« Elle embrassait comme si elle avait soif. » Alessandro Baricco
Elle embrassait comme si, chaque fois, elle vous accordait son dernier souffle.
Elle embrassait les yeux dans les yeux, semblant contrôler l’absolue sincérité qu’elle exigeait de l’autre bouche.
Elle embrassait comme si elle demandait l’heure ou son chemin.
Ayant voulu être actrice de cinéma, elle n’embrassait jamais sans avoir entendu dans sa tête le réalisateur dire « action ! »
Ne sachant pas si elle en avait envie, perplexe, elle embrassait comme si elle donnait sa langue au chat.
Elle embrassait en donnant l’impression d’ouvrir plus grand son âme que sa bouche.
On ne parle pas toujours dans sa langue maternelle ; on embrasse toujours avec sa langue maternelle.
Ce n’est que plus tard qu’on sait si le premier baiser sur la bouche a été une excursion, une exploration ou une expédition.
Avec les secousses, un premier baiser dans les taxi, métro, bus, train, est risqué. Transports en commun et amoureux pas toujours accordés.
Il arrive que le premier baiser soit un souvenir plus émouvant et plus durable que la première nuit.
Il en est du second baiser comme du second roman : c’est au vu des résultats du premier qu’il sera ou non accepté.
Les étrangers qui apprennent le français découvrent, étonnés, que « s’aboucher » et « prendre langue » ne relèvent pas du langage amoureux.
Parmi les regrets de la vie, le plus mélancolique et le plus charmant est le regret des baisers que l’on n’a pas osé prendre.
« Un baiser légal ne vaut jamais un baiser volé. » Guy de Maupassant
Goujat, il lui demanda la date de péremption de ses baisers.
Elle lui dit : « J’ai sur le bout de la langue un mot, un aveu et un baiser. Choisissez. »
La salive du printemps donne alors aux baisers une ardeur et une saveur inaccoutumées.
Au début des années 50, le jeune Umberto Eco était stupéfait de voir dans les rues de Paris des couples s’embrasser à pleine bouche.
Une Anglaise polyglotte : « S’il existe une supériorité de la langue française sur les autres langues, c’est dans le “french kiss”. »
Adam et Ève avaient-ils déjà inventé le « french kiss » ?
L’amour du prochain. Oui, d’accord, mais, vers 16 ans, j’ai commencé à regretter que le n.m. prochain n’ait pas de féminin.