JE LA REGARDE, À SON VOLANT, ET C’EST COMME SI TOUT RECOMMENÇAIT

Je la regarde, à son volant, et c’est comme si tout recommençait. Elle a son petit sourire espiègle et anxieux à la fois qui me fait chanter l’âme. Elle est plus que jolie : agréable.

Elle attend devant la Maison Poupoule, le dos bien droit. Le factionnaire à qui elle a demandé la permission de stationner un moment pour attendre le célèbre commissaire San-Antonio, lorgne sur elle. C’est un mec des campagnes, un brun couperosé au front bas. Il louche sur les loloches de Marie-Marie, imaginant le reste de sa personne et se disant que ça doit être vachement agréable de la chibrer.

Il me salue quand je parais, m’envie du regard ! J’engouffre la tire de la Musaraigne.

— Tu es gentille de venir me prendre, dis-je.

— Quand tu m’appelles, je réponds « Présent », riposte-t-elle.

Elle ajoute :

— Bien que cela m’ait ennuyée de quitter ta mère, Antoine. Elle se fait un sang d’encre à propos du gamin. Elle dit qu’elle le sent en grand danger avec cette horrible femme.

— Elle a raison, soupiré-je. Je viens de tout piger, c’est l’horreur.

Je lui raconte. Ses jolies mains se crispent sur le volant de sa 205 blanche.

— C’est fou ! dit-elle. Complètement fou ! Tu crois qu’un médecin peut se prêter à une pareille expérience ?

— Si c’est un chercheur dingue !

— Mais voyons, Antoine, en agissant ainsi, il assassine un enfant et risque de briser sa carrière et de se retrouver en prison pour des années !

— Peut-être obéit-il à une autre motivation, réfléchis-je, une motivation plus forte que son esprit de recherche.

— L’amour ?

— Sûrement pas, la Turpousse est une horrible fée Carabosse qui pue par tous ses pores et orifices naturels.

— Alors, quoi ?

— Le fric.

— Mais elle est pauvre, non ? Puisque le brocanteur, m’as-tu dit, lui a prêté le l’argent.

— Elle a peut-être fait croire à Pilulesco qu’elle avait un butin planqué et qu’elle le partagerait avec lui. Pour lors il aura risqué le paquet à la perspective de pouvoir financer ses travaux en toute indépendance.

— Il faut retrouver Toinet aujourd’hui même, chéri !

Elle a dit « chéri ». Ça lui a échappé, Marie-Marie ! Dans la violence de son émotion, elle s’est trahie.

Je reste abasourdi par ce prodigieux cadeau inattendu. Elle-même en est presque terrorisée. Alors elle conduit au petit bonheur. Simplement, elle va dans la direction de Saint-Cloud. Je ne lui ai rien dit. On est là, dans cette bulle, avec le vacarme de Paname qui nous entoure. Nos sentiments patinent, nos idées sont sur boucle. Difficile de les rompre pour qu’elles aillent quelque part. Elles s’élargissent seulement, pareilles à des ronds sur l’eau. Notre mutisme nous brûle les oreilles et tous ces mots qu’on retient nous obstruent le gosier.

Je mate ses genoux parallèles sous le volant. Sa main droite qui, temps à autre, moule le volant pour passer une vitesse. Ses cuisses agréables sous l’étoffe tendue du tailleur. Putain, j’ai pas le droit ! Pas le droit de quoi ? Pas le droit de pas quoi ? Merde !

Voilà un salaud de corbeau de chiasse qui se met à croasser dans la tire. Si tu tends bien l’oreille, tu finis par reconnaître ma voix.

Il dit, le noir zoizeau :

— Si je t’épousais, je continuerais mon métier.

— Je sais, fait-elle, le regard bien branché sur le gros cul carré d’un autobus vert barbouillé de pube comme quoi tu sauras jamais ce que c’est que le linge vraiment blanc si t’emploies pas la lessive Cerfeuil.

— Oui, je continuerais mon métier, c’est-à-dire que je continuerais de vagabonder à travers le monde, femme ou pas femme, gosses ou pas gosses, comme je le fais, mère ou pas mère.

— Je sais.

— Et les belles nanas que je rencontrerais, avec des bouches pulpeuses et des fesses dures et dorées, je les embroquerais sans hésiter, amour matrimonial ou pas.

— Je sais.

Elle soupire, double ce con d’autobus, et déclare :

— Ils agissent tous comme ça, mais sans avertir. Ils mentent, ils trichent, ils font semblant, tous. Moi j’étais tombée sur l’exception, seulement il était impuissant. Il cajolait, faisait des promesses de fidélité qu’il lui était impossible de ne pas tenir.

— Si bien que tu es prête à accepter le mari tringleur qui te grimpe en rentrant, après s’être bien lavé la bite ?

— Oh ! oui, répond-t-elle avec ferveur.

— Tu es prête à attendre un voyou de flic qui risque sa peau à longueur de journée, pendant que tu torcheras les gosses qu’il t’aura faits ?

— Bien sûr.

— Tu amidonnerais légèrement le col de ses limouilles avant de les repasser ?

— Avec amour.

— Et quand il rentrerait vanné, tu le sucerais pour lui ranimer les vigueurs ?

— Evidemment.

— Et tu ne récriminerais pas ? Tu ne te poserais jamais en pauvre martyre du foyer ?

— On n’est pas une martyre quand on existe pour l’homme qu’on a toujours aimé, depuis son plus jeune âge. Ta mère veuve qui continue d’aimer un mort n’est pas une martyre, Antoine, mais une femme heureuse qui vit pour l’enfant que son homme lui a laissé.

On est arrêtés à un feu rouge. Une grosse femme chargée de paquets me regarde chialer avec surprise.

Je me dis : « Antoine, tu vas prendre une décision avant que ce feu ne repasse au vert. »

— Bien, déclaré-je d’un ton ferme. Je vais t’épouser, Marie-Marie, le plus vite possible et on ne reparlera jamais de ce qu’on vient de se dire. C’est un pacte, on n’y touche plus.

— Retrouve d’abord Toinet, fait-elle paisiblement.


Ce ne fut pas plus compliqué que cela, la décision la plus importante de ma vie !

Elle conduisait sans mot dire. Son visage grave ne reflétait aucune émotion, pas le moindre contentement.

Je compris alors qu’il avait fallu tout ce temps-là pour parvenir à cette minute fatidique. Il avait fallu des années d’amour, des scènes de silence. Son mariage raté. Ses errements professionnels. Et puis tout d’un coup, alors que nous étions torturés par l’angoisse consécutive au rapt de Toinet, alors que la vie du garnement aimé se trouvait en danger, oui, en pleine confusion, en plein désordre de l’esprit, cette brutale mise au point : « Si tu acceptes que je ne change rien à ma vie, je t’épouse ! » « D’accord » ! Jamais je ne m’étais montré à ce point macho. Egoïste à en éclater ! Mais il fallait en passer par là. Et elle le savait. Et bon, l’inexorable avait pu s’accomplir.

Je me sens défatigué comme après un bain chaud. Calme infiniment, tel un horizon de plaine au couchant. Libéré d’un obscur péché originel. Je le trimballais sans m’en rendre compte, mais il me gênait.


Je lui indique la route. Car ma décision est arrêtée. Tout cela bouillonne, foisonne, émulsionne. C’est le volcan qui n’en peut plus de se contenir et qui va dégueuler sa vilaine soupe sur Pompéi.

— Tu me lâches ici et tu m’attends, ordonné-je.

— D’accord !

— Le temps qu’il faudra ! précisé-je.

— D’accord !

Je saute de voiture et m’engouffre dans l’immeuble des Malvut. (Qui est également celui de feu Verbois et celui en face duquel fut égorgé le clochard sans nom ; l’immeuble qu’habita Maryse Turpousse à sa sortie de crèche ; l’IMMEUBLE, quoi ! Le sale immeuble noir, avec une bicyclette dans le couloir d’Eugène !)

Je l’avais dit, dès le début de ce book à la con : l’immeuble où stagnait la vérité.

Je quatre à quatre l’escadrin. Que dis-je : je le cinq à cinq ! Tu m’as déjà vu allonger mes compas dans les cas de grand mouvement ? Chaban-Delmas grimpant les marches de l’Elysée à sa période bleue.

Voici la lourde cataloguée Malvut Eugène.

Sonne en force.

Attends.

Et c’est le père qui vient m’ouvrir. Toujours blafard et poreux, zigoto. La demi-calvitie navrante. Son gilet de laine, son futal noir, ses charentaises exténuées, ses besicles de myope. L’air plus torve et méfiant que la première fois.

Il s’efforce de me sourire, mais je sens parfaitement que ma visite ne le botte pas outre mesure.

— Oh ! bonjour, monsieur le commissaire, il débite de sa voix poussiéreuse, faite pour réciter des formules d’alchimie ou des oraisons sataniques.

Ce qui se passe, je pourrai jamais t’expliquer. Un élan. Aussi impétueux que celui qui m’a fait demander sa main à Marie-Marie tout à l’heure. Voilà qu’au lieu de répondre à son salut, je lui satone les couilles.

Il exhale un « whrouâââ » qui s’achève en spasme dégueulatoire. Il a reculé jusqu’à la cloison d’en face.

Mézigue, calmos, j’entre, referme la porte. Me sens homicidaire complet. Une droite sèche à sa pommette. Ça lui donne des couleurs. Un gauche à l’autre. Il vermillonne de la frite, style poupée russe.

— Au sc… Au sc… ! tente-t-il de bramer.

Je le chope à pleine pogne par son gilet de laine qui a des remugles de tuberculose mal soignée. Pour une bavure, c’est une bavure que je perpètre là, mon ami ! T’en conviens ? Le gonzier est chiffe infâme. Je bloque sa triste respiration. Le traîne jusqu’à la pièce ésotérique où il accomplit des rituels à la mords-lui-le-nœud. Pouâh !

Je le virgule d’une détente contre une espèce d’autel sulfureux, sans doute consacré à Belzébuth où sont entreposés des lampes à huile, des encensoirs, des figures cabalistiques.

Vraoum ! Tout s’écroule. Le petit crevard se met à gésir dans des tessons, des saloperies néfastes.

— Au sc… ! Au sc… ! Il parvient pas à en cracher mèche, les « ou » lui sont verboten.

Un coup de saton dans les côtelettes lui retire jusqu’à la possibilité de dire « Au sc… ».

En vitesse, je visite le reste de l’apparte. Deux chambres, une cuisine salle à manger.

Vides !

Madame (que je ne connais toujours pas) et le fiston surdoué sont en courses. Tant mieux. Je préfère demeurer en tête à tête avec le lascar.

Gonflé à bloc, ton Sana, ma chérie. Il ira jusqu’au bout, n’importe la facture à payer, même s’il doit démissionner !

Retour auprès d’Eugène, mal barré, haletant, les burnes enflées, je gage, et violaçantes ! Les côtelettes fêlées ! La trogne de guingois ! Pas de pitié. Ce gus, je le crèverais avec appétit !

Je m’accroupis près de lui.

— Tu sais pourquoi je m’offre cette dérouillée, Eugène ? Parce qu’elle sera impunie. Et tu sais pourquoi elle sera impunie ? Parce que je vais te balancer par la fenêtre et que tu t’écraseras comme une merde sur le bitume en bas. Motif de ce suicide ? La police qui, en ma personne, est venue te demander des comptes. Ta conscience est tellement chargée que tu as préféré l’issue de secours. Alors, tu vois, j’ai pas besoin de me gêner ! A l’autopsie, tout sera confondu.

Et de lui voter un nouveau coup de Bailly dans les bibelots.

Sadique, l’Antonio, pas vrai ? En crise ? Oui, je l’avoue. Je n’ai de réelle haine que pour ceux qui s’en prennent aux enfants.

Je vais à la fenêtre et jette un regard en bas. J’aperçois la 205 blanche de Marie-Marie. Elle en est descendue et regarde deux gamins qui jouent à je ne sais quoi près des poubelles. Mme San-Antonio ! Dieu qu’elle est belle ! Ce qu’elle a pu acquérir comme classe, l’espiègle pie-borgne de jadis ! C’est le genre d’épouse que tu peux trimballer la tête haute. Comme si elle « sentait » mon regard, elle lève la tête. Je lui envoie un baiser. Alors, tu sais quoi ? Elle porte une main à son cœur. La gauche ou la droite, je sais pas bien, en tout cas une des deux. D’en haut, on confusionne. T’as remarqué que les miroirs nous représentent à l’envers, mais pas sens dessus dessous ? Quand tu te regardes dans une glace, ta droite est placée à gauche et lycée de Versailles, mais ta tête demeure en haut et tes pinceaux en bas. Un mystère ! Un vrai. C’en est plein. Alors pourquoi je refuserais le don de Bruno, qui est peut-être plus fastoche à piger, hum ?

Tout en contemplant « ma promise », j’évoque la pièce dans laquelle je me tiens. Lui tournant le dos, je continue de la voir : diabolique autel saccagé, des meubles, des statues ésotériques… L’une d’elles, plus importante, semble régner sur l’endroit. Je m’arrache à la croisée pour marcher jusqu’à elle. Moi aussi j’ai un don de voyance quand c’est nécessaire. S’agit de le vouloir irrésistiblement ! Tout est question de volonté. Tu peux voir l’invisible ? Ben, regarde !

Il s’agit d’un plâtre doré avec des traînées vertes, buste d’une créature de cauchemar, pas bouddha ni animal, mais divinité hybride tirant sur l’éléphant à cause du nez-trompe et des grandes oreilles.

Je m’en saisis à deux mains, l’élève le plus haut que je peux et la fracasse contre la table.

Elle vole en éclats. Dedans, c’est plein de liasses épaisses. Des billets de banque neufs. Des dollars réunis par des élastiques. J’en arrache un et le mire devant la fenêtre. Il est bonnard. J’ai rencontré suffisamment de faux-monayeurs spécialisés dans les talbins ricains pour reconnaître le bon grain de l’ivraie.

Il y en a un vrai fagot ! Des biftons de cent dols, et les liasses sont de cent biftons ! Et il y a une tribu de liasses ! Le pactole !

— Ben dis donc, Gégène, t’es riche ! lui dis-je.

Je le chope, cette fois, par sa miséreuse ceinture de cuir, comme un long sac de voyage.

— Maintenant, tu vas faire ton valdingue, mon grand, annoncé-je.

Et je le coltine jusqu’à la fenêtre.

Alors il murmure :

— Prenez tout et laissez-moi vivre !

Je chique les cyniques.

— Quelle idée ! Je peux te carboniser et tout prendre, mon lapin. C’est pas un marché que tu me proposes, c’est la charité que tu demandes !

— Je ne dirai rien, prenez, prenez !

— Merci de la générosité : t’inquiète pas, je prendrai. Bon, à qui recommande-t-on son âme quand on est Eugène Malvut ? A Dieu ou au diable ? Plutôt au diable, non ? Satan, c’est ton pote ?

Ma désinvolture l’écrase. Il bafouille, terrorisé :

— Oh ! non, vous ne pouvez pas faire ça !

— Ce ne sera rien en comparaison de ce que tu as fait, toi, merde en flaque !

— Tout ce que vous voudrez ! il ânonne.

Et moi, comme frappé d’une idée :

— Ah ! si, y a une chose qui pourrait te valoir la vie sauve, crème de salope, une seule : que tu me dises la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Ou plus exactement, que tu me l’écrives et que tu signes tes aveux. De la sorte nous nous tiendrions l’un et l’autre par la barbichette. Toi, à cause du fric que je vais engourdir, tu auras barre sur moi, et moi, je te posséderai avec ta confession. Tu comprends ?

Comme il ne répond rien, je monte sur son ventre. Tu parles d’une compression de César !

Il geint ! Je lui file un coup de talon sur la bouche. Ses lèvres éclatent, quelques-unes de ses dents se déchaussent comme des musulmans devant la mosquée.

Note, j’ai pas l’habitude de pratiquer des sévices corporels. Je trouverais même ça inqualifiable si l’homme que je malmène n’avait accompli ce qui constitue pour moi le plus abominable des forfaits.


Elle fait un pas à ma rencontre. Pas deux, un seul, mais qui est significatif. Ça veut dire qu’elle vient à moi. Ça veut dire qu’elle m’aime. Ça veut tout dire. Je lui prends la taille d’un bras irrésistible. Nos regards se rapprochent et ça nous met de la cuisance dans les yeux. Voilà que je l’embrasse, doucement pour commencer : juste un effleurement des lèvres, léger, tiède, capiteux. Puis ça se renforce à tout berzingue et nos bouches s’entre-bouffent avec une voracité de loups. Je sens ses seins fermes, son ventre chaud. Elle a un mouvement irrésistible du bassin (comme on dit dans les books bien élevés) pour presser le bas de son corps contre le mien.

Maintenant, je suis sûr que c’est bien ainsi. Qu’il le fallait.

Lorsqu’on se désunit (toujours comme ça exprime dans la cool littérature sans mouillance), j’aperçois le masque défiguré du sieur Malvut, à sa fenêtre. Il va prendre froid, c’est certain, puisqu’il l’a ouverte en grand.

Il détourne la tête pour mater la perspective de la rue. J’ai l’impression qu’il va me crier quelque chose : une menace ou un avertissement. Et puis tout à coup, il est comme arraché à son parquet, telle une fusée au lent décollage ; son buste dépasse la barre d’appui, ensuite c’est sa taille, puis ses cuisses et il bascule dans le vide, sans un cri.

Marie-Marie qui regardait également, enfouit sa tête dans l’ouverture de mon pardingue en criant :

— Non !

Eh ben si, qu’est-ce que tu veux ! Le bonhomme flèche comme un ski qu’on vient de déchausser dans une pente raide. Il paraît « glisser sur l’air ». Curieux, hein ? Enfin, il bouffe le bitume du parkinge. Le bruit sourd classique, cent fois reproduit dans les films. Profond, si tu te souviens. Comme un coup de maillet sur un tonneau vide dans une cave voûtée. Me fais-je-t-il bien comprendre ? Suis-je-t-il assez suffisamment explicite de partout ? Trouvé-je-t-il les mots appropriés pour te rendre compte d’un fait divers dramatique ? Préférerais-tu-t-il que je fisse appel à des onomatopées ? Gêne-toi pas avec moi, surtout. Tu ne trouveras jamais un littérateur plus docile que moi, plus arrangeant. De grandes connaissances à la portée de tous ! L’accommodeur de faïence et de porcelaine. Je te prends un reste de chapitre, un bout de description, je t’en fais une œuvre sur mesure. Surtout que le lecteur se sente à son aise. Trois heures de voyage à bord d’un bouquin, c’est un peu le trajet en T.G.V. Paris-Lyon. Faut les passer relaxe. Se détendre.

L’autre jour, je voyais une pube à la télé, pour un savon de toilette intime. Printemps-Exquis, je crois me rappeler. Une jolie dame confiait à une autre qui l’était non moins, combien sa vie avait changé depuis qu’elle se fourbissait le frifri avec une telle merveille. La dame bis promettait de l’essayer. Et puis point à la ligne. La pube dérapait, perdait son impact. Combien elle eût été « porteuse » comme ils disent, si la personne en question s’était mise à se laver la chatte devant les caméras ! Ils sont fous de ne pas aller au bout du propos ! J’imaginais cette exquise personne faisant mousser Printemps-Exquis dans sa toison d’or, puis se détartrant la case trésor au médius frétillant. Là, oui, toutes les gerces cavalaient acheter le suave savon et on allait assister à un concours de grande lessive dans les foyers.

Pourquoi je te cause de ça à un moment pareil ? Je sais plus. Ça me biche, je vais. Ma nature ! Faut m’accepter ou m’échanger contre un Claude Simon.

Et bon, Malvut s’est donc brutalement défenestré. A cause de messire moi-même ? Probablement ! Faut dire que je lui ai engourdi son osier, ravagé la gueule, fait signer la pire des confessions et mis en tête cette notion de défenestration. Un coup d’épouvante ! Un flash terrifiant. L’éclair qui permet à ce naufrageur de voir où il en est et de ne plus s’accepter.

Pendant que je m’approche du cadavre disloqué (dans les livres intéressants, les défenestrés sont toujours « disloqués comme des pantins ») qui vois-je, plantés sur le trottoir, à quelques mètres ? Bruno et une grosse matrone qui doit être probablement sa mère. La dame porte la doudoune que le môme avait enfilée l’autre nuit pour aller égorger le clodo.

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