ÇA GRIMPE ENCORE

Pas un rigolard, le secrétaire du gouverneur. Mécontent d’être importuné en pleine réception. Un grand blond tirant sur le roux, au visage blafard et tavelé. Lèvres minces, regard inquisiteur.

Y a fallu que je fasse des panards et des paluches pour être reçu. Duraille de passer les portes de cette crèche. Ma carte, mon insistance, mes accents pathétiques et mon charme discret ont fini par triompher.

Larry Golade me reçoit pratiquement entre deux portes, dans une pièce intermédiaire, conçue comme un sas entre une théorie de salons.

J’y raconte que je suis commissaire spécial, attaché à la Présidence de la République française et que je m’intéresse aux agissements d’une jeune et belle dame hindoue nommée Iria Jélaraipur. Cette personne figure-t-elle parmi les invités du gouverneur ?

Larry Golade tire sur les deux pointes de son spencer (Tracy).

— J’y ai effectivement aperçu une dame hindoue, confirme-t-il.

— Monsieur le secrétaire, il est indispensable que je puisse jeter un regard sur cette fille afin d’étudier son comportement. Il faudrait que je puisse l’observer sans être vu d’elle. Ce ne serait l’affaire que de quelques minutes.

Comme il paraît peu coopératif, j’ajoute :

— Si vous avez des réticences à mon propos, je vous prie d’appeler l’Elysée et de parler de moi au Président ou, à la rigueur, à son conseiller, M. Auguste Bajazet.

Larry Golade hoche le chef.

Pardon ? Qu’est-ce tu dis ? J’ai déjà eu un Larry Golade dans l’une de mes précédentes z’œuvres ? Je te demande pardon. Et Larry Post ? Tu te rappelles plus ? Ou bien, tiens, Larry Tournell ? Non, hein ? Bon : on garde Larry Tournell. Donc, Larry Tournell branle le chef, déterminé.

— Suivez-moi !

Il m’entraîne dans un long couloir. A l’extrémité dudit l’en est un autre, moins large. Un brouhaha de salon s’enfle à mesure que nous avançons.

Larry Tournell ouvre une petite porte et pénètre dans la salle où se tient la fiesta.

Cette vaste pièce ouvre sur une terrasse. Le buffet est dressé dans la pièce, mais les invités se tiennent de préférence à l’extérieur. De part et d’autre du buffet, de grands paravents de bambou masquent les denrées prêtes à renouveler celles qui seront consommées par les invités. Mon mentor (qui n’est jamais cru, même quand il dit la vérité) me fait signe de venir m’embusquer derrière l’un de ces paravents. Entre les panneaux, il subsiste un intervalle d’au moins cinq centimètres par lequel on obtient une vue complète sur l’assistance.

— Mettez-vous ici et n’en bougez plus ! m’enjoint-il.

— Mille mercis, monsieur le premier secrétaire.

L’homme au spencer s’arrête brusquement.

— Ne prenez pas ma requête en mauvaise part, monsieur le commissaire, me dit-il ; mais je voudrais m’assurer que vous n’avez pas d’arme sur vous.

Avec un sourire de pardon, je lève mes bras pour l’inviter à me fouiller. Il le fait rapidement, efficacement, et de haut en bas. Heureusement que j’ai dégodé, sinon il allait croire des choses.

Son inspection achevée, il m’adresse une mimique de reconnaissance et va se mêler à la foule.

Moi, très vite, je retapisse la môme Iria. Déjà en plein turf. Et je te vas expliquer bien succinctement l’en quoi cela consiste. Elle a, selon son habitude, choisi un poste d’observation adéquat (les meilleurs) près d’un pilier et fixe Lady Di, laquelle est en converse avec un amiral de la flotte britannouille.

L’amiral est un bel homme au poil gris, au teint patiné par le grand air de la dunette, ou par celui du scotch (terrier). Physique de médaille ! Sa converse doit avoir de l’agrément car la future reine rit de ses trente et une dents (il lui en manque une, au fond et à gauche, consécutive à une noisette résistante).

Iria est braquée, tel un rayon laser, sur la belle princesse que moi, franchement, d’accord, elle est sympa, charmante, pas mal roulée, mais y a vraiment pas de quoi se mettre la queue en trompette.

De son côté, le prince Charles, en grande tenue écossaise (il a choisi celle-ci because la chaleur, ça lui permet d’aérer ses balloches préroyales) raconte les dernières de Buckingham au gouverneur et à sa dondon à peau porcine. Of course, les courtisans forment des groupes autour des deux hôtes fameux et écoutent, en retenant des filets de bave admirative, l’échine en crosse d’évêque.

Ma môme Iria, crois-moi, elle en colle un pacsif à sa cliente. J’ignore de quelle pensée elle charge son fluide, toujours est-il qu’elle y va plein cadre.

J’évite de la fixer moi-même, pas la perturber et détourner ensuite son attention sur ma pomme comme ç’a été le cas (d’astre) à l’Elysée-m’as-tu-vu. Je suis curieux de voir dans quelle direction elle oriente sa démarche psychique.

J’observe de préférence la chère Lady Di, si opportune pour les magazines de France et Navarre. Je l’imagine, dans vingt ou trente piges, en plein règne et ménopause, quand elle sera devenue dodue, avec des chapeaux forestiers, plus tartes que ceux d’aujourd’hui, pleins d’oiseaux et de fleurs foisonnantes. Je la vois, sourire figé, entourée des siens et de la considération de tous, coincée dans les fastes du palais, ou bien passant la garde en revue sur le cheval blanc d’Henri IV dont on se rappelle jamais la couleur ! Roulant carrosse, au grand dam de ses hémorroïdes. Je la vois en bonnet à poils et tunique rouge. Au diable la varice ! Toutes les princesses de rêve finissent avec la bouille de Mme Pipi.

Lady Di, tiens, que se passe-t-il ? Elle a cessé de rire. Son expression est devenue tendue, perdue…

Jeanne d’Arc écoutant ses voix un jour que la communication passait mal. Elle vagabonde par l’esprit. Reusement, l’amiral Lord Anyboat continue la jactance en roue libre. Derrière mon paravent, je peux pas entendre ce qu’il cause, mais il le fait avec une nonchalance aristocratique. Un demi-sourire de déférence aux lèvres. Il a de la bouteille (à la mer), mais son charme demeure intact.

Je pressens qu’il va se passer quelque chose. Il y a un je ne sais quoi de médiumnique dans l’attitude soudainement figée de la princesse.

Ça se produit brusquement, presque innocemment. Je vois la tendre Lady avancer sa main vers la braguette de l’amiral. Lui ne se rend compte de rien et continue d’emmener son escadre de mots sur les flots calmes du bon ton.

La menotte princessière n’est plus qu’à dix centimètres du futal blanc de son terlocuteur.

Elle paraît hésiter telle la colombe (elle est gantée de blanc) cherchant le rameau sur lequel elle se posera.

L’amiral explique dans le sérieux, il doit raconter Gibraltar, selon moi, ces enviandés d’Espingouins, qui la ramènent, réclament leur caillou, comme quoi, merde, ils se sont farci les Arbis pendant des siècles, c’est pas pour tolérer les Rosbifs jusqu’à plus soif, sans blague ! Eux aussi, ils en sont du Marché commun. La Méditerranée ils sont cap’ de la garder aussi bien que les scouts à la belle-doche de Di, non mais des fois !

Et puis il reste la bouche ouverte, l’amiral, au risque de couler par cette voie d’eau qui le laisse sans voix ! Mme Windsor jeune vient de lui empoigner le bec verseur. Qu’alors là, au grand et au petit jamais on a vu pareille chose chez ces illustres.

Commako, en plein salon ! La main au décolleté de M. l’amiral. Le coup du saute-au-paf ! Je te tiens, tu me tiens par la barbichette !

Le vieux gonzier, tu le verrais, à bout d’époustouflance, reculer misérablement, manière d’échapper à l’étreinte. Que toute sa glorieuse carrière est remise en question ; et, qui pisé, ses concepts, sa notion profonde de la souveraineté de l’empire britannoche. Lui, la famille royale, c’était le top, jusqu’à cet instant. L’inébranlable ! Et voilà qu’elle le branle !

Merde ! Impossible !

Iria continue de fixer Lady Di. Et celle-ci fait en avançant le pas que l’amiral a fait en reculant.

J’adresse un signe au loufiat le plus proche : un rondouillard couleur bacon.

— Allez immédiatement chercher mister Larry Golade, je vous prie !

— Je croyais que vous l’aviez rebaptisé Larry Tournell ou Larry Bambell ? s’étonne l’esclave.

— En effet ; veuillez pardonner cette distraction d’auteur surmené.

Le serveur part à la recherche de Larry Boulding et me le ramène le temps de compter posément jusqu’à trois.

What ? demande le secrétaire.

Il aurait mis deux « t », la lumière aurait jailli !

— Regardez attentivement les mains de la princesse.

Je m’écarte pour lui laisser le créneau. Mais je continue de mater par-dessus son épaule. La chère Lady renouvelle son geste calamiteux. Plus fougueuse cette fois. Elle empoigne toute la panoplie à l’amiral. Le pauvre homme, il serait japonais, tu pourrais déjà nettoyer son sabre à l’alcool à 90° pour l’harakiri inévitable.

Larry Baude a un sursaut. Il se détourne, très pâle.

— C’est épouvantable ! balbutie-t-il.

Il regarde mourir l’Angleterre, cézigue. Sa chère vieille Albioche ! Et il voudrait anéantir tout ce qui nous entoure : la maison, les invités, le rocher Suchard avec ses singes…

— C’est la faute de l’Hindoue, lui dis-je. Emmenez-la immédiatement car cette fille suggestionne votre princesse, mon vieux. Il s’agit d’un envoûtement. Mesurez l’ampleur du scandale s’il est connu du monde entier.

Tu penses qu’il mesure ! Pas besoin de chaîne d’arpenteur !

N’écoutant que mon conseil, il fonce. Je le vois aborder Iria. Celle-ci a un tressaillement suivi d’un froncement de sourcils irrité ; puis son expression devient urbaine. Le secrétaire lui fait signe de l’accompagner. Elle obéit. Ils sortent de la pièce.

Presque aussitôt, la princesse lâche sa proie.

Ouf ! Deux ou trois personnes pétrifiées commençaient à réagir et s’apprêtaient à alerter les autres convives pour les prendre à témoin de l’incroyable scène.

L’amiral récupère sa bitoune et se taille pour aller cacher sa honte sous les palétuviers roses du jardin.

Il se dit que ça va chier pour ses galons, à l’amirauté. On va lui apprendre ce qu’il en coûte de se laisser taper un rassis par la princesse, au beau milieu d’une réception ! Et en terre presque étrangère encore ! Ils lui feront porter le chapeau, au Lord amiral ! Comme quoi c’est lui qui aura eu les privautés, tu penses ! Va falloir la blanchir Omo, la Lady. Défarguer le scandale sur pépère à cent pour cent ! L’Histoire, ça s’adapte. Question d’interprétation. De l’eau coulera sous le pont de la Tour de Londres avant que Decaux rétablisse la vérité du Bon Dieu sur nos écrans !

Y aura des vagues dans la Royale Navy, espère ! Des creux de quinze mètres qui vont l’engloutir corps et biens.

Pendant que ça chuchote à la ronde, qu’on observe la comportance de Lady Di, savoir si elle va pas encore grimper au chibre, la pauvrette, son bonhomme, grand glandeur devant l’Eternel, continue d’écouter les giries de Pierre, Paul, Jacques, plutôt de Peter, John, William, les mains dans le dos, comme y a appris son papa, m’sieur Consort (et qu’on oublie de rentrer). Il a le sourire Sigrand, perpétuel. Que même pour dormir on le lui fixe au collodion et à l’albuplast. Princier, si tu vois ce fameux sourire. Léger, entendu. Pas vanneur ni supérieur, juste clément. C’est pas le tout, y va être roi, sa pomme. Faut pas qu’il manque une prémolaire à ses guêtres. C’est dans la mâchoire, la majesté, chez les Windsor. Pour ça qu’ils ont tous un petit je ne sais quoi de chevalin dans le tiroir du bas. Il ignore les dévergondages occultes de sa petite mousmé, le Glandu. Ils auront beau dire, à la cour, que si elle y tâtait le neutron à l’amiral Anyboat, c’était pour s’assurer qu’il lavait bien ses lainages avec Woolite, ça lui filera le masque, à Charlot-les-grandes-étiquettes, de ligoter ça dans les gazettes.

Débarrassé d’Iria, je dégage du paravent et vais renoucher la célèbre victime de l’Hindoue. Comme mon Président, l’autre aprèm’, dans les jardins de l’Elysée, elle est pâle et hagarde après cette dure séance. Pauvre chère âme ! Une secousse pareille, t’envisages la perturbance de son métabolisme ? Son prochain baby risque de naître biscornu comme si elle buvait de la Talidomide à la place de son tea !

Tu l’imagines, coltinant cette opprobre jusqu’à la fin de ses jours au côté de son Charles III ? Non, non ! Le Seigneur est grand qui accorde l’oubli aux infortunés, victimes de coups fourrés abominables.

Elle se remet de l’expérience comme d’un étourdissement. Disons qu’elle a eu un étourdissement ; juste un passage à vide ; pas de quoi péter une pendule, merde ! Ça t’est jamais arrivé, tézigue, de tâter la bistounette d’un monsieur à l’improviste, commako, en camarade, juste pour lui témoigner ta sympathie ? Ose prétendre le contraire, voyouse, en regardant comme mon fond de l’œil est frais !

Rassuré sur son sort, je les quitte, elle et son hareng saur, pour aller dire trois-quatre mots à miss Jélaraipur.


Dans l’antichambre, je me bute à un Maure de Venise du dix-huitième siècle qui brandit une torche éteinte. La statue pousse une brève exclamation car c’était un mec de l’Intelligence Service travesti qui surveillait les lieux.

Drôle de surveillance.

Je le lui dis sans jambages :

— Une épée comme toi, je lui fais, ils en voudraient même pas chez Sécuritas pour assurer un remplacement.

Et de me mettre à la recherche de Larry Cochet.

M’étant enquis de sa pomme, un valet m’apprend qu’il est sorti en compagnie de plusieurs personnes.

Il n’a pas dû aller loin car je vois resurgir le secrétaire du gouverneur, rouge comme un buisson ardent (ou d’écrevisses) du fait que, malgré la chaleur, il a, pour sortir, enfilé un imperméable par-dessus son spencer de cérémonie.

— Comment va Sa Grâce ? il me demande, surexcité, ce qui est plutôt rare pour un Anglais.

— Elle récupère, dis-je.

— Vous pensez que… qu’elle se remettra de cette agression psychique ?

— Sans nul doute, nous l’en avons arrachée à temps.

— Cette fille est donc une diablesse ! s’exclame Larry Sképerryl en posant son survêtement.

— Elle défie notre esprit cartésien, en effet. Qu’en avez-vous fait ?

— Je l’ai expulsée.

— Vous n’avez pas eu beaucoup de chemin à parcourir, gouaillé-je. Sous quel prétexte ?

— Aucun. Personnalité indésirable sur le Rocher, ça suffit. On ne peut guère l’incriminer à propos d’un pouvoir qui n’est pas prouvable, d’ailleurs nous ne devons surtout pas créer de remous autour de cette malheureuse affaire.

Il me tend la main.

— Merci pour votre intervention, commissaire, la Couronne vous doit beaucoup et vous exprimera postérieurement sa reconnaissance.

Je presse sans enthousiasme sa demi-livre de phalanges et phalangettes particulièrement cartilagineuses sous leur enveloppe glacée.

— Il serait intéressant de savoir qui a introduit cette fille ici, ne trouvez-vous pas ? demandé-je à Larry Baude.

— Nous allons mener une petite enquête.

— Je puis d’ores et déjà vous fournir de sérieux éléments.

Et je lui décris les deux hommes de la Minimock venus attendre Iria Jélaraipur au débarcadère.

— Je vois parfaitement de qui il s’agit, m’assure le secrétaire : Thimothy Ox, un correspondant de presse permanent à Gibraltar, il travaille pour une agence internationale dont le siège est à London. Nous allons avoir une conversation sérieuse avec lui. D’autant plus rapidement qu’il est invité à la réception.

Que puis-je faire d’autre, n’étant pas chez moi ?

Prendre congé ?

Oui, hein ?

Je le prends.


Des éclats de voix m’arrivent sur la coloquinte tandis que je gravis l’escadrin. Au fur et à mesure que je grimpe, je démêle des invectives anglaises auxquelles répondent des imprécations espagnoles.

Parvenu sur l’ultime palier — celui de Dolorès — j’identifie parfaitement la voix d’icelle. La latinité, dans ce genre de sport, finit toujours par l’emporter sur l’anglo-saxonnerie, aussi son verbe se fait-il plus pressant et plus présent que celui de son antagonoche.

Elle clame à ce dernier qu’elle n’est pas à sa disposition, qu’il n’a aucun droit sur elle et que lorsqu’on fait l’amour façon lapin garé en double file, avec un zibounet de macaque, on la ramène moins fort, et qu’elle aimerait bien le voir déguerpir d’urgence.

L’autre assure qu’il n’en fera rien. Donne-t-il du blé à cette damoiselle pour l’aider à assumer son apparte, yes or no ? Ça lui confère des droits sur ledit, no or yes, merde !

Pensant que là pourrait peut-être s’effectuer mon entrée de théâtre, je tourne la chevillette afin que la bobinette chût, et elle choit.

Un grand blondasse au teint ocre, avec des yeux marron clair frangés de cils presque blancs, se tourne vers ma pomme, mécontent.

— Qui c’est, ce type ? demande-t-il à Dolorès.

— Service d’évacuation, je lui réponds.

Je m’efface en tenant la porte ouverte.

— Si vous voulez bien disparaître, beau jeune homme, vous rendriez service à deux êtres que la nature ne demande qu’à unir.

Cézigue, parole, il a la tête de plus que moi. Il est fringué de blanc et y a un machin écrit sur son maillot qui pourrait être le nom d’un barlu ou d’une société ou de je ne sais quoi encore mais dont je me tamponne à outrance.

— Vous n’avez pas la prétention de me virer d’ici ? fait-il en s’avançant sur moi, les mains déguisées en poings velus de blond.

— Prétention, non, mais volonté, si !

Il marque un suprême temps de répit avant de me voler dans le cigarillo.

— Il couche avec toi, ordure ? demande-t-il à Dolorès.

— Non, je réponds, mais c’est imminent.

Ça lui suffit enfin ! Il bondit, son poing droit levé comme l’épée de muerte du torero, cherchant sur ma personne l’emplacement le plus approprié pour déguster un parpaing de déménageur.

Il finit par sélectionner ma pommette et vran !

Ce qui l’handicapera toute sa vie, Johnson (car je suppose que c’est lui), c’est qu’il téléphone avant de frapper. J’ai dix fois le temps d’esquiver et il se trouve en partiel déséquilibre. Je l’estoque d’un bolopunch et il se redresse, alourdi par ce gnon féroce aux mandibules. Qu’alors je le biche par la nuque et le précipite contre le mur, si fortement que je m’attends à le voir passer au travers comme dans les dessins animés. Etourdi, il choit à genoux.

— Je le finis ou je t’en laisse un peu pour demain ? demandé-je à notre belle.

Elle hausse les épaules.

— Comme tu veux.

— Bon alors on va abréger les pourparlers.

Il morfle un coup de genou à la tempe, K.-O. !

Je le biche par les pieds, m’attelle entre ses jambes et lui fais descendre les étages. Sa tronche tressaute à chaque marche. Lorsque nous sommes au bas de l’escalier, tu croirais qu’il vient de parcourir toute la nationale 7 à plat ventre, attaché derrière un camion.

Je l’assois dans l’entrée, sous les plaques des locataires.

— Si vous avez encore besoin de moi, n’hésitez pas, je lui dis-je, je suis l’homme qui remplace les ascenseurs.

Il ânonne à travers des bulles rouges que je dois aller me faire sodomiser.

— Je ne vous promets pas de suivre ce conseil, réponds-je, toutefois, il me donne des idées.

Et je remonte quatre à quatre chez Dolorès.

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