Le ciel est couleur des sauges
Sur les peupliers chantants.
Les yeux tournds vers l'horloge
J'attends, j'attends, j'attends.
Chut! un galop rdsonne, –
Un casque d'or ciair a lui!
– Mon coeur bat et l'horloge sonne –
C'est Lui, e'est Lui, e'est Lui!
J'ai reconnu Son visage
Et je crois qu 'll est blessd.
Mais mon coeur est ddja trap sage,
– Passez, passez, passez.
Ce soir par mon ame inane
Et inerte, a la queue – leu – leu,
Les reves en caravanes
S'en vont aux mirages bleus,
De vos regards cindraires,
О mon douloureux Vainqueur,
Que mes tristesses navrdrent
Et dont j'ai bruld le coeur!
S'en vont a travers les sables
Des jours a jamais dteints
Aux levres inconsolables,
Ou j'ai gravd mon destin.
Quel pensif et triste Verlaine,
Quel suave Boticelli
Ont revd sa robe de laine
Et ses ongles longs et polis?
Son visage est une aube claire,
Son regard, – une claire fleur –
Il sourit a toute coldre
Et palit a toute douleur.
Et le long du suave ovale
De sa face, ses cheveus longs
Sont couleur des avoines pales
Et des miels parfumes et blonds –
Et ses mains Idgeres sont douces
Et leurs gestes sont triomphants
Il caresse le bie qui pousse
Et le cou des petits enfants –
Je pleure a ses pieds, dans les herbes,
Sous les arbres ddja roussis.
Son oeil bleu est doux et superbe
Sous la fldche du long sourcil –
Mon ame n'est plus que de cendre
Et hier, – elle fut de feu I –
– Tres Calme, trds Simple, trds Tendre,
Laissez moi toucher vos cheveux. –
En melodieuses teintes
Le ciel blesse s'dteint.
Le soir de verre tinte
En rythmes argentins –
Les fils tdldgraphiques
S'effacent, affinds –
Et pale, et pacifique,
L' heure suave nait.
Mon ame se chagrine,
– He parlez pas si haut! –
Les roses des vitrines,
Agonisantes, – oh I –
Me blessent de tendresse
Trds triste, et de remords
Lui dit, – bouche traltresse! –
Des mots pesants et morts –
Soir hyalin et tendre,
Verrai-je encor demain?
– Je suis un peu de cendre
Au creux de votre main. –
C'etait si facile de vivre,
C'est si simple, helas! de mourir –
Vous fermdtes trop tot mon livre
Et voudrez trop tard le rouvrir –
Et vous pleurerez sur les lignes
Ou votre destin fut inscrit.
Mais je ne ferai pas un signe,
Je ne jetterai pas un cri.
Vous direz: «C'est moi, le Maitre.
Je suis parti, je reviens.»
Je repondrais: «Peut-etre.
Je ne me souviens de rien.»
Vous direz: «Ouvre moi la porte.»
– Je n'ouvrirai pas, oh non!
Je rdpondrai: «Je suis morte.
Je ne sais pas votre nom.»