Chapitre VII

La piste de latérite rouge s’étendait à perte de vue, tirée au cordeau, flanquée à sa droite d’une ligne à haute tension supportée par d’immenses piliers métalliques étrangement déplacés dans cette forêt dense, sans la moindre trouée, sauf cette piste ouverte au bulldozer. De temps à autre, on apercevait la petite enclave d’un village indien, en bord de piste, où des Noirs assis à l’ombre, attendant un bus hypothétique.

Toutes glaces ouvertes, il faisait 40 degrés dans la voiture. Malko avait pourtant quitté Paramaribo à sept heures du matin, mais le soleil était déjà brûlant. Jusqu’à l’énorme usine de transformation de bauxite de la Soracom, à Paranam, c’était une route asphaltée. Depuis, il faisait du slalom entre les nids-de-poule de la piste qui menait au lac Van Blommestein, terminus de la ligne haute tension qui ramenait à l’usine le courant produit par le barrage d’Afobaka. Parfois, quelques gouttes tombaient du ciel gris. La sueur lui piquait les yeux. Il avait mis près d’une heure et demie pour parcourir cinquante kilomètres depuis Paramaribo. Un minibus le croisa dans un nuage de poussière rouge.

Son estomac faisait du yoyo au rythme de la tôle ondulée, mais la piste était trop mauvaise pour dépasser le soixante : la voiture se serait désintégrée. Soudain, il aperçut sur sa gauche l’embranchement qu’il guettait. Un panneau en bois à demi effacé indiquait : Jodensavannna 45 km. Cette minuscule bourgade se trouvait sur la rive est du Surinam. Donc, c’était la piste menant au bac de Carolina.

Il s’engagea sur une piste nettement plus étroite qui s’enfonçait en pleine jungle. Les ornières auraient pu avaler un troupeau d’éléphants : la saison des pluies venait tout juste de se terminer. Plus un village, plus âme qui vive, la latérite sinuait au gré de la forêt, avec de temps à autre une clairière ouverte par des exploitants forestiers. Une heure plus tard, après avoir franchi deux petits creeks[15] sur des ponts de fortune, il déboucha brusquement sur le fleuve. Le Surinam était nettement moins large qu’à Paramaribo, mais tout aussi limoneux. La piste se terminait abruptement. À droite, une petite baraque vendait des rôties, des bananes et des boissons. Le bac – une antiquité rouillée – se trouvait en ce moment amarré sur l’autre rive. Un panneau délavé cloué sur un poteau affichait ses horaires. De sept heures du matin à cinq heures du soir, toutes les heures. Donc si leur bateau arrivait de nuit, Malko et son équipe risquaient peu d’être dérangés. Il descendit de voiture et s’approcha du bord. Un vieux ponton de bois permettait aux voitures d’embarquer sur le bac. À côté, un sentier descendait jusqu’au niveau du fleuve. Il pouvait très bien servir au déchargement du bateau et au transfert dans le camion qui les attendait.

Il restait à vérifier le plus important : la piste d’atterrissage pour le Xingu. Il consulta sa carte. Environ cent trente kilomètres de piste, jusqu’à Pokigron. Au mieux, trois heures, au pire, cinq ou six. Après avoir bu un Pepsi et mangé un rôtie, il fit demi-tour.


* * *

Herbert Van Mook ralentit en atteignant le village de Lelidorp, petite bourgade à quinze kilomètres de Paramaribo, sur la route de l’aéroport. À la sortie, un peu en retrait de la route, se trouvait une épicerie chinoise. Le Hollandais s’engagea dans le sentier qui la longeait et pénétra dans la cour. Un camion rouge haut sur pattes y était garé, protégé par une bâche. Van Mook en fit le tour, examinant les pneus. Ils étaient presque neufs. La machine avait à peine servi. Son allure d’échassier s’expliquait par ses ressorts très puissants mettant la caisse loin du sol. Avec sa transmission sur les quatre roues, ce genre de véhicule pouvait passer presque partout. Une jeune Chinoise guettait Van Mook sur le pas de la porte. Il s’avança en souriant.

— Comment ça va, Ah-luan ?

— Ça va, ça va.

Il lui caressa les seins au passage et elle eut un rire chatouillé. Il venait parfois la culbuter quand son mari était en Guyane française. Maintenant, il avait plutôt un œil sur sa nièce créole encore plus provocante que Rachel. Ils s’assirent dans l’arrière-boutique, encombrée de cartons et de caisses.

— Ton mari n’est pas là ?

— Si, si, il est en haut. Il fait la sieste.

— Va le réveiller.

Il lui flatta la croupe et elle ne se déroba pas, un peu déçue qu’il n’aille pas plus loin : la boutique était fermée pour la sieste et son mari ayant le sommeil lourd, ils auraient eu largement le temps pour une petite étreinte…

Le mari descendit l’escalier de bois, les cheveux ébouriffés, s’assit à une table et attrapa aussitôt une bouteille de cognac Gaston de Lagrange et remplit deux verres, tandis que sa femme s’éclipsait pour les laisser parler business.

Van Mook avait fait quelques affaires avec lui, et il s’en était toujours bien trouvé. Quand le Chinois descendait à Paramaribo, le Hollandais s’arrangeait toujours pour lui trouver une pute à l’œil.

— J’ai besoin de ton « truck[16] », annonça Van Mook.

Il l’avait déjà emprunté au Chinois afin de transporter des caisses de serpents jusqu’à Cayenne, pour des envois sur l’Europe. L’épicier avala une gorgée de cognac Gaston de Lagrange.

— Si tu veux. En ce moment, il n’y a pas beaucoup de travail. Je n’arrive pas à avoir de licences d’importation. Je suis tous les jours au ministère du Commerce. Tu le veux pour combien de temps ?

— Deux, trois jours.

— Tu as quelqu’un pour le conduire ?

— Oui.

— Bon, tu le prends quand tu veux. Cinquante florins par jour. Plus le fuel.

— Quarante, corrigea Van Mook pour la forme.

Le Chinois leva son verre de cognac.

— Tu ne veux pas que je te donne aussi ma femme, pour ce prix-là. C’est un « truck « tout neuf…

La Chinoise, revenue près de la table, rit niaisement. Au même moment la nièce créole entra et Herbert Van Mook ne vit plus que le fessier charnu moulé par le jean. Ondulant à dessein, la jeune fille monta l’escalier raide menant au grenier, avec un regard en coin pour le visiteur. Le Chinois suivit le regard de son hôte, et ricana…

— Elle te plaît au moins autant que le camion… Mais elle n’a encore fait ça avec personne…

À regret, Van Mook vit la croupe disparaître. Il se leva et serra la main du Chinois.

— Je te téléphone avant de venir. Quarante-cinq florins…

L’épicier le suivit sur le pas de la porte et cria :

— Si je ne suis pas là, tu verras ma femme…

Herbert, le Hollandais, se demanda s’il se doutait de quelque chose. Au Surinam, les mœurs étaient extrêmement libres et c’était un miracle que les quelques putes importées arrivent à gagner leur vie. De temps en temps, une machette mettait fin à un différend, mais dans l’ensemble tout se passait pacifiquement. Une fois, il avait abordé une jeune créole dans la rue, à Paramaribo, et, sans même lui offrir un verre l’avait sautée derrière une palissade. Il l’avait quittée aussi brutalement et elle semblait ravie.

Il prit la direction de Paramaribo. Euphorique. Les barres d’or se rapprochaient à vue d’œil. Bien sûr, il y avait une petite formalité désagréable avant de les obtenir. Mais il avait confiance en son étoile et en ses talents de voyou. S’il ratait ce coup-là, il était vraiment bon pour l’élevage des serpents, à vie.


* * *

Dutchie arrêta la vieille Austin devant la petite maison, en face de l’ambassade de Chine. Consciencieusement, après en être sorti, il donna un coup de chiffon au pare-brise et défit la chaîne de la porte.

— Miss Rita !

Rita Moengo, la secrétaire de la Banque du Surinam, apparut sur la véranda. Un peu boulotte, très brune, mi-chinoise, mi-indonésienne.

— J’arrive.

Elle fut en bas aussitôt et regarda sa voiture briquée à neuf.

— Je l’ai un peu nettoyée, annonça modestement Dutchie.

— C’est gentil ça ! fit chaleureusement Rita Moengo. Viens prendre un rhum.

Le mécano essuya son front couvert de sueur, faisant mine de refuser.

— Allez, viens, fit la jeune femme, tu as chaud.

Dutchie s’installa gauchement dans un fauteuil de toile, sur la véranda. Rita revint avec une bouteille et deux verres, s’assit en face de lui, croisa et décroisa les jambes plusieurs fois, sans quitter des yeux son jeune visiteur, avec un regard déjà alangui. Dutchie réalisa soudain avec dégoût qu’il ne lui était pas indifférent. Elle parlait un peu trop fort, bougeait sans nécessité et il y avait une lueur dans son regard qui n’était pas seulement de la reconnaissance. Il se dit que c’était le moment de se mettre au travail.

— Vous êtes venue à pied de la banque ? demanda-t-il.

— Non, dit-elle, j’ai pris le bus.

— Il n’y avait personne pour vous raccompagner ?

Rita but une gorgée de rhum.

— Non, je pars toujours la dernière. C’est moi qui ferme toutes les portes et qui mets le système d’alarme.

— Ah bon ! fit Dutchie, ouvrant de grands yeux. Qu’est-ce que c’est ?

Malin comme une portée de chimpanzés, Dutchie savait prendre l’air totalement demeuré quand il le fallait. Rita Moengo, flattée de pouvoir étaler son importance, se leva, prit dans son sac un gros trousseau de clefs et en isola une, plate et très découpée. Elle se pencha sur lui de façon à ce que sa poitrine s’écrase sur l’épaule du jeune garçon. Dutchie en éprouva une profonde répulsion, qu’il réussit à dissimuler. Il était en service commandé…

— Tu vois cette clef-là ? expliqua Rita Moengo. Eh bien, il y a un tableau, près de la porte qui donne dans la cour. Quand je pars, je mets la clef et je la tourne. J’ai une minute pour fermer la porte. Sinon, l’alarme se déclenche et le téléphone sonne au ministère de la Police. Ce sont les Hollandais qui avaient installé ça. À cause de l’or.

— Quel or ? demanda Dutchie, sincèrement étonné.

— Comment ! Tu ne sais pas ? fit tendrement Rita. Tout l’or qui est dans la chambre forte.

Dutchie en oublia de paraître idiot.

— Et vous avez cette clef-là aussi ? demanda-t-il avidement, pris de fantasmes inouïs. Après tout, se taper une bonne femme rien qu’une fois, ce ne devait pas être répugnant… Hélas, Rita Moengo dissipa aussitôt son rêve.

— Ah, non ! Celle-là, c’était le directeur de la banque qui la gardait. Maintenant qu’il est parti, ce doit être le colonel Bouterse qui l’a. Mais il n’est jamais venu à la chambre forte…

Elle remit les clefs dans son sac.

— Vous n’avez pas peur qu’on vous les vole ? demanda Dutchie.

Rita Moengo secoua la tête, le regard fixé sur les cuisses musclées du jeune mécano, moulées par le vieux jean.

— Non, je ne les quitte jamais. Si je les perdais, on ne pourrait plus entrer dans la banque ! J’ai la clef de la porte aussi…

Dutchie hocha la tête, impressionné. Ne pensant plus qu’à filer. Mais le rhum accentuait encore la nature généreuse de la secrétaire. Elle enveloppa Dutchie d’un regard faussement maternel.

— Dis donc, tu es en sueur, tu ne veux pas prendre une douche, ça te fera du bien…

Dutchie se leva vivement. Oh, là, là… S’il sentait la femme en retrouvant son amant de cœur, un métis musculeux, il allait prendre une raclée épouvantable.

— Non, non, je dois rentrer à l’atelier. J’ai encore plein de travail. Le patron m’attend.

Il était déjà dans l’escalier. Rita Moengo se pencha à la balustrade de la véranda. Frustrée, mais bonne joueuse.

— Attends, je vais te raccompagner.

— Ça va ! cria Dutchie.

Il se mit à courir sous les premières gouttes de pluie, un tas d’or énorme devant les yeux. Jamais il n’avait pensé à un truc pareil. Il commença à se demander comment son patron allait ouvrir cette chambre forte et surtout comment il pourrait en obtenir un petit peu.


* * *

Malko retrouva la piste principale au milieu d’une averse tropicale épouvantable. L’eau fouettait le pare-brise de la Colt Turbo comme un jet de lance de pompiers. Entre les trombes d’eau et les ornières, il faillit heurter de plein fouet un taxi de brousse qui zigzaguait, lui aussi, à la recherche d’un passage carrossable.

En plus, Malko avait complètement perdu de vue qu’on roulait à gauche au Surinam, même en pleine jungle…

La pluie cessa brutalement et la forêt se mit à fumer. La piste semblait ne jamais finir. De nouveau, ce fut la chaleur étouffante et la poussière pénétrant partout, s’insinuant dans les moindres plis de la peau. La jungle fit place à une espèce de savane avec de curieuses plaques de sable blanchâtre qui ressemblaient à des marais salants. Puis, de nouveau, la végétation s’épaissit. Devant lui, la piste se scindait en deux. Les pylônes de la ligne haute tension continuaient sur la gauche. Malko prit à droite, vers Brownsweg, la dernière agglomération avant Pokigron. La piste descendait en pente douce vers le lac, sans trop d’ornières et il put accélérer.

Il faillit ne pas voir le petit village ! Ce n’était que quelques cases au bord de la piste avec l’éternelle épicerie chinoise et la station d’essence à pompe à main.

Cent mètres plus loin, une voie de chemin de fer coupait la piste, envahie par les herbes. Cela lui donna un point de repère. C’était le chemin de fer de la Sorecom, jamais utilisé, de Brownsweg à Zanderij. Tout de suite après, la piste s’éloignait du lac, contournant un massif montagneux couvert de jungle.

De nouveau, la latérite ! Sa chemise était collée à la peau par la transpiration. Cette fois, il n’y avait plus du tout de circulation. Il roula une heure et demie, dans un décor monotone et vert, débusquant parfois un gros serpent ou un iguane. C’était comme l’océan. Par moments, il apercevait le lac Van Blommestein, puis replongeait dans l’immensité verte. Plusieurs maisons en bois surgirent brutalement à un tournant. Un petit singe était attaché à une longue chaîne, au milieu des cases.

Quelques Noirs le regardèrent avec curiosité. Ils ne devaient pas voir passer beaucoup de touristes. Deux cents mètres plus loin, la piste se termina brusquement au bord d’une rivière de plusieurs centaines de mètres de largeur. D’après la carte, c’était le Gran-Rio qui se jetait un peu plus loin dans le lac Van Blommestein. Il était bien à Pokigron.

L’eau jaunâtre de la rivière coulait rapidement, emportant pas mal de débris. En face, il n’y avait même pas de piste, bien que la carte en indique une. Il était au bout du monde. Et pas trace d’une piste d’atterrissage. Il revint en arrière, retraversa le village, continua, roulant au pas, scrutant la moindre trouée dans la jungle.

Rien.

Nouveau demi-tour. Revenu au centre du village, près de l’épicerie, il descendit et fut aussitôt entouré d’un nuage compact de mouches et de différents insectes, ravis de cette chair fraîche. Il s’offrit un Pepsi à l’épicerie, puis prit le risque d’interpeller un jeune métis accroupi à l’ombre.

— Airfield ?

L’autre le fixa comme s’il lui avait exposé la théorie d’Einstein. Malko insista et, entre l’allemand, l’anglais et les gestes, finit par faire comprendre à son interlocuteur ce qu’il cherchait. Le métis consentit à s’arracher à sa sieste et monta dans la voiture de Malko, emmenant avec lui un millier de mouches. Il le guida ensuite à la sortie du village, et, à côté d’une hutte en ruine, lui fit signe de tourner à droite.

— Over there ! fit-il.

Puis, il descendit et repartit vers le centre du village. Malko regarda le sentier, impossible de s’y engager en voiture. Il ferma la Mitsubishi à clef et partit à pied, écartant les branches, les lianes, les fougères géantes. Il avait l’impression d’être le docteur Livingstone. À part le bruissement des insectes, le silence était total. Il parcourut plus d’un kilomètre dans une chaleur de bête, assailli par des hordes de moustiques de plus en plus nombreuses. Priant pour que la fièvre jaune ne soit pas au rendez-vous.

Enfin, au moment où il allait rebrousser chemin, sûr de s’être fourvoyé, il aperçut sur sa gauche, les débris d’une construction en bois. Il la contourna. Derrière, sur une bande de quatre cents mètres de long et trente de large, la forêt était moins épaisse… Il vit devant lui un poteau qui avait dû soutenir une manche à air. Ce qui avait été le terrain d’aviation de Pokigron était devenu une plantation de fougères géantes ! On n’aurait même pas pu y poser un cerf-volant.

Un arbre énorme, probablement touché par la foudre, coupait la piste en deux et la hauteur de la végétation atteignait plus de trois mètres.

Il aurait fallu un bulldozer, et des dizaines d’hommes pour dégager une piste d’atterrissage.

Découragé, il reprit le sentier. Sa Seiko-quartz indiquait une heure vingt et il mourait de faim. Revenu à sa voiture, il se plongea de nouveau dans la carte. Celle-ci indiquait une piste qui continuait de l’autre côté de la rivière, vers le sud-est, pour atteindre un village, où un aéroport était indiqué : Drietabbetje, situé au bord d’une autre rivière, la Tapanahoni.

Mince, très mince espoir.

Le métis était revenu à la même place.

— On ne peut pas traverser la rivière ? interrogea Malko.

— Si, assura le métis.

— Comment ?

— Il y a un radeau…

Un billet d’un florin l’arracha à son repos. Cette fois, ils abandonnèrent la voiture au bord de la rivière, longeant la rive boueuse.

Cent mètres plus loin, le métis désigna à Malko une plate-forme faite de troncs d’arbres et de pirogues, à demi immergée entre deux eaux, amarrée à un piquet. En face, on ne distinguait toujours rien qui ressemble à une piste. La forêt était compacte comme un rideau de fer peint en vert.

— Il y a une piste de l’autre côté ? demanda Malko.

Le métis tendit le bras vers un coude de la rivière.

— Là-bas. Mais elle n’est pas bonne. Personne n’y va. Sauf des chasseurs et des Indiens.

— Et en voiture ?

Le métis le regarda, totalement ébahi.

— En voiture ? Oh non, je ne crois pas.

— Où va-t-elle ? s’enquit Malko, entêté.

Le métis émit un son bizarre qui devait être la prononciation taki-taki de Drietabbetje. Découragé, Malko n’insista pas. Après avoir rendu son guide à sa sieste, il se relança sur la piste. Même en roulant très vite, il avait tout juste le temps de regagner Paramaribo avant la nuit.

Heureusement que Budget lui avait loué une voiture pratiquement neuve.


* * *

Une vieille Constellation et un DC 6 achevaient de se décomposer en bordure du terrain de Zanderij, l’aéroport de Paramaribo, encerclé par la jungle.

Hébété de fatigue, Malko retrouva avec délices le bitume de la route principale. Mais l’angoisse qui le tenaillait depuis Pokigron ne le lâchait pas.

Tout le plan échafaudé par les Hollandais était en l’air. À quoi bon arracher Julius Harb à sa prison, s’ils ne pouvaient pas quitter le pays ? Il leur restait six jours pour trouver une solution de rechange, hautement improbable. On ne trace pas une piste en pleine jungle avec de bonnes intentions. Même un garçon aussi débrouillard que Herbert Van Mook ne pourrait pas résoudre ce problème-là.

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