en arrière jusqu’aux bossoirs pour reprendre son élan; mais à chaque charge nouvelle, sa course devenait plus limitée. Le porc la cernait. Tout à coup, et principalement parce qu’il était surpris de sa propre témérité, il lança un cri épouvantable, et fondit sur elle. Il l’avait coincée contre le cabestan, et pendant l’espace d’un éclair il put la mordre et la piétiner. C’est une chèvre très assagie qui fut alors emmenée dans ses quartiers; mais les enfants étaient disposés à l’aimer à jamais, pour les coups héroïques qu’elle avait portés au vieux tyran.
Toutefois, il n’était pas absolument dépourvu de sentiments humains, ce cochon. Le même après-midi, étendu sur le grand panneau, il était en train de manger une banane. Le singe du bâtiment, se balançait au-dessus de lui, au bout d’une corde lâche. Et, guignant cette proie, il se laissa glisser aussi bas que possible, de manière à la lui arracher des pattes. On n’aurait jamais pu penser que le masque immobile d’un porc pouvait exprimer une telle stupeur, un tel désespoir, un sentiment si piteux d’injustice.
M. Jean-François Gourre, âgé de 54 ans, exerçant la profession de représentant de commerce pour une marque de savonnettes, a été trouvé noyé hier après-midi par la brigade des sapeurs-pompiers. La thèse de l’accident devant être repoussée, l’enquête a conclu au suicide. Le malheureux aurait mis fin à ses jours en se jetant d’une barque de louage. Quand le corps a été repêché, la noyade remontait à trois jours. Il semble que M. Gourre, honorablement connu dans les milieux commerçants, ait cédé à une crise de neurasthénie. À sa famille ainsi qu’à ses amis nous présentons nos plus sincères condoléances.
à Tizi-Ouzou, 100.000 kabyles acclament le G.P.R.A.
De nombreux train sont stoppés. Plusieurs villas menacées. Un camping est évacué à la hâte.
Les départs des navires pour la Corse et pour l’Afrique sont suspendus jusqu’à nouvel ordre.
Montpellier. Un estivant, M. Robert Mages, 47 ans, domicilié à La Seyne-sur-Mer, (Var) s’est noyé accidentellement hier matin à Palavas-les-Flots (Hérault).
M. Mages, sans doute pris de congestion, a été ramené sur la grève par des baigneurs. Malgré les soins qui lui ont été prodigués, le malheureux a succombé peu après son admission dans un hôpital de Montpellier, où il avait été conduit.
Les cadavres de 2 touristes allemands sont repêchés à 3 km de distance, près de la plage d’Anghione.
L’homme semble avoir succombé à une frature du crâne.
La femme ne portait aucune trace de lutte.
(Voir page 7)
• Un cultivateur disparu de Toulon depuis le 30 juin est trouvé mort dans un ravin. Accident, suicide ou crime?
• Au quartier de l’Ariane un enfant de douze ans se noie dans le Paillon.
Un jeune maniaque se réfugie dans une École de Carros.
Les gendarmes l’arrêtent.
Une brève chasse à l’homme a mis fin à la fuite d’un malade mental à Carros.
Des agissements étranges.
Dimanche après-midi, la foule des estivants qui déambulait sur la Promenade du Bord de mer fut mise en émoi par les agissements étranges d’un jeune homme, Adam P…; visiblement privé de ses facultés mentales, le jeune homme haranguait la foule, tenant des propos dépourvus de sens. L’affaire en serait restée là, si le jeune homme n’avait, pour des
(voir page 7)
(Achard est condamné à mort une 2e fois par contumace
raisons inconnues, perdu la tête au point de se livrer sous les yeux de tous, à des exhibitions qualifiables d’attentat à la pudeur.
Une fuite rocambolesque:
La police ayant été immédiatement appelée sur les lieux, entreprit de poursuivre le déséquilibré qui avait réussi à s’échapper. La police s’employa à des recherches dans les hauts quartiers de la ville; ce n’est qu’en fin de soirée, vers 22 h. 30, que la présence de l’individu fut signalée dans une École Maternelle du Quartier de Carros, où il avait réussi à s’introduire en escaladant le mur de protection. Le jeune homme se barricada alors dans une des salles de l’École désertée, et répondit aux sommations par des menaces de suicide. La police dut faire usage de grenades lacrymogènes pour le déloger. Quelques instants plus tard, le maniaque se rendait aux forces de l’ordre. Il était porteur d’une arme blanche, un couteau de cuisine.
Transfert à l’hôpital psychiatrique.
En attendant d’être déféré au Parquet peur répondre de diverses accusations, le jeune homme, fils d’une famille honorablement connue dans la ville, devra subir un examen psychiatrique. Il semble déjà qu’il ait agit sous l’empire d’une crise de folie soudaine. Si le docteur Pauvert, psychiatre de l’Institut Pasteur, diagnostique des troubles mentaux, le jeune homme sera interné à la clinique psychiatrique sans répondre des accusations. Au cas contraire, il sera poursuivi sur deux chefs d’accusation: violation de domicile avec vagabondage et attentat à la pudeur. Me Gonardi serait son avocat. D’autre part, la police communique: toutes personnes ayant, ou croyant avoir eu dommages dus à l’inculpé sont priées de bien vouloir se présenter instamment au commissariat, où il sera fait état de leurs plaintes.
En dernière minute, le jeune déséquilibré aurait fait des aveux fantaisistes, selon lesquels il aurait été plusieurs fois à l’origine d’incendies dans la région. Le malade mental aurait répété à de nombreuses reprises: «Je suis un pyromane, je suis un pyromane». Pour l’instant, il semble plutôt s’agir d’un genre d’amnésie. La police a néanmoins enregistré deux nouvelles plaintes tôt dans la matinée. M. L… a porté plainte contre le prévenu pour violation de domicile et détériorations diverses, et Mlle M…, pour attentat aux mœurs. L’inculpé sera transféré à midi au centre de l’hôpital psychiatrique pour raison d’examens.
Deux cadavres, celui d’un homme et d’une femme, ont été découverts hier matin sur la plage d’Anghione, station balnéaire sur la côte orientale corse, non loin de Bastia.
Mystérieuse affaire vraiment que cette macabre découverte.
Il était environ 7 heures du matin, le domaine d’Anghione, où de nombreux estivants gouttent clamement des vacances au bord de la mer, s’éveillait doucement, quand deux pécheurs amateurs accoururent au bureau de la direction de cet établissement pour signaler que le cadavre d’une femme flottait à environ 300 mètres de la grève. Quelques minutes après, la gendarmerie de Moriani arrivait sur les lieux. Le cadavre en question venait à peine d’être retiré de l’eau que le lieutenant de la compagnie de gendarmes était averti par téléphone qu’un autre cadavre venait d’être découvert par un baigneur, à 3 km plus au nord, sur la plage de Pinarello.
PREMIÈRES CONSTATATIONS
Les deux cadavres, cela se sut immédiatement, étaient ceux d’un couple allemand arrivé au domaine d’Anghione le 28 juin dernier, et qui devait quitter la Corse hier. L’homme était âgé dune cinquantaine d’années, la femme avait 42 ans, tous deux étaient employés de bureau à Hambourg. Les deux corps portaient des vêtements et aucun des deux ne portait de traces de balles. Seul, l’homme avait sur le front un
très gros hématome. La femme, elle, ne présentait aucune trace de lutte, aucune blessure.
Signalons cependant que l’un et l’autre, dès qu’ils furent retirés de l’eau, saignèrent abondamment des oreilles. Le docteur Marchesi, qui avait été appelé sur les lieux, diagnostiqua, après un rapide examen, une fracture du crâne, chez l’homme tout au moins.
L’AFFAIRE SE COMPLIQUE
En interrogeant la direction de l’établissement, on apprit que c’était un couple comme il y en a tant dans le Camp, et qui ne s’était signalé en rien. On apprit cependant que l’homme portait toujours un porte-documents dont il ne se séparait jamais.
D’autre part, une serveuse avait remarqué que le couple ne vivait pas en bonne intelligence. Des disputes entre eux étaient fréquentes.
— S’étaient-ils disputés mercredi soir, quelques heures avant leur mort? lui demanda-t-on.
— Non, ce soir-là, ils ne s’étaient pas présentés au restaurant, répondit-elle.
Fait bizarre aussi, la femme, dès le surlendemain de son arrivée, avait demandé à loger dans un autre bungalow car, disait-elle, son compagnon ronflait et cela la gênait.
Étrange couple en effet; la femme apprenait en vacances que l’homme avec qui elle vivait ronflait au point de l’empêcher de dormir.
On conclut vite qu’ils n’étaient pas mariés. On pensa à l’aventure galante. Selon les constatations du Dr Marchesi, la mort était survenus la veille vers 21 h.
INVENTAIRE
Comme l'exige la loi, c'est en présence du premier magistrat de la commune, M. Léonello, maire de Castellare di Casinca que se déroula l’inventaire des affaires se trouvant dans le bungalow où avait logé l'homme. Mis à part les divers objets de toilette et vêtements habituels, on découvrit dans le bungalow le fameux porte-documents qui ne contenait d’ailleurs que quelques mouchoirs sales et autres bricoles insignifiantes. On trouva également une certaine somme d'argent en billets français et allemands. Le mobile du crime crapuleux était donc à écarter. En fouillant systématiquement la pièce, les gendarmes découvrirent quelques lettres sans importance, des coupures de journaux littéraires traitant de sujets philosophiques ou théologiques, des études sur l'homme, l’avenir, le néant, etc…
Autre indication que l'on apprit plus tard, l’un et l'autre n’aimaient pas se baigner. Ils passaient leurs journées à l’ombre, loin de la plage.
Une paire de tenailles dans un sac à main.
La première découverte apportant un indice valable fut le sac à main de la femme contenant… une paire de tenailles toute neuve achetée en Allemagne. Drôle d’objet pour une femme. Voulait-elle s’en servir comme massue pour défendre ou attaquer? On découvrit aussi de nombreux médicaments, des sédatifs, et l'on apprit immédiatement après, grâce à une fiche de maladie, que tous deux avaient déjà été soignés en Allemagne pour dépression nerveuse.
A 15 h, le Parquet arriva sur les lieux: MM. Ricci substitut du Procureur, Léonello, juge d’instruction, et Colonna, médecin-légiste; ils examinèrent les lieux du drame puis les Sapeurs-Pompiers da Bastia emmenèrent les corps à la Morgue, où le médecin-légiste devait procéder à l'autopsie.
HYPOTHÈSES
Après les premières constatations, il est difficile de tirer des conclusions. Des hypothèses sont permises: on avait entendu, parait-il, des cris, vers minuit; mais l'heure ne concorde pas et, de plus, cette nuit-là, on fêtait dans un établissement voisin, assez bruyamment, le baptême d’un nouveau bateau de plaisance. Ce sont donc sans doute les cris des fêtards qui furent perçue.
Quant aux bateaux qui passèrent, dit-on, en début de nuit, chaque soir plusieurs d’entre eux vont à la pêches.
S’agit-il d’un double crime commis par un tueur venu accomplir une vengeance?
Les enquêteurs y songèrent un moment. Mais plus vraisemblable est l'hypothèse suivante: la femme s’aperçoit que l'homme qu’elle aime va la quitter; les vacances se terminent, et avec elles son amour aussi. Profitant de ce que l'homme est plutôt de faible constitution, (il boitait légèrement de surcroît) elle l’assomme, le jette à l'eau et se noie aussi.
Tout cela, répétons-le, ne sont que des hypothèses et si d’autres indications ne sont pas données par l'autopsie, tes enquêteurs n’auront pas la tâche facile.