CHAPITRE X

— Cette fois, dit Marsch avec joie, le terrain est complètement déblayé. Ils ont fait sauter le camion et il ne doit pas rester un seul survivant parmi les soldats.

Sara regardait, elle aussi, au-dehors. Les flammes s’élevaient maintenant très haut au-dessus de la jungle, et léchaient les branches des grands arbres.

— L’incendie va se propager, murmura-t-elle.

— Trop d’humidité là-dedans. J’espère que Fang va nous filer le reste du pognon. Il n’est pas encore cinq heures, mais puisqu’il est certain de ne plus être importuné…

Cependant personne n’apparaissait sur le terrain. Marsch mâchonnait sa cigarette avec nervosité. Est-ce que Fang allait le faire languir jusqu’au bout ? C’était un Chinois, et, par pur sadisme, il pouvait attendre les cinq heures sonnant. Il se souvint qu’il restait des boîtes de bière achetées à Mandalay. Il traversa la carlingue. Le général dormait toujours, semblait-il. Tsin était repartit lui aussi au pays des rêves.

Il creva la boîte de deux trous et but à la régalade. Il emporta le restant avec lui, le tendit à Sara qui but longuement. Il faisait une chaleur insoutenable dans l’avion. La jeune femme avait la figure décomposée et paraissait lasse. Elle avait déboutonné son corsage et il regardait la naissance de ses seins. Mais le souvenir de l’étreinte du matin lui revint et il lui tourna le dos. Plus l’heure du départ approchait, plus il se sentait fébrile. Pourrait-il arracher l’appareil au sol ? Bien sûr, il voyait comment s’y prendre. Coller la queue du D.C. 3 dans l’extrême coin, emballer les moteurs jusqu’à ce que le train se torde presque, et desserrer les freins. Le train d’atterrissage ne tiendrait pas le coup. Il en transpirait d’avance et ses mains salies poissaient. Il les essuya contre sa combinaison ouverte sur son torse poilu.

Sara poussa brusquement un cri.

— Un homme qui court vers nous.

Ludwig sursauta et se colla au pare-brise.

Il ne reconnaissait pas la silhouette. Il craignait le pire, un désastre des rebelles, Fang en train de courir vers l’appareil pour s’y mettre à l’abri.

Soudain le fugitif fut pris dans le réseau des balles. Elles soulevaient de petits flocons de poussière autour de lui.

— On dirait qu’il ne les entend pas. Il devrait courir en zigzag.

L’homme tomba et ne bougea plus.

— Ce n’est pas Fang, dit Ludwig avec indifférence.

Le Chinois arriva quelques minutes plus tard. Il paraissait très satisfait.

— Nous nous sommes débarrassés de ces Birmans. Aucun n’en a réchappé et les rebelles le regrettent presque.

Comme il fixait Sara, elle frissonna de la cruauté cachée de cet homme.

— Les rebelles les ont encerclés et ont fait sauter le camion. Ce dernier a pris feu. Il y avait beaucoup d’essence à bord et tout a été détruit.

Il examina le général avec attention.

— Il ne nous reste plus qu’une heure pour conclure notre marché.

Ludwig l’observait à la dérobée. Le ton ironique du lieutenant ne lui avait pas échappé. Finalement, il se décida à parler.

— Pourquoi attendre plus longtemps ? Les soldats birmans ne sont plus une menace pour vous. Le général sera aussi bien au village qu’ici.

Fang feignit la surprise.

— Mais notre accord ? Nous avions conclu pour cinq heures.

Marsch pinça les lèvres.

— Je tiens à m’envoler rapidement.

— Le soleil est encore haut.

C’était certain. Le Chinois jouissait de la situation. Il n’avait plus rien à craindre des soldats, et son hélicoptère n’arriverait que dans quelques heures. Marsch fut pris de soupçon. L’homme pouvait essayer de le duper, emporter le général et les deux cent mille dollars. Pourquoi pas ? Les rebelles pilleraient l’avion et personne ne saurait jamais pourquoi le D.C. 3 s’était posé là. On lierait les deux disparitions sans chercher à approfondir les faits.

Fang paraissait s’amuser énormément.

— Vous ne pouvez pas vous envoler immédiatement, dit-il.

Marsch devint hargneux.

— Il faut déblayer le terrain. Il y a quatre cadavres. Ils pourraient causer des dégâts à votre appareil. Si vous donnez quelques dollars aux rebelles, ils s’en chargeront.

L’Allemand alla jeter un coup d’œil à la porte et tressaillit. Une dizaine d’hommes s’étaient groupés en rond et discutaient en fumant.

— Les villageois se sont ralliés à mes hommes, expliqua Fang. La petite troupe du début a perdu plusieurs hommes.

Marsch sortit son portefeuille et y préleva quelques coupures. Il appela un des hommes et lui expliqua, tant bien que mal, ce qu’il attendait de lui et de ses camarades. Le rebelle prit les billets, demanda son accord à Fang. Le groupe se dirigea sans hâte vers le premier corps.

— Dans une heure tout sera terminé, et vous pourrez vous envoler, dit Fang. Mais auparavant, je voudrais savoir une chose.

L’air méfiant de Marsch ne le découragea pas.

— Que comptez-vous faire du garde du corps ?

Ludwig se rasséréna.

— L’abandonner ici.

— Et votre compagnon ?

Marsch fronça les sourcils. Il n’avait jamais été question de Clifton entre lui et Fang. Ce dernier éclata d’un rire strident.

— Quoi, mon compagnon ?

— Comme il n’a jamais participé à nos discussions, je suppose qu’il est opposé à la livraison de ce chien de Nangiang. Vous vous êtes assuré de sa personne ? Bien ? Qu’allez-vous en faire, l’abandonner aussi ?

— Oui.

Fang riait comme un petit fou.

— Décidément, pour de l’argent, les Blancs n’hésitent pas à s’entre tuer.

— Il ne s’agit pas que d’argent, dit Marsch. Un jour on découvre qu’une amitié a tellement duré qu’elle s’est transformée en haine.

Le Chinois riait toujours, incapable de comprendre. L’Allemand lui aurait collé son poing en pleine figure.

— Si vous alliez chercher la serviette, dit-il sèchement.

Fang se calma.

— Qu’en ferons-nous ?

— De qui ?

— Des deux hommes que vous allez abandonner ici ?

Marsch haussa les épaules.

— Ce que vous voudrez.

Fang le toisa.

— Vous les emporterez avec vous. Les habitants de ce village recevront tôt ou tard la visite des autorités birmanes. Inutile qu’on découvre en plus le cadavre d’un Blanc.

Cette fois Marsch trouva qu’il y allait trop fort.

— De quel droit ?

— Il me suffit d’en parler au chef du village. Il ne tiendra certainement pas à ce que vous abandonniez ces deux hommes.

— Ils vont pourtant faire disparaître les cadavres des soldats birmans.

— Ne le croyez pas. Ces gens jouent sur les deux tableaux. Tôt ou tard, le gouvernement enverra des soldats. Les Karens leur montreront les sépultures décentes données aux soldats morts pour leur pays.

C’était certainement la vérité. Marsch connaissait trop l’âme asiatique pour s’étonner.

— Inutile qu’un corps de Blanc vienne jeter le trouble. Vous vous en débarrasserez ailleurs.

Marsch dut s’incliner, la rage au cœur.

— Je vais aller chercher ma serviette, annonça Fang avec un petit geste désinvolte.

Il sauta à terre et l’Allemand le suivit d’un regard sanglant. Il aurait bien envoyé une balle dans le dos frêle de l’homme.

Quand il retourna, il surprit une lueur joyeuse dans les yeux de Sara.

— Content d’en finir, hein ?

— Oui, dit-elle du bout des lèvres.

Il eut l’impression d’être passé à côté. Ce n’était pas la seule raison de son soulagement. Il ouvrit la porte du poste.

Sans se presser, les Karens traînaient les corps des soldats et celui du fonctionnaire en direction de la jungle, vers le camion détruit. Tout le monde se fichait de lui, et par-dessus le marché il devait supporter ce flegme oriental. Il avait cru s’y habituer au bout de tant d’années de présence dans le coin, mais brusquement sa patience craquait. Il découvrait qu’il haïssait cette terre, ces petits hommes jaunes aux yeux bridés.

Pensant à Clifton, il serra les poings. Fang l’avait eu. Il ne pourrait s’en débarrasser facilement. Le pilotage automatique était déréglé et ce n’était pas le moment de le réparer. Il ne pourrait même pas quitter les commandes. D’un geste rageur, il prit la poignée de la porte, ouvrit.

Philip leva vers lui ses yeux goguenards. Il souffrait de la chaleur et par conséquent de la soif. Marsch le contempla en silence, l’air arrogant.

— Qu’attends-tu pour décoller ? demanda Clifton, insolent.

Ludwig resta silencieux, fumant lentement la cigarette qu’il venait d’allumer. Il soufflait la fumée en direction de son ancien compagnon. Clifton était un fumeur enragé et devait souffrir d’être privé de tabac.

— La trouille, hein, Marsch ? Et tu vas attendre la nuit parce que tu n’oses pas.

Le visage de l’Allemand fut à deux doigts du sien.

— Tu n’en mèneras pas large dans une heure.

— Certainement, si tu es aux commandes.

Marsch referma la petite porte, empocha la poignée. Il s’approcha de Sara, appuyée contre la porte extérieure, le regard au loin dans la jungle.

— T’es heureuse, hein ?

Étonnée, elle l’examina.

— Heureuse que ce salaud de Fang ait sauvé, sans le vouloir, la vie de Clifton. T’es amoureuse ?

— Non. Je ne veux plus voir de sang couler. Est-ce si extraordinaire ?

Marsch l’étudiait de son œil mi-fermé. La paupière de l’autre suivait le mouvement avec un léger retard, comme si elle accrochait sur la surface du verre. Des traînées de sueur luisantes ressemblaient à de vieilles cicatrices.

— Des clous, mon petit ! À partir de maintenant je t’aurai à l’œil. Pais gaffe ! Je serais bien capable de garder la totalité des billets.

Sara resta impassible.

— Tiens, ajouta-t-il, comme frappé d’une idée. Je te vends la peau de Clifton, cent mille dollars.

Mais la jeune femme resta impassible. Il ricana comme après une bonne plaisanterie. Finalement, Sara lui posa une question à laquelle il n’avait pas réfléchi.

— Allez-vous vérifier les billets encore une fois ?

Il en resta interloqué.

— Tu crois qu’il aurait eu l’audace…

Brusquement il fila vers la soute, ne trouva pas immédiatement ce qu’il cherchait, alla fouiller dans le placard du navigateur parmi les cartes. Il trouva le gros rouleau de papier collant transparent. Il le lança à la jeune femme.

— Tu commenceras tout de suite la réunion des billets. Je ne m’envolerai que lorsque nous serons certains de ne pas être doublés.

Le terrain était libre enfin et les rebelles revenaient lentement vers l’appareil. Tous avaient gardé leurs armes et Marsch n’aimait guère leur attitude. Il eut l’impression qu’ils se séparaient en deux groupes pour encercler le D.C. 3. Il sortit l’arme de Tamoï, vérifia son fonctionnement.

— Qu’as-tu fait de mon revolver ?

La jeune fille s’en était emparée lors de la bagarre avec Clifton.

— Dans le poste, dit-elle négligemment.

— Va le chercher.

— Je crois que Fang arrive.

Du coup il oublia son arme et se précipita à la porte. Le Chinois arrivait enfin, et sa main étreignait la poignée de la petite valise. Marsch soupira. Les billets ne pourriraient, pas dans un coin perdu de la jungle.

— Cette fois, je crois que nous sommes bons. À moins que ce gringalet ne nous réserve une surprise.

Fang ne montait pas tout de suite dans l’appareil mais discutait avec les rebelles.

— Tu comprends, toi ? demanda-t-il à Sara.

— Non, ils sont trop loin.

Puis l’officier se dirigea vers eux.

— Me voici ! cria-t-il.

Il escalada les échelons, pénétra dans l’appareil. Il tendit la serviette à Marsch.

— Je suppose que vous voulez faire une dernière vérification. Allez-y !

Sara avait ouvrit la mallette. Elle sortit les premières liasses de la serviette, vérifia rapidement. Elle fit signe à l’Allemand que les moitiés concordaient. Il s’agenouilla lui aussi et l’aida. Le Chinois les regardait avec un sourire méprisant.

Au bout de cinq minutes, Ludwig se redressa.

— Collez les moitiés ensemble. Autant le faire tout de suite.

Puis à Fang :

— Vous pouvez appeler vos hommes.

Le Chinois désigna les billets.

— Je préfère que ces billets soient cachés.

Ce qui fit rire l’Allemand. Il était satisfait de prendre sa revanche.

— Oh, vous les croyez aussi cupides ? Je croyais qu’ils étaient rebelles politiques et non bandits de grands chemins.

Fang n’appréciait pas la plaisanterie.

— Faites vite !

Sara emporta la mallette et la serviette dans le poste de pilotage.

— Ils ont bien vu que vous aviez une serviette à la main.

— Je leur ai fait croire qu’il s’agissait de papiers politiques que nous vous remettions en échange du général.

Deux hommes venaient de pénétrer dans la carlingue. Fang leur désigna le général. Quand les deux gaillards soulevèrent le brancard, il ouvrit les yeux.

Son regard s’accrocha à Marsch et ne le quitta plus. L’Allemand détourna la tête. Mais Nangiang le fixait toujours.

— Allez, vite ! dit Fang.

Un des hommes sauta à terre et leva les bras pour soutenir le fardeau. L’autre poussa le brancard vers l’extérieur et un troisième rebelle le récupéra à bout de bras. Marsch poussa un soupir. Le général n’était plus dans l’appareil. À partir de cet instant, il était parjure à la parole donnée. Il savait que sa vie serait en danger durant de longs mois, des années même. Les gens de Formose ne lui pardonneraient pas cette trahison.

Les deux hommes emportaient le général vers l’ombre de la bordure. Fang était toujours à bord. Il suivait des yeux le brancard.

— Vous ne regrettez rien ? demanda-t-il à l’Allemand.

Ce dernier haussa les épaules.

— À votre place, je me méfierais. Si on m’avait joué un tour pareil, j’aurais passé le reste de mes jours à poursuivre mon ennemi. Les traîtres de Formose sont des Chinois. Ils doivent penser exactement comme moi.

— Merci de vos bons conseils, dit Marsch, en se forçant un peu, mais j’ai de quoi vivre en toute tranquillité. L’argent est une grosse puissance dans le monde où j’évolue.

— Je vous le souhaite ! dit Fang.

Il se rapprocha de la porte.

— Vous partez immédiatement ?

— Oui. Je vais coincer la queue de l’appareil dans la poche du fond. Pouvez-vous m’envoyer deux hommes pour le tirer ?

Fang inclina la tête et sauta à terre sans lui tendre la main. Marsch claqua la porte derrière lui, après avoir relevé l’échelle.

Dans le poste, la jeune femme recollait chaque moitié de billets à l’autre. Il y en avait déjà un bon tas de reconstitués. Marsch les feuilleta. Mille dollars. Et il y en avait deux cents fois autant.

Marsch s’installa dans le siège et mit les moteurs en route. Le droit tourna aussitôt, mais le gauche refusa obstinément de démarrer. Il y avait déjà longtemps qu’il avait besoin d’une vérification. Marsch, la sueur au front, insista encore en jurant.

Sara continuait de rassembler les moitiés de billets avec des gestes automatiques. Elle ne pensait même pas à tout cet argent qu’elle était en train de manipuler. Curieusement son esprit était auprès du petit général, couché dans sa civière. Elle regarda par les vitres de côté, mais ne put l’apercevoir. Il était beaucoup plus en arrière.

— Saloperie ! jura Marsch.

Il songeait à un court-circuit dans le réseau électrique. Un fil devait être à la masse. Parfois, en plein vol, il y avait des ratés. N’utilisant que le moteur droit, il lâcha les freins et se dirigea vers le fond du terrain. Il essayerait de réparer là-bas, hors des regards moqueurs de Fang.

À petite vitesse il doubla les trois hommes que l’officier chinois lui envoyait. Il arriva largement avant eux, opéra un demi-tour. Ils n’auraient à tirer l’appareil que sur une trentaine de mètres.

Rapidement il démonta les plaques d’accès du poste, mais ne découvrit rien. Il dut sortir avec la petite échelle, grimper sur l’aile pour continuer ses investigations. Les trois hommes arrivés depuis cinq minutes attendaient assis en ligne à quelques mètres, le regardant et échangeant des paroles dans leur dialecte karen.

Marsch sauta en bas de l’échelle et leur désigna la queue de l’appareil. Ils s’y arc-boutèrent et l’emmenèrent contre la lisière de la jungle. Marsch sortit trois billets de cinq dollars et les leur donna. Puis il leur désigna l’autre bout du camp, en souhaitant qu’ils lui fichent la paix. Mais eux s’installèrent commodément un peu plus loin, et reprirent leur discussion sur les chances qu’avait l’homme blanc de réparer sa machine volante avant la nuit.

L’Allemand ne trouva rien et pénétra à nouveau dans le poste. Il essaya de le mettre en route et cette fois, le moteur répondit à ses sollicitations. Il savait fort bien qu’il risquait de s’arrêter en plein vol, mais il n’avait plus de temps à perdre.

— Vous avez réparé ? demanda Sara d’une voix indifférente. Elle avait maintenant pour trois mille dollars de billets reconstitués devant elle.

— Oui, grogna Marsch, en allant récupérer l’échelle.

Il referma la porte, revint aux commandes. Devant lui le champ s’étendait ridiculement court.

— Jamais je n’y arriverai, murmura-t-il entre ses dents.

Sara releva la tête. Il parlait tout seul, mais dans le vacarme des deux moteurs elle n’entendait rien. Elle s’arrêta de coller ses billets et regarda, elle aussi. Sur leur droite, il y avait le groupe des rebelles et de Fang autour du brancard du général. Ils l’avaient tourné de façon que Nangiang assiste au départ du D.C. 3.

Marsch emballa ses moteurs. Dans l’habitacle-radio, Clifton comprenait que c’était le départ. Ce qui l’étonnait le plus, c’était d’être en vie. Marsch ne l’avait pas abandonné sur le terrain. Et une fois en vol, ce serait difficile pour lui de se débarrasser de son ancien compagnon.

Les tôles de l’appareil vibrèrent terriblement. Marsch devait augmenter le régime de ses moteurs tout en se cramponnant sur les freins. Clifton se demandait si le train-avant y résisterait. Combien de fois avaient-ils utilisé le même procédé pour s’envoler de terrains trop courts. Mais celui-là battait tous les records.

Le fuselage se souleva légèrement, attiré en avant par la puissance des moteurs. Si jamais le train cédait, tout serait perdu. Clifton enfonçait ses ongles dans ses paumes. Marsch irait jusqu’à la limite de sa résistance pour un démarrage foudroyant. Le vent paraissait être nul et c’était encore une chance. S’il avait soufflé du nord comme d’ordinaire dans ces régions, Marsch n’aurait pu utiliser la grande diagonale. Et elle ne faisait pas douze cents pieds. Il faudrait rentrer la roue arrière au milieu et le train-avant juste à temps pour ne pas heurter les grands arbres.

Brusquement il perdit son équilibre et tomba en avant. Marsch avait lâché ses freins et donné toute la puissance aux moteurs.

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