« ZAB-CHÖS ZHI-KHRO DGONGS-PA RANG-GRÖL LAS BAR-DOHI THÖS GROL CHEN-MO CHÖS- NYID BAR-DOHI NGO-SPROD BZHUGS-SO. »
Moralité : mieux vaut mourir jeune. Mais pour moi, il était trop tard.
Mon conseil pratique : s’il est trop tard pour mourir jeune, ne mourez pas du tout.
Durant mes cinq premières décennies, je ne m’intéressais pas à la météo. Je partais travailler sous la pluie, le vent ou le soleil avec la même indifférence. Je me foutais du ciel ; à Paris, je ne le voyais pas. Ma sixième décennie fut très différente : je ne regardais plus que lui, je suivais partout le soleil. Je le voyais se réverbérer sur le goudron blanc, les palmes huileuses et l’océan marine. Vieillir c’est mendier du soleil, même quand on a le sang rebooté, les organes régénérés et le cerveau digitalisé.
Au début des années 2020 (les fameuses « Twenty Twenties » où tout a basculé), la guerre des jeunes contre les vieux était symbolisée par l’affrontement entre Emmanuel Macron et Donald Trump. On sentait, à chaque sommet du G7, que le président américain rêvait de pomper la carotide du chef de l’État français.
Dès que j’ai compris que j’allais mourir, j’ai enregistré cent émissions posthumes à diffuser tous les 31 décembre sur ma chaîne YouTube : « Le Post Mortem Show ». Les revenus publicitaires de ces émissions, les premières animées par un mort, suffiraient à nourrir ma famille durant le XXIe siècle.
Les enfants ont peur de s’endormir parce que le sommeil offre un avant-goût de ce qui nous guette ensuite : une longue nuit, un tunnel obscur où personne n’a laissé la lumière allumée. Mais la mort ne ressemble pas aux songes nocturnes. Comme je suis de la dernière génération de Sapiens… j’aimerais vous décrire ma fin.
Il y avait quelque chose de pourri dans un des litres de sang de jeunes Californiens qui me furent transfusés. Je l’ai senti assez tôt : six semaines après la parabiose hétérochronique, je me suis réveillé épuisé, avec un goût de soufre dans la bouche, des vertiges étranges et des selles sanglantes. Les analyses confirmèrent une sorte d’hépatite rare et incurable. Mon foie déjà graisseux n’a pas tenu le choc du rajeunissement accéléré.
La mort ressemble à la séquence psychédélique de 2001, l’odyssée de l’espace : on survole des déserts arides aux couleurs fluorescentes.
La mort ressemble à un vol plané sur une bande originale de Richard Wagner.
La mort ressemble à une descente dans les grands fonds en apnée.
La mort ressemble à de la pluie au ralenti filmée avec la caméra Phantom.
La mort, ce sont des filaments entortillés qui se dispersent comme dans une animation 3D.
La mort est une image fractale : on plonge dans une figure mathématique qui se démultiplie à l’infini.
La mort est une mise en abyme, la pochette d’Ummagumma, tu entres dans la même image qui contient la même image qui contient la même image et il ne sera jamais possible de revenir en arrière. Et ça pue l’œuf pourri.
Au lieu de regarder le ciel en craignant qu’il ne nous tombe dessus, surveillons la terre sous nos pas, qui bientôt s’ouvrira en deux. Nous pourrions finir par trébucher, chuter comme Alice dans un trou encombré d’objets, de montres dont les aiguilles tournent à l’envers… dans les catacombes du temps.
Ma vie tournait autour de moi, les départs et les arrivées. J’avais enfin cessé de vieillir. La mort est la jouvence ultime, le rivage au temps suspendu, l’aurore de l’heure arrêtée. Mon corps humain avait atteint l’obsolescence. Mon ersatz cérébralement connecté à mon frère robotique prit sa place.
Romy ne mourrait jamais, j’avais vécu pour cela. J’avais servi à quelque chose, enfin. Inutile de prolonger notre présence physique. Mourir ne signifie pas abandonner. J’étais éternisé dans le cloud. Mon apparence avait disparu depuis longtemps, je participais au monde grâce à mon alter-robot physique. Le seul inconvénient de mon « Extinction Corporelle » était de perdre tout contact avec Léonore et Lou, qui refusèrent toujours d’acquérir une conscience digitale sur iMind d’Applezon (société résultant de la fusion entre Apple et Amazon en 2022).
Nuage sans douleur. Nuage d’apaisement. J’ai avalé le ciel. Je me suis penché sur les années comme sur un océan. Je crachais du sang tous les soirs.
Me sentez-vous autour de vous ?
Je ne suis pas fantôme, je suis atome. Anthume et posthume.
Je suis partie du tout qui a rejoint le tout.
Je suis poussière, onde, lumière, air. Je suis gros comme une montagne, léger comme un nuage, translucide comme l’air et l’eau.
Avant j’étais virtuel, pendant j’étais réel, après je suis redevenu virtuel. Voilà, je ne vis plus mais j’ai vécu pour vous. J’existe, likez-moi.
Le futur sera plus sale, plus chaud, plus encombré que le présent. Pourquoi vouloir s’y incruster ?
L’air que vous respirez, le soleil qui vous brûle, la nuit qui vous repose : c’est moi aussi. Et dans vos souvenirs, je passerai peut-être, parfois, vous rendre visite.
Je ne suis plus rien mais j’ai été tout. Je suis le présent même. Ego sum qui sum. (Exode, 3, 14.)
Les molécules se transforment. Le squelette devient fleur. Mes cellules sont déjà recyclées en compost. Mon âme est numérisée.
La mort du corps n’est pas un événement mais une transition. Ne l’attends pas, ne la cherche pas : la mort t’entoure, depuis toujours. Mourir est un rendez-vous planifié. Enfin te voilà débarrassé de toi-même. Orgasme ultime au-delà de toute description en mots. La mort nécessite un autre langage.
J’ai contemplé les nuages qui accéléraient avec ma webcam. Le ciel était en bas, la terre en haut. Je ne souffrais pas, je me sentais allégé, rajeuni. Souvenir du goût de « young plasma » dans le nez et la gorge. Goût de la maladie et de la fin.
La mort est lourde. Toutes les autres questions paraissent frivoles en comparaison. Depuis le début de ce livre, j’ai parlé d’un sujet que je ne connaissais pas. Mes parents vivaient toujours (je tiens à préciser qu’au moment où j’ai écrit cette phrase, j’ai touché du bois). J’ignorais ce déchirement dans ma chair, c’est pourquoi je craignais tant ce passage. La mort aurait dû me rendre modeste, elle m’a rendu orgueilleux. Je voulais la vaincre par égocentrisme. Si ma mésaventure doit être utile à quiconque, il faudra en retenir ceci : Pessoa s’est trompé quand il a dit « la vie ne me suffit pas ». Oh que si, la vie suffit. La vie suffit amplement, croyez-en un mort.
Peut-être ai-je accéléré ce que je souhaitais. Je n’ai pas eu le temps de fonder le Mouvement de Résistance à l’Immortalité (MRI), mais j’ai trouvé celui de m’euthanasier. La première euthanasie involontaire. Voilà : je me suis suicidé sans le faire exprès.
La mort est triste, mais la non-mort est pire.
Devant l’aggravation de ma maladie, la clinique convoqua un prêtre catholique à mon chevet. Un séminariste : l’abbé Thomas Julien. Il transpirait dans une soutane noire en écoutant mes lamentations. C’est sûrement la personne que j’aurais dû rencontrer en premier lieu, à mon retour de Jérusalem. Je lui ai chanté sur l’air des supporters de l’OM :
— Et il est où ? Et il est où ? Et il est où ton fucking Dieu ?
— Tu ne comprends pas que Léonore, Romy et Lou sont ta Sainte Trinité ? Que c’est Dieu qui te les a envoyées, ces trois femmes, pour que tu ne quittes pas l’humanité ? Tu dois dire cela dans tes émissions posthumes.
— Mais Dieu est mort !
— Oui : sur la croix. Mais son cadavre bouge encore. C’est la raison de ta présence sur terre. Moi j’ai renoncé à une paternité charnelle pour une paternité spirituelle. Quand tu accepteras le cadeau de la vie, tu n’auras plus peur de partir.
— Je sais, mon Père. Mais ce n’est pas une raison pour parler comme dans un film Marvel.
— C’est pas Marvel, c’est la Bible. Tu te souviens de la rencontre avec l’homme riche dans le Nouveau Testament ? Un homme riche demande au Christ comment avoir la vie éternelle. Et Jésus lui répond : « Vends tout et suis-moi. »
— Je ne vois pas le rapport.
— Mais si : les riches transhumanistes veulent concurrencer le Christ. Ce sont deux religions qui s’affrontent en ce moment : celle du fric et celle de l’homme.
— Le mont des Oliviers contre la vallée du Silicium…
— Exactement : la réponse au transhumanisme (l’homme fait Dieu) c’est le Christ (le Dieu fait homme). Tu dois transmettre ton histoire !
— L’histoire d’un type qui veut devenir immortel, et qui meurt…
— Si tu la publies, la fin changera peut-être ? Tu es bien placé pour savoir que la littérature peut vaincre le temps.
L’abbé m’investissait d’une mission. C’est sans doute cela que je cherchais : non pas l’éternité mais un truc à faire qui soit plus utile qu’un talk-show. C’est à cet instant précis que j’ai décidé de publier le récit que vous tenez entre les mains sous le titre (mensonger) d’Une vie sans fin.
— Mon Père, j’ai tout de même une question à vous poser. Si Dieu existe, pourquoi m’a-t-Il fait athée ?
— Pour que ton amour soit libre.
— Il voulait vérifier ma sincérité ? Dieu est si peu sûr de Lui qu’Il a besoin que ma foi soit spontanée ?
— Tu voulais quoi ? Un Dieu dictateur ?
— Oui, je crois que j’aurais préféré qu’Il s’impose à moi. Politiquement je suis un démocrate mais religieusement je suis facho ; ça me simplifierait la vie qu’Il m’adresse un signe tangible.
— Et moi alors je suis quoi ? Du mou de veau ?
L’abbé Julien s’est signé avant de s’éclipser à reculons dans sa soutane noire à la Matrix. J’ai appuyé encore et encore sur la pompe à morphine. Mon âme était flasque mais enfin, apparemment j’en avais une.
Je veux bien mourir sur « Us and Them » des Pink Floyd, en scrutant la mer à la recherche du rayon vert quand le soleil s’enfonce dans les flots comme un frisbee rouge dans de la confiture de cerise.
J’accepte de mourir si on me fait des « hugs ». Alors je ne sentirai rien, à part les fraises écrasées sous mes pieds. Je parlerai tout haut jusqu’au bout. Mes dernières paroles seront « Eh bien soit », ou « prem’s ! ».
J’ai pensé à Léonore, à Romy, à Lou, les trois femmes de ma vie, celle qui m’a brisé le cœur, celle qui m’a rejoint sur hard drive, mon bébé qui me manque cruellement… et le prochain à naître.
J’ai pensé à mon père, ma mère et à mon frère. En mourant, à qui d’autre voulez-vous penser qu’à ceux qui vous ont fait ?
J’ai pensé à mes amis, mes cousins, mes nièces, à mes nombreuses familles, composées, recomposées, décomposées, imposées ou exposées, implosées et explosées.
J’ai pensé aux filles que j’avais aimées, aux femmes que j’ai épousées, à celles que je n’ai pas eues. À celles qui m’ont embrassé, même une seconde. Je ne regrettais pas un seul baiser.
J’avais donc vécu pour une fille à blouson en jean et Converse et sa petite sœur aux sandales dorées et dents du bonheur qui s’émerveille devant un escargot. C’était donc elles le pourquoi de ma vie, ces morceaux de chair tendre, ces joues douces contre ma barbe piquante, un rire de fillette contente de barboter dans les vagues ? Le sens de mon existence, c’était un bébé qui sentait la crème hydratante et sa grande sœur qui se maquillait les orteils en bleu ciel ? Deux pieds bombés en forme de Chamonix à l’orange et un long cou blanc de cygne ? J’aurais dû m’accrocher à leurs oreilles à consistance de calamar rose. J’ai créé plus de beauté avec mon sperme qu’avec le travail de toute une vie.
J’avais gagné au Loto et je ne le savais pas.
Bizarrement, en mourant, on ne pense qu’aux autres.
Me voici revenu avant ma naissance, évadé du présent. Aucune phrase ne saurait exprimer l’infini. Il faudrait changer de langue pour écrire le livre définitif. Si nous devions retranscrire notre code ADN de 3 milliards de lettres, à raison de 3 000 signes par page, il faudrait mille tomes de mille pages.
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Dans les Pyrénées, quand on crie contre la montagne, l’écho répète le son de la voix. Deux, trois, quatre fois, on s’entend crier, comme si la montagne était un perroquet géant. Mais le volume diminue progressivement. Il faut crier plus fort, encore et toujours. Même si l’on s’époumone, l’écho finit par s’amenuiser. Le cri semble de plus en plus lointain, comme si quelqu’un, là-bas, de l’autre côté de la vallée, s’amusait à nous parodier, car l’écho ridiculise toujours celui qui gueule dans le vide. Quand j’étais enfant, je me lassais vite de ce jeu, au bout de quelques tentatives. Mes cris s’étouffaient dans la montagne. Inutile de s’égosiller pour obtenir quelques répliques de ta plainte. C’était toujours la même chose : un cri répété et puis, au bout d’un certain temps, plus rien. À la fin, le silence gagnait toujours.