Chapitre XXI

Un silence de mort régnait dans la cabine du Learjet. Erain était aussi immobile qu’une statue, debout derrière le capitaine et le second pilote, ne quittant le compas des yeux que pour surveiller l’arrière.

Elle avait fouillé tous les passagers après la mort de Dennis, y compris Malko, en les faisant défiler devant elle, un à un.

Un peu plus tôt, le pilote ayant tenté de dévier vers le nord, elle avait appuyé le canon de l’automatique sur sa nuque et averti calmement :

— Si vous recommencez, je vous tue.

Le pilote n’avait plus rien tenté. Il était sûr qu’elle le ferait. Il avait objecté :

— En arrivant à La Havane, il nous restera seulement dix minutes d’essence.

Erain avait souri méchamment.

— Ne craignez rien, on ne nous fera pas attendre.

Elle avait forcé les deux pilotes à attacher leurs ceinture de sécurité pour qu’ils ne puissent pas se lever rapidement. Le haut-parleur du cockpit était branché, et elle pouvait ainsi contrôler toute conversation avec le sol.

Malko avait un siège assigné dans la dernière rangée, celle ou était assis le Navajo, de l’autre côté de la travée centrale. Il guettait sa chance, sans trop y croire. Il ne pourrait jamais la désarmer. C’était une professionnelle.

Le corps de Dennis était étendu sur la banquette du bar. Les autres passagers ne bougeaient plus, ne parlaient plus, abrutis de peur. Seul, Joe Makenna paraissait indifférent. Il jouait avec son singe comme si de rien n’était, complètement indifférent. Sa dose quotidienne de TNB – concentré de marijuana – le plongeait dans un état second, hors du monde.

Tout à coup, Patricia, assise devant Malko, se leva. Aussitôt Erain braqua son arme.

— Asseyez-vous.

La jeune femme lui jeta un regard d’hallucinée. Depuis le départ, Malko l’avait vu avaler une demi-bouteille de whisky et fumer une vingtaine de cigarettes droguées. Elle oscilla une seconde au milieu de la travée puis fit quelques pas, vers l’arrière. Erain baissa son arme avec une grimace de mépris. Cette loque humaine ne l’intéressait pas.

Harisson, le Navajo, regardait, par le hublot, les nuages défiler. Tout ce qui arrivait le dépassait complètement et il mourait de peur.

Patricia vint s’effondrer près de Malko. Ses yeux étaient injectés de sang et ses gestes hésitants. Elle s’appuya sur Malko et commença à pleurer.

— Je vais me suicider, annonça-t-elle. Je n’en peux plus de cette vie. Je suis heureuse de crever…

Malko cherchait désespérément un moyen de s’en tirer. Il avait pensé à ouvrir une issue de secours afin de provoquer une brusque décompression. Mais dans sa rage, Erain risquait de tuer le pilote.

Il contempla Patricia.

— Pourquoi n’essayez-vous pas de mener une vie normale ? demanda-t-il. Vous pourriez être heureuse…

— Je m’ennuie, dit-elle d’un ton las. Vous comprenez cela ?

À voix basse, elle ajouta :

— Mais cette fois-ci, ça y est. J’en ai avalé assez. Je vais avoir la paix.

Elle reposa sa tête sur le dossier et murmura :

— Je suis contente de mourir.

Malko allait répondre lorsqu’il sursauta ; son attention fut détournée par le hublot : trois chasseurs avaient surgi à côté de l’avion, volant si près qu’il pouvait distinguer les pilotes.

Malheureusement cette présence rassurante était purement gratuite : ils ne pouvaient forcer le Learjet à faire demi-tour. Ils volaient déjà depuis un quart d’heure au-dessus de la mer des Caraïbes.

Presque aussitôt, Erain s’avança vers lui, son pistolet automatique braqué. Elle s’arrêta prudemment à un mètre.

— Vos amis sont idiots, annonça-t-elle. Ils menacent de nous abattre si nous ne faisons pas demi-tour…

Malko se dressa sur son siège. Il fallait désarmer la Hongroise.

— Assis, aboya Erain, ou je vous colle une balle dans le ventre.

Malko se rassit lentement. Elle ne prenait aucun risque. Erain continua :

— Inutile de vous dire que nous continuons. Ils bluffent. D’ailleurs dans un quart d’heure, nous serons à La Havane.

— Vous avez tort, dit Malko. Ils ne bluffent pas.

Un cercle blanc apparut autour de la bouche de la Hongroise :

— Eh bien, nous sauterons tous ensemble.

Un sanglot strident éclata à l’avant. Sue se tordait les mains, en proie à une violente crise de nerfs. Elle hurla :

— Je ne veux pas mourir ! Je ne veux pas mourir !

— Taisez-vous, fit durement Erain, ou vous allez mourir tout de suite.

Terrorisée, Sue se tut et ravala ses sanglots. Joe Makenna contemplait Erain paisiblement, comme si elle avait fait une conférence.

Un silence de mort régnait dans la cabine. Erain revint vers l’avant.

Les chasseurs effectuaient un ballet gracieux autour du Learjet. Soudain, de petits panaches de fumée apparurent sous leurs ailes. Ils essayaient leurs armes de bord. Malko se dressa. Erain leva son arme.

— Ils vont nous abattre. Laissez le pilote faire demi-tour. Cela ne vous sert à rien de mourir…

— Vous avez peur ? coupa Erain, haineuse. Si vous avancez d’un centimètre, je vous tire une balle dans le ventre. Et on ne vous soignera pas beaucoup à Cuba…

Malko n’insista pas. Ils étaient condamnés. Il savait que, dans certains cas, la CIA ne faisait pas de cadeau Bernon Mitchell, le mathématicien, en avait su quelque chose[21]. Désespérément, il chercha un moyen d’échapper à la mort.

À côté de lui, Patricia murmurait en dodelinant de la tête. Elle regarda Erain comme si elle ne l’avait jamais vue.

— Qu’est-ce qu’elle fait là ? grommela-t-elle. Brusquement une idée traversa le cerveau de Malko.

C’était monstrueux et cruel et il la repoussa aussitôt. Mais les secondes passaient sans apporter de solution. Il était persuadé que les chasseurs ne bluffaient pas. C’était quatorze vies qui étaient en jeu, sans compter la sienne. Patricia était désormais son ultime chance.

Il fit le vide dans son cerveau et s’entendit demander.

— Pourquoi n’allez-vous pas lui dire ce que vous pensez d’elle ?

La jeune femme fixa sur lui ses pupilles dilatées et dit lentement :

— Tiens, c’est une bonne idée !

Malko ferma les yeux une seconde. Il envoyait Patricia à la mort. Mais c’était la seule solution. Erain se méfiait trop de lui : elle ne le laisserait jamais approcher assez pour tenter une manœuvre efficace. Avec Patricia, il y avait une petite chance pour que Malko puisse maîtriser Erain, à la faveur de la bagarre.

Il se faisait peur. La CIA déteignait sur lui. C’était la solution correcte, celle qu’un ordinateur aurait donnée au problème. Personne ne lui reprocherait jamais cette décision, au contraire. Mais il ne pourrait jamais oublier non plus. C’était un petit morceau de lui qui s’en allait. Il haïssait ce métier qui le mettait dans une telle situation.

Ses yeux avaient complètement viré au vert. Patricia parlait toute seule.

— Qu’est-ce que vous attendez ? fit-il brutalement. Elle sursauta.

— Quoi ?

— Donnez-lui une bonne leçon. Elle vous déteste. Elle m’a dit que vous étiez affreuse.

— Elle a dit cela ! siffla Patricia.

Malko sentit une boule monter dans sa gorge. Il vit par les hublots les chasseurs dégager gracieusement : ils prenaient du champ pour attaquer.

— Elle m’a dit que vous étiez une putain, continua-t-il. Patricia fit entendre un bruit curieux, comme un chuintement. L’alcool la rendait férocement agressive.

— Je vais lui arracher les yeux, à cette salope ! Elle se leva d’un coup.

— Salope, menteuse ! hurla-t-elle à l’adresse d’Erain.

— Assise, cria Erain.

Elle brandit le pistolet. Patricia fit un pas en avant et s’arrêta, indécise. Sa colère venait de tomber. Elle se retourna vers Malko et tout lui revint d’un coup.

Alors elle marcha calmement vers la Hongroise, ses longues mains en avant, comme une somnambule.

Erain leva le pistolet. Malko vit le trou noir du canon et demanda mentalement pardon à Patricia. La vie était horrible.

— Assise tout de suite ! répéta la Hongroise.

Cette fois, elle avait peur. Malko le sentit au ton de sa voix. Il se dégagea tout doucement de son fauteuil, prenant bien soin de rester caché par Patricia.

Celle-ci n’était plus qu’à un mètre d’Erain. Elle ne voyait pas le pistolet braqué sur elle. Juste la tête grimaçante de la Hongroise. Celle-ci eut un rictus haineux.

— Filez à votre place ou je tire.

L’arme s’abaissa, visant le ventre de Patricia. Malko glissa de son siège et s’accroupit dans le couloir. Erain ne pouvait le voir.

L’explosion du coup de feu fit trembler la cabine. Rejetée en arrière, Patricia s’accrocha au dossier d’un siège, mais ne tomba pas ; la balle l’avait frappée à l’épaule droite. Les lèvres épaisses d’Erain n’étaient plus qu’un trait mince. Le doigt sur la détente, elle attendait.

— Foutez le camp, répéta-t-elle.

Patricia ne sentait pas encore la douleur, mais sa rage était décuplée. Réunissant toutes ses forces, elle sauta soudainement sur Erain, la saisissant à la gorge.

Ensuite tout se passa très vite. Surprise, Erain recula jusque dans le cockpit. Le sang coulait le long du torse de Patricia, mais, anesthésiée par la drogue et l’alcool, elle ne sentait ni la douleur, ni la peur. Son visage collé à celui d’Erain, elle commença à étrangler lentement la Hongroise, en marmonnant des injures.

Erain eut une seconde de panique : la folie fait toujours peur. Puis elle appuya le canon du lourd automatique sur le ventre de Patricia et tira, le bout de son canon enfoncé dans la chair de la jeune femme. À chaque détonation, le corps de Patricia était agité d’un horrible tressautement, mais elle ne lâchait pas prise. Comme les guerriers Balubas au Congo, qui continuaient à courir alors qu’ils étaient déjà morts.

Apercevant Malko qui fonçait, Erain voulut se débarrasser du corps de Patricia accroché à elle ; les mains de la jeune femme lui serraient encore faiblement le cou. Mais c’était trop tard.

Patricia tomba d’un coup en arrière, entraînant en partie Erain dans sa chute. Celle-ci se trouva nez à nez avec Malko. Elle n’eut pas le temps de dégager son arme. Malko tordait déjà le bras de la Hongroise : ils luttèrent quelques secondes férocement. Erain le mordit au bras, donnant des coups de pied, des coups de genou.

Enfin le pistolet tomba à terre.

Malko plongea et le ramassa, projetant Erain vers l’arrière de la cabine où elle s’étala de tout son long.

— Vite, cria-t-il au pilote, faites demi-tour.

Aussitôt le Learjet s’inclina violemment. Le ciel bascula et Malko perdit l’équilibre, s’étalant sur la moquette. Puis le jet se redressa aussi brutalement qu’il avait basculé.

Malko plongea sur le dos d’Erain et l’immobilisa face contre terre : il avait l’impression de maîtriser un chat sauvage et la Hongroise avait une force étonnante pour me femme. Il ignorait si elle ne possédait pas d’autre arme.

Le copilote accourait et l’aida à immobiliser Erain.

— Ça y est, dit-il. Nous les avons contactés. Ils savent me nous n’allons plus à Cuba.

Malko laissa le copilote maintenir Erain et se pencha sur le corps de Patricia. La jeune femme était étendue sur le dos, les yeux ouverts, le corps barbouillé de sang. Son visage était calme, beaucoup plus reposé qu’il ne l’avait été de son vivant. Malko ressentit une immense pitié pour la jeune femme.

Malko étouffait. Il se tourna vers les autres passagers :

— C’est moi qui l’ai poussée à attaquer. Je suis responsable de sa mort. C’était le seul moyen de nous sauver tous.

Personne ne répondit. Malko vit des larmes dans les yeux de Sue Scala. Maintenant le Learjet volait vers le nord. Les trois chasseurs étaient toujours là.

Malko alla rejoindre le pilote. Celui-ci lui adressa un pâle sourire.

— Bravo, fit-il. Vous nous avez sauvé la vie. Ils m’ont donné l’ordre de me poser à Homestead, au sud de Miami. Nous y serons dans dix minutes…

Malko allait répondre quand un cri retentit à l’arrière. Il se précipita. Erain luttait avec le copilote au milieu de la cabine. D’un violent coup de genou, elle s’en débarrassa. Le temps pour Malko de traverser la cabine, elle s’était agrippée à la poignée de la sortie de secours droite. Il y eut une explosion sourde, Erain disparut et le Jet se remplit d’une vapeur blanchâtre.

Un courant d’air glacé traversa la cabine. À tâtons, Malko avança vers l’ouverture. Tout le panneau avait sauté. Erain n’était plus là. Elle n’avait pas lâché la poignée de secours, volontairement. Le copilote se releva, livide.

— Elle m’a demandé de la laisser respirer un peu, bredouilla-t-il. Je ne me suis pas méfié.

La vapeur blanche se dissipa assez vite. Le Learjet perdait rapidement de l’altitude. Le corps d’Erain venait de se disloquer à la surface de la mer des Caraïbes. On n’en retrouverait rien.

Malko se laissa tomber dans un fauteuil. Il se sentait affreusement las. Devant lui, la main fine de Patricia pendait le long d’un fauteuil, comme si elle dormait. Le cadavre de Dennis avait roulé à l’arrière et bloquait la porte des toilettes. Beverly Hills se souviendrait longtemps de Gene Shirak.

Le Navajo contemplait les cadavres, hébété, ignorant qu’il était la cause involontaire de ce massacre. Malko lui sourit pour le rassurer un peu.

— Nous allons arriver bientôt, dit-il. Tout est fini.


* * *

La longue Cadillac noire et une Ford grise avec quatre hommes suivaient à la trace le Learjet qui roulait lentement sur le runway. Lorsqu’il stoppa, Matt Serling sauta de sa voiture et se précipita vers l’arrière qui s’ouvrait.

Malko descendit le premier, lui serra vigoureusement la main et se présenta.

— Bravo, dit-il, vous avez fait tout ce que vous avez pu. J’ai prévenu Mann à Los Angeles que tout s’est bien terminé.

Une Jeep de l’Air Force bourrée de policiers militaires s’arrêta près du jet, suivie d’un petit bus et d’une ambulance. Matt Serling entraîna Malko vers la Cadillac, tandis que les hommes de la Ford pénétraient dans l’appareil pour récupérer le Navajo.

— Les chasseurs ont vu tomber la femme, fit Serling. C’est dommage. Elle aurait été très utile. Je suppose que c’était inévitable.

Malko se sentait brisé et vide. Il secoua la tête.

— Inévitable, en effet.

Il se retourna vers le Learjet. Un à un les passagers descendaient et s’engouffraient dans le bus, assommés et accablés.

Joe Makenna sortit le dernier, toujours pieds nus, son singe sur les épaules. Il sourit de loin à Malko. Matt Serling eut un haut-le-corps.

— Qu’est-ce que c’est que ça ?

— Un enfant naturel de la Californie du Sud et du dollar, laissa tomber Malko avec une politesse pleine de lassitude.

Le Navajo descendit, encadré de deux agents de la CIA, et fut avalé par la Ford grise. Ensuite ce fut le corps de Patricia, enroulé dans une couverture, qu’on allongea dans l’ambulance.

Il faisait une chaleur humide et le soleil se réverbérait durement sur le ciment clair. Malko frotta ses yeux rougis de fatigue.

— Maintenant, demanda-t-il, voulez-vous me dire la raison de ce massacre ?

Matt Serling ouvrit la portière de la Cadillac sans répondre à la question de Malko.

— Je vais vous présenter quelqu’un, dit-il.

Un homme au visage rond, presque chauve, des sourcils roux, tendit la main à Malko.

— Foster Mac Kinsey est sous-directeur du Département COMSEC[22] de la NSA. Il est le seul à pouvoir répondre à vos questions…

Malko s’assit entre les deux hommes. C’est la première fois qu’il rencontrait un des dirigeants de la NSA – National Security Agency. Ceux-ci, dont le Q.G. se trouvait à Fort Mead en Virginie étaient encore plus épris de secret que la CIA. Bien qu’agence fédérale, la NSA avait toujours refusé de dire officiellement ce qu’elle faisait. Bien entendu, tout le monde savait qu’elle était spécialisée dans les codes et toutes les questions y afférant.

— Foster, dit Matt Serling, le prince Malko, notre ami SAS, est un homme en qui on peut avoir confiance.

L’homme de la NSA sourit vaguement et dit lentement :

— Plusieurs codes vitaux pour ce pays sont basés sur la langue navajo. Sans l’assistance de quelqu’un parlant parfaitement la langue, ils sont indécryptables. Mais si des spécialistes « nourrissent » un ordinateur convenablement, le décryptage devient relativement facile. Voilà pourquoi certaines personnes avaient besoin d’un Navajo.

Il énonçait cela comme une vérité évidente ! Malko mit bien une minute à assimiler cette incroyable information. Mais cela n’expliquait pas l’acharnement désespéré et plus qu’audacieux de ceux qui avaient monté l’opération.

— Il n’y avait pas de moyen plus discret pour s’en procurer ? demanda-t-il.

Cette fois, Matt Serling avait son mot à dire.

— Ils avaient des raisons d’être pressés, expliqua-t-il. Vous savez que nos véhicules spatiaux sont télécommandés de Houston, au Texas. En cas de fonctionnement défectueux, nous pouvons les faire exploser en vol après avoir éjecté la capsule. Vous imaginez facilement que les signaux déclenchant l’explosion sont codés… Nous sommes les premiers à tenter l’aventure de la lune. Certains n’ont pas pu résister à la tentation d’ajouter un risque supplémentaire à l’opération…

Qu’en termes galants ! …

La Cadillac avait démarré et roulait doucement.

— Qui ? demanda Malko.

Matt Serling eut un geste d’impuissance.

— Elle était la seule à pouvoir nous le dire.

Il semblait sincère, mais Malko voulut en avoir le cœur net.

— Vous voulez dire que vous ne savez pas qui voulait ce Navajo. Cette femme nous entraînait à Cuba, pourtant.

— Il y a tant de gens à Cuba… Mais je pense, personnellement que certains généraux soviétiques ont jugé intolérables que les USA parviennent les premiers à la lune, et monté une opération de leur propre chef, sans l’accord du gouvernement de l’URSS. Le GRU n’a pas de réseau puissant dans notre pays.

— Le KGB n’aurait pas agi de cette façon. Nous avons eu affaire à des gens aux abois. Il y a un petit fait à l’appui de cette théorie. En ce moment se trouve à Cuba une escadrille de bombardiers soviétiques Bisons. C’eût été un moyen facile de transporter en Russie un homme comme le Navajo, à l’abri des regards indiscrets… Même de ceux du KGB, puisque les appareils se seraient posés sur un terrain militaire. La piste se serait arrêtée à La Havane…

La Cadillac longeait lentement la mer des Caraïbes. Malko avait hâte de se retrouver à Liezen dans son château. Pour oublier la mort de Patricia.

Soudain, un grondement terrifiant fit trembler la puissante Cadillac, venant de nulle part. À 150 miles au nord, l’énorme fusée Saturne portant la capsule Apollo 11 s’arrachait du sol. La voiture stoppa. Des piétons hurlaient de joie. Foster Mac Kinsey hocha la tête et tourna vers Malko un regard heureux.

— Ils s’en vont ! Voilà pourquoi nos amis étaient si pressés…

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