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Sélection d'un choix

L'une des manières d'induire un choix est de proposer trois éléments inacceptables plus l'élément qu'on veut faire accepter. Il suffit ensuite de se livrer à des concessions sur les éléments inacceptables et ce qu'on souhaitait voir approuver va alors de soi. On pourrait rapprocher cette technique de celle de la gastronomie. Le goût de l'aliment nous semble d'autant plus appréciable que nous aimons ou n'aimons pas ce qui l'entoure.

Sens du jeu

Dans les années 1970, un vétérinaire français résolut un problème animal qui peut sûrement s'appliquer aux humains.

Un propriétaire avait acheté quatre fringants étalons gris superbes qui se ressemblaient tous. Mais ces quatre chevaux se supportaient très mal. Ils ne cessaient de sel battre dès qu'on les laissait côte àj côte. Il était impossible de les atteler car, dès qu'on les mettait ensemble, ils partaient dans desj directions différentes.

Le vétérinaire eut alors l'idée d'aligner leurs quatre boxes les uns à côté des autres et il installa sur les parois mitoyennes et percées del «fenêtres» des jeux afin que les chevaux puissent jouer entre eux. Des roulettes à faire tourner avec le bout du museau, des balles qu'il fallait taper avec le sabot pour les faire passer d'un box à l'autre, des formes géométriques colorées suspendues à des ficelles.

Il intervertit régulièrement les chevaux de place pour qu'ils se connaissent tous et jouent tous les uns avec les autres. Au bout d'un mois, les quatre chevaux étaient devenus inséparables. Ils acceptaient non seulement d'être attelés ensemble, mais semblaient trouver un aspect ludique à leur travail. Cette expérience prouve si besoin était que la guerre et les rapports d'agression ne sont qu'une forme primaire de jeu. On peut facilement dépasser cette étape en imaginant d'autres jeux.

Sestode

La sestode est un parasite unicellulaire qui vit à l'état adulte dans l'intestin du pic-vert. Les sestodes sont éjectées avec les crottes de l'oiseau. Ce dernier doit en avoir conscience car il se débrouille souvent pour bombarder les villes; fourmis de ses excréments.

Lorsque les fourmis veulent nettoyer leur cité de ces traces blanches, elles sont contaminées par les sestodes. Ce parasite perturbe leur croissance, il modifie la couleur de la pigmentation de la carapace pour la rendre plus claire. La fourmi infectée devient indolente, ses réflexes sont beaucoup moins rapides et, de fait, dès qu'un picvert attaque les cités, ces fourmis infectées par ses excréments sont ses premières victimes.

Parce que ces fourmis albinos sont plus lentes, mais aussi parce que leur chitine claire les rend plus faciles à repérer dans les sombres couloirs de la ville.

Shia tSU

Un point de Shia tsu chinois très pratique est celui qui permet de lutter contre la constipation. Il faut presser avec le pouce et l'index de sa main droite la chair entre le pouce et l'index de l'autre main. Si l'on est constipé, on sent une boule douloureuse. Il suffit de la pincer et de la masser.

Singapour: VILLE ORDINATEUR

Singapour est un pays neuf, avec une population restreinte: trois millions d'habitants pour la plupart chinois. Profitant de cette situation exceptionnelle, Lee Kwan Yew, ingénieur et Premier ministre, a tenté de fonder le premier État ordinateur.

Comme il le dit lui-même: «Les citoyens sin-gapouriens sont les puces électroniques d'un ordinateur géant: la République de Singapour.» Lee Kwan Yew est un pragmatique. Il a commencé par assurer la sécurité de son petit Disneyland contre ses grands voisins envieux et agressifs: Malaisie (16 millions d'habitants) et Indonésie (170 millions d'habitants), par une armée high-tech équipée des machines les plus sophistiquées. Voilà pour l'extérieur.

Pour l'intérieur, il veut que l'ordre règne parmi ses petites puces électroniques. Il range d'un côté la ville touristique, de l'autre la ville économique, et crée ensuite la ville-dortoir. Les trois sont rigoureusement séparées par une frontière constituée de cinq kilomètres de pelouse nickel. Il édicte des lois strictes: interdiction de cracher par terre (1 500 F d'amende), de fumer en public (1 500 F d'amende), de jeter un papier gras (1 500 F d'amende), d'arroser ses pots de fleurs en laissant de l'eau stagner (cela attire les moustiques; 1 500 F d'amende), de se garer dans le centre-ville.

L'État embaume le savon. Si un chien aboie la nuit, on lui coupe les cordes vocales. Les hommes doivent toujours porter des pantalons même s'il fait chaud. Les femmes doivent toujours porter des bas même en pleine canicule. Toutes les voitures sont équipées d'une sirène interne qui vous assourdit dès que vous dépassez 80 km/h. A partir de six heures, il est interdit de rouler seul dans son automobile, il faut transporter ses collègues de travail ou des auto-stoppeurs afin d'éviter les encombrements et la pollution (sinon 1 500 F d'amende). Pour mieux connaître les trajets de ses concitoyens, la police a de toute façon obligé tous les Singa-pouriens à placer un émetteur sous leur voiture.

Il est ainsi possible de suivre les déplacements de tous les habitants sur un grand tableau lumineux. Dès qu'on pénètre dans un immeuble, il faut donner son nom au gardien qui se tient en permanence devant la porte. La ville entière est truffée de caméras vidéo.

Singapour est une démocratie, mais pour que les gens ne votent pas n'importe quoi, on note leur numéro de carte d'électeur sur leur bulletin de vote. Le vol, le viol, la drogue, la corruption sont passibles de la peine de mort par pendaison. La condamnation au fouet existe toujours. Lee Kwan Yew se considère comme un père pour tous ses administrés. Il emprunte des idées à la fois au communisme et au capitalisme pour ne penser qu'à l'efficacité. L'État encourage l'enrichissement personnel (les Singapouriens jouissent du deuxième niveau de vie d'Asie, juste après le Japon, et boursicotent à tout-va) mais les logements sont offerts aux étudiants.

Tous les cultes sont autorisés, mais la presse est filtrée: pas de journaux parlant de sexe ou de politique. En 1982, Lee Kwan Yew s'aperçoit que, vieux réflexe machiste pas spécifiquement chinois, les hommes intelligents se marient avec des femmes jolies mais bêtes alors que les femmes intelligentes ont du mal à trouver des maris. Il décide dès lors de donner une prime à quiconque épousera une femme diplômée et une amende aux non-diplômées qui dépasseront l'enfant unique. Quant aux analphabètes, ils sont vivement encouragés à se faire stériliser en échange d'une forte somme d'argent. Lee Kwan Yew fait construire des écoles pour surdoués et organise des croisières gratuites pour les gens de niveau d'études très élevé.

Il constate qu'on ne peut bien éduquer que deux enfants à la fois. Le soir, la police téléphone aux familles ayant déjà deux enfants pour leur rappeler de ne pas oublier de prendre la pilule ou d'utiliser des préservatifs.

Lee Kwan Yew est parvenu à transformer son État expérimental en «Suisse de l'Asie». Pourtant sa police a une limite. Le jeu. «On peut tout faire accepter à un Chinois, sauf de s'arrêter de jouer au mah-jong», admit-il dans une de ses allocutions…

Six

Six est le nombre de la Création. Dieu créa le monde en six jours et se reposa le septième. Selon Clément d'Alexandrie, l'univers fut créé dans six directions différentes: les quatre points cardinaux, le zénith et le nadir. En Inde, l'étoile à six branches, baptisée Yantra, signifie l'acte d'amour: le mélange du yoni et du linga. Pour les Hébreux, l'étoile de David, aussi nommée sceau de Salomon, est la somme de tous les éléments de l'univers. Le triangle dont la pointe est dirigée vers le haut représente le feu. Lorsque son sommet est barré par une ligne, il représente l'air. Celui dont la pointe est dirigée vers le bas repré sente l'eau. Lorsque sa pointe est barrée par une ligne, il représente la terre.

En alchimie, on considère que chacune des pointes de l'étoile à six branches correspond à un métal et à une planète. La pointe supérieure, c'est Lune-Argent, puis en tournant vers la droite on découvre Vénus-Cuivre, Mercure-Mercure, Saturne-Plomb, Jupiter-Étain, Mars-Fer. La combinaison adroite des six éléments et des six planètes produit en son centre le Soleil-Or.

En peinture, l'étoile à six branches sert à montrer toutes les manières dont il est possible de combiner les couleurs. Le mélange de toutes les teintes produit une lumière blanche dans l'hexagone central.

Sociabilité

Chez les fourmis comme chez les hommes, la sociabilité est obligatoire dès la naissance. Le nouveau-né fourmi est trop faible pour briser seul le cocon qui l'emprisonne. Le bébé humain n'est pas même capable de marcher ou de se nourrir seul.

Les fourmis et les hommes sont deux espèces formées à être assistées par leur entourage et ne savent ou ne peuvent apprendre seuls.

Cette dépendance par rapport aux adultes est certes une faiblesse, mais elle déclenche un autre processus, celui de la quête du savoir. Si les adultes peuvent survivre alors que les jeunes en sont incapables, ces derniers sont dès lors contraints de réclamer leurs connaissances aux plus anciens.

Solidarité

La solidarité naît de la douleur et non de la joie. On se sent beaucoup plus proche de quelqu'un qui a subi avec vous une épreuve pénible que de quelqu'un qui a partagé avec vous un moment heureux.

Le malheur est source de solidarité et d'union alors que le bonheur divise. Pourquoi le bonheur divise-t-il? Parce que lors d'un triomphe commun, chacun ne se sent pas assez récompensé par rapport à son mérite individuel.

Chacun a l'impression d'être la seule source réelle de la réussite.

Le meilleur moyen de fâcher des amis est de leur donner une victoire commune. Combien de familles se sont divisées au moment de l'héritage? Combien de groupes de rock'n'roll ont pu rester soudés malgré leur succès? Combien de mouvements politiques ont éclaté dès qu'ils ont pris le pouvoir?

On conserve plus facilement ses amis en évoquant ses déceptions et ses défaites qu'en parlant de ses succès.

Le mot «sympathie» signifie d'ailleurs étymologiquement en grec (soun pathein) souffrir avec. De même, «compassion» vient du latin cum patior qui signifie encore souffrir avec.

La plupart des religions ont compris cela. Elles mettent un point d'honneur à cultiver la mémoire de leurs martyrs.

Chacun doit revivre en imagination le calvaire du ou des précurseur(s). Et c'est dans le souvenir de ce calvaire que réside la cohésion du groupe.

Sommeil paradoxal

Tous les soirs, durant notre sommeil, nous connaissons une phase un peu particulière: «le sommeil paradoxal». Cette phase dure de 15 à 20 minutes, puis elle s'arrête et reprend une heure plus tard. C'est le professeur Michel Jouvet, du laboratoire d'onirologie moléculaire (Lyon), qui a donné ce nom à cet événement. Pourquoi paradoxal? Parce qu'il est paradoxal d'être dans son sommeil le plus profond et d'avoir néanmoins une activité nerveuse intense. On pense que les nuits des bébés sont très agitées car elles sont essentiellement formées de sommeil paradoxal (dans une proportion d'un tiers de sommeil normal, un tiers de sommeil léger, un tiers de sommeil paradoxal). Durant cette phase de sommeil très agité, on remarque même que les bébés ont souvent des expressions étranges, comme des expressions de personnes beaucoup plus âgées. Ils miment successivement les grimaces de la colère, la joie, la tristesse, la peur, la surprise, même s'ils n'ont jamais vécu de telles émotions.

Chez les adultes, c'est plus discret et plus intense. «On dirait que chaque nuit nous avons un message à recevoir, explique le professeur Pierre Salzurelo de I'INSERM. NOUS avons fait une expérience: nous réveillons un adulte en plein milieu de son sommeil paradoxal et nous lui demandons de nous raconter ce qu'il vivait dans son rêve. Nous l'avons ainsi réveillé cinq fois. Chaque fois l'histoire était différente… mais il y avait un noyau commun. Comme si le rêve dérangé s'y reprenait d'une manière différente pour faire passer le même message.»

Depuis peu, les chercheurs ont émis une autre idée. Le rêve serait un moyen d'oublier les pressions sociales. En rêvant, nous désapprenons ce qu'on nous a forcés à apprendre et qui heurte nos convictions profondes. On se déconditionne de toutes les influences extérieures. Tant que les gens rêvent, ils ne peuvent être complètement manipulés par qui que ce soit.

Source de peur

Voici le hit-parade des peurs humaines (d'après un sondage sur 1 000 personnes, effectué en France en 1990):

1 – le serpent

2 – le vertige

3 – les araignées

4 – les rats

5 – les guêpes

6 – les parkings souterrains

7 – le feu

8 – le sang

9 – l'obscurité

10 – la foule

Spécialiste

Dans les grandes cités fourmis modernes, la répartition des tâches, répétée sur des millions d'années, a généré des mutations génétiques.

Ainsi, certaines fourmis naissent avec d'énormes mandibules-cisailles pour être soldates, d'autres possèdent des mandibules broyantes pour produire de la farine de céréales, d'autres sont équipées de glandes salivaires surdéveloppées pour mieux mouiller et désinfecter les jeunes larves.

Un peu comme si chez nous les soldates naissaient avec des doigts en forme de couteau, les paysans avec des pieds en pince pour grimper cueillir les fruits aux arbres, les nourrices avec une dizaine de paires de tétons.

Certaines adaptations sont proprement extraordinaires:

– Pour boucher certaines issues stratégiquement importantes, les fourmis utilisent des individus à tête plate. Les fourmis-concierges. L'ouvrière doit tapoter d'une certaine manière la tête plate. Si elle se trompe dans le «digicode», la porte vivante lui saute dessus et la mange.

– Pour stocker du miellat, les fourmis des régions chaudes suspendent des ouvrières la tête en bas et les gonflent de nourriture jusqu'à ce que leur abdomen soit vingt fois plus gros que le reste de leur corps. Ces fourmis-citernes restent toute leur vie accro chées la tête en bas. Il suffit qu'une ouvrière vienne les caresser pour qu'elles libèrent quelques gouttes de leur nectar.

Mais de toutes les mutations «professionnelles», la plus spectaculaire est celle de l'amour.

En effet, pour que la masse des besogneuses ouvrières ne soit pas distraite par des pulsions érotiques, elles naissent asexuées. Toutes les énergies reproductrices sont concentrées sur des spécialistes: les mâles et les femelles, princes et princesses de cette civilisation parallèle.

Ceux-ci sont nés et sont équipés uniquement pour l'amour. Ils bénéficient de multiples gadgets censés les aider dans leur copulation. Cela va des ailes aux ocelles infrarouges qui leur permettent de voir dans le noir en passant par les antennes émettrices-réceptrices d'émotions abstraites.

Sphères

Dans l'infiniment petit comme dans l'infiniment grand, on tombe sur des sphères. Sphères des planètes, sphères des atomes, sphères des particules, sphères des quarks.

Ces sphères sont régies par quatre forces fondamentales:

1 – La gravité. Qui nous plaque au sol, fait tourner la Terre autour du Soleil et la Lune autour de la Terre.

2 – L'électromagnétisme. Qui fait tourner les électrons autour des noyaux d'atome.

3 – L'interaction forte. Qui lie les particules constituant ce noyau.

4 – L'interaction faible. Qui lie les quarks constituant cette particule.

L'infiniment petit et l'infiniment grand ne sont que des sphères liées par ces forces fondamentales. Il est probable que ces quatre forces n'en font d'ailleurs qu'une. Jusqu'à sa mort, Einstein voulait trouver la loi de «La Grande Unification» des forces.

Squelette

Vaut-il mieux avoir le squelette à l'intérieur ou à l'extérieur du corps?

Lorsque le squelette est à l'extérieur, il forme une carrosserie protectrice. La chair est à l'abri des dangers extérieurs, mais elle devient flasque et presque liquide. Et lorsqu'une pointe arrive à traverser malgré tout la carapace, les dégâts sont irrémédiables.

Lorsque le squelette ne forme qu'une barre mince et rigide à l'intérieur de la masse, la chair palpitante est exposée, elle reçoit toutes les agressions. Les blessures sont multiples et permanentes. Mais justement, cette faiblesse apparente force le muscle à durcir et la fibre à résister. La chair évolue.

J'ai vu des humains ayant forgé, grâce à leur esprit, des carapaces «intellectuelles» les protégeant des contrariétés. Ils semblaient plus solides que la moyenne. Ils disaient «je m'en fous» et riaient de tout. Mais lorsqu'une contrariété arrivait à traverser leur carapace, les dégâts étaient terribles.

J'ai vu des humains souffrir de la moindre contrariété, du moindre effleurement, mais leur esprit ne se fermait pas pour autant, ils restaient sensibles à tout et tiraient des leçons de chaque agression.

Stratégie

Toute stratégie est prévisible. Il existe un moyen d'être imprévisible, c'est d'introduire dans l'un des processus tactiques un mécanisme aléatoire. Les décisions étant par moments chaotiques, l'adversaire ne peut les interpréter ni découvrir la logique qui les soustend, il lui manquera toujours un élément de compréhension.

Stratégie indienne

Les Amérindiens fabriquent un piège à ours très simple: il s'agit d'une grosse pierre accrochée par une ficelle juste au-dessus d'un morceau de bois enduit de miel. Lorsqu'un ours repère sa gourmandise, il s'avance et bouscule la pierre pour attraper le miel. Mais chaque fois que la pierre, située à hauteur de têtel d'ours, est touchée, par un mouvement de balancier elle revient le frapper. L'ours s'énerve à force de recevoir des coups de pierre sans parvenir à manger le miel. Alors il tape de plus en plus fort sur la pierre comme si elle était un adversaire qui le narguerait. Et plus il tape fort, plus la pierre le frappe fort. L'animal n'établit jamais le rapport: c'est un objet inerte, donc dénué de violence. L'ours considère qu'il reçoit un coup et il frappe pour se venger. Normalement ce jeu de coups et de contrecoups ne s'arrête qu'au K.-O. de l'animal. A force de lancer la pierre et de la recevoir, il finit par se blesser et tomber. Jamais l'ours ne se dit: «Et si j'arrêtais ce cycle de violence?» Pourtant, s'il cessait de frapper, la pierre s'immobiliserait et il remarquerait peut-être, le calme rétabli, qu'elle est tout bonnement accrochée à une ficelle. Il lui suffirait donc de couper tranquillement la ficelle avec ses crocs pour faire tomber la pierre et lécher le miel.

Surprise

Le contact entre deux civilisations est toujours un instant délicat. Parmi les grandes remises en question qu'ont connues les êtres humains, on peut noter le cas des Noirs africains enlevés comme esclaves au XVIIIe siècle.

La plupart des populations servant d'esclaves vivaient à l'intérieur des terres dans les plaines et les forêts. Ces gens n'avaient jamais vu la mer. Soudain, un roi voisin leur déclarait la guerre sans la moindre raison apparente.

Au lieu de chercher le massacre, il s'emparait d'un maximum de captifs, les enchaînait et les faisait marcher en direction de la côte.

Au bout du périple, les prisonniers découvraient deux phénomènes incompréhensibles: 1) la mer et son immensité; 2) les Européens et leur peau blanche. Or la mer, même s'ils ne l'avaient jamais vue, leur était connue par l'entremise des contes évoquant le pays des morts. Quant aux Blancs, ils étaient pour eux comme des extra-terrestres, ils avaient une odeur bizarre, leur peau était d'une couleur bizarre, ils s'habillaient avec des vêtements bizarres.

Beaucoup mouraient de peur, d'autres, affolés, sautaient des bateaux pour être dévorés par les requins. Les survivants allaient, eux, de surprise en surprise. Ils voyaient quoi? Par exemple des Blancs boire du vin. Et ils étaient sûrs que c'était du sang, le sang des leurs.

Symbiose

Le cornigera (acacia cornigerà) est un arbuste qui ne pourra devenir arbre adulte que s'il est habité par des fourmis.

En effet, il a besoin que des fourmis le soignent et le protègent. Pour attirer les fourmis, cet arbre s'est au fil des ans constitué en fourmilière!

Toutes ses branches sont creuses et, à l'intérieur des branches, un réseau de couloirs et de salles est prévu uniquement pour l'agrément des fourmis. Mieux: dans les couloirs vivent le plus souvent des pucerons blancs dont le miellat fait le délice des ouvrières et des soldates myrmé-céennes. Notre cornigera fournit donc le logis et le couvert aux fourmis qui voudront bien lui faire l'honneur de le hanter.

En échange, les fourmis remplissent des devoirs d'hôtes. Elles évacuent toutes les chenilles, pucerons extérieurs, limaces, araignées et autres xylophages qui pourraient traîner dans ses ramures. En outre, tous les matins, elles coupent à la mandibule les lierres et toute plante grimpante qui tentent de vampiriser l'arbre. Les fourmis coupent les feuilles mortes, grattent les lichens, utilisent leur salive désinfectante pour soigner l'arbre des maladies qui peuvent l'atteindre. Les pucerons blancs consomment très peu de sève, suffisamment pour nourrir les fourmis, mais pas assez pour nuire à l'arbre.

Si bien que tous vivent en autarcie dans le meilleur des mondes.

On rencontre rarement une collaboration aussi réussie entre un représentant du monde végétal et un représentant du monde animal. Grâce aux fourmis, l'acacia comigera arrive le plus souvent à s'élever au-dessus de la masse des autres arbres qui lui font ombrage, il domine les cimes et peut donc capter directement les rayons du soleil.

Le comigera constitue une véritable énigme. Comment un végétal pratiquement immobile a-t-il pu se pencher à tête reposée sur ce problème: comment se protéger des insectes et trouver une solution dans le monde des «très mobiles»?

Système probabiliste

Une méthode infaillible pour gagner aux dés. Défiez votre adversaire au lancer de deux dés. Et pariez que vous obtiendrez une somme de 7 points.

Ce chiffre est en effet celui qui a le plus de probabilités d'apparaître. Précisions: pour les nombres additionnels 2 et 12, il n'y a qu'une formule: 1 + 1 et 6+6. Pour les nombres 3 ou 11, il existe deux combinaisons possibles, pour les nombres 4 ou 10, il y a trois combinaisons, quatre combinaisons pour 5 ou 9, cinq combinaisons pour 6 ou 8 et six combinaisons pour que le total soit de 7 points. Donc il y a six fois plus de chances de tomber sur 7 points que sur 2.

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