Interrogatoire de Tyrone Meehan par l’IRA
(20 décembre 2006)
— On arrête, Tyrone.
— Je suis libre de partir ?
— C’est ça.
— Mais je veux rester vivre en Irlande.
— Nous ne voulons pas le savoir.
— Veut-être, mais vous le savez. –– Et alors ?
— Je reste en Irlande et vous le savez. C’est tout.
— Ça ne nous concerne plus.
— Mais vous le savez.
— Et quoi ?
— Vous n’avez pas intérêt à ce qu’il m’arrive quelque chose.
— C’est exact.
— Et donc il ne m’arrivera rien.
— Ce n ’est plus notre problème.
— Ne déconne pas avec moi, Mike O’Doyle.
— Je ne déconne pas avec toi, Tyrone.
— Si l’IRA veut qu’il ne m’arrive rien, il ne m’arrivera rien.
— L’IRA ne veut rien.
— Cette phrase n’a pas de sens.
— Tu veux quoi, Meehan ? Une protection ?
(Silence)
— Tu es seul, Meehan. Une saloperie d’homme seul ! Sans communauté, sans respect, sans plus rien. Cela fait quatre jours qu’on t’interroge pour rien. Tu n’as même pas parlé pour te soulager, alors va-t’en ! Tu es libre, Meehan.
— Vous savez très bien où je vais vivre maintenant.
— Cela ne nous intéresse pas.
— Je retourne chez moi, à Killybegs dans le Donegal.
— Ta gueule, Meehan.
— Maintenant vous savez.
— On ne veut rien savoir.
— Chez moi, dans la maison de mon père.
— Terme-la, Meehan.
— Vous savez tout. Tout, vous savez ! Vous savez où je vais me cacher dès que j’aurai passé cette porte. Vous ne pouvez plus rien contre moi.
— On arrête là, Meehan.
— S’il m arrive quelque chose, tout le monde dira que c’est vous.
— Je te répète que tu es libre.
— Vos gars vont me buter ?
— Tu es libre, putain ! Lève-toi, maintenant.
— Réponds, Mike, au nom de mon père défunt.
— Laisse Pat’ Meehan en dehors de cette saloperie.
— Je ne vous parle pas à vous. Je parle à Mike O’Doyle.
— Laisse tomber, Meehan.
— Mike, dis-moi qu’il ne m arrivera rien.
— Ne vois personne, ne parle à personne et il ne t’arrivera rien.
— Dis-moi que ITRA ne fera rien contre moi.
— Elle ne fera rien, Meehan. Parce que tu n’es plus rien.
— Je peux partir ?
— Nous te le demandons.
— Il ne m arrivera rien ?
— Vois ça avec les autres.
— Quels autres ?
— Il n’y a pas que l’IRA, Meehan.
— Vous parlez de qui ?
— Tu es un traître. Ça fait du monde en face.
— C’est une menace ?
— Suffit. On arrête l’interrogatoire. – Répondez ! C’est une menace ?
— On arrête là, Meehan.
— Je fais quoi, maintenant ?
— Tu te débrouilles.
— Vous êtes responsables de ce qui va m arriver.
— Pourquoi ? Qui dit ça, Meehan ?
— Tout le monde ! Tout le monde dira que c’est l’IRA.
— Mets ton manteau.
— Mike ! Dis quelque chose, putain, Mike O’Doyle !
— Lève-toi, Meehan. Tu t’en vas.
— C’est mon arrêt de mort. Tu le sais, Mike.
— On arrête tout, bon Dieu ! Coupez cette saloperie de caméra.