CHAPITRE V

Mon petit camarade Belloise ressemble à un monsieur qui viendrait d’allumer sa cigarette avec un numéro gagnant de la Loterie Nationale. Il a le gloufanou baladeur à fléchissement désemparé qui se conjugue au troisième groupe sanguin, les gars ! Tout comme celui du valeureux San-A. d’ailleurs !

J’ai dans ma petite tronche une minuscule idée qui prend ses quartiers d’hiver. Cette idée, c’est que cette histoire va faire parler d’elle, et de moi for the same occasion ! Va y avoir du cri dans le landerneau !

Je descends l’escalier aussi vite que les pentes de la Loze et j’interviewe miss « on vous cause », la délicieuse standardiste à lunettes. C’est une petite brunette aux yeux gris comme la mer du Nord.

— Dites, belle enfant, vous n’auriez pas vu sortir un monsieur en robe de chambre ?

Elle secoue sa tête de linotte.

— Vous plaisantez, monsieur San-Antonio ! En robe de chambre, dans Courchevel !

Elle a raison, même une pomme de terre n’oserait pas se montrer en robe de chambre dans un patelin aussi sélect !

— Autre chose, personne n’a quitté cet établissement en emportant un gros paquet, style tapis roulé ?

Elle secoue sa chevelure sombre avec la même énergie souriante.

— Quelle idée ! gazouille cette bécasse.

La sonnerie du bigophone l’interpelle.

Elle susurre « Allô ! j’écoute » et je vais m’éloigner de son rade lorsque le larbin aux jambes arquées qui coltine les valoches, nettoie les pompes et distribue le papier water s’approche de moi.

— Moi, j’ai vu, fait-il avec un accent savoyard tellement forcé que ça pourrait bien être dans le fond un accent italien.

— Vous avez vu quoi ?

— Deux hommes qui emportaient un gros paquet bien long et tout mou. Même que quelque chose est tombé du paquet et que c’était une pantoufle noire !

— Par où sont-ils sortis ?

— Par le service. Ils ont pris la porte qu’on sort les skis.

— Et après ?

— Je les ai vus qui grimpaient dans une DS noire fourgonnée.

— Il y a longtemps de ça ?

— Vingt minutes.

Je me catapulte sur la standardiste et je lui saisis le combiné à pleines mains.

— La gendarmerie de Moutiers, vite ! glapis-je à la dame des pet et thé.

— Ici le commissaire San-Antonio des Services spéciaux ! lancé-je. Établissez immédiatement un barrage sur la route entre Salins et Moutiers afin d’arrêter une DS ou une ID noire carrossée en fourgonnette. À l’intérieur vous trouverez un type ficelé dans un couvre-lit.

— Faudrait voir à ne pas vous fout’ de nous ! rouspète le gendarme.

— Faites ce que je vous dis, nom de Dieu ! Pour confirmation de cet ordre, rappelez le Sapin-Bleu à Courchevel, vous verrez qu’il ne s’agit pas d’une blague. Arrêtez tous les occupants de la bagnole en question. Parallèlement, envoyez du monde à la gare et vérifiez si une ravissante fille brune, répondant au nom de Lydia…

Je mets la main sur l’écouteur et je lance à Belloise :

— Le blaze de ta gerce ?

— Roubier.

— Lydia Roubier, n’attend pas le train ! Compris ! Faites vite, ça urge ! D’ailleurs je vais vous rejoindre !

Je rends le combiné à la môme.

— Qu’est-ce qui est arrivé ? demande-t-elle.

Mais je n’ai pas le temps de lui répondre. Je suis en train de jouer ma carrière, les mecs. Et qui plus est : ma réputation.

Si je n’écrase pas ce coup, elle ne vaudra pas plus que celle d’un faussaire en timbres-poste qui aurait contracté la danse de Saint-Guy.

Je cours troquer mes lattes de skieur contre des bottes basses en cuir souple comme la conscience d’un marchand de voitures.

— Qu’est-ce qu’on fait ? bredouille Belloise.

Ce pluriel me force à examiner son cas. J’hésite une paire de secondes et je le biche par le collet.

— Toi, tu vas rester ici, crème de nouille ! Si tu essaies de mettre les adjas, ce qui t’arrivera par la suite sera impubliable dans les journaux. Si par hasard ta souris rappliquait, motus ! Tu lui dis que tu as fait ton turbin et que je te couvre. N’essaie pas de la cuisiner, surtout, compris ?

— Compris, m’sieur le commissaire.

— J’ai pas de conseil à te donner, mais moi, à ta place, je m’achèterais les œuvres complètes de Simenon et je m’enfermerais à double tour dans ma piaule. Tu risques de graves ennuis, n’oublie pas.

Là-dessus, je file avec le larbin aux jambes arquées désenneiger ma charrette.


Je suis stoppé à Salins par le barrage de police que j’ai provoqué. Je me fais reconnaître de ces messieurs et je leur demande s’ils ont des nouvelles de ma Citroën. Ils répondent que non. Ils ont vu des DS noires, mais aucune n’était carrossée en fourgonnette. Ils les ont stoppées pourtant et les ont fouillées, sans résultat. On n’a repéré aucune Lydia à la gare. C’est plutôt mochard, hein, mes amis ?

Le petit San-A. chéri de ces dadames en mène de moins en moins large et bientôt il pourra se blottir entre les éléments d’un radiateur de chauffage central. Je regarde d’un œil nostalgique la formidable chaîne de montagnes qui se dresse devant moi, barrière inexpugnable ! François Lormont se trouve-t-il encore au cœur des Alpes, ou bien l’a-t-on emmené vers des régions inconnues par un moyen plus inconnu encore ?

En tout cas, je ne vais pas me mettre à arpenter les routes et les sentiers alpestres. En deux temps et trois mouvements de cerveau ma décision est prise. Les choses ont pris une tournure trop grave pour que je continue d’assumer l’enquête au gré de ma fantaisie. Faut que j’en réfère en haut lieu ! J’aimerais mieux me rendre aux lieux d’aisance, croyez-moi. Je suis dans une situation à côté de laquelle une cuvette de gogue occupe une position privilégiée dans l’échelle des valeurs.

Je donne l’ordre aux gendarmes d’explorer la région et d’opérer des descentes discrètes dans les hôtels afin de retrouver la môme Lydia et, éventuellement, François Lormont. Ensuite de quoi je prends la route de Chambéry, qui se trouve être également celle de Paris.

Je vous prie, non pas d’agréer l’expression de mes sentiments particuliers, mais de croire que je dépoussière le cadran de mon compteur sur toute sa surface ! Le verglas, je m’en tamponne les pneumatiques. Pas besoin de chaînes. Du reste, on vous l’a souventes fois répété : où il y a de la chaîne, y a pas de plaisir !

Les ceuss qui me voient débouler se demandent si je suis un Martien en retard ou si on est mercredi ! En pas une plombe, je déboule dans la banlieue de Chambéry. Et c’est là que la malchance continue de m’accabler. Comme je dépasse le panneau m’annonçant que je me trouve dans la capitale des anciens Ducs of Savoie, il se produit un bruit idiot sous le capot de ma guindé et celle-ci se met à battre la breloque. En jurant comme un congrès de charretiers, je vais regarder. Pas d’histoire, mes lapins : j’ai bel et bien coulé une bielle ! Me voilà beau ? Comme quoi, quand c’est pas votre jour, vous feriez mieux d’aller au dodo non pas avec une sœur (vous la rateriez) mais avec un somnifère.

Comme il y a un garage à vingt-cinq centimètres de là, j’y laisse ma brouette en recommandant au tôlier de faire le nécessaire. Puis je m’offre un taxi-auto qui pousse l’amabilité jusqu’à me conduire à la gare. Un employé m’annonce que le train for Paris va entrer en gare dans douze secondes. C’est une petite consolation.

Effectivement, le teuf-teuf s’annonce en ferraillant. Je me vote un compartiment de first classe avec une vue sur la mer et je m’abats sur une banquette moelleuse, brisé par cette fatigue particulière que provoquent les fortes émotions.

Nous ne sommes que deux dans mon compartiment : un vieux curé habillé en ecclésiastique et moi, fringué en skieur ! M’est avis que je vais avoir bonne mine en déhottant à Pantruche. Tant que je me cantonnerai aux abords de la gare de Lyon, ça ira encore, mais c’est after ! Avec mes bottes et mon anorak, je vais solliciter l’attention des passants.

Le train démarre. Le curé ligote son bréviaire et je me mets à roupiller, ce qui est un passe-temps valable en l’occurrence.

Je rêve illico que je suis sur mes skis. Je dévale à toute pompe une côte raide comme la paroi d’une pissotière et je vais franchir une voie ferrée à l’instant précis où un train radine. Pas moyen d’éviter ça. Je tente désespérément de m’arrêter, mais à la suite de je ne sais quel sortilège, je ne sais plus le faire. Je pousse un cri.

— Amen ! fait le curé en refermant son livre.

Je le regarde, effaré. À ce moment-là, un loufiat de chez Cook arpente le couloir en agitant sa sonnette. Le curé se signe distraitement. C’est un réflexe conditionné : il s’est cru à la messe au moment de l’élévation. Votre gars San-A. pense que l’homme d’aujourd’hui doit, pour être en mesure d’affronter la vie tumultueuse, se sustenter un chouïa et il se lève pour gagner le wagon-restau. Me voilà qui remonte le couloir en brimbalant. Je suis meurtri au plus profond de mon être, pas par les coups de hanche que je donne aux parois du train, mais par la mort de ce pauvre Laurent ! Il était bath, mon plan d’action ! À cause de moi, un jeune gars plein de vie et d’avenir est maintenant allongé, tout raide sur une civière. J’en chialerais…

Je continue de remonter le train de mon allure de somnambule lorsqu’en passant devant un compartiment, j’ai le fouinoussard à breloques virulentes courbes qui saute dans mon éprouvette perfide, mes amis. Figurez-vous, ou ne vous figurez pas, j’en ai rigoureusement rien à branler, que, toute seulabre dans son compartiment, il y a la môme Lydia soi-même. Elle a posé ses souliers et allongé ses jambes sur la banquette d’en face. Elle lit Elle. Je n’en crois pas ma rétine.

Je tire la porte à glissière et j’entre. Elle lève un œil distrait, qui se dédistrait en un instant.

— Je ne vous dérange pas ? susurré-je de ma voix de velours cauteleuse dont il me reste encore un coupon.

Elle referme son journal et le dépose à ses côtés sur la banquette. San-Antonio, lui, procède alors à une petite opération délicate : il abaisse les rideaux masquant les trois vitres donnant sur le couloir. Nous voici en petit comité, elle, moi et Elle.

— Alors, ma choute, je dis en m’asseyant en face d’elle, on en a eu marre de Courchevel tout à coup ?

Elle hausse les épaules. Miss Barrons-nous a déjà récupéré.

— Ça n’est pas de Courchevel que j’ai eu marre, mais de Riri Belloise, me déclare-t-elle. Les brutes c’est gentil un moment, mais on s’en lasse vite !

— D’accord, mais ça n’est pas gentil de larguer son homme au moment précis où il a des ennuis gros comme le mont Blanc.

— Des ennuis, fait-elle, quels ennuis ?

Ce talent de comédienne, ma douleur !

Je ne saurais pas qu’elle sait, je croirais qu’elle ne sait pas !

— Il a brûlé un feu rouge avec une lampe à souder !

— Parlez clairement, je vous prie !

Ma parole, si je la laisse gambader, dans trente secondes elle va me faire le pied de nez !

— Ignoreriez-vous la raison de son séjour à Courchevel, ma belle enfant ?

Elle ne sourcille pas, la petite peste.

— Nous sommes venus faire du ski.

— C’est tout ?

— Ça me paraît être une raison suffisante, non ?

Je ne la laisse pas se pavaner. C’est plus fort que moi. Elle écope d’une mandale qui ferait éternuer ses défenses à un éléphant. Des larmes brouillent sa vue.

— Espèce de saligaud de flic ! gronde-t-elle en se levant.

Une seconde mornifle plus impressionnante que la première se pose sur son frais minois, avec le train d’atterrissage rentré.

— Qui vous a permis ? bredouille Lydia.

— Quelqu’un de bien : moi ! J’aime autant te prévenir loyalement, ma gosse, que je suis décidé à t’administrer d’autres beignes pour me faire la main, et même à te flanquer une fessée pour me faire la rétine.

— Sale brute !

Elle étend le bras et décroche l’un des stores. Le panneau de toile s’enroule d’une seule détente. Je l’abaisse de nouveau et d’une troisième morniflette je couche ma môme sur la banquette.

Elle se met à hurler à pleine voix. Je lui fourre d’un geste prompt mon mouchoir dans le bec.

— Tu me le rendras quand tu seras calmée, lui dis-je, car il est brodé à mes initiales !

Elle étouffe et refoule le mouchoir.

— Vous êtes…, vous êtes…, commence la douce enfant.

— Je sais, coupé-je, ne cherche pas à dresser la liste de ce que je suis, tu en oublierais. Belloise m’a dit que tu étais au courant de tout, pas la peine de me berlurer ! Telle que te voilà démarrée, Lydia, tu risques de finir ta belle jeunesse en taule, ma chérie ! Tu t’es rendue coupable de meurtre avec préméditation en remplaçant les balles à blanc par de vraies balles. Le fait que tu n’aies pas appuyé sur la détente n’est pas une circonstance atténuante. Je te vois très bien écopant de quinze ou vingt piges ! Quinze ans sans massage, sans bronzage, sans salons de coiffure, sans instituts de beauté, sans gymnastique. Quinze ans sans amour, Lydia, réfléchis un tantinet. Lorsque tu ressortiras du trou, même avec une remise de peine pour bonne conduite, tu ressembleras en moins bien à la fée Carabosse ! Or ces années de taule me paraissent inévitables. Je t’arrête, tu piges ?

Mon petit discours à bout portant porte. Elle est pâlichonne tout à coup, malgré les beignes que je lui ai administrées.

Psychologue, hein, le San-A. ? Il connaît les femmes et leurs soucis ! Je l’aurais menacée de mort, ça ne l’aurait peut-être pas commotionnée, mais lui parler de sa beauté flétrie, c’est une autre paire de choses.

Maintenant, il faut brosser un second volet pour gagner la partie.

— Supposons que tu deviennes raisonnable, mignonne, et que tu te confies à ton San-Antonio adoré, hmm ? Tu sais ce qu’il fait, le San-Antonio vénéré ? Il oublie que tu as joué un très vilain rôle dans cette affaire. Il oublie que tu as tué mon petit camarade par personne interposée. Oui, il sait ça. D’accusée, tu deviens simple témoin. Pour l’instant, je suis à l’intersection de ton destin, penses-y. Mais si tu t’obstines, je te fais emballer à la prochaine gare et tu es plus marron que deux kilos de châtaignes dans de la crème au chocolat parce qu’alors il sera trop tard.

— Oh ! vos promesses de flic ! ronchonne la belle gosse.

— Les flics ont leurs faiblesses.

Je change de banquette et je me place à ses côtés. J’entoure son épaule de mon bras athlétique.

— Tu as sans doute déjà remarqué que tu étais mon genre, non ? Car en somme, c’est parce que tu m’avais tapé dans l’œil que tout cela est arrivé. Vrai ou faux, adorable voyageuse ?

Elle acquiesce, mollement. Je me dis que c’est le moment de lui déballer mon savoir et je l’embrasse fougueusement. Pour qu’il n’y ait pas d’équivoque entre nous, je lui octroie au prix coûtant ma galoche romaine façon Néron. La porte de notre compartiment s’ouvre et l’employé du wagon-restau nous mate d’un œil salingue.

— Mande pardon, fait-il, voulez-vous des tickets pour le second service ?

— Non, merci, le congédié-je.

— Monsieur a tort, rigole le zig, il y a justement de la langue persillée au menu.

Il se taille sur cette boutade de Dijon (il est bourguignon et roule les « r »).

Je reprends mes prouesses amygdaliennes là où je les ai laissées. Elles ne semblent pas déplaire à la môme Lydia, bien au contraire. La voilà qui se plaque contre moi, qui m’étreint, qui me chevauche, qui me comprime, qui s’exprime, qui s’incruste, qui s’insinue, qui s’empare, qui ne désempare pas, qui promet, qui tient, qui tient bien, qui n’y tient plus, qui se dit que deux tu les as vaut mieux qu’un tien tu l’auras…

Vous parlez d’un interrogatoire, mes petites poules ! Prenez votre tour, y en aura pour tout le monde ! C’est la fiesta héroïque, la chevauchée infernale, le rodéo des grands jours.

À dada ! Les vins du Postillon, à moi ! Vive la S.N.C.F. une et indivisible ! Le mouvement berceur de la voie ferrée, c’est l’opium du peuple, mes fils ! Hommage au génie français qui a tout prévu : les accoudoirs et les repose-nuque. San-Antonio est en train de gagner la bataille du rail ! Il va décrocher le ruban bleu ! Il est dans les temps du record du monde ! Il s’envole vers l’arrivée sous les ovations de sa partenaire en délire qui l’encourage frénétiquement !

Il va gagner le canard ! Et puis soudain, il se passe quelque chose : le bruit du train devient plus présent. Je réalise qu’on vient d’ouvrir la portière du couloir. J’entends une espèce de crépitement. La môme Lydia cesse de se trémousser. Elle est effondrée contre moi. Je la dépose sur la banquette et je m’aperçois qu’elle a le dossard farci de petits trous. Un monsieur peu galant lui a vidé un chargeur dans les reins pendant qu’elle s’envoyait en l’air. Elle se trouvait déjà sur la rampe de lancement pour le septième ciel. Maintenant elle n’a qu’à poursuivre sa route : c’est tout droit !

Elle a perdu connaissance, son souffle est bref, saccadé. Le sang ruisselle de son beau corps ardent.

Je me palpe, ahuri de n’avoir pas morflé de bastos. Mais non : excepté deux prunes qui se sont logées à côté de ma tête dans le drap rouge de la banquette, c’est Lydia qui a tout intercepté.

Je bondis dans le couloir. Celui-ci est vide. Je ne sais quelle direction choisir. Je me dis qu’il y a intérêt à foncer vers le wagon-restaurant. Au passage, je jette un coup d’œil dans tous les compartiments et partout je n’aperçois que de paisibles voyageurs. J’ouvre les portes des toilettes : chose curieuse, toutes sont vides. Enfin j’arrive au wagon-restaurant.

Peu de trèpe. Ce train ne comblera pas le déficit des Chemins de fer de l’État. En cette période de sports d’hiver, il faut dire que le trafic s’opère surtout dans le sens contraire. Il va à Paris chercher les futures fractures.

Le préposé en veste blanche qui m’avait vanté la langue persillée m’accueille avec un petit sourire aimable.

— Deux couverts, monsieur ?

— Non. Je n’ai pas faim. Je voudrais savoir si quelqu’un vient d’entrer dans ce wagon.

Il ouvre des billes de loto grand format.

— Comment ça, monsieur ?

— Le service est commencé depuis un bon moment, n’est-ce pas ? Je vous demande s’il y a eu des retardataires !

— Pas à ma connaissance ! Non, tout le monde est ici depuis le début.

— Merci.

Pas de bol, mes frères ! Il semble que le tueur du train se soit volatilisé. Et pourtant il est bel et bien dans l’un de ces wagons fonçant à cent à l’heure dans la campagne françouaise ! Je me tape la totalité du convoi en matant chaque voyageur sous le naze, mais je ne dérouille pas. Une fouille de chaque personne serait négative car il est fort probable que le meurtrier s’est débarrassé de son perforateur à injection directe !

Je me décide à affranchir le contrôleur et nous organisons un petit programme maison pour garder l’assassinat secret.

J’ai provoqué pas mal de casse jusqu’à présent, et je ne tiens pas à me faire une publicité démesurée.

Maintenant il va falloir affronter le Vioque pour lui faire part de mon tableau de chasse, et j’ai dans l’idée qu’il va y avoir des pleurs et des grincements de dentier !

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