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Juste au-dessous d’eux, dans la cave, les deux hommes qui avaient torturé le vieux dirigeant de Gentix échangèrent quelques mots en russe. Puis le plus grand des deux s’adressa à Charles Parquérin :

— On va aller à l’adresse que tu nous as donnée. Toi, tu vas rester ici jusqu’à ce qu’on revienne. Si tu nous as menti… (il nettoya une croûte de sang séché sous un ongle) on reprendra tout à zéro. Jusqu’à ce que tu comprennes. C’est clair ?

Charles Parquérin geignit, la tête branlante sur sa poitrine. Le plus trapu des deux malfrats le bâillonna.

Sarah fit signe à Christopher de remonter doucement les marches. Mais il était encore sous le choc de ce qu’il venait d’entendre. Les deux tueurs gravissaient désormais l’escalier en échangeant des paroles en russe. Sarah jura entre ses dents et secoua Christopher. Désorienté, il se redressa d’un coup et remonta à toute vitesse sans penser au boucan qu’il faisait.

— Cтоп[2] ! brailla l’un des deux Russes.

Sarah jura entre ses dents et tira une balle au jugé pour se laisser le temps de rejoindre Christopher. La réplique ne se fit pas attendre et des morceaux de l’encadrement de la porte du sous-sol volèrent en éclats.

Ils franchirent le hall, jaillirent à l’extérieur et traversèrent le jardin en courant de toutes leurs forces.

— Qu’est-ce que tu fais ! vociféra Sarah en voyant Christopher sortir son téléphone de sa poche.

La police devait aller chercher Simon immédiatement. Sans répondre, il composa le 1 puis s’apprêtait à appuyer sur le 7 quand un nouveau coup de feu éclata l’écorce d’un arbre juste à côté de lui.

Christopher lâcha le portable qui tomba à terre. Il se baissa brutalement pour le chercher.

— Christopher, non ! lui ordonna Sarah en le tirant par le bras.

Mais Christopher ne réfléchissait plus clairement. Il ne pensait qu’à sauver Simon. Il se dégagea d’un mouvement brusque, fouillant le sol à toute vitesse à la recherche de son téléphone.

Sarah se positionna devant lui.

— Prends la voiture, tu arriveras avant la police !

Sarah tira deux coups de feu en direction des ombres qui venaient de surgir hors de la maison.

— Maintenant ! lança Sarah.

Christopher essaya de se remettre à courir, trébucha, entendit un nouvel échange de coups de feu, se releva et fondit vers le chemin menant au portail d’entrée. Il courait les mains devant le visage, ignorant les griffures et les gifles des branches.

Quand il repéra enfin la grille de sortie, il fonça droit vers la voiture, enclencha la clé et démarra en trombe. Il fit une dizaine de mètres avant de s’arrêter et de regarder dans son rétroviseur.

Et alors qu’il espérait voir Sarah courir vers lui, c’est la silhouette d’un de ses poursuivants qui jaillit d’entre les arbres.

Christopher écrasa l’accélérateur.

Le cœur battant à tout rompre, les mains crispées sur le volant, il avala la quinzaine de kilomètres qui le séparaient du domicile parental dans un cauchemar d’angoisse. Nathaniel Evans, quel qu’il soit, ne pouvait pas résider à l’adresse de ses parents. Il y avait forcément une erreur. Parquérin voulait se venger des découvertes d’Adam en faisant tuer toute sa famille. C’était la seule explication possible.

Christopher arriva enfin devant le vieux pavillon en meulière, se gara en hâte, sortit de la voiture et se rua vers la porte d’entrée.

Il manqua glisser sur les dalles mouillées du perron, sortit la clé de la maison de ses parents et ouvrit la porte. Sans se préoccuper du bruit qu’il faisait, il grimpa à l’étage, parcourut le couloir en un clin d’œil, pénétra dans le bureau de son père et poussa un soupir de soulagement en voyant Simon enroulé dans ses couvertures sur le canapé-lit.

Christopher calma sa respiration et s’approcha du petit garçon pour lui caresser les cheveux.

— Simon, chuchota-t-il. C’est moi, mon chéri. Désolé de te réveiller en pleine nuit, mais il faut qu’on parte. Tout de suite.

Sans lui laisser le temps de prendre conscience de ce qui lui arrivait, Christopher le prit par la main et accéléra sa sortie du lit.

— Non… Je suis fatigué, gémit l’enfant.

— Je sais, mais tu vas pouvoir dormir à la maison. Allez, viens.

Simon se redressa, les yeux embués de sommeil, puis se leva. Christopher le tira par le bras vers la porte de la chambre.

— Mais… mes affaires, se plaignit Simon.

— On reviendra les chercher. Viens.

Ils sortirent de la chambre. Simon fronça les sourcils en regardant Christopher.

— Pourquoi tu saignes de la figure ?

Dans la précipitation, Christopher avait oublié sa blessure et l’apparence effrayante qu’il devait avoir maintenant que les chairs étaient gonflées.

— Je me suis fait mal bêtement. Je te raconterai dans la voiture, tu verras, ça vaut le coup. Allez, en route ! dit-il en faisant trottiner Simon devant lui.

Combien de temps lui restait-il avant que les tueurs ne débarquent ? Sarah était-elle parvenue à les neutraliser ? Avait-elle succombé ? Même s’il renâclait à envisager cette hypothèse, il devait faire preuve de pragmatisme s’il voulait sauver Simon et ses parents. Et, par conséquent, faire comme si Sarah était morte et que les tueurs allaient arriver d’une minute à l’autre.

— Je t’en supplie, Simon, dépêche-toi.

— Mais on va où ?

Christopher ouvrit la porte de la chambre de ses parents et se rendit vite compte qu’il n’y avait que sa mère dans le lit.

— Maman ! Maman, réveille-toi…

Sa mère avait toujours eu le sommeil lourd et Christopher dut s’y reprendre à deux fois. Marguerite se redressa alors en sursaut.

— Seigneur… Christopher, qu’est-ce que tu fais ici ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

— Viens avec moi, il ne faut pas rester ici.

— Quoi ? Mais… tu es devenu fou ?

— Maman, fais-moi confiance, lève-toi ou tu risques de te faire tuer.

— De me faire… Mais mon Dieu, qu’est-ce que tu t’es fait au visage ? demanda-t-elle paniquée en repoussant les couvertures.

— Je te dis de me croire et de venir avec moi, s’impatienta Christopher en regardant par la fenêtre pour vérifier qu’aucune voiture n’était encore arrivée.

Sa mère réalisa alors que Simon était dans la chambre.

— Simon, mon chéri, ça va ? demanda-t-elle en lui caressant la joue.

Le petit garçon fit une moue et tourna la tête. Christopher ne laissa pas le temps à sa mère de s’appesantir et la saisit par la main pour l’entraîner en dehors de la chambre. Ils traversèrent le couloir en hâte et descendirent l’escalier.

— Mais qu’est-ce qu’il se passe à la fin ! Qui va me tuer ?

— Où est papa ? l’interrompit Christopher.

— Je ne sais pas. Il a dû aller boire un verre de lait et lire le journal, comme toutes les fois où il fait des insomnies.

Parvenu en bas de l’escalier, Christopher regarda par l’œilleton de la porte. Toujours aucune voiture en vue, à part la sienne. Sa mère tira alors sur la main de son fils.

— Christopher ! Explique-moi !

— Je sais que j’ai l’air fou et, crois-moi, je penserais la même chose de moi si je me voyais dans cet état, mais je viens de découvrir les preuves que… (il chuchota dans l’oreille de sa mère pour que Simon ne l’entende pas) l’accident d’Adam n’était pas un accident. Il a été assassiné.

Marguerite porta une main devant sa bouche en laissant échapper un petit cri de stupeur.

— Et ça va être notre tour si on reste ici, ajouta Christopher.

Il s’apprêtait à sortir quand il entendit son père lui demander.

— Vous allez où ?

Christopher fit volte-face. Son père était dans le salon, debout, en robe de chambre.

— Edward, Dieu merci tu es là ! s’exclama Marguerite. Christopher dit que l’on va se faire tuer et qu’il faut partir d’ici.

En entendant sa grand-mère, Simon se serra près de son oncle.

— Christopher, qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Edward.

Christopher dévisagea son père et un détail lui sauta aux yeux. Il portait des chaussures et non des chaussons. Et, à bien y regarder, il était encore habillé sous sa robe de chambre.

— Christopher, je t’ai posé une question ! Pourquoi tu emmènes Simon et ta mère ? insista Edward de sa voix autoritaire.

— On y va, se pressa de dire Christopher en prenant Simon et sa mère par le bras. Et toi, ajouta-t-il à l’adresse de son père, fais ce que tu veux, mais sache que des types peu recommandables sont en route vers la maison et qu’ils viennent y chercher un certain Nathaniel Evans.

Alors que la mère de Christopher regardait son fils d’un air plein d’incompréhension, Edward ne broncha pas. Mais Christopher en était certain : il avait lu la peur dans son regard.

Marguerite se dégagea de la poigne de son fils.

— Arrête ! Je ne comprends plus rien !

— Maman, viens. Je t’en supplie, fais-moi confiance.

Marguerite jeta un regard désespéré vers son mari. Edward lui fit signe de venir vers lui. Christopher la regarda hésiter, un pincement au cœur.

Et c’est là qu’il entendit une portière claquer juste à l’extérieur de la maison. Il entraîna Simon en courant vers la baie vitrée menant au jardin. Mais il n’avait pas fait trois pas que la porte d’entrée s’ouvrit avec fracas. Le plus petit des deux hommes qui torturaient Parquérin fit irruption dans le salon et saisit brutalement la mère de Christopher pour lui presser le canon de son arme sur la tempe.

*

La douleur des liens qui cisaillaient ses poignets jusqu’au sang n’était rien au regard de la souffrance qu’il éprouvait à voir Simon attaché à côté de lui sur une chaise.

— Simon… chuchota Christopher. Mon chéri, ça va aller, OK ?

La tête penchée, apeuré, le petit garçon hocha la tête comme s’il devait obéir à Christopher. Mais il respirait par saccades derrière le rideau de ses cheveux en bataille et ses jambes étaient agitées d’un sautillement saccadé.

En face d’eux, Edward et son épouse étaient ligotés chacun à une chaise, côte à côte. Marguerite se mordait les lèvres en regardant son petit-fils. Edward observait leur ravisseur.

Ce dernier marmonna quelques mots en russe dans son téléphone, prit en photo le père de Christopher, effectua une manipulation puis déposa le combiné sur la table basse du salon, entre Simon et Christopher d’un côté et Marguerite et Edward de l’autre.

La même voix faible et maladive que Christopher avait entendue lors de l’interrogatoire du P-DG de Gentix dans la cave déclara :

— Nathaniel Evans… Vingt-deux ans… cinq mois, et… six heures. Voilà depuis combien de temps je te cherche.

Christopher quitta un instant Simon des yeux pour surveiller la réaction de son père. Mais Edward était impassible.

— Je te cherche depuis le jour où j’ai réussi à m’enfuir de cet asile dans lequel toi et tes amis m’aviez enfermé. Et depuis, j’ai consacré ma vie à te retrouver…

La mère de Christopher essaya de capter le regard de son mari, mais il l’ignora.

— Oh, je sais que ta femme et ton fils ne te connaissent pas sous ce nom, reprit la voix fatiguée. Comme ils doivent ignorer le monstre que tu es réellement…

Le père de Christopher ne cilla pas, fixant d’un regard sévère le téléphone.

— Edward, dis-moi que tout ça est une erreur, supplia Marguerite.

Le grand-père de Simon tourna la tête vers sa femme.

— Cet homme est fou. Je ne sais pas pourquoi il m’appelle comme ça. Tout ça est…

— Nathaniel ! intervint la voix. Tu ne te souviens donc pas de Lazar ? Toi qui as passé tellement de nuits à m’empêcher de dormir et à me traîner dans ta salle d’expérience encore et encore alors que je te suppliais d’en finir. Tu ne peux pas avoir oublié tous ces moments que l’on a passés ensemble. Et puis, malgré les années, je reconnais si bien ton visage.

— Qu’est-ce que vous voulez ? demanda alors Edward. Ce que vous dites n’a aucun sens. Je ne sais pas qui est ce Nathaniel ! Relâchez-nous et trouvez les personnes que vous cherchez !

— Amusant, dit Lazar. Mais en même temps, je comprends que tu sois gêné devant ton fils et ta femme. Je l’aurais probablement été avec ma famille, si seulement je l’avais revue un jour. Mais, vois-tu, pendant toutes ces années où tu as joué avec mon corps et mon cerveau, j’ai tenu en pensant à eux, à cet instant merveilleux où je les retrouverais et les serrerais dans mes bras. Et puis le jour où j’ai réussi à m’échapper du tombeau dans lequel tu m’avais enfermé pour continuer à me faire subir tes tortures, je me suis imaginé face à eux, le jour des retrouvailles. Et j’ai pris conscience de mon corps brisé, de mon regard vide et, pire que tout, de mon âme brûlée, celle dans laquelle tu as pris tant de plaisir à fouiller et fouiller encore, jusqu’à faire de moi un fantôme. Alors, j’ai su qu’il valait mieux que je sois mort à leurs yeux…

Lazar avait terminé de parler d’une voix faible. Dans le salon, un silence lourd flottait dans l’air. Le moment semblait irréel. Les odeurs du repas du soir planaient encore dans la pièce. Chaque bibelot, chaque coussin était à sa place. Sauf que tous les membres de la famille étaient ligotés à des chaises alors qu’un homme les menaçait d’une arme à feu.

— Qu’est-ce que vous voulez ? demanda Christopher alors que le visage de Simon avait viré au livide.

— Qui parle ?

— Christopher, le fils d’Edward.

— Je suis au soir de ma vie, répondit Lazar. Alors oui, je veux voir mourir celui qui m’a fait ça. Mais avant, je veux connaître la vérité.

— Sur quoi ? s’agaça Christopher devant le mutisme de son père et la détresse déchirante de sa mère.

— Je veux savoir à quoi j’ai servi ! À quoi ces années de torture que l’on m’a infligées étaient-elles destinées, Nathaniel ? Qu’avez-vous cherché ? Pourquoi nous appeliez-vous patients 488 ?

Christopher tourna la tête vers son père. Le vieil homme avait dans les yeux une détermination qui rappela à Christopher les moments de colère que lui et son frère redoutaient, enfants.

— Est-ce que tout ça est vrai ? lui demanda Christopher.

Edward serrait les mâchoires si fort que ses muscles tremblaient.

— Est-ce que tout cela est vrai ? Réponds !

Les sanglots de Marguerite éclatèrent dans le silence.

— La vérité, Nathaniel ! La vérité ! Maintenant ! ordonna Lazar de sa voix nasillarde.

L’homme armé surveillait chaque geste de ses victimes d’un œil nerveux.

— Assume ce que tu as fait, Nathaniel ! Il est trop tard pour taire la vérité. Libère-toi à ton tour. Libère-toi du mensonge dans lequel tu vis depuis tant d’années !

— Edward ! cria Marguerite dans une cascade de sanglots. Quoi que tu aies fait, je te pardonne. Mais réponds-lui. Je t’en supplie.

Edward respirait bruyamment.

— Tu peux avoir été un bourreau, un sadique, mais tu ne peux pas être un lâche ! lança Lazar. Pas devant ta femme et ton fils…

Christopher vit le visage de son père virer au rouge. La colère venait d’exploser en lui.

— Qui es-tu, Lazar, pour me donner des leçons sur la conscience ? Toi qui as trahi ton propre pays ? Toi qui as tué des innocents pour obtenir des informations ? Toi qui as torturé pour obtenir un nom, un code, une adresse ? Toi pour qui l’espionnage était un défouloir pour les recoins les plus obscurs de ta perversité !

La voix d’Edward mourut dans le silence. Les yeux tremblants de larmes, Marguerite était blême. Christopher, qui pourtant s’attendait à une telle révélation, fut parcouru d’un frisson de stupeur.

*

L’homme de main de Lazar scrutait ses prisonniers de son œil mauvais. Edward reprenait sa respiration, les yeux vacillants de haine.

— Bien, maintenant que l’aveu est fait, déclara Lazar de sa voix traînante, réponds à ma question : que cherchiez-vous sur nous ? Et qu’avez-vous trouvé ?

— Tu ne le sauras jamais. Jamais tu ne me feras trahir mon pays.

Christopher fixait son père en ayant peine à croire ce qu’il entendait. Marguerite secouait la tête. Chaque nouvelle parole de son mari la poussait un peu plus dans l’effroi.

— Je sais que toi et tes amis étiez à l’époque de grands chercheurs, visionnaires, poursuivit Lazar. Mais désormais, tout cela n’a plus de sens, et je te laisse une dernière chance de te repentir… en me livrant la vérité.

— Tu mourras dans l’ignorance, Lazar, éructa Edward.

À la sonorité cassante de la voix du père de Christopher succédèrent les gémissements de Marguerite. Puis Lazar reprit :

— Je t’aurai laissé ta chance. Sergueï !

Le Russe s’avança vers Edward, le contourna et colla le canon sur la tempe de Marguerite.

— Non ! cria Christopher. Réponds-lui !

Sergueï tourna sa main, le bout du canon vrillant la peau de Marguerite.

— Une inspectrice norvégienne est au courant de toute l’affaire, lança subitement Christopher. De toute façon, tu es pris, tu ne peux plus rien cacher ! Dis-lui ce qu’il veut savoir.

Comment son père pouvait-il se murer dans le mutisme alors que l’on menaçait d’exécuter sa femme ?

Christopher remarqua que les yeux de Simon étaient mi-clos, sa tête dodelinant sur sa poitrine. Victime d’un malaise, il allait perdre connaissance. Christopher se garda bien de le retenir éveillé.

— Tu te souviens, Edward, quand tu me disais de compter jusqu’à trois avant de m’endormir, dit Lazar. Je ne voulais pas parce que je savais qu’en me réveillant, la souffrance serait encore pire que celle que je quittais. Eh bien, pour toi, je vais compter de nouveau. Pour te laisser le temps de réfléchir. Il paraît que le stress aiguise la clairvoyance. C’est ce que tu me disais à l’époque avant de reproduire sur moi tes expériences pour la énième fois.

Les yeux noyés de larmes, le corps tremblant, Marguerite tourna un regard de supplique vers son mari.

— Un… lança Lazar.

Raide comme un soldat prêt à se faire fusiller, Edward ignora la détresse absolue de son épouse. Mais dans ses yeux, Christopher lut le terrible combat qu’il menait pour se taire.

— Mamie, pleura Simon avant de s’évanouir.

— Ça va aller, mon chéri. Hein, ne t’inquiète pas pour moi, d’accord. Je t’aime, mon chéri.

— Papa ! lâcha Christopher alors qu’il n’avait pas appelé son père ainsi depuis plus de trente ans. Je t’en supplie, tu ne peux pas faire ça.

— Deux… poursuivit Lazar d’une voix traînante.

Christopher croisa le regard de sa mère. Sous les larmes et l’effroi, elle lui sourit, comme pour lui dire une dernière fois combien elle l’aimait. Puis elle posa les yeux sur Simon et les ferma.

— Réponds ! hurla Christopher en tirant jusqu’au sang sur ses attaches.

— Trois, acheva Lazar.

Le coup de silencieux explosa dans le silence du salon et la tête de Marguerite retomba sur sa poitrine.

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