24

Sevran s’était concentré quelques minutes sur le billet que le lieutenant avait déplié devant lui à l’aide de deux pinces. Troublé, attentif, on aurait dit qu’il tâchait d’identifier sur une photo un visage entrevu.

— Je la connais, finit-il par dire à voix basse, oui, je la connais. C’est une frappe lente, molle, douce. Si je ne fais pas erreur, la machine est même chez moi. Venez.

Les deux hommes pénétrèrent à sa suite dans la pièce aux machines, une vaste salle où, sur des tables et des étagères, s’alignaient deux bonnes centaines d’engins noirs aux formes inattendues. Sevran se glissa sans hésitation entre les tables et s’assit devant une bécane noir et or, à cadran.

— Mettez ça, dit Guerrec en lui tendant une paire de gants, et tapez doucement.

Sevran hocha la tête, enfila les gants, prit un feuillet et le glissa dans le rouleau.

— Celle-ci, dit-il, la Geniatus 1920. Le texte à taper, c’est quoi au fait ?

Il y avait un couple, à la ligne, à la cabane Vauban, à la ligne, mais tout le monde la boucle, récita Guerrec. Sevran tapa les premiers mots, tira la feuille et l’examina.

— Non, dit-il avec une grimace, c’est presque ça mais ce n’est pas ça.

Il se leva brusquement, mécontent de sa contre-performance, contourna d’autres tables en bois et prit place devant une petite machine oblongue dont il était difficile d’imaginer la fonction.

Sevran tapa une nouvelle fois le début du message, non pas sur un clavier, mais en faisant pivoter une roue jusqu’à la lettre choisie. Il procédait sans même regarder le disque métallique, connaissant par cœur l’emplacement de chacune des lettres. Il tira la feuille et sourit.

— On y est. Ça sort de celle-là, la Virotyp 1914. Montrez-moi l’original, inspecteur.

L’ingénieur rapprocha les deux feuilles.

— C’est la Virotyp, aucun doute. Vous voyez ?

— Oui, dit Guerrec. Tapez donc le texte en entier, pour vérifier au labo.

Pendant que Sevran actionnait à nouveau le disque de la Virotyp, Guerrec examinait la grande pièce. La table de la Virotyp était la plus proche de la porte, tout en étant à l’abri des fenêtres. Sevran vint lui remettre le second modèle.

— Cette fois, lui dit Guerrec, pourriez-vous y déposer vos empreintes ? N’y voyez pas d’offense.

— J’y vois, dit Sevran, que c’est ma maison, ma machine, et que je suis en première ligne.

Il ôta ses gants et prit le papier des deux mains en y pressant les doigts avant de le remettre à nouveau à l’inspecteur.

— Kehlweiler, restez ici, j’appelle mon adjoint pour le relevé des empreintes.

Sevran demeura avec Louis, le visage à la fois soucieux et intrigué.

— On peut entrer facilement ici ? demanda Louis.

— Dans la journée, oui, par le mur du jardin, par exemple. La nuit, ou quand nous sommes absents, on branche l’alarme. Je dois dire que cet après-midi, après avoir enterré Ringo, j’ai amené Lina se distraire au café et je n’ai pas pensé à brancher le système, j’avais autre chose en tête. En fait, on oublie souvent.

— Vous n’avez pas peur pour vos machines ?

Sevran haussa les épaules.

— C’est invendable si on n’est pas de la partie. Il faut trouver les acheteurs, connaître les collectionneurs, les réseaux, les adresses…

— Ça vaut combien ?

— Ça dépend des modèles, de leur rareté, de leur état de marche. Celle-là, par exemple, cinq cents francs, mais celle-là, je peux en avoir vingt-cinq mille. Qui pourrait le savoir ? Qui saurait choisir la bonne ? Il y a des bécanes qui n’ont l’air de rien et qui sont très recherchées. Celle-là, au fond, avec son levier inversé, vous la voyez ? C’est le premier modèle de Remington, 1874, et elle est unique à ce jour, avec son levier mal-pratique. Remington les a toutes reprises quelque temps après leur sortie pour inverser le levier gratuitement pour tous les acquéreurs. Mais ce modèle-là avait été rapporté d’Amérique en France, et Remington ne lui a pas couru après pour lui changer le levier. Alors, la machine est quasi unique. Qui peut savoir des choses pareilles ? Un Collectionneur, oui, et encore, il faut un type calé. Et nous ne sommes pas beaucoup dans le milieu, personne n’oserait me la faucher, ça se saurait tout de suite, un coup à se griller sur le marché, autant dire un suicide. Alors, vous voyez, ça ne risque pas grand-chose. Et j’ai fixé chaque machine à son socle par des pattes de métal. Il faut de l’outillage et du temps pour démonter tout cela. À part ma cave, qu’on a forcée avant-hier soir, je n’ai jamais eu d’ennui, et encore, on ne m’a rien pris.

L’adjoint entra et Guerrec lui désigna la Virotyp, la porte, les fenêtres.

Puis il remercia brièvement l’ingénieur avant de partir.

— Je ne pense pas qu’on trouvera d’autres empreintes que celles de Sevran, dit Guerrec en revenant vers la mairie avec Kehlweiler. Certes, n’importe qui a pu venir taper le billet, mais Sevran est tout de même en situation délicate. Et pourtant, je ne le vois pas s’intéresser aux couples cachés. Je ne vois pas non plus l’intérêt qu’il aurait eu à taper le billet sur une de ses propres bécanes.

— Laissez tomber. Sevran n’a pas pu taper le truc. Il n’a pas quitté le café pendant que je jouais contre Lefloch, il était encore là quand je vous ai suivi à la mairie.

— C’est certain ?

— Certain.

— Qui d’autre est resté ?

— Sa femme, il me semble, mais je ne l’ai pas surveillée quand elle était au bar, Lefloch, Antoinette, Blanchet…

— Cette histoire de boule 7 me dérange. C’est gratuit, inutile, ça n’a pas de sens et ça doit pourtant en avoir un.

— Celui qui m’a passé ce billet ne veut pas qu’on le repère. En parlant de cette boule, il nous oblige à penser qu’il figurait parmi les trente personnes présentes au café pendant ma partie avec Sevran. Bien. Et s’il n’y était pas ?

— Comment aurait-il su pour la 7 ?

— De dehors, par la fenêtre. Il attend, il écoute, il note le premier détail un peu signifiant et le met en exergue pour attester sa présence dans la salle. Personne ne regardait par la fenêtre, elle était embuée, il pleuvait à verse.

— Oui, possible. Il, ou elle, pouvait donc être dedans, jusqu’à la boule 7, ou bien dehors. Avec ça, on n’avancera pas. C’est se donner bien du mal pour ne pas se faire repérer.

— Soit il a une grande trouille de l’assassin, soit c’est lui.

— Lui qui ?

— Lui, l’assassin. Ce n’est pas la première fois qu’un meurtrier balancerait un bouc émissaire. Il faut faire gaffe, Guerrec, il se peut qu’on nous conduise droit à l’erreur. Il y a une ordure dans le coin, de premier ordre, c’est comme cela que je le sens.

Guerrec tordit sa gueule maigre.

— Vous torturez les choses, Kehlweiler. On voit que vous n’avez pas l’habitude des lettres anonymes. C’est courant, abominablement courant. Pas plus tard qu’il y a six ans, à Pont-l’Abbé. Ce ne sont pas les assassins qui écrivent ce genre de billet, ce sont des trouillards, des étroits, des minables.

— Un assassin qui prémédite son coup et écrase une vieille femme, ce n’est pas un minable ?

— Si, mais c’est un minable qui agit. Les auteurs de billets sont des minables passifs, des impuissants, des inhibés, des incapables de se faire entendre. Un fossé entre deux mondes. Ça ne peut pas être la même personne, ça ne peut pas coller.

— Si vous voulez. Tenez-moi au courant, des empreintes, des alibis, de l’Espagne. Si c’est possible, et si vous acceptez le coup de main.

— J’ai tendance à travailler seul, Kehlweiler.

— Alors, on se croisera peut-être.

— Vous avez provoqué cette enquête, c’est exact, mais vous n’avez pas droit à y intervenir. Désolé de vous le rappeler, mais vous n’êtes plus qu’un homme parmi les autres et comme les autres.

— Entendu, je m’en arrangerai.

Louis revint à l’hôtel à sept heures, sans trouver Marc. Il s’installa sur son lit avec le téléphone. Il composa le numéro du commissariat du 15e arrondissement, secteur Abbé-Groult. À cette heure, Nathan devait encore être à son bureau.

— Nathan ? Ici Ludwig. Content de te trouver.

— Comment vas-tu, l’Allemand ? Ta retraite ?

— Je flâne en Bretagne.

— T’as de quoi faire là-bas ?

— Il y a du poisson, nécessairement. Il y a aussi du vieux poisson. Marcel Thomas, rue de l’Abbé-Groult, tombé de son premier étage il y a douze ans de cela, peux-tu m’éclairer ?

— Ne coupe pas, je vais chercher le dossier.

Nathan revint en ligne après dix minutes.

— Bon, dit-il. Le gars est tombé, classé accident.

— Je sais. Mais les détails ?

Louis entendit Nathan feuilleter les pages.

— Rien de notable. On est un 12 octobre au soir. Le couple Thomas avait reçu deux amis à dîner, Lionel Sevran et Diego Lacasta Rivas, repartis vers vingt-deux heures à leur hôtel. Restaient sur place le couple, les deux jeunes enfants et Marie Berton, la gouvernante. Personne n’est entré dans l’appartement après vingt-deux heures, confirmation des voisins. La chute s’est produite à minuit. Interrogatoires… Les collègues… Les voisins… J’en passe, j’en passe. L’épouse a subi des jours d’interrogatoire. Elle était au lit, elle lisait, on n’a rien pu trouver contre elle, ni contre Marie Berton, dans sa chambre aussi. L’une ne pouvait pas se déplacer sans que l’autre l’entende. Personne n’a bougé de sa chambre avant l’accident, avant le cri du mari. Soit les deux femmes se soutenaient, soit elles disaient vrai. Interrogatoire de Lionel Sevran aussi, endormi à l’hôtel, et de Diego Lacasta, idem, un gars prolixe, vu la longueur des pages. Attends, je parcours… Lacasta était très remonté, défendant les deux femmes de toute son âme. Ensuite, confrontation et reconstitution, une semaine plus tard. Attends… L’inspecteur note que chacun maintient ses dépositions, la femme en larmes, la gouvernante aussi, Sevran secoué, et Lacasta à peu près muet.

— Tu avais dit prolixe ?

— La semaine précédente, oui. Le gars en avait peut-être marre. Bref, suicide exclu, meurtre improbable ou indécelable. La balustrade du balcon était très basse, le type avait beaucoup bu. Conclusion de mort par accident, autorisation d’inhumer et classement.

— L’inspecteur qui a mené l’enquête ?

— Sellier. Il n’est plus là, il est passé capitaine.

— Dans le 12e, oui je connais. Je te remercie, Nathan.

— Tu as une suite à l’histoire ?

— Deux mariages, un disparu et une morte. Qu’est-ce que tu en penses ?

— Que ce n’est pas très normal. Bonne pêche, Ludwig, mais fais gaffe. Tu n’as plus personne derrière toi. Fais la finement et suis à la lettre les conseils de tempérance placide de ton crapaud. Je ne peux pas te dire mieux.

— Je l’embrasse pour toi et j’embrasse tes filles.

Louis sourit en raccrochant. Nathan avait fait sept filles magnifiques, une prouesse de conte de fées qui l’avait toujours ravi.

Sellier, lui, avait fui son bureau. Louis le trouva chez lui.

— Alors, c’est un meurtre, ce bout d’os, dit Sellier après avoir écouté avec attention le résumé de Louis. Et les acteurs de l’affaire Marcel Thomas sont sur place ?

Sellier parlait en faisant traîner la voix, en homme qui prend le temps de se rappeler le passé méthodiquement.

— C’est Guerrec qui mène l’enquête, ici. Vous le connaissez ?

— Un peu. Assez chiant, pas bavard, pas riant, mais sans coups tordus, pour ce que j’en sais. Sans miracle non plus. Des miracles, je n’en fais pas non plus.

— Pendant les interrogatoires pour l’affaire de Marcel Thomas, rien de particulier ?

— J’essaie de me souvenir mais je ne vois pas. Si c’était un meurtre, je me suis foutu dedans. Mais il n’y avait pas de prise, vraiment.

— Une des deux femmes pouvait-elle se déplacer en silence jusqu’à la terrasse ?

— Vous pensez si j’ai vérifié. C’était du vieux parquet au point de Hongrie, je le revois très bien, ce sacré parquet. Pas une lame qui ne grinçait pas. Si l’une des deux a tué, c’est avec la complicité de l’autre, pas d’autre solution.

— Et elles n’ont reçu personne dans la maison après le départ de Sevran et Lacasta ?

— Personne, ça a été établi formellement.

— Comment se fait-il que vous vous souveniez si bien de l’histoire ?

— Oh… à cause des doutes. Les doutes, ça s’accroche dans l’existence. Il y a des tas d’affaires que j’ai bouclées, meurtriers épinglés, et qui se sont effacées de ma tête pour faire de la place. Mais celles qui trimballent des doutes se coincent dans un angle.

— D’où venaient les doutes ?

— De Diego Lacasta. Il a fait volte-face. Un type chaleureux et jacasseur, qui se démenait comme un bel Espagnol enflammé pour blanchir les deux femmes, la gouvernante surtout. Ça ne m’étonne pas qu’il l’ait épousée, il l’aimait à s’en crever les yeux. Et quand il est revenu avec son patron une semaine plus tard pour la reconstitution, il se taisait comme un bel Espagnol sombre et fier. Il ne défendait plus personne, il laissait les choses aller leur cours, dans un silence ombrageux. J’ai pensé que c’était sa nature ibérique qui lui faisait ça, à l’époque j’étais plus jeune et plus catégorique. Il n’empêche qu’à cause de lui, je me souviens de cette reconstitution pleine de larmes, du parquet qui grinçait, de son visage fermé. Il était ma seule flamme dans cette affaire et la flamme avait viré au noir. C’est tout. Il ne faut pas grand-chose pour douter, mais je parle pour moi.

Louis resta bras croisés sur son lit pendant cinq minutes après avoir raccroché. Se lever, aller bouffer quelque chose.

En sortant de sa chambre, il ramassa un message glissé sous la porte qu’il n’avait pas remarqué en entrant. « Si tu me cherches, je suis à la machine, des questions en suspens. Fais gaffe à ta saloperie de crapaud, il fait le con dans la salle de bains. Marc. »


Louis demanda du pain et deux bananes à l’hôtelier et partit à pied vers la machine. Il marchait lentement. Guerrec ne lui plaisait pas, trop sec comme type. René Blanchet ne lui plaisait pas. Le maire, plus inoffensif, ne lui plaisait pas. Le billet anonyme ne lui plaisait pas. Darnas lui plaisait, alors que c’était celui-là qu’il aurait voulu démolir. Pas de chance. Avec Sevran, on pouvait s’entendre, à condition de ne pas parler chien, mais le chien était mort. Côté femmes, le visage de la vieille Marie lui plaisait, le poursuivait même, mais on l’avait tuée. Lina Sevran commençait aussi à lui hanter la tête. Elle avait tué le chien, et ce geste n’avait rien de banal, quoi qu’en dise son mari qui avait fait beaucoup d’efforts pour la protéger. Il semblait la protéger tout le temps, la main posée sur ses épaules, la protéger, l’apaiser, ou la retenir. Quant à Pauline, elle lui plaisait encore, pas de chance non plus. Parce que Pauline n’avait pas l’air de vouloir s’approcher, raide de défi ou d’on ne sait quoi d’autre. Bien, il avait dit qu’il la laisserait en paix, autant faire un effort pour tenir sa promesse. C’est beau de promettre, ça se fait sans difficulté, mais ensuite il faut tenir, c’est assez emmerdant. En ce moment, Mathias devait être dans le train, avec la chemise jaune. Penser à ce dossier lui demandait un effort. C’était une pensée lourde, mordante, qui lui donnait un fond de mal de tête.

De loin, il aperçut la masse noire et bizarre de la haute machine dont Marc lui avait parlé. En se rapprochant, il entendit des vibrations sourdes, des cliquètements, des grincements. Kehlweiler secoua la tête. Marc devenait un adepte de la machine à rien. Quelle question imbécile avait-il encore posée ? Et quelle machine pourrait jamais venir à bout des contrastes inconciliables de Vandoosler le Jeune, de son émotivité versatile en butte à ses concentrations studieuses ? Louis n’aurait su dire encore ce qui l’emportait chez ce type, de ses plongées profondes, et calmes, ou de ses affolements de baigneur sur le point de se noyer. Est-ce qu’il l’aurait décrit en mince cétacé, routier des profondeurs, résolu dans ses chemins, ou en jeune chiot essoufflé se débattant à la surface des vagues ?

Marc était debout, il lisait le message que venait de lui délivrer la machine à la flamme de son briquet, et en même temps, il chantonnait. Il n’avait pas l’air de se débattre. Ce n’était pas la première fois que Kehlweiler l’entendait chanter. Il s’arrêta à quelques mètres pour voir et entendre. N’auraient été l’assassinat de cette vieille femme qui le mettait en rage et les dures pensées qui s’attachaient au dossier jaune qui roulait vers lui, il aurait apprécié la scène. La nuit était froide, la pluie avait cessé, la machine, stupéfiante, avait interrompu ses grincements, et dans la nuit, seul, Vandoosler le Jeune chantait.

Adieu la vie, adieu l’amour, adieu toutes les femmes

C’est pas fini, c’est pour toujours, de cette guerre infâme

C’est à Craonne, sur le plateau, qu’on doit laisser not’peau

Car nous sommes tous condamnés, c’est nous les sacrifiés.

— Que t’a répondu la machine ? demanda Louis en l’interrompant.

— Que cette machine aille se faire voir, dit Marc en froissant le message. Elle ne fait que foutre la merde dans la vie, dans le Moyen Âge et dans le système solaire. Tu vas voir. Pose une question, mais à haute voix, sinon ça ne marche pas.

— À haute voix ? C’est le règlement ?

— C’est moi qui l’invente, pour savoir à quoi tu penses. C’est assez rusé, non ?

— Que veux-tu savoir ?

— Pour l’essentiel, ce que tu penses du meurtre, ce que tu espères de Pauline Darnas, ce que tu attends du dossier M pour lequel tu esclavagises Mathias. Pour accessoire, ce que tu penses de l’explosion du Soleil et de moi.

Kehlweiler se rapprocha de la machine.

— On va lui demander. C’est là qu’on tourne ?

— C’est cela. Cinq tours, bien fort. Je te ramasse la réponse au bout.

La machine fit grincer tous ses rouages et Louis observa le phénomène avec intérêt.

— Ça t’épate, hein ? Tiens, voilà ton message. Lis-le toi-même, je ne fouille pas dans la correspondance des autres.

— Il fait sombre, je n’ai pas mon briquet, je n’ai pas mon crapaud, je n’ai rien. Lis-le-moi.

Restons calmes. Souvenir de Port-Nicolas. Qu’est-ce que je te disais ? Tu vois comme c’est énervant ? Rester calme, et puis quoi encore ?

— Attendre. Je n’ai de réponse à aucune des questions que tu m’as posées. Je ne comprends pas l’histoire de Marie Lacasta, je crains de comprendre celle de Pauline, et pour le dossier M, on attend ton chasseur-cueilleur. Il y a eu du neuf dans ma poche, un billet piteux qu’on a glissé dedans quand on était au café. Il y avait un couple à la cabane Vauban, et tout le monde la boucle, etc. Ce n’était pas toi par hasard ?

— Foutre quelque chose dans ta poche ? Prendre le risque de toucher ton sale crapaud ? Perdre une occasion de parler ? C’est absurde. Donne-moi les détails.

Les deux hommes revinrent vers l’hôtel en marchant lentement. Louis expliquait à Marc l’histoire du papier froissé, et en même temps, il regardait sa montre.

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