Regarde, petite étoile, j’ai mis ma robe du dimanche et mes souliers vernis et je viens vers toi comme à confesse.

Ne fais pas attention à mes cheveux qui sont un peu lilas ces temps-ci et ne vois que mon petit cœur pur.

Un lis de la Madone…

(Lilium Candidum.)

Si j’en suis là, à m’étioler, à me faner, à me geler le bulbe et à te supplier dans la nuit de nous aider encore une fois, c’est parce que j’ai fait une petite bêtise…

Eh oui… Ça m’arrive encore de temps en temps, figure-toi…

Habituellement, c’est quand je bois trop de ti-punch et de rhums arrangés à La Paillote à Samy, mais là, j’étais aussi à jeun qu’on puisse l’être quand on se cogne une randonnée en famille avec des ânes et des cons dans le Parc national des Cévennes.

(Mais quelle idée, aussi ?)

(Quelle idée, quelle idée, quelle idée…)

La regretté-je, cette petite bêtise ?

Non.

Je trouve même que j’aurais dû cogner plus fort.

Tu vois, je t’avoue tout…

Et si tu n’absous pas mes pulsions, considère au moins ma franchise.

Car comme Billie Holiday et pour les mêmes raisons qu’elle : je ne regrette rien.

Je ne regrette rien et je ne regretterai jamais rien dans la vie parce qu’on m’en a déjà chouré un trop gros bout. Et un qui était censé être joli en plus… Donc, non, ne compte pas sur moi pour te lécher le plasma.

Je ne saurais pas faire.

Je n’ai jamais fait.

Quand on me colle au mur, je préfère prendre un fusil ou taper dur.

Je n’en suis pas fière, mais voilà… je suis comme ça et je sais déjà que je ne changerai pas.

Depuis ma naissance, je ne tiens que par ma volonté de tenir et le premier qui touche à mes tuteurs, si fragiles soient-ils, je le démolis.

En ce moment, il se trouve que mon tuteur préféré ne va pas très fort. Il est allongé près de moi, il souffre et ne me répond plus quand je lui parle. Si tu ne m’aides pas à le réparer, je te ferai disparaître, toi aussi. Oui, je m’arrangerai entre moi et moi-même pour ne plus jamais te voir.

Toi, tu t’en fous, t’es déjà morte, mais moi, j’ai encore une petite marge de manœuvre je te signale…

Moi, je sais recharger n’importe quelle arme et abattre n’importe quel petit animal craintif. Donc, en ce qui me concerne, je ne me fais aucun souci pour mon avenir sans lui.

Aucun.

Voilà. C’est dit.

Maintenant, je peux m’amuser encore un peu et te raconter nos super vacances…

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