CHAPITRE XII

Quand j'étais chiare, je donnais toujours mes sucres d'orge aux copains, ce qui faisait dire à mon entourage que j'étais « trop gentil » et qu'un jour « ça me perdrait ».

M'est bien avis, les z'enfants, que ce jour funeste est arrivé. Si j'avais buté les gardes au lieu de seulement leur colmater les chicots à la crème de marron, je n'en serais pas là. Ça nous aurait laissé le temps de nous carapater et on jouirait d'une vue imprenable sur l'avenir. Au lieu de ça, on a, comme qui dirait, notre date de naissance et notre date de décès qui sont en train de joindre les deux bouts.

Ils avaient pas dû se gaver de somnifère, les habitants du camp, car en moins d'un et demi, tout le monde est sur le pied de guérilla. Ça fourmille sec, d'un bord à l'autre de la coquette station balnéaire. Je me dis que si on ne tente pas un dernier « petit-quéque-chose », on va avoir droit à la retraite d'escadre aussi sec et donner de quoi se goinfrer aux asticots vietnamiens. Bye bye tout le monde. Fallait bien que ça arrive. Je sais que je ne regrette rien : ce que j'ai vécu m'a suffi pour comprendre que l'homme n'est pas un loup pour l'homme, mais seulement une illusion. Les autres, ça n'existe pas. C'est une impression que chacun a, et qu'il entretient pour se sentir moins seul. Un champignon sur du fumier, chaque homme. Qu'est-ce que c'est qu'un champignon ? Un végétal sans chlorophylle ; nu, oui !

N'importe, il faut lutter, pour le sport. On va se laisser faire le coup du berger, comme aux échecs, sans réagir, sans déplacer ses pions, des foie ! Béru c'est ma tour, Curtis, mon dingue, et moi je suis la reine des pommes. Avec trois pièce aussi maîtresses, on n'a pas le droit de se laisser bloquer le barbu sans se rebiffer.

Pour l'instant, nous nous trouvons contre un baraquement. D'un signe j'intime à mes compagnons l'ordre de se coucher.

Ils m'obéissent. La porte du gai logis s'ouvre au même instant. Un grand rectangle de lumière orangée tombe sur le sol et la silhouette de la môme Olga se découpe dans l'encadrement. Rigolard, tout de même, que nous nous trouvassions pile devant sa cambuse ! La môme a enfilé une robe de chambre blanche à rayures saumon, en tissu-éponge, ses magnifiques cheveux sont liés par un large ruban blanc. Elle s'élance hors de sa crèche vers une zone éclairée où des militaires vietcongs s'affairent. La môme s'adresse à eux en anglais et leur demande ce qui se passe. Un zigoto au parler nasillard lui répond que les deux autres prisonniers viennent de s'évader. Moi, vous me connaissez ? Je sais prendre le temps comme il vient, les femmes par où ça leur fait plaisir, et la chance par les cheveux. Je calcule que notre seule possibilité de ne pas être gueulés au murs de la battue qui se prépare, c'est de nous planquer à l'intérieur des bâtiments, puisque c'est à l'extérieur qu'on va nous courser. Un nouveau petit signe à mes coéquipiers pour les alerter et, plus furtif que le lézard des ambles, je me faufile dans le cabanement de Mam'zelle Olga. L'honorable Alexandre-Benoît Bérurier et son camarade de détention m'imitent. Nous voici donc dans une espèce de maisonnette préfabriquée qui, comme la prison (tous les locaux sont bâtis sur le même mot d'aile) comporte deux pièces. La première — qui est aussi la plus grande — sert de salon-kitchenette, la deuxième — qui est de surcroît la seconde — de chambre à coucher (et de chambre à accoucher lorsqu'on l'utilise dans une maternité). Je m’y précipite de ma démarche otarienne.

Les chevaliers de la belle en font tôtant. Tous les trois, en parfaits pieds nickelés, nous nous coulons sous le lit de fer. On a les targettes qui dépassent de l'autre côté, mais l'essentiel est d'être invisibles depuis l'autre partie du baraquement ; vous ne pensez pas ? Non, je le vois à vos bouilles sinistrées que vous ne pensez pas !

Je poursuis quand même.

On demeure dans la position sardines à l'huile, sans broncher, à attendre la suite des événements, Dehors, ça gesticule vilain, moi je vous le dis. Au pas de course qu'ils se remuent le prose, les camarades sovietcongs. Et ça gueule dans le landerneau, comme disent les Bretons. Y se causent de l'air du pays, entièrement en vietnamien, c'est-à-dire de bas en haut (du moins je crois). Les chefs promettent aux sous-chefs qu'ils les feront bonzer pour le cas où on ne nous retrouverait pas, et les sous-chefs jurent à leurs hommes qu'ils auront de gros ennuis hématiques… Quelques instants (j'ai oublié de compter le nombre d'instants, mais je sais qu'il y en a plusieurs) plus tard, Olga revient et ferme sa porte. Une veine qu'elle habite seule, la chérie. Elle donne un tour de clé et vient dans la chambre. Au lieu de se pointer vers le lit, elle dénoue sa robe de chambre et la laisse tomber à ses pieds.

Je sens la pomme d'Adam du Gros qui commence à yoyoter d'émotion. Nos souffles se précipitent. Si miss Olga continue ses exhibitions, son plumard va se soulever, mes fils, c'est couru. Elle passe dans sa douche dont elle tire le rideau transparent. La flotte commence à gicler du paumeau et dégouline sur son corps bronzé. Elle forme une cascade entre les seins. Elle perle dans le creux de ses hanches, se perd dans des zones frisottées pour réapparaître… Ce que c'est beau ! Ce que c'est grand ! Ce que c'est noble ! La transe ! Ah ! la belle sirène dont nous aimerions devenir les tritons (ce qui n'est qu'une image, vu que le triton, lui, est un batracien à la queue aplanie).

Elle offre son visage, ses épaules, ses seins, son ventre, ses cuisses, ses fesses à l'averse cinglante. On se croirait dans un film nouvelle vague, parole ! A Godard noble but ! Je sors de ma planque et m'installe sur le lit. On est bigrement mieux par en- dessus que par en dessous.

Le Gros et Curtis restent assis par terre, le dos à la porte de communications (ce qui interrompt celles-ci avec l'extérieur).

Lorsque la belle espionne s'est bien aspergée, bien rafraîchie, elle fait coulisser le rideau. Elle reste coite dans son tub. Son regard stupéfait va de l'un aux autres. Et puis elle a le geste de Phryné pour se masquer l'essentiel.

— Soyez pas effarouchée, Olga, lui dis-je, on est entre nous : votre mari, votre amant, et un vieil ami de la famille ; vous ne risquez pas grand-chose…

Elle est ruisselante d'eau et de questions, mais elle s'abstient d'éponger l'une et de poser les autres.

— Voyons, Béru, interpellé-je, qu'attends-tu pour passer sa robe de chambre à mademoiselle, tu ne vois pas qu'elle est extrêmement douchée ?

— Tout ce qu'il y a de volontiers, s'empresse l'ahaneur qui, avec la galanterie bien française et des gestes frôleurs, aide Olga à nous sevrer de sa nudité.

Une fois protégée de nos regards concupiscents, la jeune femme retrouve son aplomb.

— Bien joué ! approuve-t-elle en s'asseyant dans un fauteuil d'osier. Je n'ai jamais vu un garçon plus audacieux que vous, Tony.

— Merci du compliment, Olga ; venant de vous, il me va droit au cœur, avec escale dans les régions septentrionnales.

Elle rit, me file un regard savonneux et annonce :

— Cela étant dit, je ne vois guère comment vous pourriez vous en sortir.

— Une confidence en valant une autre, ma jolie, je ne le vois pas très bien non plus…

— Alors ? demande-telle en allongeant la main vers une table basse où se trouve un coffret à cigarettes.

— Alors ne faites pas un geste ! lui dis-je sèchement.

— Je n'ai pas le droit de fumer ? demande la ravissante :

— Béru ! Veux-tu regarder ce que contient ce coffret, ordonné-je.

Le Gros se grouille. Il soulève le couvercle de la boîte et pêche dans celle-ci un aimable revolver à crosse de nacre.

— La petite demoiselle ne fume que des Beretta de jeune fille, fait-il en empochant l'arme. Puis il administre une solide paire de baffes à la donzelle.

— Tu commences à nous avoir assez fait de bobo comme ça, garce, lui dit-il. Si tu te tiendrais pas rigoureusement peinarde, je me regarderais dans l'obligation de faire ton malheur, tu piges ? Je rigole plus, j'ai les lèvres enflées.

A sa voix, on devine son déterminisme. Le sourire d'Olga s'éteint.

— Vous ne pouvez pas vous en sortir, affirme-t-elle, c'est IMPOSSIBLE !

Je m'approche de l'unique fenêtre et je soulève les lames du ressort californien afin de regarder dehors. Le tohu-bohu est à son comble. Pour le moment il me paraît impossible de risquer une sortie. L'espionne qui a observé mon manège me dit, lorsque je me retourne.

— Vous voyez bien ! Vous feriez mieux de vous rendre !

— Et puis quoi encore ? s'indigne Sa Majesté, allez-y, je prends les commandes !

— Je préfère mourir plutôt que de me rendre, affirme Curtis qui, jusqu'ici, n'a rien dit.

— On vous a servi à bouffer, ce soir ? demandé-je au Gros, histoire de revenir à des préoccupations plus terre à terre.

— Des clous ! fulmine-t-il. J'ai l'estom' qui ressemble à une vieille blague à tabac.

— Alors va regarder dans la pièce voisine si tu trouves quelque chose de comestible.

C'est le genre de missions pour lesquelles il est toujours volontaire, mon Nounours. L'assaut du garde-manger, c'est sa spécialité. Il s'y est tellement illustré qu'après lui, on donnera sûrement son blaze à une marque de nouilles ou de gorgonzola. L'ami des réfrigérateurs, Béru ! Leur visiteur du soir.

Je l'entends fouiller les placards de la kitchenette en maugréant. Il revient, l'oreille basse, avec un paquet de biscottes, deux tubes de lait concentré et des bouteilles d'eau gazeuse. Il déplore le manque d'organisation de notre hôtesse. Selon lui, la jeune femme moderne doit avoir un jambon en réserve, des boîtes de cassoulet, quelques saucissons à l'ail, un peu d'andouille et des neufs. L'imprévoyance est la grand-mère maternelle de tous les vices. Tout en protestant, il nous fait des tartines de lait. C'est assez écœurant, mais ça nourrit. Les chicots du Mastar croquent les biscottes avec un bruit de con-casseur.

— Comment que tu t'y es pris ? questionne mon ami, la bouche pleine.

Je lui raconte mon évasion : le coup de tournevis, la fenêtre ouverte, la jungle, l'arbre creux, la lance de bambou.

— Tu es un type formidable, me dit Curtis.

— Faut pas se plaindre, renchérit Bouboule. Supposutionnons qu'on parvienne à sortir du camp, tes projets c'était quoi t'est-ce ?

— Eh bien voilà, dis-je, nous avons réussi le tour de force de nous mettre à dos les sudistes et les nordistes, les gens de l'Ouest et ceux de l'Est, on s'est pratiquement fermé les quatre points cardinaux.

— On est pour ainsi dire les tricards du concile aux culs-bénits, plaisante le Mahousse.

Je lui sais gré de sa boutade. Les bons mots de Sa Majesté (je devrais plutôt dire « ses Vermots ») ont le rare pouvoir de conjurer les calamités. Le sort ne peut rien contre l'homme qui plaisante.

— Ecoute, Mec, au lieu de se faire la partie périlleuse et la traversée de la jungle pédérastement, tu crois pas qu'on pourrait profiter de ce qu'ils sont en train de jouer la Prise de Fort Apache pour récupérer le coléoptère dont avec lequel ils nous ont emmenés : ici ? Ton pote Curtis est un pilote d'hors ligne, non ?

Brave Béru ! Cher A.B. (Alexandre-Benoît) ! Il a raison. Cette effervescence qui règne autour du camp peut, doit nous aider.

On va se tailler de l'intérieur et non de l'extérieur ; La lumière admirable, jaillit de la matière grise béruréenne, comme le Rhône des glaciers bleus du Saint-Gothard ! O esprit phosphorescent qui, au milieu de la nuit hostile, nous guide vers les rivages obscurs du salut ! O astuce poulardière enfantée par ce primate à station verticale et au langage articulé ! Magicien des abîmes ! Spéléologue de la ruse ! Astronaute de la combinaison ! Toi dont le ventre ressemble au mont Ventoux et l'intelligence à une fosse septique. Toi qui manipules l'andouillette sans fourchette et la couennerie sans pincettes, sois récompensé pour tes suggestions radieuses ! Que la terre tout entière forme ta garde d'honneur ! Que l'eau purifiante des baptêmes redonne à tes pieds sales l'éclat du neuf ! Oui, tu l'auras ta revanche, tu seras mon dernier échanson ! Comme je t'aime, Bérurier ! Comme tu me satisfais ! Comme tu me combles ! Comme tu communiques à tout mon être la joie pathétique et suprême des aboutissements. Merci, ami de toujours !

Je lui donne une caresse qui l'écarlate.

Ayant dit, je poursuis :

— Si nous parvenons à quitter le camp, notre seule chance est de traverser la jungle en direction de l'Ouest jusqu'à ce que nous ayons franchi la frontière laotienne. Une fois au Laos, nous gagnerons Viea Tiane, la capitale où se trouve un consulat de France qui nous rapatriera.

Well, approuve Curtis. Tu crois que j'aurai droit moi aussi à un billet pour Paris, Tony ?

— Si vous n'y avez pas droit, vous pourrez toujours faire appel aux membres de votre organisation, Curt, déclare Olga.

— Oh, pour l'amour du ciel, cessez vos railleries ou je vous écrase comme une punaise ! gronde l'officier. La plaisanterie a suffisamment duré…

Olga va pour rétorquer,mais je les fais taire d'un péremptoire claquement de doigts : j'ai pas envie qu'ils attirent l'attention avec leur différend dont je finis par avoir classe.

Et puis j'ai besoin de silence pour ouïr le gars Bérurier, lequel me chuchote quelque chose à l'oreille. Que me dit-il, le bien cher homme ? Quelle idée filandreuse vient le tourmenter pour qu'il tienne immediately à me la virguler dans le couloir en colimaçon ?

— Bravo, Gros, Tu viens de tracer la route.

— On peut connaître ? demande Curtis.

— D'autant plus volontiers qu'on ne peut rien faire sans toi, dis-je : Il s'agit tout simplement de rééditer le coup de ta précédente évasion, petit canaillou.

— C'est-à-dire ?

— La fugue en hélicoptère.

Il a un pâle sourire.

— Pourquoi pas ? Ce serait amusant si ça réussissait.

— Pas de conditionnel, Curt ! Lorsqu'on se lance dans une entreprise (de tabac râpé) aussi audacieuse, il faut bannir de son esprit l'idée d'échec.

— Je suis curieuse de savoir comment vous allez vous y prendre, Tony, roucoule la jolie bergère.

— Justement, vous allez le savoir, Olga. Habillez-vous !

— Quoi !

Le Gros qui a besoin d'exercice la mornifle à nouveau en disant :

— T'obéis et t'écrases, gosse. On peut pas se permettre de discutailler dans la conjonction présente avec une mémé de ton acabit.

Alors, que voulez-vous : elle obéit.

Le gars bibi, avec son casque et son fusil, il a l'air d'un militaire habillé en soldat. la nuit, tous les militaires sont gris (quelque uns sont noirs d'ailleurs). Je vais d'un pas énergique jusqu'à la prison, me rangeant parfois de côté pour laisser foncer une chignole tous-terrains lancée sur le sentier de la guerre.

Mon objectif ? Il est minime en apparence essayer de dénicher deux casques afin que mes joyeux coéquipiers eussent à leur tour des découpes de soldats.

J'arrive sans encombre à la geôle. Etant donné qu'elle ne recèle plus de prisonniers, elle n'a plus du tout l'air d'une prison. Le poste de garde est vide car, si la fonction crée l'organe, l'absence d'organe supprime par contre la fonction. C'est un truc que mon vieux copain Maxime, (dit de La Rochefoucault) a dû noter avec sa pointe Bic dans un coin de ses carnets. La porte grillagée est entrebâillée et on a éteint les lumières. Dans le fond, l'endroit le plus parfait pour nous cacher, ce serait la taule. Les camarades sovietcongs nous chercheraient partout et ailleurs avant de regarder ici. J'entre donc céans. Et j’y trouve ce que j'y suis venu chercher. Je fais en outre l'emplette de deux flingues, bien que mes potes possèdent déjà des armes. Ça rameute drôlement dans le patelin. M'est avis que les Rouges tournent au vert. Une évasion aussi spectaculaire, effectuée en deux temps (et presque trois mouvements), ça crée des complexes. On doit perdre le moral du vainqueur lorsque des petits dégourdoches vous jouent la fille de l'air de cette manière.

Des groupes passent au pas décadent cadençé. On met des projos en batterie. Leurs faisceaux puissants promènent des lambeaux de jour sur la jungle endormie, réveillant les bêtes diurnes dont les cris affolent les bêtes nocturnes. C'est à vous dégouter d'être hibou, ces groupes électrogènes ! Comme les nordistes recherchent trois hommes, hors du camp, ils ne regardent pas un homme seul à l'intérieur de celui-ci. Je causerais russe ou vietcong, je pourrais presque tailler une bavette avec eux sans qu'ils eussent le moindre soupçon ; c'est pourquoi je rejoins l'Olga's house aussi aisément que je l'ai quittée. Notre hôtesse est habillée et l'ami Curt s'est offert le luxe d'une douche reconstituante. Je distribue casques et fusils à mes deux aminches. Ensuite de quoi, dopé à bloc par la frénésie de l'action, je m'approche de la belle espionne en faisant tourniquer le colt fauché par Curtis au bout de mon index. Je dois faire un peu Gary Cooper ainsi. Ne jamais craindre de chiquer aux héros de l'écran, mes amis. Qu'on le veuille ou pas, ça fait toujours de l'effet, même aux gonzesses les plus blasées. Elles ont beau être nihilistes, l'imagerie hollywoodienne conserve à leurs yeux toute sa magie.

Je la fixe bien intensément pendant un bout de temps, et puis, calmement, avec même des inflexions mutines, je lui déballe le coquet discours ci-dessous :

— Olga, mon enfant jolie, nous avons vécu ensemble une aventure assez palpitante, pleine de renversées, de coups de théâtre et de passion. Elle n'est pas encore terminée. Mais ce que je peux vous dire, c'est qu'elle achèvera de la même manière pour vous que pour nous. Ou bien nous atteignons le Laos, et alors on vous dit bonsoir sans rancune, ou bien on a un pépin, et aussi vrai que je suis le flic le plus intelligent de l'après-guerre, je vous met un chargeur dans la carrosserie avant de coiffer ma propre auréole. D'ac ?

Elle lit ma détermination dans mon regard blanc à force de fixité :

— Et au cas que t'aurais un empêchement de faux mangeur, c'est bibi qui te jouerais les extra, mec, assure Bérurier Le disponible.

Curtis libère un petit sifflement très sec.

— Erreur, my boy, ce serait moi !

— Comme vous le voyez, reprends-je à l'intention de la jeune femme, votre chance de survie serait vraiment mince.

Elle bat des cils.

— Prêt ? demandé-je à la ronde.

— Ben voyons, répond le Valeureux en coiffant un casque qui, immédiatement, fait ressembler sa tronche à un énorme bouchon de champagne.

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