CHAPITRE XVII DEBOUT, LES MORTS !

— Antoine !

— Hein, tu m'appelles, m'man ?

— Je suis pas ta mère, c'est Pinaud ! Tu m'entends, dis ?

C'est plein de sons biscornus dans mes portugaises, mais je perçois l'organe angoissé de la Vieillasse. Mon cœur cogne follement.

— C'est Pinaud ! Reviens à toi, fais un effort San-A. ! exhorte le cher homme.

Un effort ? Ça signifie quoi en fait, un effort ? Je pantèle comme une queue de thon à l'étal d'un poissonnier.

— San-A. !

Sa clameur vient me chercher, dans la grisaille de mon subconscient. J'ouvre les yeux… J'avise la brave relique toujours ligotée sur sa chaise. Son image frémit comme si elle était projetée sur l'écran d'un poste de TV mal réglé.

— Regarde ! Tu l'as seulement touché aux jambes. Il rampe vers la mitraillette appuyée au fauteuil, là-bas… Vite ! Fais quelque chose !

Il en a de suaves, de délicieuses, de pittoresques, Pinaud !

Agonisant, sur un brancard. Il voudrait que je joue encore les Du Guesclin ! Je suis davantage Dugay-Troué que Dugay-Trouin !

Je file un coup de saveur entre les pieds de sa chaise.

Haben, ensanglanté, rampe effectivement vers un fauteuil d'osier situé à trois mètres de lui. Le blond ahane, grimace, écume. Il a dû prendre une bastos dans le ventre car ça ruisselle sous lui en abondance. On dirait une séance de dressage : un cours d'otaries (un cours d'eau tari ; à court d'eau t'as ri ! etc.).

Je cherche à ramer, comme précédemment, mais mes forces m'ont définitivement abandonné. Pinaud est solidement entravé. Et Haben se traîne vers l'arme. Mamma mia, cet arrosage quand il va l'avoir cramponnée ! Y aura de la potiche brisée, je vous préviens ! Que les celles qui craignent les détonations se mettent des boules quiès !

— Que veux-tu que je fasse, César !

— Détache-moi !

Plus assez de kilowatts, mec !

— Essaie !

Je tente de soulever un bras. Ma main retombe. Beaucoup trop lourde pour un poignet aussi débile !

— Peux pas !

Jamais vu la Vieillasse aussi frénétique. Mince, on dirait qu'il court le prix de Diane, pépère ! Un Pinaud à ressort, mes bonshommes ! Il saute sur sa chaise. Le siège remue un brin. Oh, pas chouchouille : il se déplace d'un ou deux centimètres, et pas tellement dans la bonne direction… De son côté, Haben est plus véloce. Il vient de parcourir un mètre. comme un grand.

Il marque un temps de repos et tourne vers nous un visage convulsé, presque entièrement bouffé par les yeux.

— Vous ne m'empêcherez pas de l'atteindre ! dit-il.

Et c'est vrai que la géométrie joue en sa faveur. Deux mètres le séparent de la mitraillette et, il a les mains libres ; cependant que trois mètres en séparent Pinaud, qui lui est saucissonné.

Haben repart à la conquête de la pétoire à bégaiement automatique.

J'ai l'impression qu'il va plus vite qu'avant.

La perspective de nous déguiser en cartes perforées lui communique l'ultime énergie nécessaire.

Pendant ce temps, le pauvre Biquet, le cher Débris, la bonne Baderne-Baderne continue de se trémousser. Dès l'âge de quatre ans j'agissais de même. M'man chantait : « A cheval sur mon bidet »… Je me prenais pour un cavalier impétueux. Le roi des jockeys ! L'imagination, c'est quelque chose, hein ? Une chaise bancale sur laquelle on s'assied à califourchon, et vous voilà cosaque superbe, cow-boy galopant dans des pampas bourrées d'Indiens perfides.

C'est clair qu'il n'arrivera jamais à temps pour empêcher Haben de décrocher la moulinette.

Si au moins il restait des dragées dans le feu d'Œil-de-vrai-con. Mais je t'en fiche. J'ai vidé le magasin sans presque m'en rendre compte. Il est à répétition, le revolver. Alors, fatalement, si vous n'ôtez pas votre doigt de la détente, la camelote se barre. Un regain d'énergie m'empare[25]. Une bouffée ! Une secousse simiesque, comme dit le Gros. Je biche le pistoloche par le canon. Je l'élève à bout de bras, plus péniblement que s'il s'agissait d'une haltère de cent-vingt livres. Une haltère, des haltères. Une haltère désaltère ! Vingt gus, que je peux avoir soif !

— Hé, Haben, je murmure ! T'as pas vu ça !

Il tourne la tête vers moi.

Je saurai jamais de quelle manière je m'y suis pris. Tout ce que je peut vous dire c'est que je n'ai plus le feu dans les doigts et que le nez du blondinet vient d'éclater comme une tomate mûre au pied de son échalas. Échalas, tu l'as déjà vue ? comme disait un Auvergnat.

Haben pique une bouille sur sa belle moquette qu'il redoutait tellement — ô ironie — de saloper.

Il m'a l'air K.-O. sérieusement. Définitivement peut-être ?

— Bravo, jubile le Flétri. Tu es vraiment un type fantastique, San-A. !

Son compliment ne m'atteint pas. Je chancelle de l'intérieur. Le moindre effort me vire en pâmoison. Je ne peux tout de même pas m'évanouir à tout bout de champ, vu que c'est moi qui vous raconte l'histoire ! Si le narrateur est out, vous aurez une bath collection de pages blanches ! A cause de vous, mes chéries, je bande donc mon énergie. Faut s'agripper, comme le conseillait Agrippine à Agrippa d'Aubigné[26].

— Pinuche, coassé-je, pour te délivrer, je vois qu'un seul remède : casse ta chaise, mec !

— Mais comment ? frileuse l'Incompétent.

— En te laissant tomber de toutes tes forces. Ces sièges modernes c'est de la came. N'attends pas que notre vaillant boy-scout récupère.

La Vieillasse s'avère nature d'élite, quand l'occasion se propose. Un vrai petit kamikaze dans son genre, l'homme au mégot carbonisé. Il trépide pour prendre de l'élan et se file en avant. Dans l'excès de sa témérité, il a mal pris ses distances, aussi se pète-t-il la tronche contre le rebord de la table. Le choc l'étourdit et il part en arrière. La chaise se met pour lors à jouer Prison sans barreaux. Le vieux Locdu remue faiblement dans ses liens et ses décombres, tandis qu'une courgette mémorable se développe sur son front ; pareil à un ballon de caoutchouc dans lequel soufflerait Vulcain.

— Pas trop de bobo, Vieille Frappe ?

— Un peu étourdi, lamentable-t-il. Je crois que je vais avoir un petit bleu au front.

— Je peux te promettre qu'il sera en relief. T'arrives à te dépètrer, oui ?

— Bouge pas, je sens que ça devient lâche.

Il se roule sur le tapis en bavochant des invocations. Puis, brusquement — ô miracle — sa main gauche se dresse toute droite dans la pièce, comme le glorieux drapeau français au sommet d'un fortin chèrement défendu.

— Voilà ! exulte mon ami.


Ça meurtrit, la notion de triomphe.

Quand le Vétuste est debout, vainqueur absolu de la situation, nous éprouvons, lui et moi, une douloureuse exaltation. Des larmes perlent au bord de ses cils farineux.

D'un geste instinctif, il veut caresser sa moustache absente. De même les unijambistes ont-ils des rhumatismes dans leur jambe de bois !

— On les a eus ! déclare-t-il, d'une voix très quatorze-dix-huitième.

— Oui, mon Pinaud ! On les a eus !

— Je vais vite téléphoner à l'hôpital, pour toi.

— A propos, où sommes-nous, ici ?

— Comment, tu ne le sais pas ?

— Je ne peux pas le savoir, puisque je l'ignore ! objecté-je.

— Évidemment, admet-il, pensif. On est dans un aéroclub privé, à cinquante kilomètres au sud de Paris, pas très loin de Chartres.

Ayant repéré le bigophone, il décroche et mouline. Une standardiste lui surgit dans le tympan droit en lui affirmant qu'elle écoute.

— Passez-moi la gendarmerie ! dit Pinuche.

— Fais gaffe ! conseillé-je, le sieur Haben remue.

Pinaud se marre doucement. Il se tourne de biais afin de me découvrir la mitraillette accrochée à son épaule.

— Pour qui me prends-tu, San-Antonio ?

* * *

— Ils seront là dans une demi-heure, annonce triomphalement mon valeureux collègue.

Il raccroche !

— Tu ne prendrais pas un petit quelque chose ? me demande-t-il en louchant sur la cave à spiritueux.

— De l'eau ! supplié-je. Un plein seau d'eau, Pinuche.

De saisissement, il laisse dégringoler sa sulfateuse.

— De l'eau, toi ! ! !

Puis, secouant sa rite chenue.

— Il est vrai que tu as de la fièvre. Moi, si ça ne te fait rien, je t'accompagnerai avec un cognac.

Je bois comme au cinéma, dans les films sur les naufragés du désert, quand les pauvres acteurs rôtis par les sunlights étanchent à l'oasis miraculeuse une soif en gévacolor. Ça me dégouline sur le menton, dans le cou, sur la poitrine… C'est bon, c'est salvateur, c'est mouillé !

Le Relique m'arrache le pichet des mains.

— Assez pour maintenant, j'ai lu quelque part que…

— Tes lectures médico-conciergesques, remets-les-toi quelque part, Vieille noix véreuse, et laisse-moi écluser à satiété !

— Pas question ! Je n'ai pas envie que tu NOUS fasses des complications intestinales !

— Tu parles, je vais probablement crever de ce coup de surin, alors les complications…

Il branle son chef de chaisière.

— Ne me fais pas rire : sans ma moustache, ça ne me vas pas. Mourir, toi ! D'un malheureux coup de poignard dans le dos ! Je sais, tu me dirars : Henri IV. Seulement lui c'était dans la poitrine. Si la lame t'avait touché le guignol on serait plus là à en discuter. Si elle t'avait atteint la moelle épinière, tu serais paralysée. Conclusion, il s'agit d'une blessure bé-ni-gne !

— Merci pour la consultation, grommelé-je, seulement je trouve que deux médecins parmi me coéquipiers c'est beaucoup. J'en ai ma claque de cette affaire de toubibs…

Mes préoccupations policières se remettent en branle, tout doucettement.

— Comment se fait-il que tu sois arrivé jusqu'ici ?

— Ah ! tout de même, soupire Pinaud, radieux. Ton manque de curiosité m'inquiétait.

Il aime narrer, César. C'est un relateur-né. Un rapporteur organisé. Sa phrase est riche, coulissante, variée. Ses épithètes nombreuses. Ses verbes recherchés. Ses noms précis. Il brosse le décor, restitue l'atmosphère, ménage l'effet. La lenteur accroît l'intérêt du récit. Jugez-en plutôt.

— Tu n'ignores pas que ce bon Narcisse m'a raccompagné à Caducet, avec une obligeance qui vraiment…

— Je sais aussi que vous vous êtes pionardés comme des gorets, ensuite ?

Il sourcille, mais, comme des caravaniers exténués, passe outre.

— Ce matin très tôt….

— Attends, coupé-je ; tu me raconteras ça plus tard !

Le père Pinaud est cisaillé. Il me regarde de son œil jaunâtre de vieux bourrin de mine remonté avant la complète cécité.

— Hein ?

— La seringue que préparait Haben est toujours sur la table ?

— Oui.

— Pleine ?

— Oui.

— Fais-lui la piqûre !

— Que je lui fasse ? se croit-il obligé de répéter.

— Et grouille. Nous deux, on a le temps de se mettre à jour, tandis que le gentleman que voici ne va pas tarder à nous dire adieu…

— Est-ce bien raisonnable ? s'inquiète le Navré.

— Et ta grand-mère, elle est raisonnable ? Fais ce que je te dis…

— Une élémentaire question d'humanité…

— Tu nous l'écriras… Pique-le, tonnerre de Zeus !

Vaincu, mais non convaincu, le Déchet s'exécute. En le voyant approcher, Haben gigote.

— Non, je vous en supplie ! râle-t-il.

— Plante-le, merde ! hurlé-je, en voyant encore hésiter mon ami. S'il tenait la mitraillette, il s'amuserait à écrire ses initiales dans la peau de ton bide. Tout à l'heure, souviens-toi : il parlait de te découper en rondelles, comme un vieux sauciflard de chèvre !

— Tu m'en auras fait faire des trucs, marmonne Pinuche en enfonçant l'aiguille dans le prosper du blessé.

Haben a alors une réaction sublime. Il se met à cogner sa tête contre le mur. Il ne veut pas parler. Il préfère en finir avant que la drogue balaie sa volonté.

— Colle-lui un coussin sous la tronche, il va s'assommer, cet animal !

La tête d'Haben s'immobilise dans le creux d'un coussin de velours.

— Je l'ai achevé ? demande le Croulant.

— Penses-tu. Sa drogue doit au contraire rendre euphorique puisqu'elle invite aux confidences. Ça marche, Haben, la vie est belle ?

Un grognement me répond.

— On est bien, Haben ?

— Oui.

Sa voix est faible. Un murmure !

— Tu m'entends bien, dis, vieux frère ?

— Oui.

— Je me rappelle plus le numéro de téléphone de notre P.C. de Paris… Tu l'as en tête, toi ?

— Port Royal 57–49.

Je fais signe à Pinuchet de prendre des notes : le gars est à point, j'ai la preuve qu'il ne nous berlure pas.

— On travaille pour quel réseau, déjà ?

— Les Frères Noirs…

Je l'aurais parié[27].

— Secteur européen ?

— Oui.

— Ce coup fumant, avec Berthoux, qu'est-ce que c'était, déjà ?

— Le Tupolev…

— Raconte, je me rappelle plus…

— On l'a fait exploser en vol…

Mince, y a bientôt deux mois de ça, je me rappelle « l'accident ». L'appareil s'est abattu en Allemagne occidentale.

— Au-dessus de l'Allemagne, hein, Haben ?

— Oui.

— La bombe était télécommandée ?

— Oui.

— Par toi ?

— Oui.

— Vous aviez tout minuté, hein ?

— Oui, tout !

— Pourquoi cet… accident ?

— A cause de la valise plombée…

— Berthoux était chargé de la récupérer dans l'épave de l'appareil ?

— Exact.

— Et que contenait-elle ?

— Du mégatzornium thermossiphil !

— Merde ! ne puis-je m'empêcher de murmurer[28].

— C'est quoi le truc dont il parle ? me chuchote Pinuche.

— Un nouveau minerai récemment découvert en Amérique Centrale et qui va permettre la fabrication de bombes atomiques cent vingt-trois mille fois plus puissantes que les plus puissantes réalisées jusqu'à ce jour, lui expliqué-je, en homme qui lit Planète consciencieusement.

Il va pour en demander davantage, mais je lui fais signe de la boucler.

— Haben, t'es toujours en ligne, mon pote ?

— Oui.

— Cette valise, Berthoux a essayé de se l'approprier ?

— Oui.

Évidemment, sa fortune était assurée. N'importe quelle grande puissance la lui aurait rachetée une somme fabuleuse.

— Vous lui avez donné la chasse… Et vous l'avez retrouvé ?

Les « oui » du blessé sont de plus en plus imperceptibles. J'ai l'impression qu'il se déguise doucement en moribond…

— Une première fois, il est parvenu à vous échapper, bien que vous l'ayez blessé ?

— Oui…

Son oui ? Une petite goutte d'eau tombant dans une flaque. Il s'éteint. Ma voix doit lui sembler déjà céleste. Je connais : je sors d'en prendre.

— Il vous a fallu plusieurs jours pour retrouver sa trace… Où était-il ?

— Paris…

La panique me chope. Je veux savoir. Faut que je lui fasse cracher l'essentiel, que je « sérisse » mes questions.

— Vous l'avez tué ?

— Oui.

— Où ?

— Ici.

— Auparavant il a parlé ?

— Oui.

— Il vous a raconté qu'il avait planqué la valoche chez le défunt docteur Favier ?

— Hmmm.

— Il n'a pas précisé où ?

— Pas… pu… Mort !

— Haben ! Attends, mon grand, t'en va pas ! Vous êtes allés fouiller chez Favier ? Vous avez questionné sa veuve. Sans résultats…

Il ne répond plus… Pourtant il respire encore.

— Si je lui administrais une larme de cognac ? propose Pinuski.

— Tu ferais mieux de lui administrer l'extrême-onction, dans son état !

Le Chiffonné secoue ses épaules en forme de bouteille d'Alsace et introduit le goulot de la sienne entre les lèvres exsangues d'Haben.

— Je ne suis pas prêtre, dit-il ; chacun administre ce qu'il peut !

Une fugitive coloration rose-sale marbre les joues du mourant.

— Haben ! appelé-je…

Il gargouille :

— Hmmmmm…

— C'est votre équipe qui a tué les deux autres médecins ?

— M… m…

Est-ce qu'il aura encore le tonus de me filer le mot de Cambronne ?

— M…m…moi, répond-il laborieusement.

— C'est toi, qui les as tués ?

— Le… deuxième… seulement !

— Pourquoi ?

— Hmmm…

— Fais un effort, gamin. Pourquoi as-tu tué le second docteur ?

— Hmmm… homme…

— Homme ? répété-je comme pour l'aider.

Et puis brusquement, mon caberlot fonctionne au kérosène. Sa pensée défaillante se branche sur la mienne. On transmissionne du promontoire, tous les deux.

— Le deuxième toubib était un homme à vous ?

— Oui.

— Comme une rapide perquisition ne vous avait pas permis de mettre la main sur la valise et que la police surveillait la baraque, vous avez préféré racheter le cabinet pour explorer les lieux en toute sécurité ?

— Oui.

— Votre homme l'a déniché, la valoche-fantôme ?

On ne peut pas appeler un « oui » la pauvre bulle qui lui mousse aux lèvres, pourtant je sais qu'elle constitue une ultime affirmation.

Mais je me tamponne de ses acquiescements. Je deviens lucide, extralucide ! Je flamboie de la boule de cristal ? J'ai le marc de caoua qui radioactive.

— Écoute, Haben, écoute très fort, petit homme, ensuite je te laisserai pioncer. Lorsque le jeune médecin a eu déniché la planque, il t'a prévenu. Et alors une idée diabolique a germé dans tes vilaines méninges de voyou : faire comme Berthoux, conserver pour toi tout seul le trésor. La nuit suivante, tu es allé buter le petit docteur. Tu n'as pas emporté la valise parce qu'il fallait sûrement beaucoup de temps pour la récupérer et que ça urgeait pour toi. Vrai ou faux ?

— Hmmm hmm…

— T'as attendu que la nouvelle enquête se tasse pour essayer de te rapatrier le mégatzornium, elle devenait trop brûlante cette maison. Un troisième docteur s'est installé, il t'a découvert alors que tu tentais de reprendre la valise et tu l'as étranglé.

— Non…

Il a dit non. Enfin du moins je crois que c'est lui.

— C'est pas toi, qui viens de dire non, Pinaud ?

— Non, répond précisément Pinaud.

Conclusion, si ce n'est pas lui, c'est l'autre.

— Bien, considérons que tu n'as pas tué le troisième toubib, en tout cas tu as récupéré votre putain de valise ?

— Pas…

— Pas encore ?

Une bulle ! Vous croyez qu'elle signifie oui ou bien non, celle-là ? On aurait dû convenir d'un code, Haben et moi : une bulle blanche pour oui, une rouge pour non !

— Hein, dis, tu l'as pas récupérée ?

— Pas… pu…

Il n'a pas pu.

— Mais où est-elle donc, nom de Dieu ?

— Je…

— Tu n'arriveras pas à le dire, attends que, je te questionne !

— Elle est dans la maison ?

— …

— Dans le jardin ?

— …

— Dans la remise ?

— …

Cachotier. Il la ferme. Je repars en suif après sézigue. Dire qu'il nous torturait pour nous faire parler, uniquement pour donner le change à ses bonshommes,l'odieux ! Monsieur poudre-aux-chasses, va !

— C'est tellement coton de la reprendre, la valise, dis ?

Le Branlant fait claquer ses doigts.

— San-Antonio, me dit-il, excuse-moi de t'interrompre, mais depuis deux minutes tu es en train de questionner un mort.

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