Майя Кювилье

* * *

Le ciel est couleur des sauges

Sur les peupliers chantants.

Les yeux tournds vers l'horloge

J'attends, j'attends, j'attends.

Chut! un galop rdsonne, –

Un casque d'or ciair a lui!

– Mon coeur bat et l'horloge sonne –

C'est Lui, e'est Lui, e'est Lui!

J'ai reconnu Son visage

Et je crois qu 'll est blessd.

Mais mon coeur est ddja trap sage,

– Passez, passez, passez.

* * *

Ce soir par mon ame inane

Et inerte, a la queue – leu – leu,

Les reves en caravanes

S'en vont aux mirages bleus,

De vos regards cindraires,

О mon douloureux Vainqueur,

Que mes tristesses navrdrent

Et dont j'ai bruld le coeur!

S'en vont a travers les sables

Des jours a jamais dteints

Aux levres inconsolables,

Ou j'ai gravd mon destin.

Priere

Quel pensif et triste Verlaine,

Quel suave Boticelli

Ont revd sa robe de laine

Et ses ongles longs et polis?

Son visage est une aube claire,

Son regard, – une claire fleur –

Il sourit a toute coldre

Et palit a toute douleur.

Et le long du suave ovale

De sa face, ses cheveus longs

Sont couleur des avoines pales

Et des miels parfumes et blonds –

Et ses mains Idgeres sont douces

Et leurs gestes sont triomphants

Il caresse le bie qui pousse

Et le cou des petits enfants –

Je pleure a ses pieds, dans les herbes,

Sous les arbres ddja roussis.

Son oeil bleu est doux et superbe

Sous la fldche du long sourcil –

Mon ame n'est plus que de cendre

Et hier, – elle fut de feu I –

– Tres Calme, trds Simple, trds Tendre,

Laissez moi toucher vos cheveux. –

* * *

En melodieuses teintes

Le ciel blesse s'dteint.

Le soir de verre tinte

En rythmes argentins –

Les fils tdldgraphiques

S'effacent, affinds –

Et pale, et pacifique,

L' heure suave nait.

Mon ame se chagrine,

– He parlez pas si haut! –

Les roses des vitrines,

Agonisantes, – oh I –

Me blessent de tendresse

Trds triste, et de remords

Lui dit, – bouche traltresse! –

Des mots pesants et morts –

Soir hyalin et tendre,

Verrai-je encor demain?

– Je suis un peu de cendre

Au creux de votre main. –

* * *

C'etait si facile de vivre,

C'est si simple, helas! de mourir –

Vous fermdtes trop tot mon livre

Et voudrez trop tard le rouvrir –

Et vous pleurerez sur les lignes

Ou votre destin fut inscrit.

Mais je ne ferai pas un signe,

Je ne jetterai pas un cri.

Vous direz: «C'est moi, le Maitre.

Je suis parti, je reviens.»

Je repondrais: «Peut-etre.

Je ne me souviens de rien.»

Vous direz: «Ouvre moi la porte.»

– Je n'ouvrirai pas, oh non!

Je rdpondrai: «Je suis morte.

Je ne sais pas votre nom.»

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