Les etats Armeniens de l'epoque des Bagratides et Byzance (IXe — XIe siecles)

Sommaire

Le livre etudie l'aspect politique des relations armenobyzantines. La restauration de la royaute en Armenie vers 886 fut un evenement qui modifia radicalement le statut de ce pays. Mais elle fut en fait l'aboutissement d'une longue et multiforme pratique de l'autonomie par les Armeniens, domines tour a tour par les Perses, les Byzantins et les Arabes. Aussi, une analyse des institutions de cette autonomie precede-t-elle l'etude de l'epoque royale.

La periode royale fut marquee par de grands changements dans les relations internationales de l'Armenie. Au debut, les rois d'Armenie exercerent leur pouvoir sous l'egide du califat. C'etait des califes qu'ils recevaient les insignes de la royaute, et cela jusqu'au regne d'Achot II Bagratouni (914–929). Ulterieurement, les Etats armeniens accederent d'un point de vue juridique international a une independance totale vis-a-vis du califat et de ses gouverneurs.

Les rapports avec l'Empire byzantin furent beaucoup plus compliques. Les Armeniens appartenaient traditionnellement a la «famille des princes et des peuples mystique», les rois de la dynastie des Bagratides portaient le titre de fils spirituels du basileus de Byzance. Un prince armenien dont nous ignorons le nom se vit proposer de devenir un «ami» de l'empereur, c'est-a-dire membre de cette famille. Un roi armenien qui l'emportait sur les autres pouvait tre proclame par l'Empire «archonte des archontes», modification du titre de «prince des princes d'Armenie» utilise sous la domination arabe. D'autres systemes de titres etaient utilises, mais ils signifiaient tous qu'aux yeux des Byzantins les princes qui beneficiaient des bonnes graces de l'empereur en demeuraient en meme temps les vassaux.

Quand l'Armenie fut envahie a la fin du VIIе s. par les Arabes, elle fut presque totalement perdue pour Byzance. L'interêt de l'Empire pour ce pays ne ressuscita que durant la seconde moitie du IXе s. On у prepara de toute evidence un plan de reconquête qui fut mis en pratique durant les Xе et XIе siecles. Mais les Byzantins estimaient que l'Armenie devait se soumettre a eux benevolement. Effectivement, les princes du Taron cederent en 966 ou 967 leur territoire a l'Empire. En l'an 1000 les troupes byzantines occuperent le Tao-Taik armeno-georgien, en invoquant le testament de David Kouropalat. En 1016–1021, le roi Senekherim Artsrouni echangea le Vaspourakan contre un territoire byzantin et s'installa a l'interieur de l'Empire. En hiver 1021–1022, le roi de «Grande Armenie» Yovhannes-Smbat fit une disposition testamentaire en faveur de l'empereur de Byzance, ce qui legitima l'invasion en 1045 du royaume d'Ani par les Byzantins. En 1065, ils se rendirent maitres du royaume de Kars. Chaque fois, la force militaire venait appuyer ces rattachements legitimes.

Tous les territoires armeniens annexes aux Xе — XIе ss. furent transformes en themes byzantins a administration ordinaire. Souvent, les charges administratives у etaient exercees par des dignitaires originaires du pays. L'auteur dresse une liste des administrateurs connus, cherche a en preciser la chronologie et a etablir le contenu reel de leurs charges. II etudie aussi les maig-res donnees existantes concernant la vie economique.

L'invasion de l'Armenie par les Turcs-Seldjoukides reduisit a zero les succes des Byzantins dans ce pays. L'Empire essuya une cinglante defaite et la bataille de Manzikert (1071) marqua la fin de la presence byzantine en Armenie. Un chapitre special analyse l'activite des Turcs en Armenie jusqu'aux annees 1070.

L'auteur etudie aussi l'origine, les pratiques et l'ideologie des thondrakites, secte qui se constitua dans la seconde moitie du IXе s. Les adeptes de cette heresie etaient recrutes dans toutes les couches de la societe armenienne, ils aspiraient a s'eloigner de la vie sociale et a vivre selon leurs propres regies. La doctrine des thondrakites presente bien des points communs avec celle des pauliciens.

Dans deux appendices l'auteur examine la correspondance du patriarche Photius avec les Armeniens et la lettre de l'empereur Romain Lacopene a un prince armenien inconnu.



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