Qu’avait Dame Jessica pour la soutenir à l’instant de son procès ? Réfléchissez sur ce proverbe bene gesserit et peut-être verrez-vous : « Chaque route que l’on suit exactement jusqu’au bout ne conduit exactement à rien. Escaladez la montagne pour voir si c’est bien une montagne. Quand vous serez au sommet de la montagne, vous ne pourrez plus voir la montagne. »

Extrait de Muad’Dib, commentaires de famille,


par la Princesse Irulan.









À l’extrémité de l’aile sud, Jessica découvrit un escalier métallique en spirale qui accédait à une porte ovale. Son regard revint au hall puis, de nouveau, à la porte. Ovale ? se dit-elle. Quelle forme bizarre dans une demeure !

Immobile au pied de l’escalier, elle apercevait au-delà des fenêtres, en levant les yeux, le grand soleil blanc d’Arrakis qui glissait vers le soir. Les ombres s’allongeaient dans le hall. Le regard de Jessica interrogea de nouveau l’escalier. Sur chacune des marches de métal, la lumière éclatante qui venait des fenêtres révélait des parcelles de terre desséchée. Elle posa une main sur la rampe et commença de monter. La rampe était froide sous sa paume. Elle atteignit la porte, s’arrêta et vit qu’il n’y avait là aucune poignée mais seulement un creux dans le métal à l’endroit où aurait dû se trouver une poignée.

Ce n’est certainement pas une serrure à main, songea-t-elle. Il faudrait qu’elle soit adaptée à une certaine forme de main, à un certain dessin des lignes. Pourtant, cela ressemblait beaucoup à une serrure à main. Et il existait des moyens (qu’on lui avait enseignés à l’École) pour venir à bout de n’importe quelle serrure à main.

Elle regarda derrière elle afin de s’assurer que personne ne l’observait, puis elle plaça sa paume sur le creux. La plus douce des pressions pour déformer les lignes, un mouvement du poignet, un autre, un faible pivotement de la paume sur la surface de métal… Elle perçut le cliquetis.

Mais elle perçut aussi des pas rapides dans le hall, derrière elle. Elle leva la main, se retourna et vit Mapes qui arrivait au bas de l’escalier.

« Des hommes sont dans le grand hall. Ils disent avoir été envoyés par le Duc pour escorter le jeune maître Paul, dit Mapes. Ils ont le sceau ducal et le garde les a identifiés. » Elle regarda la porte ovale puis, de nouveau, Jessica.

Prudente, cette Mapes, pensa Jessica. C’est bon signe.

« Il se trouve dans la cinquième pièce de ce côté du hall, la petite chambre, dit-elle. Si tu ne parviens pas à l’éveiller, appelle le docteur Yueh qui se trouve dans la pièce voisine. Paul pourrait avoir besoin d’une injection tonique. »

À nouveau, le regard perçant de Mapes se porta sur la porte ovale et Jessica eut l’impression de déceler de la répugnance dans ses yeux. Mais avant qu’elle ait pu poser la moindre question sur la porte et sur ce qu’elle pouvait dissimuler, Mapes était repartie et se hâtait dans le hall.

Hawat a visité toute la demeure, songea-t-elle. Il ne peut rien y avoir de bien redoutable ici.

Et elle poussa la porte. Elle découvrit une petite pièce et, en face, une seconde porte, également ovale. Une porte avec un volant d’ouverture.

Un sas ! songea Jessica. Elle baissa les yeux et vit sur le sol de la petite pièce une cale qui portait la marque personnelle d’Hawat. Elle servait à maintenir la porte ouverte, songea-t-elle. Quelqu’un a dû la faire tomber accidentellement et la porte extérieure a été fermée par la serrure à main.

Elle franchit le seuil et s’avança dans la pièce. Pourquoi un sas à l’intérieur d’une maison ? Elle songea soudain à des créatures exotiques… Un climat spécial ! Cela semblait possible sur ce monde où les plantes étrangères les plus sobres devaient être irriguées.

Elle se retourna et vit que la porte, derrière elle, commençait à se refermer. Elle l’arrêta et la bloqua avec la cale laissée par Hawat. Puis elle se tourna de nouveau vers le volant d’ouverture du sas. Elle distinguait à présent une minuscule inscription dans le métal. Les mots étaient galach et elle lut :

« Ô Homme ! Voici une adorable part de la Création de Dieu. Alors, regarde et apprend à aimer la perfection de Ton Suprême Ami. »

Jessica pesa sur le volant et la porte s’ouvrit. Une brise légère lui effleura la joue, lui caressa les cheveux. Elle huma un air nouveau, plus riche. Ouvrant la porte en grand, elle découvrit une masse de verdure baignant dans une lumière dorée.

Un soleil Jaune ? Non. Un toit filtrant !

Elle s’avança. La porte se referma derrière elle.

« Une serre humide », murmura-t-elle dans un souffle.

Elle était entourée de plantes en pots et d’arbustes. Elle identifia un mimosa, un cognassier en fleur, un sondagi, un pleniscenta à fleurs vertes, un akarso strié de vert et de blanc… des roses… Même des roses !

Elle se pencha vers l’une des grandes fleurs et en huma l’arôme avant de se redresser pour examiner la serre. Et de tous ses sens, elle perçut un rythme. Elle écarta un rideau de feuilles et plongea son regard dans le cœur de la pièce. Là, elle découvrit une petite fontaine basse dont la vasque était cannelée. Un filet d’eau s’en élevait en arc pour retomber en tambourinant sur le fond métallique.

Elle se plongea en état de perception accrue et inspecta méthodiquement la serre. C’était une pièce carrée de dix mètres de côté. En tenant compte de sa situation à l’extrémité du hall et de certaines différences de construction, elle déduisit qu’elle avait dû être ajoutée à cette aile bien après la construction de la demeure elle-même.

Sur le côté sud, elle s’arrêta devant la vaste surface de verre filtrant, se retourna et regarda tout autour d’elle. Et, tout autour d’elle, le moindre espace était occupé par des plantes exotiques nées sous des climats humides. Et dans tout ce vert, quelque chose bruissa. Un instant. Jessica se tendit, puis elle vit l’appareil, un simple servok à mouvement d’horlogerie, avec un tuyau et un bras d’arrosage qui projetait une fine buée sur ses joues. Puis le bras se retira et elle aperçut alors ce qu’il arrosait : une fougère arborescente.

Il y avait de l’eau dans toute cette pièce. De l’eau, sur un monde où l’eau était le jus précieux de la vie. Tant d’eau dépensée… Elle sentit que quelque chose se figeait tout au fond d’elle. Elle leva les yeux vers la clarté jaune du soleil. Il s’abaissait vers un horizon tourmenté de collines qui faisaient partie de l’immense chaîne connue sous le nom de Bouclier.

Un verre filtrant, pensa-t-elle. Un verre filtrant pour rendre ce soleil blanc plus doux, plus familier. Qui a pu concevoir un tel endroit ? Leto ? Ce serait bien de lui que de me surprendre avec un tel présent, mais il n’en a pas eu le temps. Il lui a fallu affronter des problèmes plus graves.

Elle se souvint alors de ce rapport qui disait que nombre de demeures arrakeens possédaient des sas aux portes et aux fenêtres afin de préserver l’humidité intérieure. Et Leto avait alors déclaré que, pour affirmer sa puissance et sa richesse, il lui fallait ignorer de telles précautions et se contenter de portes et de fenêtres à l’épreuve de la poussière omniprésente.

Mais l’existence de cette pièce était plus éloquente que l’absence de sas à toutes les portes de la demeure. Jessica avait idée que ce lieu réservé au plaisir recelait assez d’eau pour faire vivre mille personnes… sinon plus.

Elle se déplaça au long de la paroi de verre, son regard continuant d’explorer la serre. Et une surface métallique lui apparut auprès de la fontaine, une table sur laquelle reposaient un bloc-notes et un stylet partiellement dissimulés par une feuille. Comme elle s’en approchait, elle vit les signes laissés par Hawat, puis se pencha sur le message :







« À DAME JESSICA.

Que ce lieu vous donne autant de plaisir qu’il m’en a donné. Permettez que cette pièce vous ramène en mémoire une leçon que nous tenons des mêmes maîtres : La proximité d’un objet désiré incline à trop d’indulgence. Là réside le danger.



Mes meilleurs vœux.


MARGOT DAME FENRING »

Jessica hocha la tête. Le Duc avait prononcé le nom du comte Fenring. Elle s’en souvenait. Le comte Fenring avait été mandataire de l’Empereur sur Arrakis. Mais ce message, libellé de telle façon qu’elle sût que son auteur était également Bene Gesserit, requérait en cet instant toute son attention. Pourtant, une pensée amère vint l’effleurer : Le Comte a épousé sa Dame. Mais, dans la même seconde, elle cherchait déjà le message caché. Il devait y en avoir un. Les lignes qu’elle venait de lire comportaient la phrase que toute Bene Gesserit, à moins d’être inhibée par une Injonction de l’École, devait transmettre à une autre Bene Gesserit lorsque les conditions l’imposaient : « Là réside le danger. »

Les doigts de Jessica glissèrent à la surface du bloc, en quête de perforations codées. Rien. Puis sur le côté. Rien. Et… une impression… Quelque chose dans la position du bloc ? Mais Hawat avait sondé la pièce et il avait dû déplacer le bloc-notes pour l’examiner. Levant les yeux, elle vit alors la feuille qui pendait au-dessus de la table. La feuille ! D’un doigt, elle en caressa la face interne, puis le bord, la tige… Là ! C’était là ! D’un seul geste, elle décela et lut le message des points infimes.

« Votre fils et le Duc courent un danger immédiat. Une chambre a été aménagée afin d’attirer votre fils. Les H l’ont pourvue de pièges mortels destinés à être découverts afin qu’un seul échappe aux recherches. » Elle lutta contre le désir soudain de courir vers Paul. Il lui fallait d’abord connaître le message tout entier. Ses doigts coururent sur les marques. « J’ignore la nature exacte de la menace mais elle a trait à un lit. Votre Duc, quant à lui, est menacé par la trahison d’un compagnon ou d’un lieutenant qui avait sa confiance. Les H ont fait le projet de vous offrir à un de leurs mignons. Pour autant que je sache, cet endroit est sûr. Pardonnez-moi de ne pouvoir vous en dire plus. Mes sources ne sont guère nombreuses car le Comte n’est pas des H. En hâte, M. F. »

Jessica repoussa la feuille et se retourna pour courir vers son fils. Dans le même instant, la porte du sas fut violemment ouverte et Paul surgit dans la pièce. Il tenait quelque chose dans la main droite. Il repoussa la porte derrière lui, aperçut sa mère et s’avança vers elle en écartant les feuilles. Il vit alors la fontaine et plaça sa main droite sous le jet d’eau.

« Paul ! (Jessica le saisit par l’épaule.) Qu’est-ce que cela ? »

« Un chercheur-tueur. Je l’ai attrapé dans ma chambre et je lui ai écrasé le nez, mais il vaut mieux être sûr. L’eau devrait le court-circuiter. » Il parlait d’un ton désinvolte mais Jessica perçut la tension qui l’habitait.

« Immerge-le ! » lança-t-elle.

Il obéit.

« Maintenant, lâche-le. Laisse-le dans l’eau. »

Il leva la main, secoua l’eau et contempla l’objet de métal immobile dans la fontaine. Jessica coupa une tige et s’en servit pour toucher la mortelle écharde. Inerte. Elle laissa tomber la tige dans l’eau et regarda son fils. Paul examinait la pièce avec une acuité qu’elle connaissait bien… Selon la Manière Bene Gesserit.

« Cet endroit pourrait dissimuler n’importe quoi », dit-il.

« J’ai toute raison de penser qu’il est sûr. »

« Ma chambre était censée l’être également. Hawat avait dit que… »

« C’était un chercheur-tueur, lui rappela-t-elle. Cela signifie qu’il fallait quelqu’un dans la demeure pour le diriger. Les rayons de support ont une portée limitée. Cette chose a fort bien pu être introduite ici après l’inspection d’Hawat. »

Mais, dans le même temps, elle songeait au message gravé dans la feuille : « … la trahison d’un compagnon ou d’un lieutenant… » Non, certainement pas Hawat. Certainement pas.

« Les hommes d’Hawat fouillent la demeure en ce moment, dit Paul. Le tueur a failli atteindre la vieille femme qui est venue m’éveiller. »

« La Shadout Mapes, dit Jessica. (Elle se souvint de leur rencontre au bas des marches.) Ton père devait te voir pour… »

« Cela peut attendre. Mais pourquoi pensez-vous que cet endroit est sûr ? »

Elle lui montra le bloc et lui rapporta le message. Il se détendit quelque peu. Mais pas Jessica, qui songeait : Un tueur-chercheur ! Mère Miséricordieuse ! Elle devait faire appel à toute son éducation pour réprimer un tremblement hystérique.

Paul dit calmement : « Bien sûr, ce sont les Harkonnen. Nous devrons les détruire. »

Puis on frappa à la porte du sas selon le code des hommes d’Hawat.

« Entrez », dit Paul.

La porte s’ouvrit et un homme de haute taille arborant l’uniforme des Atréides et l’insigne d’Hawat sur sa casquette pénétra dans la pièce.

« Ah, vous voici, monsieur, dit-il. La gouvernante nous avait dit que nous vous trouverions là. (Son regard parcourut la pièce.) Nous avons trouvé un cairn dans les caves. Il y avait un homme à l’intérieur, avec un pupitre de contrôle de tueur. »

« Je veux assister à son interrogatoire », dit Jessica, aussitôt.

« Je suis désolé, Ma Dame. Nous n’avons pas réussi à le prendre vivant. »

« Il n’y a rien qui puisse permettre de l’identifier ? »

« Encore rien que nous ayons trouvé, Ma Dame. »

« Est-ce un natif d’Arrakeen ? » demanda Paul, et Jessica hocha la tête : la question était habile.

« Il en a l’aspect, dit l’homme de Hawat. À première vue, il a dû être placé là, dans ce cairn, il y a plus d’un mois. Il attendait notre arrivée. Nous avions inspecté cet endroit hier et la pierre et le mortier étaient intacts. Je suis prêt à jouer ma réputation sur ce point. »

« Personne ne met votre conscience en doute », dit Jessica.

« Personne sauf moi, Ma Dame. Nous aurions dû utiliser des sondes soniques. »

« Je présume, dit Paul, que c’est ce que vous faites maintenant. »

« Oui, monsieur. »

« Faites savoir à mon père que je serai en retard. »

« Immédiatement, monsieur. (L’homme tourna son regard vers Jessica.) Les ordres de Hawat sont qu’en de telles circonstances le jeune maître soit placé en un endroit sûr. Qu’en est-il de celui-ci ? » À nouveau, ses yeux fouillèrent la pièce.

« J’ai mes raisons de le croire sûr, dit Jessica. Hawat aussi bien que moi l’a inspecté. »

« Alors je monterai la garde à l’extérieur, Ma Dame, jusqu’à ce que nous ayons une fois de plus inspecté toute la demeure. » Il s’inclina, porta la main à sa casquette à l’intention de Paul, puis se retira et referma derrière lui.

Paul, le premier, rompit le silence. « Peut-être aurions-nous dû visiter la maison par nous-mêmes ? Nos yeux pourraient voir des choses qui ont échappé à d’autres. »

« Il n’y a que cette aile que je n’avais pas examinée, dit Jessica. Je l’avais réservée pour la fin parce que… »

« Parce que Hawat s’en était personnellement occupé. »

Elle regarda vivement son fils. Ses yeux étaient interrogateurs.

« N’aurais-tu point confiance en lui ? »

« Si… Mais il devient vieux… Il a trop de travail. Nous devrions l’en décharger quelque peu. »

« Cela l’outragerait et diminuerait son efficience. Lorsqu’il aura entendu parler de tout ceci, pas même un insecte ne pourra pénétrer dans cette aile. Il aura honte que… »

« Nous devons prendre nos propres mesures », dit Paul.

« Hawat a servi trois générations d’Atréides avec honneur. Il mérite tout notre respect et notre confiance… »

« Lorsque l’un de vos gestes irrite mon père, il dit : Bene Gesserit ! comme s’il jurait. »

« Et qu’y a-t-il en moi qui puisse irriter ton père ? »

« Vous lui apportez la contradiction, parfois. »

« Tu n’es pas ton père, Paul. »

Cela va lui faire du chagrin, songea-t-il, pourtant il faut que je lui rapporte ce que m’a dit cette Mapes à propos d’un traître qui se serait glissé parmi nous.

« Que me caches-tu, Paul ? demanda Jessica. Cela ne te ressemble guère. »

Il haussa les épaules puis rapporta sa conversation avec Mapes.

Et Jessica songea au message sur la feuille. Elle prit soudain une décision et montra la feuille à Paul en lui traduisant le message.

« Il faut immédiatement que mon père soit averti, dit-il. Je vais radiographier ceci en code et l’emporter. »

« Non. Tu attendras jusqu’à ce que nous puissions le voir seul. Aussi peu de gens que possible doivent connaître tout cela. »

« Voulez-vous dire que nous ne devons faire confiance à personne ? »

« Il existe une autre possibilité. Ce message pourrait avoir été conçu afin de nous frapper. Ceux qui nous l’ont transmis ont pu croire qu’il était vrai mais il se peut que son seul but ait été de nous atteindre. »

L’expression de Paul restait sombre et décidée.

« Afin de jeter la méfiance et le soupçon dans nos rangs et, ainsi, de nous affaiblir », dit-il.

« Tu dois voir ton père en privé et le mettre en garde contre cette hypothèse », dit Jessica.

« Je comprends. »

Elle se détourna vers la vaste surface de verre filtrant et son regard se porta vers le sud-ouest, là où s’engloutissait le soleil d’Arrakis, sphère d’or entre les collines.

« Je ne crois pourtant pas que ce soit Hawat, dit Paul, derrière elle. Est-il possible que ce soit Yueh ? »

« Il n’est ni un compagnon ni un lieutenant. Et je puis t’assurer qu’il hait les Harkonnen avec autant de passion que nous. »

Paul porta son regard sur les collines. Et ce ne peut être Gurney… ou même Duncan, pensa-t-il. L’un des sous-lieutenants ? Impossible. Ils appartiennent tous à des familles qui nous sont loyales depuis des générations… pour d’excellentes raisons.

Jessica porta la main à son front et prit conscience de sa lassitude. Tant de périls ici ! Elle contempla le paysage, jaune au-delà de la baie. Un parc à marchandises s’étendait à quelque distance, entouré d’une haute barrière. Les tours de guet se dressaient au-dessus des silos à épice comme de grandes araignées sur le qui-vive. Jessica pouvait compter au moins vingt parcs semblables entre la demeure et les collines du Bouclier, silo après silo, sur toute l’étendue du bassin. Lentement, le soleil disparut sous l’horizon. Les étoiles vinrent. L’une d’elles, très basse sur l’horizon, était brillante, scintillante. Elle émettait comme un signal…

Dans l’ombre de la pièce, elle entendit Paul bouger. Mais elle ne quitta pas l’étoile des yeux. Elle était trop basse ; elle était dans les collines du Bouclier.

Un signal !

Elle essaya aussitôt de le déchiffrer, mais il était émis dans un code qui lui était inconnu. Puis d’autres lumières apparurent dans la plaine, sous les collines, des étincelles jaunes sur l’ombre bleue, profonde. Et une autre étoile brillante, plus loin à gauche, qui répondit à la première, sur un rythme très rapide… Puis qui s’éteignit.

La première étoile, quelque part dans les collines, disparut aussitôt.

Des signaux… Un pressentiment envahit Jessica.

Pourquoi utiliser des signaux lumineux d’un bord à l’autre de la cuvette ? se demanda-t-elle. Pourquoi, alors qu’il existe un réseau de communication ?

La réponse était évidente : toute communication pouvait être interceptée par les agents du Duc. Ces signaux lumineux ne pouvaient avoir été émis que par des ennemis, des agents harkonnens.

On frappa à la porte, puis Jessica reconnut la voix de l’homme de Hawat. « Tout va bien, monsieur… Ma Dame. Il est temps de conduire le jeune maître auprès de son père. »

Загрузка...