Le contrebandier

Paroles: Raymond Asso. Musique: Jean Villard 1936

Il était né sur la frontière,

Là-haut dans le Nord où c'qu'y a du vent.

Contrebandier tout comme son père,

Il avait la fraud' dans le sang.

Il attendait les nuits sans lune

– Quand il fait sombre, on passe bien mieux. –

Pour s'faufiler par les grandes dunes

Où l'vent de la mer nous pique les yeux.

Ohé, la douane!

Ohé, les gabelous!

Lâchez tous les chiens

Et puis planquez-vous

Au fond de vos cabanes.

Regardez sur la dune

L'homme qui passe là-bas.

Il est pourtant seul

Mais vous n'l'aurez pas.

Il s'fout d'la douane

Au fond de vos cabanes,

Allez, planquez-vous

Et lâchez les chiens.

Ohé, les gabelous!

Ohé, la douane!

Quand il avait rien d'autre à faire,

Les nuits où qu'il faisait trop clair,

Il changeait les poteaux frontières

Et foutait le monde à l'envers

Ou bien, d'autres fois, en plein passage,

Quand il avait bu un bon coup,

Il poussait de vrais cris sauvages

Et v'là qu'je passe dépêchez-vous.

Ohé, la douane!

Ohé, les gabelous!

Lâchez tous les chiens

Et puis planquez-vous

Au fond de vos cabanes.

Regardez sur la dune

L'homme qui passe là-bas.

C'est moi, moi tout seul,

Mais vous n'm'aurez pas.

J'me fous d'la douane

Au fond de vos cabanes.

Allez, planquez-vous

Et lâchez les chiens.

Ohé, les gabelous!

Ohé, la douane!

Il pouvait pas s'mettre dans la tête

Qu'la loi des hommes, c'est très sérieux.

C'était comme une sorte de poète

Et ces types-là, c'est dangereux.

Alors une nuit qu'y avait d'la lune,

Qu'y baladait pour son plaisir,

Ils l'ont étendu sur la dune

A coup d'fusil pour en finir.

Ohé, la douane!

Ohé, les gabelous!

Planquez tous vos chiens

Et puis amenez-vous.

Du fond de vos cabanes,

C'est d'la belle ouvrage,

Seulement, ce soir,

Ce n'était qu'un homme.

Il travaillait pas.

T'entends, la douane?

Alors, fallait pas…

Et puis planquez-vous

Au fond de vos cabanes.

Ohé, les gabelous!

Ohé, la douane!

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