Il a une chambre plutôt modeste, dans les étages supérieurs, Perruchieri. De sa fenêtre, certes, on peut admirer le Grand Canal, mais à condition de se défenestrer, précisément. Par contre, le Pont des Soupirs, on le voit comme je te vois, sauf que les soupirs que je pousse en te regardant ne sont pas d’admiration.
Il est chouette, Johnny. M’a prêté son costar de rechange pendant que la lingère de l’étage va tenter le tout pour le tout sur le mien, histoire de lui redonner une apparence sitôt qu’il sera sec.
Son complet, c’est pas exactement ce à quoi je rêve au cours de mes nuits blanches. Imagine un chose ricain en tissu ultra-léger, à fines rayures blanches et noires. Avec ce machin sur le dos, tu passes à peu près aussi inaperçu que le maréchal Amin Dada dans un couvent de dominicains suédois. Faut un certain courage pour endosser cette défroque, ou alors faut être ricain d’au moins deux générations, ce qui est le cas de Johnny dont le grand-père napolitain a immigré à Chicago après la guerre de 14. Il parle l’italien dans le texte, et c’est probable à cause de ce détail qu’on lui a confié cette mission.
Pour la énième fois (au moins) il me présente une bouteille de Four Roses que j’enfile religieusement, manière de me débarrasser des ultimes miasmes de mon équipée aquatique.
Après ce qu’il vient d’accomplir pour moi, il est devenu mon ami d’enfance, Johnny. Un pote à la vie à la mort. Je vendrais désormais la ferme et les chevaux pour lui et si un jour il lui arrivait un accident comme celui qui survint à Lord Chatterley, je lui ferais cadeau d’une de mes burnes sans barguigner, ce qui lui promettrait encore de belles séances, espère ! Bref, il est à moi.
D’ailleurs pour un zig qu’écrit, tout le monde est à lui. Tous ceux qu’il convoite. Ecrire te permet de posséder tout ce dont tu as envie, y compris les gonzesses qui te snobent, se croient ou se veulent inaccessibles ; tu peux les annexer à ta guise, en faire ce que bon te semble, les avilir même, pour peu que tu soyes sadique sur les bords. Et ce, sans qu’elles y puissent rien, sans seulement qu’elles s’en doutent ou qu’elles émettent une plainte. Le nombre de souris avec lesquelles j’aurai pris mon pied sans qu’elles le sachent !
Le bourbon (pauvre Louis XVI ; tu te rends compte : à trente-neuf ans, ce con !) me chauffe la coiffe et le guignol. Me plonge dans quelque chose de ouaté. C’est pas de la joie, comment serais-je joyeux en sachant mon Béru clamsé ? Comment pourrais-je le rêtre un jour ? Non, ce qui me conforte dérive directo de l’esprit de conservation. Mon corps subit l’euphorie d’avoir été préservé. Je vais continuer encore un temps. J’ai un sursis. Un sursis et de la gnole, crois-moi, c’est bon à prendre, n’importe les chagrins.
Il tient la bonbonne comme un chameau, l’ami Perruchieri, car on en est au second flacon de Quatre-Roses. Il reprend, sans savonner le moins du monde de la menteuse :
— Le plus cocasse, veux-tu que je te dise, Saint-Antoine ? C’est que mon collègue qui s’occupait de Spontinini au Canada, est mort de sa bonne mort dans l’avion. Crise cardiaque ! Ça nous guette tous. Si on pensait à la fragilité de notre cœur on n’oserait plus s’en servir.
Il rigole.
— Il est des cas où il se montre à la hauteur pour ce qui est d’encaisser le choc, rectifié-je en me massant le placard.
— Certes, admet Johnny, mais qui te dit que tu ne viens pas de diminuer ta vie d’x années ?
— Personne ne me le dit, personne ne peut me le dire, le destin c’est pas avant, mais toujours après, mon pote.
Hautement philosophique. Il en convient, Perruchieri. Les choses de la vie, lui, il creuse pas trop. Fait pousser le gazon de l’indifférence par-dessus. Sinon, assure-t-il, tu creuses des gouffres pour te foutre la gueule dedans. Et on ne peut lui donner tort. Trop réfléchir revient à s’affaiblir car ça t’amène que des constats d’impuissance. L’homme, il se justifie en pensant, alors qu’il ferait mieux de le faire en ne pensant pas. Une vache, ça quoi ? Ça bouffe, ça chie, ça fait des veaux et donne du lait. Un point, that’s all ! Ah ! si : ça rumine. Mais pas des souvenirs, pas des pensées, pas des projets : de l’herbe ! Ce qui revient à dire qu’elle bouffe deux fois au lieu de réfléchir. On devrait prendre exemple, les hommes. Ruminer autre chose que nos rancœurs, que notre condition. S’expliquer au plan de l’organique, quoi ! Comme faisait mon cher Béru de son vivant.
— Dis voir, Johnny, si c’est pas trop indiscret, en quoi intéresse-t-il la C.I.A., ce sale croquant de Spontinini ? Je le croyais retiré des affaires, non ?
L’autre hausse les épaules.
— Un type comme lui ne se retire pas. Votre Louis XIV, malgré son grand âge, est-ce qu’il s’est retiré des affaires ? Et les vieux pédégés soi-disant frappés par la limite d’âge, ces fondateurs d’empires, tu crois qu’ils passent vraiment la main ? Que tchi, l’ami. Même gâteux, ils continuent.
— Et alors, Spontinini ?
— On ne sait pas ce qu’il traficote, toujours est-il qu’il y a quelques mois, il a hébergé chez lui, dans sa propriété du Québec, le docteur Funchmeiner. Or, nos services s’intéressaient à Funchmeiner.
— Qui c’est, ce gazier ?
— Un Allemand expatrié. Il a travaillé longtemps dans les laboratoires secrets américains. Et puis un beau jour, il s’est fait la malle en emportant les deux prototypes d’une arme assez extraordinaire.
Je bondis :
— Des revolvers anéantisseurs ?
Alors là, changement à vue de mon sauveur. Foin de Four Roses, de sourires, de copinages. Tu le croirais sculpté dans le granit, comme ces statues des présidents ricains taillés dans la montagne, ces cons. Si pas sérieux, s’abstenir.
Sa voix fait songer à un bruit de métal heurtant du métal. Elle est froide comme une épouse de pasteur mormon (mon quoi ? je te le dirai plus tard !) :
— Comment sais-tu cela, Saint-Antoine ?
A quoi bon tergir le verset ? Après tout, je n’ai pas consigne de silence. Le Vieux m’a dit de continuer l’enquête sur Spontinini, il ne m’a point défendu de rencarder un ami de la C.I.A. Si je lui dois pas ça, à Johnny, alors merde ! La reconnaissance ça existe, même chez les invertébrés comme l’humain. Même au sein de ce monde trouble des polices plus ou moins occultes.
Fort de cette certitude radieuse, je lui raconte tout, à Machin. Depuis le début. Ma baise avec la Marika, sur le palier du petit hôtel et sous les yeux excommunicateurs de la religieuse néerlandaise ; et ce qui s’en est suivi : les démêlés (de rugby) avec la police vénitienne, notre évasion, nous en curetons, la visite chez Fornicato, ma découverte des deux armes, la manière dont je vins à en utiliser une et les résultats stupéfiants obtenus.
— Tonnerre ! s’exclame Johnny Perruchieri, mais tu as fait tout le boulot, fils. Si je parviens à mettre la main sur le deuxième revolver, mon avancement est une chose acquise !
Moi, je ne demande que cela. Je le voudrais big boss de la C.I.A., mon camarade, Président des U.S.A., voire même. Plus sa destinée sera belle et rayonnante, plus je mouillerai de contentement. Il est mon frangin, comprends-tu ?
— Eh bien, lui dis-je, ne perdons pas de temps et allons la chercher avant que Spontinini n’embarque le coffre et se réfugie je ne sais où.
— Une descente au palais ? Dis, on risque de recevoir de l’huile bouillante sur la figure, Saint-Antoine !
— Y a peut-être un moyen. Y en a fatalement un. Y a toujours un moyen. Impossible n’est pas français, disons-nous dans l’hexagone où l’on réussit tout sauf le possible. Le possible, c’est pas notre turf, non, nous autres, y a que l’impossible qui nous intéresse.
Il ricane :
— Si tu t’imagines que c’est pas partout pareil. Bon, cela dit, tu as une idée ?
— J’en ai même plusieurs.
Moi, j’ai horreur de m’asseoir sur un bidet. Je trouve que ça fait gonzesse. Alors je préfère m’installer sur le coin de la baignoire, là que ça constitue une sorte de méplat.
Je n’ai pas lourdé complètement afin de pouvoir suivre la converse.
Il est déjà là, preuve que l’ascenseur n’a pas chômé en cours de route ni joué les omnibus. Je l’entends toquer. Johnny ouvre. Il y a un brin de silence pendant que les deux hommes se regardent, prennent mutuellement conscience d’eux-mêmes.
— Entrez ! fait Perruchieri.
Et il referme, mais une oreille comme la mienne, san-antoniaise à ne plus en pouvoir, perçoit le léger bruit de la clé dans la serrure. Pas pomme, mon collègue. Il se méfie des fugueurs. Un doigté fou, il possède. La manière qu’il bouclarde sa piaule sans que l’autre truffe de Fornicato en ait conscience, est un chef-d’œuvre du genre. Il a dû apprendre la manipulation avec le chevalier Majax, l’amigo.
— Qui êtes-vous ? demande Fornicato.
— Un agent américain.
L’autre doit en morfler plein le placard. Tout ce qu’il trouve à objecter c’est :
— Vous parlez rudement bien l’italien pour un Américain.
— Je vous rappelle que mon nom est Perruchieri. Grand-père vendait de l’huile d’olive, des pâtes et du salami dans les faubourgs de Chicago. Toutes les trempes qu’il m’a flanquées, il me les a flanquées en napolitain.
— Vous êtes agent de quoi, signore Perruchieri ?
— De la C.I.A.
Ça produit son petit effet.
On a bien mis la scène au point avant la venue du comte, motivée par un coup de turlu très ambigu de John. Adaptation et dialogues de San-Antonio ! Merci.
— Diable. Et en quoi puis-je vous être utile ? demande Fornicato d’un ton qui bat un tantisoit la breloque.
— Je pense, en fait, que c’est moi qui peux vous être utile, signore comte.
— Pour quelle raison ?
— Pour la raison que vous vous êtes flanqué dans un tas de merde malodorant en ayant partie liée avec Carlo Spontinini et ses deux acolytes. Il fallait chercher d’autres moyens de faire ouvrir votre bon Dieu de coffre-fort, mon petit ami. Maintenant, il a barre sur vous, surtout depuis qu’il vous a rendu complice de deux meurtres sur la personne de policiers français.
Alors là, je regrette de ne pas voir. Il est des cas où l’ouïe est insuffisante ; te mets juste l’eau à la bouche, si je puis dire. Tiens, à l’hôtel, la nuit, quand t’entends un couple d’amoureux en train de bien faire, sans être particulièrement vicelard, t’aimerais visionner l’explication plumardière, dis pas le contraire. Le moment que la dame écrie : « Pas par là », ça t’intrigue de connaître le chemin qu’empruntait son brigand sauvage, non ?
Eh bien, dans cette eau cul rance, comme je dis toujours, il en va de même. Je donnerais dix ans, que dis-je : vingt-cinq ans de ta vie pour voir la frite à monseigneur le roi des comtes. Ça doit payer, tu parles ! C’est de l’estomacage intégral, ça. De la sidérance à l’état pur. Voir ça et Venise en même temps, tu juges d’un superfoot ?
Fornicato, il est pédé, j’suis bien d’accord, donc amené à fournir des bruits pas comme tout le monde, mais les siens alors, je te jure qu’au zoo ou au vivarium du Jardin des Plantes tu ne peux pas entendre les mêmes. Dans une salle de montage de cinoche, quand on rembobine le son à toute allure, il pourrait à la rigueur se produire une rencontre sonore, mais elle serait aussi brève que fortuite.
— A brrl brrrl je, y a, que, mais, ou, et, donc, ni, car…
En gros. Pour te résumer les grandes lignes de sa réponse immédiate.
Mon pote Johnny, il déguste raisonnablement, et se répand sans forfanterie dans son calbute, puisqu’il trouve le moyen d’ajouter, sans passer la vitesse sup’, juste commak, sur le ton badin de la converse de salon :
— Le plus terrible, voyez-vous, mon comte, avec un homme comme Spontinini c’est de se retirer de son engrenage.
« Une fois qu’on a engagé la main dans sa mécanique, le corps entier y passe. Oh, il va vous verser les cent mille dollars en échange de votre coffre, mais vous me direz des nouvelles de ce qui suivra… si vous le pouvez ! Pour Fornicato, ce jour fera date, comme disait un palmier. Il pourra le marquer d’une pierre blanche, en forme de tombe de préférence. »
— Mais, monsieur… Comment se peut-il que… Comment est-ce possible… Par quel…
Et tu ne sais pas ?
Il se fout à chialer, le monsieur comte. A gros sanglots. Y peut plus endiguer. C’est la trouille, la stupeur, l’effondrage. Il comprend qu’il fait le quatre nages dans du vitriol, ce tordu. Qu’il fut inconsidéré, un con sidérant. Il voudrait rebrousser le temps. Annuler la mise. Retourner dans le sein maternel. Se faire pompier au lieu d’en faire aux autres. N’importe quoi, mais ne plus être lui, ne plus être là, ne plus en être, ne plus tout ça, ce chérubin.
Petit garçon, voilà. Ses larmes le purifient un peu de ses salopances.
Et alors, mon pote Johnny lui porte l’estocade finale :
— C’était tout ce que j’avais à vous dire, mon vieux, vous pouvez disposer.
Le bluffeur ! Alors qu’il a la chiave de sa chambre en fouille !
Bien entendu, et donc à bon entendeur salut, le comte Dunœud ne bronche pas. Il doit se ratatiner sur son siège, au contraire. Tiens, je te parie que le naturel héréditaire jouant, il est en train de balancer une prière à la madone.
— Moi, continue Perruchieri, vous me pardonnerez, mais d’autres tâches m’attendent : il faut que je fasse repêcher le cadavre de San-Antonio, ce qui ne sera pas trop difficile compte tenu des débris de caoutchouc flottant sur la mer. La bouteille d’air comprimé, c’est vous qui l’avez procurée, n’est-ce pas ? Les poids en plomb également, votre complicité est indéniable. Sitôt que l’affaire va démarrer, vous allez devenir invivable pour Spontinini. Et ce digne homme ne supporte pas ça. Je crois qu’en mettant les choses au mieux, demain soir vous serez mort, comte. De quelle manière ? Je laisse à ce vicieux de Spontinini, que vous avez vu dans ses œuvres, le soin d’en décider.
— Non, lamente Fornicato. Oh, non ! Ah ! non… Je ne veux plus. Ce n’est pas de ma faute. Je demandais juste qu’on ouvre le coffre. Rien de plus… Rien, rien, riennnnn !
Et je l’entends qui s’écroule sur le plancher. Qui s’écroule en larmes de feu, de sang, de fichtre, de foutre. Il se vide, se répand, en implorations, en demandes de miséricorde, en protestations de tout-ce-qu’on-voudra. Il dit qu’il a des aïeux, bon fond, de la religion, l’âme sensible. Il fera tout ce qu’on voudra si on le tire de là : donnera de l’argent, pompera des pafs, léguera son palais, son Grand Canal, sa collection de porte-clés. Il ira à Padova à pincebroque (c’est pas trop loin), il fera brûler des cierges, la cathédrale, la cervelle de Spontinini le moment voulu. Tout ça, bien comme il faut. Mais mourir, si jeune, si nanti, si beau gosse, avec tant de bites à portée d’oigne, ah mais que non pas ! Never, Lisette ! Une autre fois, plus tard, dans très véry longtemps, lorsqu’il sera vieux, usé, affaissé, décati, malade. Qu’on le tue quand il agonisera, voire seulement lorsqu’il sera mort. Oui, à la rigueur, dans ces conditions, il se soumettra, dira amen. Mais là, dis, tu plaisantes ! Tu l’as vu son pedigree ? Tu lui as contemplé les traits harmonieux, Donato ? Et à poil, dis, t’as eu l’occasion d’admirer la « bête » ? La bébête ? Tous ces beaux muscles travaillés en salle de gym’ ? Bien massés, bien oints si tant tellement qu’Apollon, à comparer, c’est de la pure gnognote pour l’exportation au tiers monde. De la merde sans bas de soie, pis que Talleyrand. C’est simplement la boiterie de Talleyrand, tiens, pour te donner une idée. Son père, Fornicato, il tutoyait le Duce. Merde, fallait le faire. Il veut bien que c’était un simple rien du tout, mister Benito, à ses origines, mais dis, t’as vu ce qu’il est devenu par la suite, avant de se laisser accrocher par les burnes à l’étal d’un boucher ? Et son œuvre impérissable, tu le sais, son œuvre impérissable : ses autoroutes, ses poignées de main à Hitler, sa guerre d’Albanie remportée de haute lutte ; la manière impec qu’il t’a balayé le négus, quoi, bordel ! Et tu voudrais tuer le fils d’un ami de ce mec ! Ça va pas la tête ! Prends ta température, l’aminche. T’as besoin de granulés, toi !
Et alors, Spontinini ? Quoi, Spontinini ? Spontinini mes fesses ! C’est peut-être le diable, en tout cas c’est pas le Bon Dieu. Le Bon Dieu, il est dans son clan à lui, le Fornicato comte. Italien, c’serait malheureux de pas avoir droit au Bon Dieu en priorité avec le Vatican sur l’évier, tous ces papes ritals à bloc depuis lulure ! Que même Berlingot, le chef du P.C. va à la messe tous les matins et qu’au verso de la faucille-marteau, y a Not’ Seigneur Jésus sur sa croix, le pauvre cher Dieu, qui s’est tant décarcassé pour la bande de salopiauds qu’on est tous à qui mieux mieux.
Il finit par se calmer la terreur. Par redevenir lucide. Il prend les mains poilues de mon pote Perruchieri, les lui baise à tout-va et l’assure que Johnny va le sauver. Il en a les moyens, non ? Agent de la C.I.A., c’est mieux qu’agent de chez Fiat, non ? T’as des pouvoirs plus étendus, non ? Ou alors faut te faire crémier.
C’était là qu’on voulait l’amener, le petit comte à la gomme (et même à la gomina).
John Perruchieri fait mine de gamberger.
Puis il annonce qu’il ne voit pas trente-six solutions pour arracher Fornicato au caca.
Non, il n’en voit qu’une.
A quoi Fornicato s’empresse d’assurer qu’elle suffira.
Il est preneur, à n’importe quel prix.