La réaction de Fang fut inattendue. Il plongea sur l’Allemand et lui arracha son arme. Ludwig blêmit, croyant à un piège. Mais les deux hommes avaient sauté à terre en direction de leur revolver.
Fang se précipita à la porte.
— Les soldats birmans sont revenus.
Brusquement un fusil-mitrailleur tira par saccades et le lieutenant jura. Un homme traversa le terrain d’aviation en courant en zigzag vers eux. Soudain il s’écroula et ne bougea plus. Sara poussa un léger cri.
Mais les irréguliers s’organisaient rapidement. Ils pouvaient les voir se cacher derrière les buissons et rendre coup pour coup.
Fang se tourna vers Ludwig.
— Désolé, monsieur, mais notre tractation est pour le moment interrompue. Veuillez me rendre ma serviette.
Dans l’œil valide de l’Allemand passa un éclair de colère.
— Que voulez-vous faire ?
— Aider mes hommes. Je vous conseille de rester ici. Les Birmans ne vous feront aucun mal. Ils ont certainement pensé que vous étiez en difficulté et que les rebelles en avaient profité pour vous assaillir.
Ludwig essaya de plonger une main dans sa poche, mais le Chinois tira à quelques centimètres de lui.
— Je vous en prie. N’essayez pas d’employer la force.
Avec un sourire froid il ajouta :
— Je vous laisse le général. Croyez bien que je vais mettre tout en œuvre pour que ma mission ne soit pas un échec.
Il prit la serviette des mains de Sara et sauta à terre. Ludwig courut à la porte, mais la jeune femme le rattrapa.
— Non. Vous gâcherez toutes nos chances.
D’ailleurs Fang et ses hommes avaient disparu vers l’arrière du D.C. 3. Marsch jura effroyablement et claqua la porte. Le visage du général était serein. Ludwig lui cracha dessus.
— Vieux polichinelle !
La main mutilée essuya doucement la joue souillée. Ludwig se dirigea vers le fond de l’appareil et prit la dernière bouteille de whisky dans le placard. Il l’ouvrit, la colla à ses dents et but. Au-dehors les coups de feu s’espaçaient. Les deux adversaires devaient s’étudier. Il revint dans la carlingue. Sara n’y était plus. Il passa devant le général sans lui accorder un regard.
La jeune femme regardait au-dehors, à travers les vitres du poste de pilotage.
— Je suppose qu’ils veulent liquider les soldats birmans pour pouvoir emmener le général.
Marsch ne s’était pas posé cette question. Il ignorait comment Nangiang devait passer la frontière.
— Croyez-vous qu’ils vont porter le brancard à travers la jungle ? Le vieux n’y résisterait pas.
Par acquit de conscience, il vérifia les liens de Clifton. Celui-ci se laissait faire avec indifférence. Il récupérait lentement ses forces. Le départ n’était certainement pas pour l’immédiat. Ludwig aperçut la bouteille de whisky drogué et le gobelet. Il les emporta avec lui dans la carlingue. Il remplit le gobelet, l’approcha des lèvres du général tout en lui soulevant la tête.
— Buvez, ça vous fera du bien.
Nangiang serrait les dents. Il cala sa tête sur un de ses genoux et lui pinça violemment le nez. Le Chinois, à bout de souffle, ouvrit la bouche et il l’obligea à avaler tout le whisky drogué.
Tsin dormait toujours entre deux rangées de fauteuil. Il recommença la même opération. Le garde ouvrit des yeux flous et but parce que c’était de l’alcool. Il retomba ensuite dans son inconscience.
Ludwig jeta la bouteille dans le filet des bagages et alluma une cigarette. Il n’avait rien à craindre de ce côté-là. Pour plus de sûreté, il verrouilla la porte. Dans le poste Sara regardait toujours au-dehors.
— Ils ne tirent plus ?
— Je crois que les rebelles essayent de les encercler.
Clifton fixait les mains de Marsch.
— Je m’étonne que tu n’aies pas essayé de me faire boire de l’alcool drogué. C’est donc que tu as besoin de moi pour le décollage.
Marsch ne répondit pas. Il regarda sa montre. Onze heures.
— Voulez-vous préparer de quoi manger ? Il y a des conserves dans la soute et un petit réchaud à tablettes de méta.
La jeune femme obéit.
— Que se passe-t-il exactement ? demanda Clifton.
Marsch garda la bouche fermée.
— La négociation ne marche plus ?
— Ferme ça ou je te bâillonne.
— Donne-moi une cigarette et je me tais.
Marsch s’exécuta puis s’installa dans le siège du copilote. Des pensées maussades l’habitaient. Si Fang se faisait tuer et que la serviette soit perdue, tout cela n’aurait servi à rien. Il n’aurait plus que la ressource de fuir très loin pour échapper aux recherches. Que ferait-il du général, du garde et de Clifton ? Il pouvait toujours exiger une rançon des nationalistes de Formose. Mais ce serait certainement plus dangereux. Nangiang avait plus d’importance pour les gens de Pékin. Il pouvait leur donner des indications précieuses sur les maquis nationalistes. Tandis que ceux de Formose n’attendaient que de simples rapports sur la situation dans le Nord-Est de la Chine.
Au bout d’un moment il se leva et quitta le poste. Dans la soute, Sara faisait réchauffer une boîte de singe et avait ouvert un paquet de biscottes.
Ludwig l’observa, appuyé contre la porte. Elle avait de jolies jambes et il devinait la rondeur des cuisses sous la robe légère. La jeune femme se rendit compte de cet examen et rougit légèrement.
— Vous aurez du succès dans les grandes villes, dit-il d’un ton rauque.
Elle ôta la boîte du réchaud et jeta le couvercle sur la flamme qui s’éteignit.
— Nous pouvons manger, dit-elle.
Il s’approcha d’elle et glissa son bras autour de sa taille. Il s’attendait à ce qu’elle se débatte, mais elle resta impassible. Il la fit pivoter, la plaqua contre lui. Sa main descendit sur ses reins.
— Tu me plais ! murmura-t-il.
Puis il regarda ses yeux et faillit la rejeter loin de lui. Ils étaient froids et la fille était à cent lieues de là, indifférente.
— Tu te fous de tout, hein ?
Sara le regarda avec un peu de surprise. Il chercha sa bouche et elle se laissa embrasser. Il la força à s’allonger sur le sol de la soute. Avec une passivité déconcertante elle se laissa faire. D’un geste brusque il ouvrit sa robe sur ses seins. Elle ne portait pas de soutien-gorge. Il releva sa robe sur ses jambes.
Il ne prit avec elle qu’un plaisir médiocre, mais il avait calmé sa nervosité. Il quitta la soute tandis qu’elle remettait de l’ordre dans ses vêtements. Brusquement le souvenir de ce qu’il venait de faire l’écœura. Cette fille était comme toutes celles aux caresses tarifées. Il lui en voulait rageusement. Elle n’avait rien fait pour lui donner le sentiment qu’il lui plaisait, qu’ils n’étaient pas seulement liés par la perspective de toucher ces deux cent mille dollars.
Elle le rejoignit alors qu’il allait pénétrer dans le poste. Il crut à un regret de sa part. Mais elle arrivait portant un plateau sur lequel elle avait rangé la boîte de singe chaude, les biscottes et de la bière en boîte.
Une série de détonations les accueillit quand ils rejoignirent Clifton. Ce dernier paraissait suivre le combat avec attention, mais eux ne voyaient rien. Marsch finit par distinguer cependant un homme caché dans les branches d’un arbre. C’était lui qui tirait sur des adversaires invisibles.
— Ça peut durer des jours entiers, dit Clifton.
Marsch haussa les épaules, puisa dans le corned-beef avec la pointe de son couteau, et se servit d’une biscotte comme assiette.
— Voulez-vous manger ? demanda Sara à Clifton.
Le pilote parut surpris de cette proposition. Il regarda la boîte de singe avec dégoût.
— Non, merci. Boire s’il vous plaît.
Elle remplit un gobelet et l’aida à avaler la bière. Ludwig n’avait rien dit. Il mangeait goulûment en surveillant la lisière de la jungle. À combien se montait l’effectif des soldats birmans ? Étaient-ils capables d’anéantir la bande rebelle et de tuer le lieutenant Fang ? Dans ce cas, ils découvriraient les moitiés de billets et comprendraient que le reste ne pouvait se trouver que dans l’appareil. Leur cupidité passerait alors avant leur patriotisme.
Sara allumait une cigarette et la glissait entre les lèvres de Clifton. Il jura en lui-même. Il aurait parié que la jeune femme éprouvait une certaine sympathie pour Philip. Mais il y avait l’argent et elle devait préférer ça au plus bel homme du monde.
Brusquement il éprouva l’envie d’établir son autorité. Cette fille était à lui puisqu’il avait couché avec elle.
— Sara ! dit-il entre ses dents.
Elle se retourna vivement.
— Viens ici !
Clifton tirait doucement sur la Lucky. Il ne faisait même pas attention aux deux autres. Ce qu’il apercevait était autrement dramatique. Un soldat birman rampait parmi les buissons et se rapprochait du tireur embusqué dans l’arbre.
— Ici, je te dis. Tout à l’heure tu ne t’es pas fait prier pour t’allonger.
La jeune femme écrasa sa cigarette sous son pied.
— Vous n’avez pas le droit de me demander ça.
— Tu ne veux pas t’asseoir sur mes genoux ?
— Laissez-moi tranquille.
Ludwig ricana.
— Tu couches avec les hommes sans t’en rendre compte ?
La jeune femme détourna les yeux et regarda au-dehors. Elle ne vit pas le soldat birman que Clifton suivait du regard le cœur battant. L’homme était très habile et procédait par bonds pour se rapprocher du tireur. Il ne devait avoir qu’une arme de tir rapproché, et ne voulait pas manquer son but. Le rebelle, lui, épaulait souvent son fusil et chaque fois Clifton apercevait le léger recul de l’arme.
— Garce !
Marsch se leva et quitta le poste. La jeune femme jeta un regard inquiet au pilote, mais lui regardait toujours au-dehors. Elle crut que c’était une attitude.
— Vous avez entendu ?
— Oui.
— Vous pensez comme lui ?
Il secoua la tête, puis d’un coup de menton désigna la jungle.
— Je n’ai pas le temps de penser à ces histoires-là. Il y a un homme qui va essayer d’en tuer un autre. Le rebelle est dans l’arbre et le soldat s’approche de lui avec d’infinies précautions.
Sara tourna le dos au pare-brise.
— Cela vous passionne ?
Clifton ne répondit pas.
— Dans les villages de Chine, il y avait des montreurs de serpents. Le moment où ils faisaient recette c’était lorsque deux fois par mois le boa avalait un lapin. Toute la population suivait pendant des heures la lente aspiration du lapin dans la bouche du serpent. Plus il était gros et plus le boa avait de peine.
— Ce n’est pas pareil. Il s’agit d’hommes. Quand un serpent veut avaler le lapin, on peut faire fuir ce dernier. Là ce n’est pas possible. Celui qui gagnera sera celui qui apercevra l’autre le premier.
Il sourit.
— Pouvez-vous me donner une cigarette encore ?
Doucement, elle lui ôta le mégot du coin des lèvres et y glissa une Lucky allumée.
— Ce sont les vôtres.
— Pourquoi avez-vous couché avec Ludwig ? Par vice ou bien pour sceller votre accord.
Le visage de la jeune femme était douloureux.
— Ça n’a pas beaucoup d’importance. On m’a obligée à le faire plus de cent fois. Il n’y a aucune différence entre consentir et subir. Mais c’est dans l’intérêt de notre entreprise. Si j’avais joué les coquettes, il n’aurait plus pensé qu’à cela. C’est une si petite chose, comprenez-vous ?
— Non.
Il tirait trop vite sur sa cigarette et la fumée lui faisait pleurer les yeux. Elle l’ôta de sa bouche un moment puis la remit.
— Vous n’avez même pas eu une attirance physique pour lui. C’est ce que j’ai compris du moins.
Sara soupira :
— Justement. J’ai complètement oublié.
— Si un jour vous rencontrez un homme qui dira vous aimer, lui raconterez-vous cette aventure ?
Durant quelques secondes le visage de la jeune femme parut bouleversé, mais elle reprit vite son air serein.
— Parlons d’autre chose voulez-vous ? Voici quelques minutes que vous ne vous souciez plus du rebelle et du soldat.
Clifton continuait de la regarder. Elle était merveilleusement belle mais si lointaine, si étrange. Il n’eut pas un regard pour la lisière de la jungle.
— Le soldat est mort.
Les doigts longs de la jeune femme se contractèrent.
— Vous êtes sûr ?
— Un rebelle était caché derrière un buisson et l’a poignardé tandis que nous parlions tranquillement.
Brusquement son visage se contracta et elle éclata en sanglots. Cela dura peu. Elle s’éloigna et s’assit derrière lui. Il ne pouvait la voir. Elle devait pleurer silencieusement.
— Vous ne devriez pas, dit-il doucement. Ludwig détestera de vous voir dans cet état et il se méfiera. Il est capable d’une grande cruauté.
Une pensée lui vint.
— Vous avez couché avec Slade ?
— Non.
— Pourquoi ?
— Je ne sais pas. Il déteste les natives, n’est-ce pas ?
— Vous êtes Eurasienne.
Peut-être que ça ne comptait pas pour l’Anglais alcoolique.
— Dites-moi, le général, comment va-t-il ?
— Vous vous inquiétez de lui ?
— Oui. Il est très faible ?
— Marsch lui a fait avaler un gobelet de whisky drogué.
Un rire nerveux échappa à Clifton. C’était une idiotie, une chose suffisante pour tuer le vieil homme.
— S’il en mourait ? Fang vous rirait au nez.
— Vous croyez que ça peut être dangereux ?
— Bien sûr. Vous vous faites du souci pour la marchandise que vous mettez en vente ?
Sara se leva et se rapprocha de lui.
— Vous savez bien qu’il ne mérite pas de vivre ? En toute objectivité.
— Tuez-le alors. Ne le vendez pas. Finalement je crois que le commerce est le fait de gens sans foi. Aidez-moi. Si nous ramenons le général à Bangkok, nous gagnerons quarante mille dollars.
Sara éclata de rire.
— Ils vous paraissent plus assurés que les deux cent mille qui nous attendent ici ?
— Ils sont quand même plus propres. C’est le prix d’un service rendu. Si vous acceptez, je vous abandonne la totalité de cette somme.
Cette fois elle resta silencieuse. Il fit un effort pour se tourner vers elle.
— Vous ne me croyez pas ?
— Si. Pourquoi me proposez-vous cette somme ?
— Je veux que le général arrive à Bangkok. Il me semble que je n’ai jamais eu rien de plus sacré que ce vieux bonhomme racorni à l’affreuse légende. Si j’échoue je ne serai jamais plus le même.
Tout d’un coup il avait envie de lui parler de cette femme de Pékin qu’il avait abandonnée sur l’aérodrome, avec son enfant sur les bras, tandis que les Rouges fusillaient tous ceux qui fuyaient comme opposants au nouveau régime. Mais il renonça.
— Enfin vous n’aurez rien à craindre de personne. Ces quarante mille dollars vous seront acquis.
— Taisez-vous !
Il se rendit compte qu’il s’était trompé. Maintenant elle était furieuse contre lui et refusait de l’écouter. Il n’aurait pas dû être si brutal.
En même temps une violente fusillade le fit sursauter. Les balles arrivaient jusqu’à quelques mètres de l’avion et formaient de petits cratères dans l’herbe poussiéreuse. Il reconnut le crépitement d’une mitrailleuse. Certainement les soldats birmans, mais elle ne pouvait leur être d’une grande utilité dans la jungle. Ils arrosaient le terrain pour couper la fuite aux rebelles.
Marsch pénétra en coup de vent dans le poste pour voir ce qui arrivait. Le tir saccadé de l’arme automatique continua. Clifton la repéra enfin. Il aperçut une masse sombre dans la forêt à l’extrême-droite.
— Un camion !
Il pouvait distinguer le toit sur lequel l’engin était fixé. Marsch jura entre ses dents. Il pensait à Tsin lié et drogué, à Clifton. Si les Birmans parvenaient jusque-là, il était perdu.
— Regardez ! cria Sara. Ils viennent par ici.
Deux soldats progressaient par bonds dans leur direction.
— C’est le seul moyen de savoir si vous êtes pour ou contre eux, dit Clifton. Évidemment, l’avion leur procurerait un abri efficace pour prendre les rebelles dans un étau.
Marsch poussa un cri de victoire. Un des deux hommes était tombé lourdement. Le second se coucha à terre et revint en rampant vers son camarade.
— Celui qui a été touché portait le fusil-mitrailleur. Ils comptaient s’installer ici, dit Clifton. Tu n’auras peut-être pas besoin de les descendre toi-même.
De fait les deux hommes étaient environnés par les petits flocons de terre sèche que soulevaient les balles. Le soldat birman rejoignait son camarade, lui retirait son fusil-mitrailleur.
— Il n’aura pas besoin de venir jusqu’ici, murmura Clifton.
L’homme se servait du cadavre de son compagnon comme d’un rempart. Les rafales de l’engin arrosèrent toute la lisière une minute plus tard. Marsch était à la torture. Fang attendait certainement un geste de lui. L’homme n’était pas si éloigné qu’il ne pût l’atteindre avec un revolver. Mais que ferait le Birman s’il se rendait compte qu’on lui tirait dessus ?
Brusquement il eut une inspiration.
— Sors de là !
D’une poussée brutale il essaya d’extirper le pilote de son siège.
— Il te faudrait un peu plus de muscle pour y arriver, dit Clifton en s’arc-boutant. Je sais très bien ce que tu veux faire. Mettre les moteurs en route et rouler jusqu’à cet homme, l’écraser peut-être alors que confiant il croira que tu viens à son secours.
Marsch prit son arme dans la poche de sa combinaison. Il écumait.
— Sors de là !
— M… ! Tu ne tireras pas.
Ludwig vit rouge. Son index se contractait.
— Non ! cria Sara.
En même temps elle se ruait sur l’Allemand. Il tira mais la balle s’enfonça dans le calfeutrage du plafond. Il hurla des injures mais Clifton, profitant de l’intermède, lança ses mains liées, juste en pleine face de Ludwig. Ce dernier surpris par le coup tituba en avant. Clifton le frappa une seconde fois de ses deux poings formant une massue dangereuse.
Rapidement il se mit debout et, en sautillant, se rapprocha de l’Allemand. Ce dernier essaya de parer le troisième coup, mais Clifton l’assena de toutes ses forces et Ludwig hurla de douleur. Il n’était pas évanoui, mais ses réflexes devenaient flous. Sa main tâtonnait à la recherche de son revolver. Sara l’aperçut et le ramassa.
— Reprenez votre place, dit-elle à Clifton.
Il lui adressa un regard morne.
— Vous tireriez ?
— J’ai choisi. Je n’irai pas à Bangkok. Il n’a d’ailleurs jamais été question que je puisse accepter. Vous avez essayé de me duper.
À tout petits pas, il rejoignit son fauteuil. Ludwig se traîna un peu plus loin. Son œil de verre avait dû s’enfoncer dans son orbite car il y porta ses mains.
Mais pour le moment c’était Sara qui tenait son arme. Celle de Tamoï se trouvait dans l’habitacle-radio.