Le garde porta négligemment la main à l’étui de son revolver. Son visage restait impassible, mais ses petits yeux noirs avaient un éclat inquiétant.
— Nous voulons fouiller l’appareil. Peut-être y a-t-on caché une bombe.
— C’est impossible. Le D.C. 3 n’a jamais été laissé seul et, de plus, les soldats birmans veillaient.
Un léger sourire sur les lèvres minces indiqua que Tamoï n’avait aucune confiance dans les soldats birmans. Certainement avec raison, car beaucoup avaient partie liée avec les communistes des maquis.
— La bombe pouvait se trouver dans l’appareil avant Palawbum. Il existe des systèmes pouvant déclencher l’explosion après quarante-huit heures.
— Aucune cachette n’est possible dans le poste. Ce serait plus facile de dissimuler un engin dans la soute. Mais n’oubliez pas les moteurs. Dans ce cas, il nous faut atterrir et vous passerez l’appareil au peigne fin.
Tamoï lui adressa un regard noir.
— Vous ne voulez pas que j’entre dans le poste ?
— Écoutez, mon vieux, les pilotes sont des gens superstitieux qui pensent qu’un profane apporte le mauvais œil. N’insistez pas. Mon camarade est très nerveux et serait capable d’une fausse manœuvre s’il vous voyait entrer.
Malgré le ton plaisant de ses paroles son visage restait dur et il était prêt à frapper si l’homme insistait. Mais le garde pivota sur les talons de ses bottes et rejoignit son camarade. Philip tourna le verrou et soupira de soulagement. Ils l’avaient échappé belle.
Marsch était intrigué par sa sortie subite. Il lui expliqua ce qui s’était passé. L’Allemand l’écouta avec attention avant de répondre.
— Ils vont nous harceler maintenant. Ce sont des méfiants et ils vont s’hypnotiser sur le poste de pilotage. Il faudrait trouver un moyen de les tranquilliser.
Philip regarda autour de lui, puis se souvint d’un détail. Il pénétra dans l’habitacle-radio et se pencha sous le support de l’appareil. Une plaque se soulevait, découvrant les nervures inférieures. La jeune femme pourrait s’y glisser durant quelques minutes, le temps de faire visiter l’avant par l’un des gardes du général.
Sara le suivit sur un signe et il lui désigna le trou carré qu’il venait de dégager.
— Oseriez-vous vous glisser là-dedans ? L’un des gardes veut à tout prix visiter le poste.
Pour toute réponse elle engagea ses jambes dans le réduit, et en se contorsionnant, disparut complètement. Il s’agenouilla, son visage à quelques centimètres de celui de Sara.
— Ne craignez rien. Dans quelques instants je reviendrai vous chercher.
Philip remit la plaque en place, la fixa tant bien que mal. Il alla remplacer Ludwig aux commandes.
— Va les trouver et, sous un prétexte quelconque, amènes-en un ici.
L’Allemand disparut. Clifton calcula que, dans une demi-heure ils arriveraient en vue de Mandalay. La vitesse ne dépassait pas cent soixante milles. Les moteurs étaient fatigués et il était inutile de les pousser, sous peine de consommer dangereusement de l’huile.
Marsch revint dix minutes plus tard avec Tamoï. Le garde regarda Clifton avec défi. Le pilote fronça les sourcils comme s’il était furieux. Du coup le garde, ravi d’être passé outre l’interdiction se contenta de regarder le paysage, de se pencher vers les cadrans. Quand il fut parti, Marsch reprit les commandes et Philip alla délivrer la jeune femme.
— Cette fois il nous fichera complètement la paix. Je ne sais pas ce qu’il imaginait, mais il a satisfait sa curiosité. Il ne reviendra pas.
Brusquement il sentit que l’avion perdait de l’altitude.
— Mandalay certainement.
Il désigna le hublot.
— Vous jetterez un coup d’œil à la grande statue de Bouddha, en marbre et en or, sur le terrain d’atterrissage.
Refermant la porte de l’habitacle sur elle, il passa à l’avant. Il y avait deux avions sur le terrain et l’un d’eux s’écartait de la piste d’atterrissage.
— Je vois le camion-citerne. Ce sera vite fait.
— Ils m’ont dit qu’un seul de nous devait descendre. Ça t’intéresse ?
— J’irai chercher des cigarettes et de quoi casser une croûte, proposa Ludwig.
Cinq minutes plus tard il immobilisait l’appareil tandis qu’un vieux camion-citerne fonçait vers eux. Il coupa le contact et les batteries.
Le général ouvrit les yeux quand Philip se pencha vers lui. Le regard de l’homme était flou.
— Où sommes-nous ? demanda-t-il avec effort.
— Mandalay. Ravitaillement en essence.
Le général referma les yeux. Mais il ne dormait pas.
— Avez-vous besoin de quelque chose ?
— Non.
Sur le terrain, la foule habituelle des Birmans attendant un départ. Les voyageurs emportaient avec eux toutes sortes d’objets et d’animaux. Un vieillard tenait à la main une cage avec deux poulets hargneux. Beaucoup de femmes en sari, dont plusieurs étaient d’une beauté éclatante. Plus loin, sur un petit feu de brindilles, une famille confectionnait du thé. Une vieille femme, avec des bracelets autour des chevilles, se promenait en chantant une berceuse pour l’enfant qui dormait dans ses bras. Philip détourna le regard, se souvenant de Pékin. Mais la foule était tranquille, joyeuse souvent.
Il aperçut Ludwig qui revenait, un panier en osier à la main. Mais le copilote ne remonta pas tout de suite. Il dut parlementer avec le pompiste sur la quantité d’essence envoyée dans les réservoirs. Il fallait constamment se méfier et effectuer des sondages sonores. Pour gagner quelques roupies, les employés auraient envoyé les passagers et l’équipage vers une mort certaine.
Enfin Marsch remonta à bord. Philip fila vers l’avant, s’installa aux commandes. Un homme agitait un drapeau blanc au bout de la piste, et un mulet la traversait d’un pas lent. Il fallut qu’il emballe les moteurs pour que la foule comprenne et s’écarte.
L’appareil eut besoin de toute la piste pour s’arracher au sol, preuve que les réservoirs étaient pleins à craquer. Dans six heures ils arriveraient à Bangkok, si tout allait bien. En cas de difficulté, ils ne pourraient trouver de quoi réparer qu’à Chiang-Mai, en Thaïlande, à mi-chemin de la capitale. Il y avait une dizaine de terrains sur le parcours, mais de simples pistes aménagées dans la jungle, sans réserve d’essence et encore moins de pièces détachées.
Ludwig Marsch vint s’installer dans le poste avec un énorme sandwich et une boîte de bière. Sara sortit de son habitacle avec sa valise à la main. L’Allemand lui jeta un regard surpris. Parfois, le pare-brise faisant miroir, Philip les apercevait.
Au bout d’une demi-heure de vol, Sara se saisit de sa valise et l’installa sur ses genoux. L’Allemand ne perdait pas un seul de ses gestes et poussa un cri de surprise quand le couvercle fut ouvert.
Clifton se retourna et resta bouche bée. De la valise, la jeune femme sortait des liasses de billets de vingt dollars. Marsch mit un certain temps à se rendre compte du format étrange de tous ces billets. Ils étaient coupés en deux.
Sara le regarda, puis soutint le regard de Clifton tourné vers elle.
— Il y en a pour deux cent mille dollars, dit-elle d’une voix forte. À condition de retrouver les autres morceaux.
Ludwig tendit la main et s’empara d’une liasse. Il compta cent billets.
— Il y a cent liasses, dit Sara.
Les billets avaient été tranchés au massicot, de façon nette, sans bavures. La reconstitution serait très facile, grâce aux numéros de série.
— Deux cent mille dollars partagés en trois, ça fait presque soixante-dix mille dollars chacun.
Clifton entendait mal ce qu’elle disait. Ludwig lui apporta une liasse. Les billets étaient neufs mais bons.
— Incroyable, hein ? Dans sa petite valise.
Le pilote regarda devant lui. Brusquement il était furieux contre la jeune femme. Elle s’était moquée de lui, aidée par cet imbécile de Slade. Il crispa ses mains sur les commandes.
— Certainement une combine, dit Marsch à son oreille.
— Envoie-la paître ! fit son ami entre ses dents.
Ludwig le dévisagea d’un air moqueur, puis sifflota doucement :
— Tu as l’impression d’avoir été joué… Il faut quand même lui demander ce qu’est cette combine. Deux cent mille dollars à se partager à trois… C’est mieux que ce que nous rapportera le général.
Philip sursauta.
— Tu crois que c’est de lui qu’il est question ?
— Le contraire m’étonnerait. Cette petite futée a l’air bien tranquille. Comme si elle était sûre de son coup.
— Quoi que ce soit, nous refusons.
— Minute ! Tu refuses ! Nuance ! Personnellement, je ne repousse pas la discussion. À qui la faute si cette fille se trouve dans l’appareil ?
Dans le pare-brise, Philip apercevait les genoux polis de la fille et la masse sombre de la mallette posée dessus. Il ne distinguait pas le visage. Il se tourna vers elle, croisa son regard. Il essayait d’y lire un peu d’angoisse, d’appréhension au moins. Il était froid, n’exprimant même pas un peu d’ironie.
— Demande-lui ce qu’elle veut.
Ludwig alluma une cigarette et se rapprocha de la fille. À sa question, elle sortit une carte de sous les liasses de billets et l’ouvrit. C’était une carte de la Haute-Birmanie. Elle piqua son ongle aigu sur un point déterminé.
— Il faut atterrir ici. Il y a un village de Karens à demi-sauvages. Un vieux terrain a été aménagé.
— Et puis ?
— Ils viendront chercher le général.
Le village se trouvait à moins de cent kilomètres de la frontière chinoise, mais il fallait faire un détour de quatre cents kilomètres aller et retour.
— Pourquoi n’avoir pas parlé avant Mandalay ?
— Vous auriez pu me livrer à la police.
Ludwig haussa ses épaules.
— Vous travaillez pour les Chinois ?
— Non… Pour l’argent. Je hais les Chinois, qu’ils soient rouges ou blancs. Ils m’ont tout pris. Ce vieux général ne m’inspire aucune pitié.
— Pourquoi n’ont-ils pas essayé de s’emparer de lui à Palawbum ? Ils n’auraient pas eu d’argent à débourser.
— C’était trop dangereux. Ils étaient loin de la frontière, et ils auraient eu du mal à le ramener en Chine.
Clifton ne pouvait les entendre. Marsch lui jeta un regard méfiant cependant.
— Mon compagnon va refuser.
— Qu’en savez-vous ?
— Il a l’impression d’avoir été dupé. Vous vous êtes présentée comme une fille malheureuse, ayant besoin de lui. Il est fortement déçu.
Sara Tiensane baissa la tête quelques secondes.
— C’est Slade qui m’a recommandé cette comédie.
Le copilote ricana :
— Ça ne m’étonne pas. C’est un pauvre type. Il a reçu de l’argent lui aussi ?
— Non… Je dois lui envoyer cinq mille dollars quand j’aurai touché la forte somme.
Ludwig l’examina avec attention.
— Vous paraissez sûre de vous. Clifton refusera certainement, quant à moi, je ne sais pas si je vais accepter.
Sara eut un sourire pâle.
— Si, vous accepterez. Quant à votre compagnon, vous pouvez l’obliger… Si ce n’est qu’une question d’amour-propre froissé.
L’homme se redressa, sa cigarette au coin des lèvres. Il y avait dix ans qu’il naviguait avec Philip Clifton, mais il n’était jamais certain de ses réactions. Ainsi pour cette fille il lui avait proposé cinq mille dollars. Ce côté saint-bernard du pilote l’inquiétait.
— Il ne faut rien brusquer.
— Dépêchez-vous. Nous nous éloignons de ce village.
— Doucement. Comment doit s’opérer l’échange ?
— Je ne sais pas exactement. Nous devons atterrir et attendre. Ils seront là-bas. Ils doivent occuper ce village depuis l’aube.
— Deux cent mille dollars ? Il faut que Nangiang ait beaucoup d’importance à leurs yeux.
Comme il plongeait dans le décolleté de sa robe, elle porta une main à sa gorge.
— Et puis ? Que ferons-nous ? Il nous faudra fuir assez loin pour échapper aux tueurs de Formose.
Brusquement une idée le frappa.
— Je ne sais pas si on peut vous faire confiance. En fait, il n’y a que Slade à savoir que vous êtes à bord. Une fois en possession des deux cent mille dollars, vous pouvez nous liquider tous les deux.
— Je ne sais pas piloter.
— Vous pouvez nous obliger à atterrir dans un bled.
La jeune femme le regarda avec attention, puis se mordit la lèvre inférieure comme si elle réfléchissait profondément.
— Je peux vous donner votre part. Vous la cacheriez où vous voudriez. Vous aurez ainsi une preuve de ma loyauté.
Ludwig regarda les liasses, puis son compagnon. Lui avait la tête droite.
— Ce sera dur, soupira l’Allemand. Avez-vous pensé aux deux gardes du corps ?
— Oui.
De la poche de son imperméable, elle sortit une fiole.
— Il n’y a qu’à verser ça dans leur bière.
— Du poison ?
— Non… Un somnifère très efficace.
L’Allemand se mit à rire.
— Vous avez tout prévu.
— Pas moi, eux.
— Vous croyez que nous nous en tirerons ? Je ne pense pas qu’ils nous laissent repartir. Ils préféreront récupérer les moitiés de billets.
— Pourquoi ne pas risquer l’affaire ?
Ludwig songeait qu’avec cette somme, il pourrait quitter la Sandy Line, acheter un appareil d’occasion et voler pour son propre compte. Il y avait beaucoup de possibilités dans le sud asiatique. Évidemment, Formose lui serait complètement défendue, et pendant quelques mois il devrait se méfier constamment.
À nouveau il désigna Philip du menton.
— Je vais lui parler.
Clifton ne broncha pas quand il fut à côté de lui.
— Ça y est. Je suis au courant de sa combine, et je crois que nous pouvons y aller.
Le pilote resta silencieux.
— Il faut foncer vers l’est, se poser sur un petit terrain, dans un village karen, et abandonner le vieux polichinelle. Elle a un somnifère pour les gardes. Si tout va bien, nous pouvons ensuite filer pour Singapour ou Sydney en plusieurs étapes. Nous pourrions acheter un amphibie une fois là-bas, et faire le trafic des îles.
Clifton souriait. De cet air ironique et insolent avec lequel il tenait tête à Koffman, le directeur de la Sandy Line. Ludwig étouffa un juron, essaya de garder son calme encore un bout de temps. Mais il avait la certitude que la partie était désespérée.
— Soixante-dix mille dollars chacun. Et légalement, on ne pourra rien contre nous. Nous ferons patienter Koffman pour la restitution de l’appareil, en lui envoyant de l’argent. Pendant ce temps nous pourrons aller le plus loin possible.
— Avec des tueurs aux trousses ?
Marsch se fit dédaigneux.
— C’est uniquement une question de frousse chez toi ?
— Non. Je refuse tout simplement. Je n’ai aucune confiance en cette fille.
— Je prends la responsabilité de l’affaire. C’est à peu près ce que tu m’as dit à Palawbum quand tu insistais pour l’embarquer.
— Inutile, je refuse.
Marsch songeait que, pendant ce temps, ils s’éloignaient de plus en plus du petit terrain perdu dans la jungle des états Shan.
— Je ne comprends pas.
— Eh bien, imagine que je me sois toqué du général et que je veuille le remettre entre les mains de ses amis. Voilà une explication.
— Ce que tu crains, c’est de perdre ta situation.
— Parlons-en ! Toi-même ne voulais pas embarquer cette fille dans la perspective que d’autres missions de ce genre ne nous soient plus confiées. Et là, d’un seul coup, tu vas commettre la pire des imbécillités.
Ludwig vissa une cigarette dans ses lèvres serrées par la fureur.
— Ne nous jetons pas des arguments au visage. Cette fois, le jeu en vaut la chandelle. Avant qu’on nous confie d’autres missions, il passera de l’eau sous le pont. Nous avons tous les deux un peu d’argent de côté. Si nous laissons échapper une occasion pareille, c’est que nous avons vieilli ou que nous sommes abrutis par la vie que nous menons.
Clifton secoua la tête.
— Non… Pour moi c’est net depuis quelques minutes. Ce n’est ni du dépit, ni de la trouille. Je ne veux pas livrer le général Nangiang à ses ennemis.
— Du remords, hein, Clifton ? Il y a quelques mois que ça a l’air de te travailler. Tu crois que je ne m’en rends pas compte ? Tu ne peux plus supporter qu’on parle du passé. Tu es vidé, ruiné, anéanti. Si quelqu’un prononce devant toi les noms de Pékin ou de Hanoï, tu deviens blanc comme un linge et tu essaies de détourner la conversation.
Clifton l’écouta avec étonnement. Était-ce vrai ? Avait-il de pareilles réactions ? Dans ce cas, les propositions de la fille venaient de les cristalliser. Parfois il rêvait de cette femme qui lui tendait son enfant endormi. Il revoyait les gros Chinois ventrus s’installer dans l’appareil, avec leurs sacs en cuir pleins d’or et de billets. C’étaient de mauvais souvenirs.
— Pourquoi fait-elle ça ? demanda-t-il brusquement. Est-elle un agent secret ?
— Non. Uniquement pour le fric.
Le pilote s’en étonna. Avait-elle peur à ce point-là de la vie nouvelle qui s’ouvrait devant elle ? Jusqu’où irait-elle pour assurer son avenir ? Était-ce de l’ambition ou un besoin maladif de ne dépendre de personne ?
— Dis-lui que je refuse. Dis-lui que j’ai envie de la balancer hors de l’appareil. Dis-lui enfin qu’elle se taise, sinon je la livre aux deux gardes du corps du général.
À nouveau la fureur s’emparait de lui.
— Tu as compris ?
Marsch se raidissait.
— Et moi ? Tu me prends pour ton coolie obéissant ? J’ai choisi, moi ! Je veux gagner cet argent et je me fous de ce polichinelle aux yeux bridés. Tu sais ce qu’il a fait ce saint homme ?
Brusquement les étranges paroles de Slade lui revinrent en mémoire. Lui aussi avait murmuré que Nangiang avait les mains rouges du sang versé.
— Dis-moi, Slade est dans le coup ?
— Oui. La fille lui a promis cinq mille dollars si elle réussissait.
Pour cet homme perdu en pleine jungle du nord, une petite fortune qu’il pourrait convertir en bouteilles de whisky.
— Il a bien confiance en elle à la différence de moi.
— Ton dernier mot ?
— C’est non !
Ludwig retourna vers la fille et Clifton pensa avec une certaine mélancolie que son Colt était dans la soute, au fond de l’appareil.
— Il refuse, n’est-ce pas ? demanda Sara.
— Oui.
— Pourquoi ?
— Il veut que le général arrive à bon port.
Elle hocha doucement la tête à plusieurs reprises avant de lui demander :
— Pouvez-vous préparer le cap pour le terrain en question ?
— Bien sûr. Mais comment ?…
Le petit automatique jaillit dans la main fine et elle se leva.
— Vous marchez avec moi, vous ?
Ludwig hésita à peine.
— Oui.
— Monsieur Clifton ! appela-t-elle.
Il se retourna et vit l’arme.
— Je serais au regret de vous tirer dessus, mais je le ferai si vous m’y obligez.