CHAPITRE IX

Dans le défilé, le bruit du moteur s’amplifia terriblement et il leva le pied inconsciemment. Tout de suite après, Roy et son équipe l’attendaient. Et il n’avait pas d’arme, en poche du moins. Dans l’un des longerons du châssis, une cache avait été aménagée par les Ateliers de la Navy. Elle contenait des Ruger Blacks, des micro-grenades, des explosifs et des balises radio de longue durée. Pour y accéder, il fallait découper le métal au ciseau à froid, compromettre à jamais son existence que les douaniers de deux pays n’avaient soupçonnée. Il restait une faible possibilité pour un compromis avec Roy. Mais auparavant, il fallait prouver sa force, lui faire comprendre qu’on n’avait pas peur de lui.

D’un seul coup, le bruit décrut, il laissait le défilé derrière lui et la grande bagarre allait commencer. Il mit pleins phares pour éclairer la route, décida que tout se passerait après le tournant en épingle qui s’annonçait.

Il freina, découvrit les trois rochers qui barraient le passage et, au-delà, le Dodge 4x4 dont les phares s’allumèrent d’un seul coup, l’éblouissant. Il bloqua tout en se protégeant les yeux de son bras pour ne pas être aveuglé, passa en marche arrière. Tournant la tête, il recula en collant la paroi rocheuse, éraflant les rebords de la benne, remontant le virage à l’envers. Devant lui, il y avait des cris, mais ils ne pouvaient que le suivre à pied puisque, bêtement, ils avaient placé le Dodge après le barrage.

Le virage n’en finissait pas et il se guidait grâce à la flaque rouge de ses feux arrière sur la roche, jetant de temps en temps un coup d’œil en avant. La première balle tinta contre le montant supérieur du pare-brise, mais les suivantes le firent sauter en plusieurs endroits et il se givra instantanément. Peu lui importait. Il était arrivé au bout du tournant, pouvait accélérer à fond. Dans son pneu, Martinez hurlait de terreur, sentant le camion osciller de gauche à droite, frôler le ravin, puis le mur de la montagne.

D’un coup de coude, Kovask fit sauter les éclats de verre, découvrit trois silhouettes à plusieurs centaines de mètres. Il pouvait leur prendre quelques précieuses secondes avant le défilé. Il avait repéré une plate-forme où il pourrait faire son demi-tour. Mais il n’avait nullement l’intention de renoncer. Simplement leur faire voir de quoi il était capable.

Son demi-tour amena la benne au-dessus du vide, et même il sentit ses roues arrière déraper légèrement sur les bas-côtés fragiles de la route. Mais, au lieu de repartir en marche avant en direction du défilé, il se mit à reculer vers les trois silhouettes qui ralentissaient, s’immobilisaient. En même temps, il mettait le vérin de benne en marche et le pneu commençait de glisser. Martinez hurla si fort qu’il couvrit le bruit du moteur.

Kovask bloqua son frein à main, descendit de camion et se plaqua contre la benne. Au passage, il pouvait orienter le pneu, entre le moment où il quitterait la benne et ne serait pas encore sur la route. Ensuite, impossible.

La grosse masse de caoutchouc faillit le surprendre. Elle lui coinça le bout des doigts contre la ridelle, mais, malgré la douleur, il donna une poussée suffisante pour la faire tournoyer. Le pneu se trouva sur sa tranche, rebondit plusieurs fois avant de se mettre à tourner.

Depuis le défilé, la route descendait. Pas terriblement, mais suffisamment pour entraîner l’énorme enveloppe de bulldozer.

Elle descendait vers les trois hommes en zigzaguant un peu et ils s’arrêtèrent. Roy se trouvait au centre, les dépassant de deux têtes au moins. Puis il fut tout seul, ses compagnons reculant précipitamment. La grosse masse pouvait les écraser comme rien, sans même ralentir sa course.

Martinez hurlait terriblement à l’intérieur, servant de stabilisateur. A chaque tour, il était entraîné, puis glissait le long de la toile, se brûlant sur tout le corps.

Roy entendit les cris. Et puis il vit Kovask qui arrivait derrière en courant.

— Arrête-le, si tu es un homme. Ton complice Martinez est à l’intérieur.

L’Américain en fut frappé de stupeur durant quelques secondes et le pneu fut sur lui. Il se jeta sur le côté, donna une poussée des deux mains. Le pistolet qu’il tenait dans la droite lui échappa, mais le pneu fut détourné de sa course au ravin et se dirigea vers la montagne. Au passage Kovask bouscula Roy, rafla le pistolet et, d’un coup de l’épaule, orienta définitivement la grosse masse de caoutchouc. Elle se déchiqueta contre les aspérités rocheuses, mais finit par s’arrêter. Le Commander se planqua derrière La lueur des phares, orientés pourtant dans l’autre sens, se reflétait contre une falaise blanche et illuminait toute la nuit.

— Doucement, Roy. Les mains en l’air !

L’autre hésita, mais Kovask lui tira entre les jambes, le faisant sautiller.

— Approche. Tu ferais mieux de ne pas faire le zouave. Martinez est dans ce pneu depuis une heure et il vaudrait mieux s’entendre pour l’en tirer rapidement.

— Que veux-tu ?

— Un échange. Martinez contre Marcus Clark.

— Martinez ? Je m’en fous.

— Tu bluffes. Il ne dépend pas de toi, mais directement de Washington. Il pourrait te causer beaucoup de désagréments, même mort.

Roy s’immobilisa :

— Ton copain est en vie.

— Je le souhaite, si tu ne veux pas comparaître devant la chambre des Blâmes de ton pays. Deux mille dollars par jour, que te rapporte ta combine ? Un agent de Langley enrichi ne peut pas être un bon agent.

L’autre restait impassible, mais la colère devait le faire trembler sur place.

— Qui êtes-vous ?

— Des petits malins.

Il se mit à rire :

— Je parie que vous nous avez pris pour des envoyés de Washington chargés de vous surveiller ? Martinez vous a bourré le mou, oui. Mais ce n’est pas une raison pour le condamner à mort.

Du coin de l’œil, il surveillait la portion de route derrière lui, le virage, et il remarqua la silhouette qui progressait vers lui.

— Si ton gars continue, je te flingue aux jambes.

— Suffit, Manuel, on est en train de discuter. Sortez de là avec Eusebio.

Ses deux collaborateurs directs pour la direction de l’entreprise. L’implantation de la C.I.A. dans ce pays paraissait parfaitement organisée.

— Ils feraient mieux d’aller chercher un cric pour donner de l’air à Martinez. Si vous ne le sortez pas rapidement, je ne réponds pas de lui.

Les deux Vénézuéliens se regardèrent, horrifiés. Kovask éclata d’un rire sauvage.

— Vous n’avez rien vu, les gars. Il y a longtemps qu’on se débarrasse ainsi des curieux. Il a failli terminer sa vie au fond d’un ravin, prisonnier de sa cage en caoutchouc.

Il les rappela comme ils filaient vers le Dodge.

— Ramenez mon copain, et aussi une scie à métaux. On sciera le jonc d’acier pour le libérer plus vite.

Puis il mit le pistolet dans sa poche, s’approcha tranquillement de Roy. Le géant restait visiblement sur la défensive.

— Tu nous as pris pour des billes ? Tu crois que je n’avais pas remarqué le manège de Martinez ? Ce n’est pas parce que nous avons eu quelques difficultés avec tes compatriotes que nous sommes des agents castristes. Mais, toi, tu voyais même plus loin, tu pensais qu’on venait te surveiller pour le compte de Washington ?

Roy grogna :

— Je ne sais pas qui vous êtes, mais je vous conseille de quitter le chantier cette nuit, sinon ça pourrait mal aller pour vous.

— Hé ! doucement. Le boulot n’est pas folichon, mais il paye. Nous avons l’intention de rester quelque temps.

— Non, fit l’autre en s’approchant, la mâchoire en avant. Jamais de la vie ! Vous allez filer tout de suite. Si vous attendez, demain, vous aurez la police au chantier.

— Tu oublies quelque chose, gros. Mon passeport est américain.

— Je te croyais Polak.

— Ouais ! Réfugié. Il a bien fallu me donner un passeport, et ce sont tes compatriotes qui me l’ont accordé. Si je suis arrêté, je peux demander à parler au consul américain. Ces gars-là détestent la C.I.A. en général, et il se fera un plaisir d’expliquer à Washington comment tu te mets de côté six à sept cent mille dollars par an.

Il crut apercevoir une lueur sanglante dans les yeux clairs de Roy :

— On se retrouvera.

— Quand tu voudras.

— Je te conseille de filer quand même.

— Lorsqu’on aura touché notre paye. Pas avant.

Les deux autres revenaient avec Marcus. Il souriait malgré son visage tuméfié.

— Les trois salopards m’ont passé à tabac. J’en ai dégueulé partout et je ne pourrai pas conduire avant plusieurs jours. Ces c… croyaient que nous appartenions à la D.I.A. Ils se moquaient bien que nous ayons eu des relations avec les Castristes.

Les deux Vénézuéliens commençaient à scier l’énorme jonc d’acier du pneu, glissaient un cric entre les deux lèvres épaisses. Kovask fit signe à Marcus et ils se dirigèrent vers le G.M.C.

— Foutez le camp, Kovask ! Foutez le camp avant que je n’aie votre peau.

Marcus s’affala sur son siège, visiblement épuisé mais souriant.

— Ce sont des imbéciles. Ils avaient surtout la trouille que nous soyons de la D.I.A.[1]. Ça les aurait soulagés que nous soyons des Castristes.

Kovask démarra tout en laissant retomber la benne.

— Dommage que nous soyons obligés de la boucler, pour l’instant ! Mais si un jour nous revenons à Washington…

— Je me le demande, maintenant. Et cette foutue piste secrète ?

— Nous avons un bon motif de quitter le chantier, non ?

— En ayant l’air de céder aux menaces de Roy ?

Le Commander soupira :

— Crois-tu que Gary Rice nous en voudrait de nous dégonfler ?

— Donne-moi une cigarette.

Il lui passa son paquet, lui demanda comment tout avait commencé.

— Un gars m’a dit que Roy voulait me voir.

A son bureau. C’est après la salle réservée au public…

— Avec un coffre énorme, je sais.

— Les deux types m’ont sauté dessus et ont commencé à cogner. Surpris, je me suis laissé assommer et j’ai été embarqué dans le Dodge. Là-bas, après le tournant, il y avait une carrière à l’écart de la route. Ils m’ont tabassé pour me faire dire qui j’étais. Roy crevait de frousse, mais s’il avait deviné qui j’étais réellement, il m’aurait liquidé sans hésiter. Je me demande jusqu’à quel point il n’a pas partie liée avec les maquisards du coin.

Ils pénétrèrent dans le chantier sans attirer l’attention. La ronde des camions se poursuivait dans la nuit. Kovask immobilisa le G.M.C. devant la cantine. Les clients et le patron regardèrent le visage tuméfié de Marcus sans poser des questions. Dans le coin, on n’était pas obligé de donner des explications.

— Des sandwiches et de la bière, dit Kovask, mais tout de suite deux scotches à l’eau.

Les deux hommes burent d’un trait, puis emportèrent ce qu’ils avaient commandé. Rowood devait les guetter non loin du bâtiment E qui leur servait de dortoir, car il surgit presque aussitôt devant eux. Il hocha la tête en voyant Marcus.

— J’ai une pommade qui n’est pas trop mal. Viens.

— D’abord, je vais prendre une douche. On verra ensuite.

Kovask s’installa à la table commune, au début du dortoir, et commença de mordre dans un sandwich ! L’Anglais attendait sans manifester d’impatience.

— Roy nous a foutus dehors.

— La cause ?

— La frousse. Il nous a pris pour je ne sais quels inspecteurs chargés de le surveiller, et maintenant, il ne veut pas en démordre.

— C’est un orgueilleux. Mais, un jour, il sera bien obligé de rendre des comptes.

Le Commander poussa la nourriture à coups de bière glacée.

— On attendra la paye pour partir. Ça ne va pas lui faire plaisir.

— Les guérilleros vont revenir. Il affronta calmement le regard stupéfait de Kovask.

— Tu veux dire qu’il les commande à volonté ?

— Ici, je suis le plus vieux de tous. Quand ça m’est arrivé… De la main, il tapotait son plâtre.

— Deux mecs avaient joué les gros bras. C’est nous tous qui avons écopé.

— Mais les deux autres ?

— Morts, écrasés sous la terre qu’ils transportaient. Faut dire que les secours ne sont pas allés très vite.

— Roy les a retenus ?

— Il avait expédié le service de sécurité à l’autre bout du chantier. Tout le service. Dans ces conditions, les deux chauffeurs n’avaient aucune chance. Du coup, les copains des deux lampistes ont préféré filer. Roy a mis une sourdine, mais vous venez tout bouleverser de nouveau.

Nu comme la main, Marcus vint prendre une bouteille de bière et but longuement. Rowood alla chercher un pot de grès dont le couvercle tenait grâce à du sparadrap.

— Un truc indien qu’on trouve dans le marché de Maracaïbo. C’est efficace.

Marcus le laissa faire, déclara au bout de quelques secondes qu’il éprouvait, du soulagement.

— Demain, tu recommenceras et on ne s’apercevra plus des coups. Et le gars Martinez ?

Les deux amis se regardèrent et éclatèrent de rire.

— Ils ont dû avoir du mal à le libérer. Pas sûr qu’il en réchappe, sinon physiquement, du moins moralement. Il y avait de quoi devenir dingue, à sa place.

Rowood regarda Kovask avec des yeux perplexes.

— Tu es un drôle de corps. J’ai vécu, et des types comme toi, j’en ai vu peu, mais j’en ai vu. C’étaient des durs, des vrais, mais ils avaient tous la foi, un idéal. Toi, tu fais ça pour le plaisir ? Ou bien ton imagination est vicieuse ? Jamais je n’aurais pensé à foutre un gars dans un pneu.

— Roy en a été tellement impressionné que j’ai pu lui faucher son pistolet sans difficulté. Il était tout ahuri. Mais Martinez était très important pour lui. Un délégué de Caracas. Il avait vraiment la frousse qu’il meure.

Rowood accepta une bouteille de bière, la but par petites gorgées gourmandes. Marcus s’empiffrait de sandwiches sans ôter les piments dont le patron de la cantina abusait. Il buvait beaucoup.

— Et si Martinez était le contrôleur que Roy appréhende ? S’il avait voulu faire du zèle ?

— Possible, dit Kovask en allumant une cigarette. De toute façon, nous ne pouvons pas rester ici, tu le comprends bien. Nous allons sauver la face, encaisser notre enveloppe et filer.

— Si les guérilleros ne vous descendent pas, ce sera possible. Où comptez-vous aller ?

Ils haussèrent les épaules en même temps.

— On ne sait pas. On tâchera de se fondre dans la nature quelque part.

— La nature, ricana Rowood.

Se retournant, il inspecta le dortoir où trois chauffeurs se trouvaient seulement, les autres préférant se crever à leur volant et dormir pendant les heures torrides.

— La piste « Fidel Castro », ça vous dirait ?

— C’est payé ? demanda Kovask avec prudence.

— Oui, à condition de partir de la côte nord de Colombie. Mais, c’est dur. Contrôle des guérilleros qui ne sont pas toujours tendres. On saute d’un côté à l’autre de la frontière. Des Colombiens aux Vénézuéliens, puis aux Colombiens, l’Equateur et le Pérou. Mais avant d’être dans ce dernier pays, vous pouvez y avoir laissé la peau. Voyage en compagnie de trois escorteurs au moins.

— Mais la paye ? insista Marcus.

— Un forfait. Au retour, vous ramenez du minerai rare et surtout de la cocaïne.

— Quel trafic ! s’étonna Marcus Clark. Le clandestin est presque aussi important que l’officiel, alors ?

L’Anglais approuva :

— Tu ne crois pas si bien dire. Les Indiens, tous les révoltés travaillent pour les maquis qui groupent les marchandises et les échangent contre des armes, des explosifs et de l’essence.

— De l’essence ?

— Paraît que, plus tard, des véhicules blindés et même des avions suivront, mais ce n’est peut-être qu’un coup de la propagande castriste.

Il but un coup de bière.

— Chaque voyage peut vous rapporter deux ou trois mille dollars chacun, mais attention, il dure bien quinze à vingt jours, parfois des mois.

— Mais comment le sais-tu ?

— Un copain. Nous devions recommencer l’expérience ensemble, mais il a eu un accident et s’est tué.

Kovask se pencha en avant :

— Pourquoi ne prennent-ils pas des types du pays et non des Blancs ?

— Ils en prennent, mais ça ne suffit pas. Il leur faut des durs, des gars habitués à lutter et surtout des apatrides. Mais pas de Ricains. Ça se comprend.

Les deux officiers de marine se regardèrent.

— Pourquoi pas, après tout, dit Kovask.

— Attention, murmura Rowood. Ce n’est pas du gâteau. Vous êtes surveillés tout le long du chemin. Il y a des difficultés énormes. La traversée des rios est épouvantable, paraît-il. Parfois, ils ont construit un radier invisible d’avion parce que sous cinquante centimètres d’eau. Mais le courant y est terrible. Ça glisse et il n’y a personne pour vous aider. La piste ne servira à fond que le jour où la bagarre sera déclenchée, mais pour l’instant un camion ou deux par jour environ. Marcus souriait :

— Et le bureau d’embauche ? Rowood hésitait.

— Ecoutez, les gars : je ne sais pas qui vous êtes, et je m’en fous. Je ne sais pas ce que vous cherchez exactement.

Un vent de panique souffla, mais les deux agents de l’O.N.I. surent rester impassibles.

— Tout ce que je sais, c’est que vous m’êtes sympathiques et que je ne voudrais pas faire votre malheur. Mais vous êtes assez grands pour vous débrouiller.

Sa voix baissa d’un cran :

— Il faut aller en Colombie, à San Antonio. Un petit port sur l’Atlantique, à cent quatre-vingts miles de Barranquilla. Là-bas, vous demanderez un certain Huchi. Il a une entreprise de transport. Vous lui direz que vous venez de la part de l’Ecossais. Ce n’est pas moi, mais mon copain qui est mort. Mc Honey. Je pense qu’à partir de ça, vous ferez affaire. Mais restez sur vos gardes. Si jamais il ne vous avait pas à la bonne, Huchi vous fera descendre sans plus de façons. Dans ce patelin, il est le roi, et même la police ne se mêle pas de ses affaires.

Il vida sa bouteille de bière.

— C’est tout. Faites-en ce que vous voudrez. Moi, je vais au lit.

Se levant, il ne quitta pas tout de suite la table.

— Et gaffe pour demain ! Roy ne va pas laisser passer l’histoire de ce soir. Vous feriez mieux d’aller ensemble. L’un conduira pendant que l’autre surveillera les parages.

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