La table des matières du présent volume indique la date de parution dans Les Temps modernes de chacune des Chroniques du menteur.
Nous avons joint aux cinq chroniques reçues les deux chroniques refusées. La première, Impressions d’Amérique, écrite le 10 juin 1946 et restée jusqu’à ce jour inédite, était destinée au numéro 11/12 (août-septembre 1946) des Temps modernes, numéro qui contient néanmoins un texte vigoureux de Boris Vian consacré à l’auteur radiophonique américain Norman Corwin. La seconde, intitulée Chronique du menteur engagé : Pas de crédits pour les militaires, porte la date de septembre 1948 ; elle devait marquer sinon la « rentrée » de Boris Vian aux Temps modernes (on ne l’en avait pas chassé), du moins la reprise en ce lieu auguste de son rôle de Menteur. Quoique nous ayons déjà donné cette chronique dans Textes et Chansons (Julliard, 1966 ; 10/18, 1969), sa réimpression ici nous semble justifiée : nous croyons, en effet, qu’on aimera trouver rassemblés en un seul volume la totalité des mensonges de Boris Vian, et l’éditeur nous affirme que cette redite de quelques pages n’aura qu’une incidence minime sur le prix de vente du livre (souci plus que jamais légitime si l’on veut vraiment respecter le lecteur).
Enfin, sans caresser l’extravagance, c’est sur un Avant-propos que nous clôturons le recueil, l’avant-propos de Boris Vian à l’ouvrage de James Agee et Walker Evans Le Travail, traduit par Michelle Vian. Dès les premières lignes, Boris nous dit qu’il officie en sa qualité de Menteur. Ce texte, court mais à longue portée, s’installe donc à sa place naturelle dans notre réunion. Remis le 5 novembre 1947 à Maurice Merleau-Ponty — dont on sait qu’il ne portait pas une estime exceptionnelle à Boris Vian qui, de son côté, jugeait l’auteur de la Phénoménologie de la perception un tantinet « pontyfiant » —, cet Avant-propos, fait pour enrichir le sommaire d’une livraison des Temps modernes, s’en vit écarter. Un extrait du Travail parut sous le titre Louons maintenant nos grands hommes (reflet de l’original américain : Let us now praise famous men) dans le numéro 27 des Temps modernes (décembre 1947) avec la mention : traduction de Michelle Vian[1]. Mais de Boris Vian et de sa lecture perforatrice, plus question.