Sérieux, j’avoue, il ressemblait vraiment à Jésus-Christ et il était trop, trop sexy…

Beau, souriant, bronzé, cuivré, doré, sec, musculeux, barbu, bouclé, cool, calme, lumineux, torse nu, en short-pagne avec des sandales en cuir et un bâton noueux.

Franck était exactement comme le loup de Tex Avery, mais en plein milieu d’un troupeau de moutons encore en plus.

À voir, c’était divin…

Hé, mais moi aussi j’étais chaude pour retourner communier direct, hein !

On a un peu discuté… enfin… on a essayé de discuter au lieu de le mater…

Franck lui demandait si ce n’était pas trop pesant la solitude (le gros malin…) et moi je lui posais des tas de questions sur son clebs et puis on a vu nos amis Biendégagés et Cie qui se pointaient au loin et on l’a salué pour aller les rejoindre sans les rejoindre parce qu’on avait peur de se perdre.

Juste avant, on lui a demandé où il allait et il nous a indiqué une petite montagne par là-bas.

Bon, ben au revoir, alors…

Ah ! Seigneur… Que Vous êtes cruel avec Vos ouailles ! La messe était dite, mais elle fut bien trop courte !

Inutile de préciser que je n’ai plus cessé d’emmerder Francky avec ça dans les heures qui ont suivi.

Au moment du pique-nique, M. Biendégagé lui a demandé s’il voulait du saucisson.

– Seulement si c’est du Bâton de Berger ! j’ai répondu et ça m’a fait glousser pendant au moins deux minutes non-stop.

Quand j’ai enfin réussi à me calmer, j’ai ajouté :

– Mais, hé… celui aux noisettes, hein ?

Et c’était reparti pour deux minutes de plus.

Pardon.

Mille pardons.

Mme Biendégagée a fini par s’inquiéter et Franck lui a dit en soupirant que j’avais des problèmes d’allergie avec le pollen.

Et, hop, deux minutes de rab.

Aaah… Je commençais à bien l’aimer, cette petite balade, moi !

Franck mimait l’accablé, mais il était tout jouasse lui aussi…

On sait d’où on vient, tous les deux, et à chaque fois qu’on voit l’autre heureux, ça nous fait un peu l’effet Kiss Cool + 1. On savoure pour l’autre, on savoure pour soi et on savoure encore pour le grand kif que ça procure, de foutre en l’air la donne de départ.

Pour fêter ça, j’ai attendu que la Schlague Pour Tous s’éloigne pisser et j’ai donné une pomme entière à mon petit Boubou.

Il l’a gobée direct et, pour me remercier, il m’a rouflouflouté un genre de gros bisou chaud et venteux dans le cou.

Oooh… je commençais déjà à le regretter… En plus, devant ma boutique avec un chapeau de paille à deux trous et des paniers remplis de fleurs sur le dos, il aurait été trop, trop classe…

Donc, voilà, petite étoile… Tout allait bien et si tout a dégénéré, ce n’était vraiment pas de notre faute, vu que nous, sérieux, on avait été touchés par la grâce et on marchait sur l’eau.

On était transfigurés.

On adorait notre trip dans les Cévennes.

On l’a-do-rait.

Des petites brebis, tout ce qu’il y avait de plus converties !

Le pique-nique terminé, on a décidé de s’accorder une pause parce qu’il faisait très chaud et que la petite s’était endormie dans les bras de sa maman.

(Je sais, je ne devrais pas le dire… ça ne sert à rien… à rien du tout… mais vraiment… ça me faisait bizarre…)

Moi, je sais que je n’aurai jamais d’enfants. Et ce n’est pas une expression à la con. C’est une certitude tripale. J’en veux pas. C’est tout. Mais quand je voyais le visage de cette dame qui regardait celui de sa puce et comment elle se démerdait pour la garder à l’ombre en se déhanchant comme elle pouvait et en se raclant le cul sous cet arbre tout en faisant super gaffe de ne pas la réveiller au passage, je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que ma mère devait être vraiment super mal dans sa tête… Super super mal… Vu que moi, j’étais encore plus petite que ça…

(Bref. Sans intérêt.)

Pour ne plus y penser je me suis mise en travers et je me suis assoupie sur le ventre de mon Francky.

Et tac. Encore niquée, la vie.

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