Les pompiers réussirent à fixer des grappins sous le fourgon. Avec des grincements aigus, les treuils se mirent en action ; les chaînes se tendirent et la masse sombre du véhicule s’arracha lentement à la vase.
Le commissaire surveillait l’opération, les mains aux poches, son éternel cigare planté dans sa bouche déformée.
Un policier en uniforme s’approcha de lui et fit claquer ses talons.
— J’ai une déclaration à vous faire, herr commissaire, dit-il.
Le commissaire considéra l’homme avec intérêt.
— De quoi s’agit-il ?
— Dans le bureau d’un entrepôt il y a un groupe d’hommes et une femme.
— Eh bien ? fit le magistrat intrigué.
— Je leur ai posé des questions, comme à tous les gens du quartier…
— Et alors ?
— Ils m’ont tous affirmé n’avoir rien vu et je suis reparti en estimant que tout était normal. Seulement quelque chose vient de me revenir à l’esprit. Sur le moment, j’ai enregistré ce détail mentalement, sans m’y attarder…
— Quel est-il ?
— L’un des hommes portait un pantalon d’uniforme.
— Uniforme marin ?
— Non, herr commissaire. Uniforme de motard !
— Vous êtes sûr ?
— À peu près, herr commissaire !
Le commissaire regarda le fourgon sortir de l’eau.
— Qu’on cerne immédiatement l’entrepôt en question, ordonna-t-il. Ne laissez sortir personne. Mais n’intervenez pas avant que nous ayons examiné l’intérieur du fourgon.
Quelque part, la demie de sept heures retentit. Le policier regarda sa montre.
— Ce clocher avance de cinq minutes, fit-il.