La porte du zoiseau s’ouvre et Éva paraît la première.
— Hello, Éva, qu’est-ce qui arrive, vous êtes toute pâle, mon lapin ? Vous n’auriez pas par hasard les surrénales qui battent de l’aile !
Elle me gratifie d’un ricanement méprisant.
— Inutile de faire le fier-à-bras, San-Antonio. Vous nous avez eus, c’est entendu, mais ça ne vous rendra ni les documents ni les otages !
— Allons toujours discuter de ça au bureau de police de l’aérogare, dis-je sans perdre mon sourire Cadum.
Avec Éva, il y a en outre dans l’avion l’homme aux rouflaquettes qui sert de pilote et le type qui me piqua la valoche : un petit bonhomme chauve à gueule d’expert-comptable sous-alimenté.
Une fois que nous sommes réunis, eux, Pinaud et moi dans un bureau confortable, je reprends l’initiative de la conversation.
— Voyez-vous, les gars, dis-je, votre affaire est tellement mauvaise que vous ne trouveriez plus un assureur au monde qui consentirait à vous assurer sur la vie. Vous avez autant de chance d’échapper au peloton d’exécution que moi de devenir archevêque de Canterbury. Et encore !
Ils sont froids et blêmes. Des statues de marbre !
— Petite Éva jolie, tu te vois, jouant les Mata Hari devant de beaux militaires alignés devant toi ? Ces messieurs fermeraient un châsse, pas pour te faire de l’œil, mais pour viser ton joli visage ? Douze balles ! T’aurais beau leur crier : droit au cœur, comme le maréchal Ney, y a toujours des manches dans un peloton et ta jolie frimousse écoperait.
Elle fait une grimace.
— Et supposons que tu échappes au peloton, ma belle pelotée, tu irais moisir dans un cul-de-basse-fosse. C’est ce que je dis toujours aux dames de ton espèce. Et tu deviendrais si vite laide que les rats iraient au refile en t’apercevant !
— Tout cela pour en arriver à quoi ?
— Pour arriver à destination, Princesse de Méchoses. Je t’offre une chance inouïe, faramineuse et antidérapante : on reprend tous en cœur votre zinc et on retourne chez ton ami Stevens. Moi, le désert, ça me fascine. D’ac ?
Elle médite. Je m’attends à un refus de sa part, mais au lieu d’ergoter elle murmure, en me regardant jusqu’au fond du slip :
— D’accord !
T’y trompe pas, San-A. C’est un défi. Elle a une idée grosse comme l’Empire State Building derrière la tête. Elle se dit qu’une fois chez ses potes elle se tirera du mauvais pas ! Inutile de chasser ses espoirs. Pour l’instant, l’essentiel est qu’elle accepte. Le fait qu’elle ait accepté de faire demi-tour prouve qu’elle craint la mort. Elle n’envisage donc pas de se saborder avec nous au-dessus de la mer. Après, nous verrons !
— Explique à ton ami le pilote qui, si je ne m’abuse, ne comprend pas la belle langue de Montaigne. Quant à vous, le caissier, dis-je au chauve, mille regrets, mais on va vous laisser ici.
— J’y vais z’aussi ? bêle Pinaud.
— Pourquoi cette question, Honorable Mauviette ? Te dégonflerais-tu ?
— Au contraire, j’avais peur que tu ne me laissasses !
— Pas de danger. Auparavant, je vais bricoler un peu cette valise.
— Oui, dit-il. Avec cette foutue bombe faudrait pas qu’elle nous pétât au nez !
— Il n’y avait pas plus de bombe que d’ironie dans le procès-verbal d’un gendarme !
— Sans blague. C’était du bidon ?
— Et comment. Dans la vie c’est l’autorité qui importe.
Nous partons. Le pilote fait la triste bouille d’un pilote qui pilote avec un revolver sur la nuque. Ma petite camarade Éva est prostrée sur son siège ; elle ne pense plus à me chercher des patins ni à m’en rouler !
Elle se dit, la belle poitrinaire (c’est vrai qu’elle a une belle poitrine !) que le futur s’annonce plutôt mochement et qu’elle va vivre d’ici peu de temps des heures pénibles.
D’après ce qu’elle nous a bonni dans le bureau de l’aéroport, le repaire se trouve en territoire babouchien, non loin de la frontière du Misti-Frisç et à environ deux cents kilomètres de Kolom-Bey-les-Deux-Mosquées, ville réputée pour ses élevages de girafes.
Il nous faut près de quatre heures pour atteindre le terrain de nos lascars. Mais nous l’atteignons alors qu’une aube orangée met des teintes bleues sur la ligne d’horizon.
Tandis que l’appareil évolue au-dessus de la palmeraie académique, je chope miss Éva par son gouvernail de profondeur et je lui tiens de l’autre main le langage suivant :
— Avant l’arrivée, ma gosse, je vais t’offrir à titre de prime un dernier avertissement : j’ai sur moi un truc capable de guérir la migraine d’un éléphant. Si tu ne fais pas rigoureusement ce que je te dis, c’est toi qui l’expérimenteras, vu ?
Moi, mes mecs, j’ai eu soin, avant de quitter Nice la Belle de revêtir la combinaison de Rouflaquettes. Comme quoi, lorsqu’on est poulaga on doit entrer dans toutes les combines !
Maintenant qu’on arrive, je vais vous rencarder sur mes intentions. Je l’aurais bien fait plus tôt, mais avec votre intelligence style Louis XIII (à pieds tournés) vous auriez déjà oublié. Le délicat de cette opération, c’est que nous devons l’exécuter seulabres, Pinuchard et moi. Il n’était pas possible d’entraîner des archers de la République Une et si divisible dans cette aventure à la noix, s’pas ? Soyons logiques ! Bon. Donc, mon programme le voici et le voilà :
La môme nantie de la valise rouge s’occupe de ses camarades. Moi, en combinaison blanche, je me fais passer pour le pilote et je vais délivrer les trois prisonniers. Pendant ce temps, le Révérend reste dans le coucou et continue de tenir le vrai pilote en joue. Je reviens avec mes trois petits camarades, nous remontons dans l’avion et nous repartons.
Et les plans, me direz-vous ?
Pour les plans j’ai mon idée, mais il est encore trop tôt pour vous y faire participer, d’autant plus que vous n’avez pas pris vos vitamines B12 aujourd’hui.
J’explique la first partie de mes intentions à la Brigitte Bardot des sables.
— Tout repose sur toi, fillette. Tu coltines la valise chargée. Au moindre signe de danger, je déclenche le détonateur à ondes courtes et tout saute, y compris toi. Au contraire, si tu es franco, de port et d’emballage, tu reviens à l’avion avec nous et je fais mon feu d’artifice seulement lorsque nous serons dans les airs. Lu et approuvé ?
Elle fait un signe affirmatif. L’avion se pose et j’ouvre la lourde. La gosse tient la valise d’une menotte tremblante.
— Pas de blague, surtout ! intimé-je en l’aidant à sauter du coucou.
Voilà Stevens qui radine dans son beau costar blanc des dimanches. Il est nu-tête car le mahomet ne cogne pas encore trop fort.
— Bonjour, mes enfants, dit-il. Vous avez du retard sur l’horaire, rien de grave ?
— Non. Mais nous nous sommes beaucoup déroutés par mesure de précaution.
— Vous avez très bien fait !
« La petite Huguette a été à la hauteur de sa tâche ? »
— Merveilleusement.
— Et votre très cher flic, le commissaire San-Antonio ?
— Eh bien, je pense qu’il doit me maudire, fait-elle avec un sang-froid qui glacerait le cœur d’un serpent.
Je salue son self-control. Cette demoiselle ferait une pointe de maîtrise que ça ne me surprendrait qu’à demi.
— Avouez que vous aviez un petit béguin pour ce beau poulet ! ricane Stevens.
Elle a un petit rire triste.
— Je crois que oui, mais les hommes sont tellement stupides…
— Donnez votre valise, Éva.
Il chope la fameuse valoche rouquinos.
— Dites, elle est lourde ! Le compte y est ?
— Il y est !
— Le patron va être content. Il a magistralement combiné tout ça, n’est-ce pas ?
— C’est un type de première, admet Éva.
Nous arrivons au bungalow.
Stevens me claque les épaules.
— Eh bien, le pilote ! fait-il en espagnol. Tu en fais une tête.
— Sommeil ! réponds-je en espagnol et en bâillant, car je parle couramment les deux langues.
— Tu vas pouvoir dormir. Mais on va prendre un drink avant pour arroser ça !
Je voudrais décliner l’invitation, mais j’ai peur qu’en lui débitant une longue phrase il ne se rende compte que je ne suis pas son margoulin à rouflaquettes. Je les suis jusque dans la pièce principale.
— Le patron n’est pas encore levé ! dit-il, il a attendu toute la nuit et vers quatre heures il s’est mis au lit.
— Laissons-le dormir, murmure Éva.
Stevens chope trois verres sur une table en rotin, les emplit de bourbon et déclare en élevant le sien :
— Santé : Rien de tel pour dissiper les effets d’une nuit blanche.
Il boit. Éva prend son glass, moi le mien. J’ai hâte de le vider et de me tailler car cette crêpe de Stevens va fatalement piger qui je suis. D’accord, il a les yeux qui se croisent les bras because sa nuit de veille, mais quand même.
Juste comme je liquide mon godet, il m’arrive un truc affreux dans les mirettes : un jet de feu. C’est la môme Éva qui m’a balancé d’un geste précis son verre de gnole dans le regard. Tandis que je me frotte la rétine, la voilà qui m’appuie dans le creux de l’estom’ quelque chose de dur qui ne doit pas être le manche de sa brosse à dents.
— Ne bougez pas, gros malin, ou vous êtes mort !
— Éva ! crie Stevens, qu’est-ce que ça signifie ?
— Vous ne reconnaissez donc pas cet homme ! Vous n’êtes guère physionomiste, mon cher !
Il m’arrache mon casque de toile.
— San-Antonio !
— Autrement dit le diable ! renchérit Éva. Ce salaud nous a possédés de A jusqu’à Z. Je vous raconterai. Mais en attendant faisons vite ! La valise contient de faux dollars et une bombe à ondes ultra-courtes qu’il peut déclencher d’une seconde à l’autre !
— S’il fait un geste, abattez-le sans hésitation ! recommande Stevens.
— Attention ! dis-je. Si vous me descendez, le détonateur risque de fonctionner. C’est un cercle vicieux, n’est-ce pas ?
Stevens a des quenouilles occultes. Il s’empare de la valise et sort rapidement en annonçant qu’il va revenir !
Moi je suis pour. Et je vous dirai pourquoi tout à l’heure. Bref, me voici seul avec la gosse.
— Éva, fais-je, tu as eu tort, douze milliards de fois tort, de me repasser. Ta dernière chance vient de s’envoler à tire-d’aile et ça n’est pas avec un filet à papillons que tu pourras jamais la rattraper.
— Ah ! vous croyez !
— Je crois, que je crois, ma petite donzelle !
Comme j’achève ces mots, une rafale de mitraillette éclate soudain à l’extérieur. Nous sursautons. Éva regarde au-dehors, et je fais de même. Au milieu du patio, il y a le cadavre de Stevens. Il a été cisaillé en deux par la rafale. La valoche en tombant s’est ouverte et les dollars jonchent le sol. D’un regard embrasé j’embrasse toute la scène. Trois hommes munis de Thomson sont là. Et vous savez qui sont ces trois tireurs d’élite ? Quincy, Ray et un homme à eux !
Éva est effondrée. Je n’ai pas la moindre, pas la plus légère, pas la plus menue difficulté à cueillir son pétard (je parle de son revolver). L’opération est aussi aisée que celle qui consiste à ramasser une violette.
— Les autres ! fait-elle. Ils nous ont retrouvés !
— Vous les aviez repassés, hein ! Et maintenant ils viennent vous offrir des pralines plombées pour le Jour de l’An !
Des Noirs réveillés radinent, armés à la va-vite ! Quelques coups de feu partent du bungalow. Les trois attaquants ripostent sec. Comment qu’ils arrosent, ces mignons ! Je viens d’identifier le troisième, mes frères : il était loqué en loufiat des wagons-lits lorsque je passais la môme Lydia au fer à friser. Pas de doute : c’est lui qui a dessoudé la souris de Riri.
À l’extérieur le combat fait rage. On joue Alamo à tarif réduit.
Et zim ! Et boum ! Et paf ! Et toc !
Prière de recracher les noyaux après usage !
Les trois assaillants viennent de ramasser la valise rouge. Vachement heureux de l’aubaine et pigeant qu’ils n’auront pas gain de cause et que le Fort-Apache de nos espions est bien défendu, ils refoulent, lestés de la valise, jusqu’à leur autochenille. Ils doivent se dire qu’ils n’ont pas fait le voyage pour rien, vu qu’ils ne se sont pas encore aperçus qu’il s’agit de talbins de la Sainte Blague. D’autant plus qu’une voix de store (comme dit Béru) hurle :
— La mitrailleuse, sur le toit, vite, dégagez-la !
Quincy et ses comiques troupiers rembarquent. Après tout ils ont produit leur petit effet et gagné leur journée, non ? Leur auto fonce, tandis que des balles continuent de faire voler le sable autour d’elle.
— Eh bien, espèce d’abruti, dit la môme. Qu’attendez-vous pour la faire exploser votre bombe ? C’est le moment !
Je regarde ma montre.
— Je te demande encore cinq minutes de patience, ma gosse, pas une de plus !
— Pourquoi ?
— Je vais te faire une confidence : lorsque vous voliez au-dessus de la Méditerranée et que je vous ai raconté l’histoire de la bombe télécommandée, c’était du bidon.
Elle blêmit.
— Quoi !
— Mais à Nice j’ai eu l’idée de faire de ce mensonge une réalité. Il y a une bombe dans la valoche. Elle n’est pas à ondes courtes, mais tout bêtement à mouvement. Avant de quitter l’avion, je l’ai réglée pour qu’elle explose un quart d’heure après l’atterrissage. J’espérais que tu jouerais au moins mon jeu pendant quinze minutes, j’avais vu grand, hein ?
À ces mots, une colossale déflagration retentit, et vers la piste qui s’éloigne en direction du Nord, une colonne de flammes et de fumée s’élève.
— Mince, soupiré-je, on ne peut plus avoir confiance dans la fabrication d’aujourd’hui. Cette garce de bombe a explosé quatre minutes avant l’heure !
Tout en continuant de braquer Éva, je murmure en regardant le brasier :
— Il vaut mieux mourir de ça que de la scarlatine.
C’est pensé, hein ?
— Et maintenant, allons délivrer les prisonniers !
Je la pousse hors de la pièce avec le canon de mon arme. Dehors, les Noirs foncent en hurlant vers la chenillette en flammes. Ils ont raison : de cette manière j’ai ma liberté d’action.
La porte du réduit est fermée à clé, mais il n’y a qu’une différence entre Tarzan et moi : nous n’avons pas le même coiffeur. D’un coup d’épaule je démantèle le panneau of wood.
Dans la presque complète obscurité, deux masses inanimées gisent sur le plancher. J’actionne la grosse lampe à pile Houface accrochée à la cloison. Je découvre Béru et Belloise, chacun dans son rouleau de barbelés. Ils ont fini par se coucher sur les fils, à force d’épuisement. Et ils sont lacérés comme un grand-père paralysé qu’on aurait enfermé avec quatre-vingt-deux chatons espiègles.
— Béru ! Ma grosse pomme ! appelé-je doucement, mort d’appréhension.
Un soupir, et la voix du Gros :
— C’est toi, San-A. ?
— C’est moi.
— Si tu ne ramènes pas une choucroute, c’est même pas la peine de m’adresser la parole ! Ces fumiers nous ont rien donné à tortorer.
— Où est Lormont ? m’inquiété-je.
— Ici ! fait une voix.
François Lormont est là, dans une robe de chambre pourpre. Il tient une mitraillette et la braque sur moi, par-dessous le bras d’Éva, de telle manière que si je tire, c’est la fille qui écope et qu’il a tout loisir de m’envoyer le brouet.
— Par exemple ! balbutié-je.
— Défouraille ! Défouraille, mec ! tonne le Gros. C’est lui le patron ! Je sais tout !
— Taisez-vous, espèce d’ignoble braillard ! gronde Lormont. Et vous, mon bon commissaire, remettez donc votre arme à Éva.
Je hoche la tête.
— Bien joué, Lormont.
— N’est-ce pas ?
Je tends mon arme à Éva, mais, au moment où elle s’en empare, je balance un magnifique coup de pied dans la lampe qui s’éteint. Affolé, Lormont lâche sa rafale. C’est peut-être le roi des combinards, mais pour ce qui est de l’artillerie légère il n’est pas des plus doués ! Il commet l’imprudence d’arroser jusqu’au bout du chargeur, alors que le gars San-A., fils extrêmement réussi de Félicie, a pris la sage précaution d’exécuter un saut de côté. Au bout de quelques secondes le magasin est vide. Comme en tendant mon arme à Éva j’ai, mine de rien, placé le cran de sûreté, je suis à mon aise pour m’expliquer avec ces messieurs-dames. D’un formidable soufflet je fais éternuer son rouge à lèvres à la môme. Me voici face à face avec Lormont. Il saisit sa seringue par le canon. Au style je reconnais le joueur de golf consommé. Mais avant qu’il ne prenne ma hure pour une balle, il a droit à un coup de tatane dans le tiroir aux bijoux de famille.
Ça lui coupe la chique, le souffle et l’envie de bouffer de la cantharide. Il hurle et se courbe en deux. Sa frime de fumelard se trouve au bon niveau. L’avoinée que je lui mets endormirait tous les encaisseurs de la Banque de France. Je finis de le mettre K.O. d’un terrible coup de 42 fillette dans l’opaline et pour lui c’est le couvre-feu. Un coup de boule dans le museau de la môme Éva et elle repart à dame !
Je n’ai plus qu’à délivrer mes deux lascars. Ils sont plus engourdis, ces dégourdis, que le monsieur qui vient de passer cent vingt ans à l’intérieur d’une banquise. Ils saignent par tous les pores (Béru surtout).
Mais après quelques mouvements, ça va un chouïa mieux.
— Et ma choucroute ? demande le Vorace.
On dirait son frère, tant il a maigri. Il s’est laissé glisser au moins trente livres pendant son séjour ici !
— On va t’en offrir une tellement grosse que ce ne sont pas des garçons de restaurant, mais des garçons d’écurie qui te la feront bouffer !
Un coup de périscope, au loin, me montre les hommes de Lormont, dansant de joie autour du brasier, tout là-bas.
— Si vous avez un brin de force, traînez-moi ces deux personnages jusqu’à l’avion, leur dis-je. Moi, j’ai encore un petit turbin à faire.
— Quoi t’est-ce ?
— Mettre le feu à ce nid de serpents à sonnettes ! Des documents s’y trouvent. Ils brûleront avec le reste, je n’ai pas le temps de les chercher, et comme en fait ce ne sont que des photos de documents…
— Si par hasard tu dénichais un bout de pain et de saucisson, larmoie le Gros en s’attelant aux jambes d’Éva.
Boum !
Nous sursautons. Je regarde Riri. Il tient mon revolver tout fumant à la main. Lormont, le crâne éclaté, fait une grosse tache sur le plancher.
— Belloise, nom de Dieu ! hurlé-je.
— La première fois que j’ai du raisin sur les pognes, m’sieur le commissaire, balbutie-t-il, mais je regrette rien. Ce que ce salingue a pu nous faire endurer, c’est rien de le dire !
« Et puis quoi ! ajoute-t-il, après tout, on m’avait chargé de le buter, non ? J’aurais dû le faire plus tôt ! Rien de tout cela ne se serait produit et j’aurais encore ma petite Lydia !