Interrogatoire de Tyrone Meehan par l'IRA

(18 décembre 2006)






Tu n’as rien à dire non plus à propos du Français ?

Tony ? Le luthier ?

Tu connais un autre Français, Meehan ?

Je connais ses parents, quelques-uns de ses amis.

C’est lui qui nous intéresse.

Je ne vois pas pourquoi.

Vous êtes très proches.

(Silence)

Tu as eu des contacts à Paris avec les Britanniques.

Je l’ai dit.

C’est là qu’ils te débriefaient ?

(Silence)

Est-ce qu’il était mêlé à ça ?

Tony ?

Oui, Meehan, Tony le Français. Il savait que tu trahissais ?

Non.

Tu as été huit fois à Paris. Tu as vécu chez lui, nous le savons. Tu vas nous dire qu’il ne savait pas ?

Il ne savait pas.

Nous l’interrogerons.

Laissez-le en dehors de ça.

Alors réponds, Tyrone.

J’ai répondu, Mike. Il pensait que je venais pour le Mouvement. Il ne posait pas de question.

Tu lui as dit formellement que tu venais pour l’IRA ?

Je n’ai rien dit. Je pense qu’il le croyait.

Tu penses ?

Il avait peur pour moi.

Tu sais qu’il nous a rendu des services ?

Oui.

Tu l’as mis en garde contre ça, pourquoi ?

Ce n’est pas sa guerre.

Comment expliques-tu que cinq volunteers qui opéraient en France ont été arrêtés en 1982 ?

(Silence)

Réponds, Meehan.

Je ne l’explique pas.

Est-ce que le Français a été mêlé à ces arrestations ?

Il n’a rien à voir avec ça.

Et toi, Meehan ?

Non.

Tu te souviens de John McAnulty, le taxi d’Ardoyne qui avait cette grande barbe blanche ?

Oui.

Tu sais qu’il croyait avoir été donné ?

Je sais.

Le Français ne savait pas que c’était toi qui donnais, Meehan ?

Ce n’était pas moi.

Tes employeurs savaient que tu vivais chez le Français ?

Oui.

Tu le leur as dit ?

Ils le savaient.

Ils savaient aussi qu’il avait rendu des services à l'IRA ?

Je n’ai jamais rien dit sur l'IRA.

Tu mens depuis quatre jours, Meehan.

Je ne mens pas.

— À aucun moment, tu n’as parlé de ta trahison au Français ?

Jamais.

Tu n’as jamais eu envie de te confier à lui ?

(Silence)

Ça a dû lui faire un choc au Français, hein, Meehan ?

(Silence)

Si vraiment il ne savait rien, putain de surprise hein ?

Il ne savait rien.

Il a pris ça comment, tu crois ?

Je ne sais pas.

Tu l’as balancé aussi, Meehan. Tu as balancé cinq volunteers et un brave gars qui croyait bien faire.

Je n’ai balancé personne.

Tu veux qu’on te confronte au Français, Meehan ?

Laissez-le tranquille.

Tu n'aimerais pas savoir ce qu’il pense de son ami irlandais ?

(Silence)

Tu t’en fous ?

(Silence)

Tu t’en fous ? Dis-le, Meehan. Dis-le que tu t’en fous du Français. On se fout de tout quand on trahit.

Je m’en fous.

Redis-le-nous, Meehan.

Je m’en fous.

Je me fous de ce putain de Français, dis-le.

Je me fous de ce putain de Français.

Загрузка...