Chapitre XI

Malko prit machinalement le verre que lui tendait Cristina. Tout s’écroulait. Herbert Van Mook avait péché par optimisme. Dans le monde parallèle, les optimistes terminaient généralement dans les cimetières…

— Comment l’as-tu su ?

— J’étais passée à l’hôtel te voir. Je connais quelqu’un là-bas qui m’a prévenu.

— Je ne peux pas y retourner, dit Malko. Et je ne peux pas non plus rester ici. On sait que je te connais.

Cristina semblait plus calme.

— C’est vrai, dit-elle, aussi j’ai prévu une solution jusqu’à demain soir. Quelqu’un qui va t’héberger.

— Qui ?

Elle sourit.

— Greta Koopsie.

— Greta ! Mais…

— Je la connais assez bien. Elle n’a pas hésité.

— Mais que lui as-tu dit ?

— Presque la vérité. Que les militaires veulent te causer des ennuis. Que tu cherchais un refuge pour vingt-quatre heures et qu’ensuite, tu gagnerais Cayenne. Elle ne m’a pas posé de questions. Elle t’attend.

Malko lui aurait sauté au cou. Mais ça ne réglait pas tout.

— Et les autres ?

— Il y a une chance à courir, dit Cristina. Je pense qu’ils vont d’abord chercher de ton côté. Les autres, ils les ont sous la main. Si vraiment ils se déchaînaient, tu pourrais toujours filer la nuit prochaine sur la Guyane française.

Malko tâta la clef de sa chambre au fond de sa poche. Bonne habitude de ne jamais la laisser à l’hôtel… Au fond de son attaché-case, il y avait les trois clefs de la chambre forte de la Banque Centrale. Il laissa l’alcool détendre ses nerfs et interrogea :

— Tu as eu des informations sur le transfert ?

Cristina hocha la tête affirmativement :

— Il aura lieu la nuit prochaine, tout de suite après le couvre-feu. Un seul véhicule, probablement un minibus qui comprendra en sus de Julius Harb et du chauffeur, quatre ou cinq soldats d’escorte, avec des armes légères. D’après ce que nous savons, Julius est en bon état.

— Sait-il qu’on va tenter de le faire évader ?

De nouveau, elle alluma une cigarette.

— Si mon « contact » est sérieux, il le saura. Je lui ai fait dire de se coucher au fond du véhicule s’il entend des coups de feu.

Elle regarda sa montre, nerveuse.

— Ne reste pas trop longtemps ici. On ne sait jamais. Je vous téléphonerai demain en fin de journée chez Greta. Ils n’ont pas encore d’écoutes téléphoniques. Tu repasses au Torarica ?

— Oui.

Ils se levèrent tous les deux et Malko l’étreignit. Cristina le serra de toutes ses forces.

— Bonne chance.

— Merci, dit-il. À un de ces jours peut-être.

— Peut-être.

Elle le regarda traverser le jardin et lui adressa un petit signe d’adieu. Malko lui répondit avec un petit serrement de cœur.

Il repartit vers la ville, dépassa le Torarica et stoppa en face du bar Papillon de l’autre côté de Combéweg. Laissant sa voiture, il revint sur ses pas et pénétra dans le jardin de l’hôtel en passant par le terrain vague qui le prolongeait. Malko contourna la pelouse et arriva devant la porte de sa chambre du côté jardin. Pas de lumière. Il mit la clef dans la serrure. La chambre était vide. Il alluma, fourra dans un sac l’indispensable, la plupart de ses affaires, quelques pantalons pour ne pas donner l’éveil, prit son attaché-case et ressortit. Comme il avait déjà découché, les gens de l’hôtel ne s’étonneraient pas.

Deux putes, à la coiffure rasta, devant le Papillon, lui adressèrent un sourire prometteur. Il reprit la Colt et mit le cap sur Eldoradolaan.


* * *

Greta Koopsie coiffée, maquillée, arrosée de parfum, arborait un haut blanc très collant et la minijupe de panthère qu’elle affectionnait. La panoplie d’une femme qui a envie de mettre un homme dans son lit. Son regard se posa sur Malko avec un mélange de timidité et d’audace. Elle lui prit ses bagages et dit :

— Installez-vous.

La pièce – capharnaüm, encombré de machines à sous – était plongée dans une obscurité presque totale, une musique douce sortait d’un haut-parleur invisible. Un film était en train de passer sur l’Akaï, le son coupé. À quelques images, Malko reconnut Emmanuelle. Greta revint et s’assit sur le divan très bas, en face de Malko.

— Je vous ai préparé à dîner, annonça-t-elle.

— Je n’ai pas tellement faim, avoua Malko.

Elle gagna le bar et s’y affaira, chacun de ses gestes était une provocation muette. Le « pluf » d’un bouchon de Champagne claqua et elle revint vers Malko, une bouteille de Moët et Chandon à la main, avec deux verres.

— Un cadeau, dit-elle. Nous allons le boire ensemble.

Elle s’assit, les jambes de côté, la jupe serrée moulant ses fesses, remontée à mi-cuisses. Lorsqu’elle se pencha pour lui donner son verre, ses cheveux effleurèrent agréablement la joue de Malko. Elle versa le Champagne, et ils choquèrent leurs flûtes.

— À votre hospitalité, dit Malko.

Le Moët était glacé et pétillait agréablement sur le palais de Malko.

Greta le dévorait silencieusement des yeux. Avec une expression totalement différente d’auparavant. Malko comprit la raison de cette transformation : comme beaucoup de femmes, Greta avait besoin de se sentir utile, de protéger un homme. Là, elle était comblée ! La petite secrétaire de Rotterdam se trouvait mêlée à une véritable aventure, dangereuse, excitante. Malko en fut touché. Ils burent sans un mot, puis elle dit d’une voix rêveuse :

— Je suis certaine que ce que vous faites est passionnant.

Comme Malko ne répondait pas, elle ajouta vivement :

— Oh, je ne vous demande pas d’en parler. Je suis seulement heureuse que vous soyez ici. Ne craignez rien, je ne serai pas curieuse.

Elle vida son verre, comme pour se donner du courage, puis le remplit de nouveau. L’attitude de camaraderie presque platonique de Greta avait disparu, lorsque Malko croisa le regard de son hôtesse, il vit deux yeux bruns brûlants de désir.

Cependant, lui ne cessait de repasser dans sa tête tous les détails de son plan. Beaucoup reposaient sur Herbert-Van Mook, le reste sur sa chance. Les dés roulaient. Encore vingt-quatre heures.

Il but encore du Moët. Greta ne cessait de remplir sa flûte. À demi étendu sur les coussins, il se détendait peu à peu regardant le film du coin de l’œil. Soudain, Greta appuya sur la commande à distance de l’Akaï et l’image s’immobilisa sur le « viol » d’Emmanuelle dans l’avion. Aussitôt la jeune femme glissa contre Malko et sa bouche se posa sur la sienne, lèvres entrouvertes. Sa langue se mit à jouer avec la sienne. Il passa un bras autour de sa taille et aussitôt le ventre de la jeune femme tressaillit contre le sien. Elle l’embrassait avec application, fougue et un rien de tendresse. Il passa sa main sur la croupe callipyge et aussitôt Greta cambra les reins, comme une chatte. Toujours sans un mot. Il se hasarda à la découverte des cuisses, gêné et en même temps excité par la jupe étroite. Quand il atteignit son ventre, il découvrit deux choses. D’abord que Greta, comme la plupart des femmes qui reçoivent leur amant, ne portait rien sous sa jupe, et, ensuite, que ce n’était pas vraiment une femme frigide. Ses lèvres se détachèrent des siennes et elle dit à voix basse :

— J’avais peur de ne pas vous plaire, après tout ce que je vous avais dit.

Lentement, ses doigts défirent les boutons de sa chemise et sa bouche se posa sur la poitrine de Malko. Il ferma les yeux, savourant cette exquise surprise. Quand les femmes « frigides » décident de changer de camp, elles deviennent imbattables.


* * *

Le disque était terminé depuis longtemps et Greta n’avait pas pensé à le retourner. Mais, même sans meringué, sa volonté d’extraire de Malko jusqu’à la dernière goutte de plaisir ne s’était pas affaibli. Depuis longtemps, sa jupe en panthère et le haut blanc avaient volé au milieu de la pièce. Le sport lui avait conservé un corps ferme et souple à la fois qu’elle semblait heureuse d’utiliser à un autre but que les tractions.

Elle avait installé Malko bien calé sur les coussins, après lui avoir ôté tous ses vêtements, comme un pacha dans un harem.

Entre ses jambes, elle s’activait en une fellation savoureuse et interminable, dont elle semblait tirer presque autant de plaisir que Malko. Sa croupe ondulait sans cesse, comme pour appeler un invisible amant.

Cependant, à force de jouer avec les nerfs de Malko, elle sentit, à quelques tressaillements précurseurs qu’il était à bout. Au lieu de l’agacer, la langue l’enveloppa aussitôt avec une telle douceur impérieuse qu’il inonda la bouche de Greta, arqué de plaisir comme un homme qu’on électrocute.

Greta trembla de tout son corps, ses muscles se raidirent, comme si elle éprouvait elle-même un orgasme, mais elle ne lâcha pas sa proie d’un millimètre, continuant sa caresse, comme une chatte lèche ses petits.

Plus tard, après avoir bu un peu de Champagne, elle rampa jusqu’à l’oreille de Malko et, la bouche encore humide, murmura :

— Je te veux aussi dans mon ventre.

Comme une ouvrière consciencieuse, elle reprit aussitôt sa fellation, agrémentée de la fraîcheur du Moët.

Peu à peu, Malko sentit sa vigueur revenir. Greta paraissait infatigable. Elle s’acharna jusqu’à ce qu’il ait la consistance de l’acajou. Alors seulement, elle l’attira.

Il la pénétra avec violence, tant il avait contenu son désir. Son sexe semblait en feu. Greta cria. Puis, se mit à remuer avec une telle vigueur qu’il crut qu’elle allait lui arracher le sexe. Elle s’arrêta d’un coup. Remuant la tête de droite et de gauche, elle gémissait :

— Non, non, je ne veux pas, je ne veux pas…

Malko demeura immobile puis recommença à lui faire l’amour, ce qui déclencha de nouveau ses mouvements désordonnés et la même réaction de rejet.

— Qu’il y a-t-il ? murmura-t-il.

Les yeux bruns brûlaient d’une flamme insolite.

— Je ne peux pas, gémit-elle, je ne peux pas jouir avec un homme qui ne m’aime pas. J’ai l’impression d’être violée, de me retrouver avec mon mari. Ne bougez plus, restez juste en moi.

Elle noua ses mains autour des reins de Malko, le soudant à elle, ondulant sous lui, poussant de petits gémissements heureux. Quand il lui effleura l’oreille du bout de la langue, son corps tressaillit si violemment qu’elle manqua lui échapper. Elle le serra encore plus fort et il continua à lui faire l’amour presque sans bouger, accélérant quand même sournoisement ses mouvements. La respiration de Greta devenait entrecoupée, peu à peu, son bassin se soulevait au rythme de Malko. Ce dernier attendit encore qu’elle atteigne le point de non-retour, puis, se retirant presque entièrement, s’enfonça d’un coup. Greta émit un son étranglé, ses jambes s’ouvrirent en ciseaux, se levèrent vers le ciel, ses reins basculèrent et, quelques instants plus tard, elle fut secouée d’un orgasme violent et bref. Ensuite, ses jambes retombèrent, et elle resta parfaitement immobile, presque sans respirer, encore transpercée. Malko sentait le sang battre dans son sexe, mais avait pu se contenir. Ils reprirent leur souffle ensemble. Greta ne parlait plus, comme si elle avait été honteuse de s’être laissé arracher ce plaisir. Puis, elle lui échappa, se retourna soudain, et, sans un mot, lui présenta sa croupe, la poitrine écrasée contre les coussins. Sa main arrêta Malko au moment où il allait la pénétrer à nouveau, le prit et le mena plus haut, lui faisant comprendre d’une légère pression ce qu’elle souhaitait.

De nouveau, sa respiration était entrecoupée.

— Doucement, demanda-t-elle.

Lui se retenait, le cœur cognant dans sa poitrine d’excitation, de réaliser un fantasme qui l’avait effleuré dès sa première rencontre avec Greta. Il tourna la tête et réalisa que leurs deux silhouettes se reflétaient dans une grande glace placée près des machines à sous. Fasciné, il croisa le regard de Greta, fixant le membre en train de forcer doucement la porte étroite de ses reins. Elle étouffa un petit cri, probablement de douleur, puis sa bouche s’ouvrit toute grande quand il plongea d’un coup en elle et demeura immobile, savourant la sensation exquise et brève qu’il éprouvait chaque fois qu’il prenait une femme de cette façon pour la première fois. Greta, loin de se dérober, se poussait vers lui. Où était la frigide jeune femme qui prétendait préférer le jogging aux hommes ?

Peu à peu, il s’enfonça de toute sa longueur, le souffle court, tant son plaisir était intense. Greta demeurait muette, les yeux fixés sur la glace avec une expression hallucinée. La cambrure de ses reins était étonnante : on aurait dit une Noire.

— Bouge ! ordonna-t-elle, que je te vois.

Il se retira avec douceur et entreprit de la pilonner sur un rythme très lent. Peu à peu, Greta se détendit, s’ouvrit. Ce n’était plus le caprice d’une femme amoureuse, mais une sorte de pulsion sexuelle instinctive.

Sa croupe se balançait, venant cogner contre le pubis de Malko de plus en plus violemment. Il ne savait plus quelle partie d’elle il prenait. Greta était totalement offerte, la bouche ouverte sur sa respiration sifflante. Il prit ses hanches à pleines mains et se mit à la marteler de toutes ses forces, lui arrachant chaque fois un rugissement de plaisir. Ils explosèrent en même temps et il sentit la chair ferme de ses fesses tressauter contre lui. Puis, lentement, comme si elle s’évanouissait, elle devint toute molle, s’allongeant sous lui, sans jamais quitter le miroir des yeux.

Ce n’est que beaucoup plus tard qu’ils refirent surface. Malko se sentait vidé par ces deux violents orgasmes. Greta but encore du Champagne, alluma une cigarette et se tourna vers lui.

— C’était la première fois, tu sais, j’ai toujours refusé à mon mari.

— Pourquoi, alors ?

— Je voulais te faire plaisir.

— Tu as réussi, dit Malko.

S’il mourait, il aurait au moins eu une compensation. Sa pensée vola vers son château et Alexandra. Une soudaine angoisse l’envahit. Il est toujours plus tard qu’on ne le pense. Un jour, il la retrouverait mais ils ne récupéreraient jamais les heures disparues à jamais dans le gouffre du temps.

— À quoi penses-tu ? demanda Greta.

— À ce que j’ai à faire, dit-il. Ce n’est pas facile.

Elle fuma en silence un moment, puis demanda :

— Je voudrais te demander quelque chose.

— Quoi ?

— Emmène-moi demain avec toi.

C’était si inattendu qu’il ne put dissimuler sa surprise. Greta eut un sourire contrit.

— Je sais, c’est fou. Mais je m’ennuie ici. J’ai fait une erreur en venant à Paramaribo. Je croyais découvrir un monde nouveau, l’aventure, je me retrouve dans un bureau, comme à Rotterdam, et des hommes qui rôdent pour coucher avec moi entre deux portes. Tu es différent. Je ne sais pas vraiment ce que tu fais, mais je voudrais participer une fois dans ma vie à quelque chose qui me fasse le même effet que lorsque je fais bien l’amour…

Sa sincérité était si évidente que Malko en eut la gorge serrée. Il lui caressa doucement les cheveux.

— Je ne peux pas. C’est dangereux.

Elle demeura silencieuse, puis secoua ses cheveux noirs comme si elle voulait oublier tout ce qu’elle avait dit.

— Bien, on va dormir. Demain matin, je vais au bureau à sept heures et demie. Je reviens vers deux heures. Tu seras encore là ?

— Oui. Promis.

Elle se pencha et posa ses lèvres sur les siennes.

Herbert Van Mook regarda le ciel couvert, pris d’une brusque angoisse. C’était le jour décisif. Rachel dormait encore, ainsi que Selim, le chauffeur. Rien de suspect autour de la ferme. Ayub, le barman, n’avait pas eu le temps de nuire. Il s’étira. Si tout se passait bien, dans quelques heures, il serait milliardaire.

Il commença à s’habiller et glissa dans sa botte un petit automatique 32 avec une balle dans le canon. Éric apparut, les traits tirés, des poches sous les yeux.

— J’ai pas pu dormir, dit-il, je suis crevé.

Herbert Van Mook posa sur lui son regard glacial.

— Tu as eu tort, parce que tu ne vas pas beaucoup dormir la nuit prochaine.

Lui, il le larguerait dès que l’or serait chargé sur le bateau. Comme Dutchie. Seul, son commanditaire posait des problèmes. Mais une fois en possession de l’or, il était le plus fort. Il secoua Rachel qui s’éveilla en sursaut :

— On décolle dans deux heures.


* * *

Malko regarda sa montre : six heures moins dix. La nuit allait tomber dans une demi-heure. Cristina venait d’appeler pour confirmer qu’il n’y avait aucun changement. Il avait dormi jusqu’à onze heures. Réaction à la trop grande tension de ses nerfs. Puis Greta Koopsie était revenue avec des fruits frais. Ils avaient déjeuné et refait l’amour. Plus simplement cette fois. Presque avec gravité.

Ils avaient somnolé durant les heures chaudes et depuis un moment, ils ne parlaient plus, Malko, pris par ce qu’il allait faire et la jeune Hollandaise préférant ne pas penser qu’ils allaient se quitter. Un peu comme les gens qui se séparent dans un aéroport, qui auraient des tas de choses à se dire et qui demeurent muets.

Greta vint se blottir contre Malko et ils restèrent enlacés tandis que la nuit tombait brutalement. Malko bouillait d’impatience. Il avait beau savoir que rien ne se passerait avant plusieurs heures, il avait hâte se retrouver les autres, de vérifier que tout avait été fait. La jeune femme le sentit et dit avec douceur :

— Il faut que tu t’en ailles, n’est-ce pas ? Vas-y.

Elle l’accompagna jusqu’à sa voiture et au dernier moment, l’étreignit à lui briser les os. Puis, elle s’enfuit en courant dans l’escalier extérieur, sans même se retourner.

Les phares de la Mitsubishi éclairèrent le sentier. Le cœur de Malko battait la chamade, mais il se sentait très calme. Il allait affronter, non seulement l’armée surinamienne, mais aussi ses complices. Il était certain qu’un homme comme Herbert Van Mook n’avait qu’une idée en tête : le tuer et partir avec l’or. Les autres ne valaient guère mieux. Ils ignoraient que Malko, lui aussi, connaissait l’âme humaine.

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