnight Cowboy.
— Toi, tu viens avec moi, dit Van Mook. Avant de repartir, tu passeras voir Nabibox pour lui dire que tu prendras l’ambulance en fin de journée. Quand nous reviendrons, je te dropperai là, tu l’amèneras chez Tonton et ensuite, je te conduirai au camion. Tu n’auras plus qu’à aller avec à Carolina et à dormir dedans en nous attendant. Ensuite ton boulot sera fini et tu auras gagné deux mille florins.
— Et l’ambulance ?
— Tu la récupéreras chez Tonton et tu la ramèneras le lendemain matin.
Malko écoutait attentivement. Tout cela tenait debout. Il appréciait le sang-froid du Hollandais. Évidemment, la seule solution était de faire l’impasse sur la dénonciation possible et de ne rien changer à leur plan en espérant que Cristina ait des informations précises sur le transfert. Ou alors, il fallait démonter toute l’opération.
Dans ce cas, Julius Harb mourrait la nuit suivante.
Ils sortirent tous du bar. Herbert Van Mook prit la clef du Parbo Inn et accrocha sur la porte un écriteau « Fermé ». Malko regarda les deux hommes et Rachel s’engouffrer dans la voiture de Van Mook, tandis que le barman regagnait sa tanière. Les heures prochaines allaient être très longues.
Il semblait à Malko que la jeune Chinoise à la réception du Torarica lui jetait un coup d’œil furtif. Dans le petit hall traînaient les quelques clients habituels. Il inspecta sa chambre et ne remarqua rien de suspect, ce qui le rassura. Le temps de prendre une douche et de se changer, il repartait… En quittant le Torarica, il surveilla son rétroviseur, mais ne vit aucune voiture. Il n’était pas suivi, c’était déjà quelque chose…La voiture de Cristina était devant sa maison. Cela lui parut de bon augure. Il aperçut sa silhouette sur la véranda du premier et monta rapidement l’escalier extérieur. La métisse était assise dans son grand fauteuil d’osier, un verre de scotch à la main, une cigarette dans l’autre. Elle n’arborait pas son sourire éclatant coutumier. Écrasant sa cigarette, elle se leva, son regard n’avait pas non plus sa limpidité habituelle.
— J’ai de mauvaises nouvelles, annonça-t-elle d’emblée. Des hommes de la Milice populaire sont venus se renseigner sur toi au Torarica.