CHAPITRE XVII

Et c’était ce que j’avais fait. Il y avait bien longtemps maintenant, mais le souvenir palpitait encore en moi. Bien sûr, j’avais toujours cette première goutte de sang sec sur sa plaque de verre. C’était ma toute première, et je pouvais invoquer ce souvenir quand je voulais en sortant la plaquette sèche et en la regardant au microscope. Je le faisais de temps à autre. Cela avait été un jour très spécial pour Dexter. La Dernière Infirmière était devenue la Première Camarade de jeux, et elle avait ouvert tant de portes merveilleuses devant moi… J’avais tellement appris, découvert tant de nouvelles choses.

Mais pourquoi repenser à la Dernière Infirmière maintenant ? Pourquoi cette série d’événements présents me replongeait-elle ainsi dans le passé ? Je ne pouvais me permettre de repenser avec nostalgie à mes premières culottes longues. Il fallait que je me jette dans l’action, que je prenne de grandes décisions et mette en route d’importants projets. Au lieu de traînasser dans la galerie du passé et de rester bloqué sur le doux souvenir de ma première goutte de sang.

D’ailleurs, j’y pensais maintenant, je n’avais pas celle de Jaworski. C’est le genre de détail dérisoire, ridicule et insignifiant qui vous transforme de solides hommes d’action en névrosés pitoyables. Il me fallait cette goutte de sang. La mort de Jaworski était inutile sinon. Toute cette aventure inepte semblait bien pire à présent qu’une simple impulsion stupide ; elle était inachevée. Je n’avais pas ma plaquette.

Je secouai la tête, comme un demeuré, essayant de faire coïncider deux neurones dans la même synapse. J’eus presque envie de prendre mon bateau pour une petite virée matinale. Peut-être l’air iodé chasserait-il l’imbécillité de mon crâne. J’aurais même pu mettre le cap sur le sud jusqu’à la centrale de Turkey Point dans l’espoir que les radiations me transmutent de nouveau en une créature rationnelle. Au lieu de quoi je décidai finalement de me faire du café. Pas de plaquette, pourtant. Toute l’expérience s’en trouvait dépréciée. Il aurait presque mieux valu que je reste chez moi, dans ce cas-là. Enfin, pas tout à fait quand même. J’avais eu certaines compensations. Je souris, me rappelant avec tendresse l’alliance du clair de lune et des cris assourdis. Ah, quel petit monstre écervelé j’avais été ! Cette aventure ne ressemblait en rien à toutes mes autres frasques. Mais c’était bien de rompre avec la morne routine de temps en temps. Et il y avait eu Rita aussi, bien sûr, mais cet épisode me laissait absolument perplexe, et j’évitai donc d’y penser. Je préférai me remémorer l’instant où la brise fraîche avait soufflé sur l’homme récalcitrant qui avait aimé s’en prendre à des enfants. Cela avait presque été un moment de bonheur. Mais, naturellement, dans dix ans le souvenir s’estomperait et sans la plaquette je ne pourrais plus le faire revivre. Il me fallait cette trace. Bon, on verrait plus tard…

Après avoir mis le café en route, j’allai voir si le journal était arrivé, sans vraiment y croire cependant : il était rare qu’il arrive avant 6 h 30, et le dimanche c’était plutôt après 8 heures. Encore un signe que notre société se désintégrait totalement, une réalité qui avait tant miné Harry. Non mais vraiment ! Si vous ne pouvez pas me livrer mon journal à l’heure, comment voulez-vous que je me retienne de tuer des gens ?

Pas de journal : tant pis. Les rapports des médias sur mes petites aventures ne m’avaient jamais intéressé outre mesure. Et Harry m’avait mis en garde contre la bêtise qui aurait consisté à garder les coupures de journaux. Précaution inutile : en règle générale, je jetai à peine un coup d’œil aux comptes rendus de mes prouesses. Cette fois, c’était légèrement différent, bien sûr, du fait de ma sotte imprudence, et j’avais un peu peur de ne pas avoir recouvert mes traces suffisamment. J’étais curieux de lire ce que l’on rapporterait de mon équipée accidentelle. Je patientai donc quarante-cinq minutes environ en buvant le café jusqu’à ce que j’entende le journal heurter la porte d’entrée. J’allai le chercher et l’ouvris aussitôt.

Il y a beaucoup à dire sur les journalistes – à tel point d’ailleurs qu’on pourrait presque écrire une encyclopédie –, mais une seule chose est sûre : la mémoire leur fait défaut. Le même journal qui claironnait quelques jours auparavant « LA POLICE ÉPINGLE LE TUEUR » proclamait aujourd’hui « L’HISTOIRE DU TUEUR SUR GLACE SE LIQUEFIE ». C’était un article assez long et très plaisant, écrit dans un style emphatique, qui relatait avec force détails la découverte d’un corps en très mauvais état sur un chantier de construction, juste à côté d’Old Cutler Road. « Un porte-parole de la police de Metro-Dade » — l’inspecteur LaGuerta, sans aucun doute – avait déclaré qu’il était encore trop tôt pour affirmer quoi que ce soit, mais qu’il s’agissait probablement d’un crime calqué sur les meurtres précédents. Le journal, cependant, tirait ses propres conclusions – ce que dans la profession on hésite rarement à faire – et se demandait sans détour si le monsieur très distingué qui était en captivité, Mr Earl McHale, était bel et bien le tueur, finalement. Le vrai tueur n’était-il pas en fait toujours en liberté, comme semblait le prouver ce dernier outrage à la moralité publique ? Car comment pouvait-on croire, argumentait prudemment l’article, que deux tueurs similaires opèrent exactement en même temps ? Le raisonnement était implacable, et j’en vins à me dire que si ces journalistes avaient fourni autant d’énergie et d’effort intellectuel pour résoudre ces crimes, l’affaire aurait été classée depuis longtemps.

Mais c’était passionnant à lire, bien sûr. Et on était amené à se poser des questions. Bonté divine, se pouvait-il vraiment que cette bête enragée soit toujours en liberté ? Était-on à l’abri ?

Le téléphone sonna. Je jetai un coup d’œil à l’horloge murale : il était 6 h 45. Ça ne pouvait être que Deborah.

« J’ai le journal entre les mains, dis-je dans le combiné.

— Tu avais dit plus grand, attaqua Deborah. Plus tape-à-l’œil.

— Et ce n’est pas le cas ? lui demandai-je de mon air le plus innocent.

— Ce n’est même pas une prostituée. Un gardien de collège découpé en morceaux sur un chantier près d’Old Cutler Road. C’est quoi ce bordel, Dexter ?

— Tu sais bien que je ne suis pas parfait, Deborah.

— Ça ne cadre pas du tout avec le reste. Où est le froid que tu avais annoncé ? Et ton fameux endroit exigu ?

— C’est Miami, Deb. Les gens volent tout et n’importe quoi.

— Ce n’est même pas un crime calqué sur les autres, dit-elle. Rien à voir avec les précédents. Même LaGuerta n’a pu s’y tromper. Elle l’a déjà déclaré à la presse. Putain, Dexter ! Je suis complètement grillée dans cette affaire ; il s’agit juste d’un crime isolé, ou d’une histoire de drogue.

— C’est un peu injuste de tout me mettre sur le dos.

— Merde, Dexter ! » lança-t-elle avant de raccrocher.

Les premières émissions du jour à la télé consacrèrent près de quatre-vingt-dix secondes à la découverte macabre du corps disloqué - Channel 7 se distinguait par le choix de ses adjectifs. Mais personne n’en savait plus que le journal. Il se dégageait de ces bulletins d’information une intense indignation et un sinistre sentiment de désastre, qui se communiquèrent même aux prévisions météo, mais je suis sûr que c’était en grande partie dû au manque d’images…

Encore une belle journée en perspective. Quelques cadavres mutilés avec un risque d’averses dans l’après-midi. Je m’habillai et partis au travail.

J’avoue que j’avais un motif secret pour me rendre aussi tôt au bureau et, afin d’être plus crédible, je m’arrêtai en chemin à la boutique de doughnuts. Je pris deux beignets nature, un beignet aux pommes et un feuilleté à la cannelle de la taille de ma roue de secours. Je mangeai deux beignets, dont celui aux pommes, tout en traçant joyeusement ma route au milieu de la circulation meurtrière. Je ne sais pas comment je peux manger autant de beignets sans avoir à le payer cher ensuite. Je ne grossis pas et n’ai jamais de boutons, et j’ai beau me dire que c’est un peu injuste, je ne vais tout de même pas me plaindre. J’ai été plutôt avantagé par la loterie génétique : j’ai un métabolisme rapide, je suis grand et fort – ce qui m’a rendu service pour mon hobby –, et je me suis aussi laissé dire que je n’étais pas déplaisant à regarder, ce qui, je crois, est un compliment.

De plus, je n’ai pas besoin de beaucoup de sommeil : une bonne chose ce matin-là. J’avais espéré arriver suffisamment tôt au travail pour devancer Vince Masuoka ; j’étais effectivement là le premier. Son bureau était éteint lorsque j’y pénétrai, mon sachet de doughnuts à la main en guise de camouflage ; mais ma visite avait un tout autre objet que les beignets. J’examinai rapidement sa table de travail à la recherche de la boîte de preuves révélatrice, étiquetée au nom de Jaworski et portant la date de la veille.

Je la trouvai et en retirai aussitôt quelques prélèvements de tissus. Ce serait certainement suffisant. J’enfilai une paire de gants en latex et en un rien de temps j’avais apposé les prélèvements sur ma plaquette de verre propre. Je me rends bien compte à quel point c’était stupide de prendre à nouveau des risques, mais je devais à tout prix me procurer ce petit souvenir.

Je venais à peine de glisser la bande de verre dans une pochette en plastique quand j’entendis Vince arriver. Je remis aussitôt tout en place et pivotai sur moi-même pour faire face à la porte juste au moment où il entrait.

« Mon Dieu ! dis-je. Tu es drôlement silencieux quand tu marches. C’est pas des conneries, alors : t’as vraiment suivi un entraînement de ninja…

— J’ai deux frères plus âgés, dit Vince, c’est pareil pour eux. »

J’agitai le sachet en papier et inclinai le buste.

« Maître, j’ai un présent pour vous. »

Il regarda le sachet avec curiosité.

« Que Bouddha te bénisse, cher petit disciple. Qu’est-ce donc ? »

Je lui lançai le sac. Il l’atteignit en plein torse avant de tomber à terre.

« Je retire ce que j’ai dit sur l’entraînement ninja, commentai-je.

— Mon corps parfaitement réglé a besoin de café pour pouvoir fonctionner, m’expliqua Vince, se penchant afin de ramasser le sachet. Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? Ça fait mal. » Il regarda à l’intérieur, les sourcils froncés. « Ça n’a pas intérêt à être des bouts de corps. » Il retira l’énorme feuilleté à la cannelle et le contempla. « ¡ Ay, caramba ! Mon village ne mourra pas de faim cette année. Nous te sommes très reconnaissants, cher petit disciple. » Il inclina le buste à son tour, tout en tenant le gâteau en l’air. « Une dette remboursée est une bénédiction pour nous tous, mon enfant.

— Dans ce cas, dis-je, aurais-tu le dossier de l’affaire d’hier soir, le type qu’on a retrouvé près d’Old Cutler Road ? »

Vince prit une grosse bouchée du feuilleté. Ses lèvres, couvertes de glaçage, luisaient tandis qu’il mâchait lentement.

« Mmmff, fit-il avant d’avaler. On se sent exclu ?

— Si “on” désigne Deborah, la réponse est oui, répondis-je. Je lui ai promis que je jetterais un coup d’œil au dossier pour elle.

— Ouaif, dit-il, la bouche pleine. Afé pin fan fette foi.

— Pardonne-moi, maître, ton langage est obscur. » Il finit de mâcher et avala.

« J’ai dit : ‘‘Au moins il y a plein de sang cette fois.’’ Mais tu vas encore faire tapisserie : c’est Bradley qu’on a appelé.

— Je peux voir le dossier ? »

Il reprit une bouchée.

« I édé fifan…

— Très juste, c’est certain. Et ça veut dire quoi ? »

Vince avala.

« J’ai dit : ‘‘Il était encore vivant quand sa jambe est partie’’, expliqua-t-il.

— Les êtres humains ont une résistance prodigieuse, n’est-ce pas ? »

Vince coinça le gâteau dans sa bouche et attrapa le dossier ; il me le tendit avant d’engouffrer une énorme bouchée du feuilleté. Je le saisis.

« Il faut que j’y aille, dis-je. Avant que tu essayes de parler à nouveau. »

Il retira le gâteau de sa bouche.

« Trop tard », dit-il.

Je regagnai d’un pas lent mon bureau-placard, tout en étudiant le contenu du classeur. C’était Gervasio César Martez qui avait découvert le corps. Sa déclaration était la première pièce du dossier. Il était agent de sécurité, employé par la firme Sago Security Systems. Il travaillait pour eux depuis quatorze mois et son casier judiciaire était vierge. Martez avait trouvé le corps à 22 h 17 et il avait immédiatement inspecté les lieux avant d’appeler la police. Il voulait attraper le pendejo qui avait fait ça parce qu’on n’avait pas le droit de faire ces choses-là, et en plus ça s’était produit quand lui, Gervasio, était de garde. C’était comme si on s’était attaqué à lui, vous comprenez ? Alors il voulait attraper le monstre lui-même. Mais il n’en avait pas eu la possibilité : il n’y avait aucun signe du coupable nulle part, et donc il avait appelé la police.

Le pauvre bougre l’avait pris personnellement. Je partageais son indignation. Une telle sauvagerie devrait être interdite. Bien sûr, je me félicitais aussi du fait que son sens de l’honneur m’avait donné le temps de m’enfuir. De ce point de vue-là, j’ai toujours pensé que la moralité était inutile.

Je bifurquai devant mon petit bureau sombre et me retrouvai nez à nez avec LaGuerta.

« Ha ha ! fit-elle. Votre vue laisse à désirer. »

Mais elle ne bougea pas.

« Je ne suis pas du matin, lui dis-je. Mes rythmes biologiques sont au ralenti jusqu’à midi. »

Elle me dévisagea ; trois centimètres nous séparaient.

« Ils m’ont l’air de très bien se porter », dit-elle.

Je la contournai pour me rapprocher du bureau.

« Puis-je être d’une quelconque utilité à Sa Majesté la Loi ce matin ? » lui demandai-je.

Elle me regarda fixement.

« Vous avez un message, dit-elle. Sur votre répondeur. »

Je jetai un coup d’œil à l’appareil. En effet, la lumière clignotait. Décidément, cette femme était un fin limier…

« C’est une fille, dit LaGuerta. Elle a l’air endormie et plutôt heureuse. Vous avez une petite amie, Dexter ? »

Je décelai une étrange nuance de défi dans sa voix.

« Vous savez comment c’est, expliquai-je. Les femmes de nos jours n’y vont pas par quatre chemins ; quand on a le malheur d’être aussi beau que moi, elles se jettent littéralement sur nous. »

Un choix de mots un peu malheureux, peut-être : tout en les prononçant, je ne pus m’empêcher de penser à la tête de femme qu’on avait jetée sur moi peu de temps auparavant.

« Prenez garde, dit LaGuerta. Un jour ou l’autre, l’une d’elles s’accrochera. »

Je me demandai ce qu’elle pouvait bien vouloir dire par là ; c’était en tout cas une image quelque peu dérangeante. « Vous devez avoir raison, répondis-je. D’ici là, carpe diem.

— Quoi ?

— C’est du latin. Ça veut dire ‘‘cueille le jour’’.

— Qu’est-ce que vous avez pour l’affaire d’hier soir ? me demanda-t-elle à brûle-pourpoint.

— J’étais justement en train de m’y intéresser, dis-je en lui montrant le dossier.

— Ce n’est pas la même chose, dit-elle en fronçant les sourcils. Ces connards de journalistes peuvent dire ce qu’ils veulent, McHale est coupable. Il a avoué. Cette fois c’est autre chose.

— Ils trouvent sans doute la coïncidence un peu suspecte, dis-je. Deux tueurs aussi cruels qui agissent en même temps… »

LaGuerta haussa les épaules.

« On est à Miami, qu’est-ce qu’ils croient ? C’est ici que ces types viennent prendre leurs vacances. Ça fourmille de criminels ici. Je ne peux pas tous les attraper. »

Très honnêtement, elle ne pouvait en attraper aucun, à moins que l’un d’entre eux n’ait décidé de se jeter du haut d’un immeuble et n’atterrisse malencontreusement sur sa voiture, mais ce n’était peut-être pas le meilleur moment pour aborder le sujet.

LaGuerta se rapprocha de moi et posa un ongle rouge grenat sur le dossier.

« Il faut que vous me trouviez quelque chose, Dexter. Qui prouve que ce n’est pas la même chose. »

Je saisis tout à coup. Elle devait subir des pressions déplaisantes, probablement de la part du commissaire Matthews, un homme qui croyait ce qu’il lisait dans les journaux du moment que son nom était écrit correctement. Et elle avait besoin de munitions pour riposter.

« Bien sûr que ce n’est pas la même chose, dis-je. Mais pourquoi vous adresser à moi ? »

Elle me dévisagea un moment, les yeux mi-clos : un effet des plus curieux. Je crois que j’avais vu le même regard dans certains des films que Rita m’avait emmené voir, mais qu’est-ce qui prenait LaGuerta de me regarder comme ça ? Mystère.

« Je vous autorise à venir à la réunion des 24 heures, dit-elle enfin. Même si Doakes aimerait bien vous faire la peau. Je vous autorise à rester.

— Merci beaucoup.

— Parce que vous avez du flair pour ces affaires-là. Les tueurs en série… C’est ce que tout le monde dit : “Dexter a souvent des intuitions.”

— Oh ! J’ai deviné juste une fois ou deux, c’est tout.

— Et j’ai besoin qu’un gars du labo me trouve un truc.

— Pourquoi ne pas demander à Vince ?

— Il n’est pas aussi mignon, dit-elle. Trouvez-moi quelque chose. »

Elle était toujours aussi désagréablement proche, si proche que je sentais l’odeur de son shampooing.

« OK, je vais vous trouver quelque chose », répondis-je. Elle indiqua le répondeur de la tête.

« Vous allez la rappeler ? Vous n’avez pas le temps de courir après les minettes. »

Elle ne s’était toujours pas reculée. Je mis quelques secondes à comprendre qu’elle faisait allusion au message. Je lui adressai mon sourire le plus enjôleur.

« Je crois que ce sont elles qui courent après moi, inspecteur.

— Ha ! Là, vous n’avez pas tort. »

Elle me lança un regard appuyé, puis se retourna et s’éloigna.

Je ne sais pas pourquoi, mais je la suivis des yeux. Je n’avais pas grand-chose d’autre à faire. Juste avant de passer la porte, elle lissa sa jupe sur ses cuisses et se retourna pour me regarder. Puis elle disparut et alla retrouver les arcanes de la Politique Criminelle.

Et moi ? Ce pauvre Dexter de plus en plus paumé ? Que pouvais-je faire ? Je me laissai tomber dans mon fauteuil et appuyai sur la touche ‘‘messages’’ de mon répondeur. « Salut, Dexter. C’est moi. » Bien sûr que c’était toi. Et, si bizarre que cela puisse paraître, cette voix lente, légèrement râpeuse, me laissait penser que ce moi était Rita. « Mmm… Je repensais à hier soir. Appelez-moi, cher monsieur. » Comme LaGuerta l’avait observé, Rita paraissait à la fois fatiguée et heureuse. Apparemment, j’avais une véritable petite amie à présent.

Le délire allait-il s’arrêter un jour ?

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