CHAPITRE XIV

Le lendemain, ils pénétrèrent à Merida en même temps que les maraîchers apportant leurs légumes à la ville. Ils circulaient lentement au milieu des carrioles et des vieilles camionnettes, souvent arrêtés par des attroupements.

— Pourquoi votre ami veut-il pénétrer dans la ville ? demanda Odile à Chiva. Nous aurions pu l’éviter.

Le cul-de-jatte fumait, installé entre les valises qui lui servaient d’accoudoir.

— Il a une course à faire, paraît-il. Je n’en sais pas plus long que vous.

Odile prit un air indifférent.

— Peut-être connaît-il quelqu’un ici ?

— Peut-être, répliqua Chiva sur le même ton en allumant une cigarette. J’espère qu’il nous arrêtera dans un endroit où nous pourrons acheter des rafraîchissements.

— Une fille ?

— Pourquoi pas.

Vergara réussit à garer la camionnette non loin de l’Alcazar, dans une place encore à l’ombre. Il sauta à terre et contourna la camionnette pour venir leur parler.

— Je n’en ai pas pour longtemps, certainement. Une petite demi-heure, trois quarts d’heure au plus.

— Vois-tu une marchande de limonade, dans le coin ? Si oui, va acheter quelques bouteilles fraîches. Nous crevons de soif sous cette toile.

— Bon, un instant.

Il revint avec une demi-douzaine de sodas, et Chiva entreprit de les ouvrir joyeusement. Vergara disparut et Odile, qui regardait par une fente de la bâche, ne sut dire où il avait filé. Elle accepta une bouteille et la but par petites gorgées, les yeux fermés. Brusquement, elle les ouvrit très grands, regarda autour d’elle. Que faisait-elle dans cette camionnette au milieu de ces objets volés, en compagnie de deux assassins. Qu’espérait-elle ? Qu’attendait-elle ? Une rougeur violente monta à ses joues.

— Je vais faire un tour, dit-elle.

Chiva se contenta de la fixer.

— Vous n’y voyez pas d’inconvénients ?

— Aucun.

— Peur peut-être que j’aille à la police ?

Il soupira.

— Faites-le, mais ne le dites plus. Pour la grâce de Dieu, laissez-moi vivre jusqu’au bout. À quoi sert de me torturer ?

Sans répondre, elle sauta à terre, s’éloigna vers le marché. Elle acheta une tranche de pastèque dans laquelle elle mordit à pleines dents. Le jus colla à ses lèvres et à ses doigts, et elle se nettoya plus loin à une fontaine. Un gamin tirant un aveugle par la manche s’approcha d’elle, la main tendue. Elle lui donna quelques pesetas. Plus loin, il y avait d’autres mendiants, et elle aperçut même un vieillard cul-de-jatte qui longeait l’ombre d’un mur dans une caisse à savon, équipée de gros roulements à billes.

Elle le suivit, le vit s’immobiliser près d’une borne d’angle et rouler une cigarette. Longtemps, elle l’observa jusqu’à ce que l’infirme s’en rende compte. Tout de suite, il esquissa le geste de mendier, mais elle glissa dans une autre rue. Il ne lui restait que quelques pièces dans la poche de sa jupe, et elle ne savait même pas par quel miracle puisqu’elle avait tout perdu depuis l’accident. Elle acheta un journal, en parcourut les gros titres avant de le glisser sous son bras.

Dans une rue étroite et très commerçante, elle aperçut Vergara qui revenait, ployant sous le poids d’un énorme carton. Pour le porter, il utilisait une grosse corde qui passait par-dessus son épaule.

— On dirait que c’est lourd, cria-t-elle joyeusement dans son dos.

Il se retourna et la découvrit. Ses sourcils épais se froncèrent.

— Vous n’auriez pas dû…

— Qu’y a-t-il là-dedans.

— Une surprise. Pour Chiva.

— Je vous aide ?

— C’est trop lourd pour vous.

Elle marcha à côté de lui.

— J’ai pensé que vous connaissiez quelqu’un ici ?

— À Merida ? Non… Juste cette commission à faire, mais j’ai trouvé facilement le magasin.

Déjà ils atteignaient la place et, du coin de l’œil, Odile vit que le vieux cul-de-jatte se trouvait toujours au même endroit. Vergara regarda autour de lui avant de marcher vers la camionnette.

— Peur ?

— Sait-on jamais ? Votre signalement a peut-être été donné.

Chiva buvait à une bouteille, l’air très triste. Son visage s’éclaira lorsqu’il les vit entrouvrir la bâche.

— Hé ! Qu’est-ce que c’est ?

— Tire le vers toi. C’est très lourd. On en discutera après. Je vais d’abord sortir de cette ville.

Ils ne se rendirent même pas compte que Vergara manœuvrait difficilement pour se dégager et rouler vers les portes de la ville, tant le gros carton les intriguait.

— Il est très lourd, dit-elle, et Vergara avait du mal à le porter. Surtout parce qu’il est encombrant.

Chiva le souleva.

— En effet, mais il n’y a aucune indication sur le carton. C’est rudement bien fermé.

— Il y a du scotch et de la ficelle partout. Nous n’y arriverons jamais comme ça.

La camionnette roulait dans les faubourgs à une allure insolite. Vergara avait hâte de trouver un endroit pour déballer le colis en toute tranquillité. Il trouva le coin idéal sur la route de Caceres. Il tourna dans un petit chemin, longea une ferme en ruine et pénétra dans l’ancienne cour de la bâtisse sans provoquer une seule réaction. Les lieux étaient abandonnés depuis longtemps, semblait-il. Sautant à terre, il rejoignit ses deux compagnons.

— Je crois qu’on peut y aller ici, dit-il. Poussez le carton vers moi.

Aidé par la jeune femme, Chiva obéit. Vergara chargea le tout sur son épaule.

— Hé ! dis donc, cria Chiva, où vas-tu ?

— Je vous demande une petite minute. Ce ne sera pas très long. Restez là où vous êtes, et tâchez de me garder la dernière bouteille de soda, car j’en aurai bien besoin.

Le cul-de-jatte commençait à s’énerver.

— Je n’aime pas ça. C’est comme les jours de fêtes durant l’enfance, tous ces préparatifs mystérieux pour un repas un peu plus fourni et quelques jouets décolorés. Enfin, chez nous, c’était ainsi. Mais que fait-il donc ? Une minute ? Il appelle ça une minute ? Et cet endroit ? Une ferme abandonnée ? Tout à l’heure, nous allons entendre des chiens et des coups de fusil, oui. Les gens n’abandonnent jamais rien, même ici, dans l’Estramadure. Vous savez pourquoi les saucisses et le lard sont si bons ici ? Parce que les cochons mangent des vipères et des lézards. En Estramadure et entre Merida et Badajoz, il n’y a pas autre chose. Curieuse réputation, hein ? Le voyez-vous revenir ?

— Non. Il s’est réfugié dans cette grange en partie détruite. J’ai seulement vu un morceau de carton qu’il avait dû lancer dans la cour.

Chiva alluma une autre cigarette, lorgna sur la dernière bouteille de soda.

— Il mériterait qu’on la boive.

— Le voilà.

— Avec quoi ?

— Les mains vides.

Il faisait terriblement chaud entre les ruines. Le visage ruisselant de sueur. Vergara vint s’accouder au plateau. Chiva le regarda longuement, puis lui tendit la bouteille de soda. Son ami la but d’un trait, puis la balança par-dessus son épaule.

— Viens ici.

Chiva se traîna sur la plate-forme jusqu’à Vergara qui tourna le dos. Il s’accrocha à ses épaules et Vergara se mit en marche vers la vieille grange. Odile n’osa pas les suivre et attendit, le cœur battant, ne sachant pas pourquoi elle était angoissée.

Il y eut un grand silence, puis soudain elle aperçut le fauteuil roulant nickelé, et Chiva installé sur le siège qui avançait vers elle à toute vitesse en manœuvrant les grandes roues. Derrière Vergara suivait avec inquiétude le surveillant comme un gosse qui apprend à monter à bicyclette.

— Formidable, hein ! cria Chiva.

Se lançant à toute vitesse, il freina ensuite très sec en saisissant les roues à pleines mains. Le fauteuil patina, dérapa légèrement à la grande satisfaction de l’infirme.

— On peut y ajouter un moteur, n’importe où, la marque est dans toutes les grandes villes. Plus tard, on en mettra un, mais déjà c’est extraordinaire.

Vergara revint vers la jeune femme.

— Il est démontable, et, malgré les explications du marchand et celles de la notice, je n’arrivais pas à le remonter. J’ai rudement travaillé et j’avais peur.

Chiva poussait son exploration dans les recoins extrêmes de la cour, puis revenait à toute allure, l’air radieux.

— Il est d’une douceur et d’une maniabilité… Je suis sûr de pouvoir monter une grande côte sans trop de peine.

— Pour les côtes, il y a un système pour ne pas repartir en arrière.

Odile s’efforçait de maîtriser son envie de pleurer. Elle craignait par-dessus tout de le montrer.

— Tu peux balancer ma vieille caisse à roulettes et mes patins. Je ne veux plus les voir.

— Il y a une trousse d’entretien dans les sacoches, lui cria Vergara tandis qu’il repartait en direction de la route. Fais attention avant de sortir, c’est dangereux.

Chiva disparut à leurs yeux et Vergara alluma une cigarette en souriant.

— Vous avez l’air content.

— Un beau jour, non ?

— Vous aimez faire des cadeaux ?

Vergara regarda le bout de sa cigarette, et elle eut l’impression que son visage s’assombrissait.

— Ça aide beaucoup dans certaines circonstances, les cadeaux.

— Que voulez-vous dire ?

Brusquement, il jeta sa cigarette et posa ses mains sur ses épaules.

— Nous allons nous séparer bientôt. La route que nous allons prendre mène à un village perdu où il n’y a même pas le téléphone. Je me suis renseigné. Il faut parcourir dix kilomètres pour trouver le premier appareil.

Elle l’écoutait et attendait.

— Vous nous laisserez un peu de temps ?

Elle cilla.

— Celui de nous mettre à l’abri. Après… Nous verrons bien.

Faisant le premier pas, elle se colla contre lui. Étonné, il hésita.

— Dans vingt-quatre heures, tout sera différent et vous ne voudrez même plus vous en souvenir.

— Et puis ? chuchota-t-elle.

Il posa sa bouche sur la sienne, timidement d’abord, puis avec violence, l’embrassa longuement. Chiva qui revenait à fond de train, les découvrit ainsi et se mit à hurler de joie en faisant une arrivée spectaculaire.

— À ce rythme-là, tes pneus ne dureront pas longtemps, dit Vergara.

— Tu sais, je crois qu’avec un bon moteur on peut faire de la route. Et tu dis que c’est facile ?

— Très. À peine une demi-journée d’immobilisation et tu pourras repartir avec.

— Et n’importe où ?

— La marque est largement représentée et, même, nous reviendrons à Merida pour le faire mettre.

— Oui, ce ne serait pas très loin.

Odile écoutait sans comprendre. Les deux hommes avaient certainement un projet précis, mais elle ne voulait pas le savoir. Vergara déclara qu’il fallait partir.

— Grimpe là-bas, dit-il à Chiva. Je vais reculer avec la camionnette et tu pourras rentrer directement dedans.

— Il faudrait un plan incliné.

En faisant un grand détour, il se dirigea vers une sorte de quai servant autrefois à décharger les voitures à chevaux, se hissa dessus et attendit. Vergara recula lentement jusqu’à coller l’arrière contre la murette. Chiva fit glisser habilement le fauteuil dans la camionnette, le fit pivoter et recula dans un coin. Il mit le frein et sourit béatement.

— Montez devant, dit-il à Odile. Je serai très bien tout seul.

Elle obéit et rejoignit Vergara.

— Dernière étape, dit ce dernier.

— C’est loin ?

— Trois bonnes heures. Nous y serons vers midi.

— Tonio…

Il la regarda en coin.

— Je n’ai pas tellement envie de retrouver mon ami et tout le reste.

— Aujourd’hui, demain, mais dans une semaine, un mois ? Lorsqu’il sera trop tard pour revenir dans votre monde ?

Tandis qu’il mettait en route, elle resta silencieuse. Il sortit de la cour, tourna à droite.

— Il y a des moments comme ça, mais je ne crois pas qu’on puisse les prolonger sans danger. Un petit verre d’alcool, c’est bon, et pourtant on ne peut pas boire sans s’arrêter. Tout est ainsi.

Il s’arrêta un peu plus loin, sortit un vieux portefeuille et l’ouvrit. L’adresse se trouvait entre les deux parties : Couvent de la Merced…

— Que regardez-vous ? demanda-t-elle.

— Rien. Rien qui vous intéresse.

On lui avait donné cette adresse en même temps qu’il achetait le fauteuil.

— Les bonnes sœurs ont bien du mérite, lui disait le marchand tout en confectionnant le paquet. Songer qu’il n’y a pas que des infirmes, mais des aliénés mentaux et des monstres… J’y suis allé plusieurs fois et je vous assure que c’est terrible.

— Vous avez l’air triste, dit Odile. Est-ce à cause de moi ?

— Oui. Tout sera totalement différent désormais.

Odile se tourna vers la portière où, depuis longtemps, manquait la vitre. Sous ses yeux, l’herbe jaunâtre des bas-côtés défilait à une allure folle, alors qu’ils ne roulaient qu’à cinquante kilomètres à l’heure. Jamais, dans la Ford Mustang, elle n’avait songé à regarder l’herbe du bord de route s’étirer en cheveux interminables. Dans la voiture de sport, elle fixait l’horizon qui se ruait avec une sorte de rage à leur rencontre, explosait silencieusement en taches multicolores qui se perdaient derrière eux.

Vergara rétrograda avec un soin extrême, mais ne put empêcher les pignons de grincer.

— La mécanique est à bout, dit-il. Savez-vous déjà ce que vous allez dire à votre ami ?

Elle secoua ses cheveux blonds.

— Je n’ai rien préparé. Je n’en ai pas envie. Quand ce sera le moment, je trouverai quelque chose ou bien je ne dirai rien du tout.

— Mais la police ?

— Je ne sais pas.

— Lui, il sera furieux, content, soupçonneux ?

Elle rit.

— Tout cela à la fois, certainement, mais je ne peux pas prévoir. D’ailleurs, ça n’a aucune espèce d’importance.

Ils roulaient dans une campagne aride et sèche que la torpeur de midi figeait encore davantage. Les lointains tremblotaient, escamotaient les sierras. Ce que la jeune femme prenait parfois pour un tas de cailloux se révélait être, lorsqu’on s’en approchait, une ferme isolée et déserte. Peut-être y avait-il quelque part derrière ces pierres sèches des yeux inquiets qui les suivaient d’un regard perplexe.

— Le plus heureux de nous trois est certainement Chiva à l’heure actuelle, dit Odile.

Vergara pâlit, porta la main à la poche de sa chemise et étreignit le portefeuille à travers le tissu léger.

— Ce fauteuil roulant, vous aviez toujours rêvé de le lui offrir un jour, n’est-ce pas ?

— Depuis que je suis gosse.

Il avala difficilement sa salive. Il faisait très chaud et sa gorge était sèche.

— Un jour, dans l’une des grandes propriétés de notre village, j’ai vu un vieux débris qui regardait ses ouvriers arroser ses pelouses. Il se promenait dans un fauteuil semblable fait de bois vernis et d’acier chromé. Un moribond plein de fric, alors que José se traînait dans les rues mal pavées avec sa caisse à savon et ses patins de bois. Vous avez vu ses doigts et les paumes de ses mains ? Pleines d’écailles.

C’est très difficile de se déplacer ainsi… Voilà.

Lorsque deux heures plus tard le village apparut à flanc de colline, ils n’avaient plus échangé un seul mot, chacun plongé dans ses pensées. La camionnette s’engagea dans le chemin mal carrossé et grimpa difficilement la dernière côte, rompit de ses pétarades tout un monde de silence séculaire.

Vergara s’arrêta sur la petite place ombragée, désigna l’auberge en face d’eux.

— Je vais vous donner un peu d’argent. Je pense que vous ne serez pas trop mal là, en attendant l’arrivée de votre ami et de la police. La Guardia Civile s’occupera également de vous.

Il prit quelques billets dans son portefeuille et les lui tendit. Odile saisit sa main et appuya sa joue contre. Puis elle lui tendit ses lèvres, se sépara brusquement de lui.

— Partez, partez vite, maintenant. Dès que je serai descendue, la comédie commencera pour moi.

Elle sauta à terre, glissa à l’arrière, écarta la bâche et vit Chiva sur son fauteuil. Elle lui fit un signe de la main, laissa retomber la bâche.

Vergara recula, fit demi-tour et se lança rapidement dans la rue en pente qui permettait de sortir de ce village. Il roula jusqu’en bas de la côte avant de s’arrêter à l’abri des regards.

Chiva le regardait avec surprise.

— Pourquoi tu t’arrêtes ?

— J’aimerais que tu finisses le voyage à mes côtés. Tu peux laisser le fauteuil. Il ne risque rien.

Il grimpa sur la plate-forme, prit Chiva dans ses bras.

— Tu as l’adresse ?

Sans répondre, il le déposa sur la banquette avant, remonta au volant.

— C’est à Merida qu’on te l’a donnée ?

— Oui.

— Le marchand qui t’a vendu le fauteuil ?

— Il connaissait bien, il y est allé plusieurs fois. D’après lui, les sœurs sont bien gentilles.

— Oh ! Te fais pas de soucis. Un mois et demi, ça passera vite. Et puis, avec mon fauteuil, je pourrai me balader. Nourri, logé et soigné, quoi de mieux ? Et puis le reste du temps pour se balader.

— La messe, les vêpres, les prières du soir ?

— Dans l’ombre fraîche de leur chapelle ? Ça ne doit pas être désagréable.

— Les autres ? Les crétins, les mal-fichus ?

Chiva se mit à rire.

— Ils ne m’impressionnent pas. Et puis, on en a connu, non ?

— Pas en si grand nombre, pas entassés les uns contre les autres. Il te faudra dormir, manger, te promener en leur compagnie. Écoute, José, il est encore temps…

— Nous devons nous séparer. Toi, tu files ensuite vers Cadix, et tu t’arranges pour vendre la marchandise un bon prix. Tu achètes un petit magasin dans une rue commerçante. Quelque chose de modeste. Même s’il n’y a qu’une arrière-boutique sans ouvertures. Que nous puissions y installer un matelas et y faire la cuisine. Tu achèteras des animaux et tu feras les installations.

Vergara n’écoutait pas.

— Cela va t’occuper plusieurs semaines. Lorsque tout sera prêt, tu attendras encore un peu. Puis tu tâcheras de trouver quelqu’un de confiance à qui laisser la boutique un jour ou deux. À propos, il vaudra mieux que tu vendes la camionnette et que tu achètes un autre véhicule. N’oublie pas de faire fabriquer un plan incliné pour que je puisse monter à l’arrière avec mon fauteuil. Tu crois que tu trouveras quelque chose de pas cher ?

— Sans difficulté. Un break, par exemple ?

Sangre de Dios, un break, ce serait bien, mais ça te coûteras horriblement cher, non ?

— Je me débrouillerai. Une fois la boutique installée, je pourrais emprunter pour la voiture. On ne refuse pas un prêt à un commerçant installé.

Chiva lui tapa sur la cuisse.

— Tu as raison. Habille-toi comme il faut. Tu dois leur montrer que tu es quelqu’un.

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