La fille à cent sous

Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1961

Du temps que je vivais dans le troisièm' dessous

Ivrogne, immonde, infâme

Un plus soûlaud que moi, contre un' pièc' de cent sous

M'avait vendu sa femme

Quand je l'eus mise au lit, quand j'voulus l'étrenner

Quand j'fis voler sa jupe

Il m'apparut alors qu'j'avais été berné

Dans un marché de dupe

" Remball' tes os, ma mie, et garde tes appas

Tu es bien trop maigrelette

Je suis un bon vivant, ça n'me concerne pas

D'étreindre des squelettes

Retourne à ton mari, qu'il garde les cent sous

J'n'en fais pas une affaire "

Mais ell' me répondit, le regard en dessous

" C'est vous que je préfère

J'suis pas bien gross', fit-ell', d'une voix qui se noue

Mais ce n'est pas ma faute "

Alors, moi, tout ému, j'la pris sur mes genoux

Pour lui compter les côtes

" Toi qu'j'ai payé cent sous, dis-moi quel est ton nom

Ton p'tit nom de baptême?

– Je m'appelle Ninette. – Eh bien, pauvre Ninon

Console-toi, je t'aime "

Et ce brave sac d'os dont j'n'avais pas voulu

Même pour une thune

M'est entré dans le cœur et n'en sortirait plus

Pour toute une fortune

Du temps que je vivais dans le troisièm' dessous,

Ivrogne, immonde, infâme

Un plus soûlaud que moi, contre un' pièc' de cent sous

M'avait vendu sa femme

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