Elle fréquentait la rue Pigalle

Paroles: Raymond Asso. Musique: L.Maitrier 1939

Ell' fréquentait la rue Pigalle.

Ell' sentait l'vice à bon marché.

Elle était tout' noire de péchés

Avec un pauvr' visage tout pâle.

Pourtant, y avait dans l'fond d'ses yeux

Comm' quequ' chos' de miraculeux

Qui semblait mettre un peu d'ciel bleu

Dans celui tout sale de Pigalle.

Il lui avait dit: "Vous êt's belle."

Et d'habitud', dans c'quartier-là,

On dit jamais les chos's comm' ça

Aux fill's qui font l'mêm' métier qu'elle

Et comme ell' voulait s'confesser,

Il la couvrait tout' de baisers,

En lui disant: "Laiss' ton passé,

Moi, j'vois qu'un' chos', c'est qu' tu es belle."

Y a des imag's qui vous tracassent

Et, quand ell' sortait avec lui,

Depuis Barbès jusqu'à Clichy

Son passé lui f'sait la grimace

Et sur les trottoirs plein d'souv'nirs,

Ell' voyait son amour s'flétrir,

Alors, ell' lui d'manda d'partir,

Et il l'emm'na vers Montparnasse.

Ell' croyait r'commencer sa vie,

Mais c'est lui qui s'mit à changer.

Il la r'gardait tout étonné,

Disant: "J'te croyais plus jolie,

Ici, le jour t'éclair' de trop,

On voit tes vic's à fleur de peau.

Vaudrait p't'êtr' mieux qu' tu r'tourn's là-haut

Et qu'on reprenn' chacun sa vie."

Elle est r'tourné' dans son Pigalle.

Y a plus personn' pour la r'pêcher.

Elle a r'trouvée tous ses péchés,

Ses coins d'ombre et ses trottoirs sales

Mais quand ell' voit des amoureux

Qui r'mont'nt la rue d'un air joyeux,

Y a des larm's dans ses grands yeux bleus

Qui coul'nt le long d'ses jou's tout's pâles.

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