Le taxi brimbale sur la route peu encombrée. Il brinquebale, même, selon moi, à certains nids-de-poules, car je marque une nette différence entre brimbaler et brinquebaler (qui peut se dire aussi bringuebaler) bien que le dictionnaire nous les fournisse comme étant de signification identique. Je suis davantage secoué dans un véhicule qui brinquebale que dans un qui brimbale.
Cela dit pour combattre un peu ton ignardise au passage, mais nous allons parviendre dans le vif du sujet, rassure-toi.
D’ailleurs, un panneau indicateur annonce que nous atteignons Marbella.
Le driverman laisse la ville et ses buildinges sur sa gauche pour foncer en direction du fameux Fuente, haut lieu de l’hostellerie espagnole (est-ce Pagnol ?).
Belle réalisation que cet établissement en forme de village luxueux, à l’architecture plaisante, au modernisme raffiné, enrichi d’une végétation luxuriante. Deux piscines, un ruisseau enchanteur qu’enjambent çà et là des ponts de rêve, des arbres exotiques bondés de blanches colombes et d’aimables zoziaux musicaux. Bon, voilà pour le dépliant.
Je te passe les restaurants, les bars, la discothèque patronnée par Régine bien entendu, comme partout en Europe, Amérique, Afrique et Océanie, de même que les tennis où Borg Borygme vient donner des cours du soir après la messe de minuit des années bissextiles. Je te fais grâce de la plage dédaignée par la clientèle, car d’effrayants tout-un-chacun peuvent y déambuler, le littoral appartenant à tout le monde depuis le changement de monarchie.
Moyennant une certaine quantité de pesetas, on nous conduit dans nos appartements, face à la piscine principale où, malgré la saison, des vacanciers font encore trempette (les trempettes de la renommée). Chacun de nous dispose d’une suite impressionnante, ne comprenant pas moins de trois pièces et deux salles de bains, ce qui est beaucoup pour un seul homme, que si au moins, les baignoires se trouvaient côte à côte, on pourrait se fourbir un panard dans chacune d’elles.
Le Vieux n’a pas moufté pendant le voyage. Taciturne, hermétique, il a passé notre temps de vol à lire Le Monde dans le texte, refusant le plateau-repas proposé par une brune hôtesse, aimable et mal rasée.
Il semble hanté par des pensées accapareuses dont il vaut mieux ne pas le distraire. C’est sans doute la première fois qu’Achille fait la police buissonnière et il en consécute des états d’âme.
— Quand vous aurez achevé votre installation, montez donc me voir, bougonne-t-il, vu qu’il s’est octroyé l’appartement du dessus.
Ayant garni quelques cintres à habits et quelques tiroirs, je m’offre un verre du xérès dont la direction pourvoit ses clients et je grimpe chez le Dabe.
Je le trouve en grande conversation avec une fabuleuse personne grande, belle et blonde, distinguée, habillée par l’élite de la couture. Regard presque mauve, lèvres fascinantes. Tout le reste formide, judicieux, bien placé ; bref, la toute grande réussite au rayon des produits humains.
Le Vieux nous présente :
— Mon plus précieux collaborateur, presque mon dauphin, le commissaire San-Antonio… Mademoiselle Véra Gunter, une amie de ma fille que j’ai l’agréable surprise de rencontrer au Fuente.
Vieux tartufe ! Il rencontre les jolies filles de passage dans sa chambre, cézig-pâte ! A d’autres, Achille. Je pige pourquoi il a été biché par le démon de l’enquête, mon vieux crabe ! La main à la pâte, qu’il affirmait, ce futé ! La main au cul, oui ! Et son côté valse des fonds secrets ! La seule chose qui m’intrigue, c’est le pourquoi il m’a drivé avec lui en voyage de noces ! Dis, il contracterait pas des goûts pervers en prenant du carat, le Big Boss ? Il compterait pas sur la main-d’œuvre extérieure pour terminer ce qu’il serait seulement capable de commencer ?
Je mate la môme jusqu’au fond de la France profonde. Superbe, te répété-je. Et d’une intelligence qui éclaire son ravissant minois. Quel âge ? Vingt-cinq ou six, pas plus.
Nos mains se font la connaissance. J’attarde un brin le contact, manière de lui faire piger qu’entre elle et la reine d’Angleterre j’hésiterais pas si le choix m’était proposé. Elle feint de pas s’en apercevoir.
— Le hasard est grand, hé ? s’extasie le Dirluche.
Il a retrouvé toute sa frite. Il jubile. Je crois savoir pourquoi il se montrait tendu pendant le voyage : il craignait que sa merveilleuse amie-de-fille ne soit pas au rendez-vous !
— Je vais vous dire pourquoi nous sommes ici, San-Antonio, décide gravement Pépère.
— Je vais vous laisser, s’empresse Mlle Gunter.
— Du tout ! égosille Achille. Ce n’est pas un secret. Mon cher ami, poursuit-il à mon intention, au cours des discussions que j’ai eues avec l’ami Kaufmann, ce dernier m’a appris qu’il était venu en Europe avec son épouse et qu’il avait laissé celle-ci au Fuente de Marbella pour qu’elle y passe quelques jours de vacances. L’endroit l’avait séduit. Il m’a semblé comprendre qu’il était venu ici afin d’y rencontrer quelqu’un d’important. Je suis convaincu que nous devons interviewer la dame Kaufmann avant qu’elle ne soit informée de son veuvage. Il s’agit de faire vite et de forcer gentiment le mur de son intimité. Véra va pouvoir nous aider à le faire. Au travail, mon cher !
Je file un nouveau coup de périscope sur la souris.
Travailler avec une auxiliaire pareille ! Je me ferais éboueur, s’il le fallait !
Elle est comme moi, Véra : elle adore le porto vieux. Le serveur nous en apporte un de derrière les haz de leña (ce qui, traduit de l’espanche, devrait vouloir dire « de derrière les fagots ») et nous le sirotons en achevant de faire connaissance.
— Il y a longtemps que vous êtes ici ? demandé-je.
— Depuis hier, répond la Sublime. Mais j’ai déjà déblayé le terrain.
— C’est-à-dire ?
— Je sais qui est Mme Kaufmann, je connais le numéro de sa chambre, les gens qu’elle fréquente et une partie de ses habitudes.
La question qui me combuste les labiales part au détour de ma réflexion :
— Vous êtes l’amie de la fille, la collaboratrice ou quoi d’autre ?
— Les deux premiers, mais pas « quoi d’autre », malgré les empressements de votre glorieux directeur. Effectivement je suis très liée à sa fille et il m’a demandé à plusieurs reprises des… tuyaux, mon père étant diplomate, ce qui me vaut d’accéder à des milieux généralement fermés. Pour le reste, j’ai droit à une cour en règle, Achille étant, en présence d’une jeune femme, pareil à un poisson dans de la grande friture.
— Et cela vous amuse de jouer à l’agente de renseignements ?
— Quelquefois. Mais je pense aussi qu’il est de mon devoir de me rendre utile. J’ai été élevée par une grand-mère pour qui sa qualité de Française était la première de toutes.
— Fermez le ban ! souris-je en élevant mon verre pour un toast complimenteur.
Elle boit une gorgée et murmure, derrière son verre :
— La voilà.
Une dame vient d’entrer, très ricaine, d’âge mûrissant avec ses cheveux gris-bleus gonflés, son maquillage plâtreux et ses lunettes en amandes cerclées de brillants aussi faux que des promesses électorales.
Elle porte simultanément la cinquantaine et un yorkshire gros comme une crevette rose, mais beaucoup plus poilu, et qui n’aurait peut-être pas l’air con si sa maîtresse ne l’avait affublé d’un collier de strass et d’un nœud de soie jaune dans les « cheveux ».
Mme Kaufmann est plutôt boulotte (parce qu’elle boulotte trop), plutôt sympa (bien que frivole et fofolle), et habillée chez un bon faiseur de la Cinquième Avenue qui lui a fourgué une robe délicieuse, dans les tons bleu, rose, vert, dont le motif répétitif représente l’Empire State Building dans le soleil levant (ou couchant, la différence étant pour les poètes).
Elle cherche des yeux quelqu’un qui ne se trouve pas là et choisit une table assez voisine de la nôtre.
Je comprends que son bonhomme l’ait laissée en dépôt à Marbella : au Fuente elle est un peu moins voyante qu’au Charles Vé.
La musique du bar joue de l’Albéniz, ce qui est une fameuse idée. Le yorkshire se met à japper après la médaille pieuse pendue au cou du serveur, et qui représente l’apparition de Santa Clara de la Stupéfaction sur la place des Toros de Séville. Ce serveur, Antonio Salig Kibandalez, natif de Madrid ouest, bien qu’affilié au parti socialiste espagnol, est d’une grande piété. Sa sœur aînée est au Caramel, pardon : au Carmel, où elle exerce sous l’appellation de sœur Thérésa de la Démangeaison, tandis que son frère cadet vend des journaux sur les Ramblas de Barcelone. Le papa est mort pour avoir avalé de travers une arête de calamar et la maman est lingère chez le général Francisco y Fopa Sanfer, gouverneur militaire de Pompelune.
Mme Kaufmann calme son molosse et commande un dry martini. Je cherche son regard, le trouve, et lui souris. Elle me sourit. Je lui déclare alors, en anglais de Charenton, que son chien est un amour. L’aimable personne fait « Arrr arrr » de contentement, mouille sa jolie culotte et me répond que « N’est-ce pas ! ». Ajoutant peu après qu’il s’agit d’un yorkshire classé monument historique, avec un pedigree qui rejoint la Couronne d’Angleterre par les femelles, et qu’il se prénomme « Apple », son nom de famille demeurant Kaufmann, bien entendu. Véra se joint à mon solo de compliments, si bien que nous entreprenons un duo d’une grande musicalité, elle à la flûte, moi au violon. La Dabuche écluse son dry martini, cul mouillé.
Avant qu’elle ne hèle Antonio Saligo Kibandalez, je lui propose de faire rebelote avec nous. Elle accepte. Je me précipite pour l’aider à se lever, puis à prendre place à notre table, attentions qu’elle apprécie, à preuve : elle me dit que j’ai une galanterie très britannique. Cocardier, je lui rectifie le tir et lui avoue ma nationalité. Elle en montre quelque surprise, jugeant, m’avoue-t-elle avec cette robuste franchise des gens dont le Q.I. avoisine la température d’Helsinki au Jour de l’An, que mes compatriotes se comportent la plupart du temps comme des butors, la preuve en étant le paltoquet qui, pas plus tard que ce matin (mais pas plus tôt) a marché sans s’excuser sur la pattoune d’Apple. Un Parisien grande gueule, licheur, ronchon, mécontent de tout sauf de lui-même et houspillant sa malheureuse épouse dont Mme Kaufmann espère bien qu’elle le fait cocu quand il a le dos tourné.
On bavasse d’une chose et d’autres : Marbella, l’Espagne, le Fuente, le cher Président des États-Unis qui se lave les dents trois fois par jour, la politique inquiétante du Honduras, tout ça… Elle cause la bouche pleine, étant donné que Mémère déménage les chips et olives que le fan de Santa Clara de la Stupéfaction ne cesse de virguler sur notre table basse.
M’est avis que cette mignonne est bien ferrée. Glandue comme je la trouve, ce sera un jeu d’enfant que de lui faire dire ce qu’elle sait, en admettant qu’elle susse autre chose que le noyau de sa cerise confite (en dévotions, puisque espagnole).
Soudain elle s’interrompt au mitan d’une phrase qui n’avait nul besoin d’être terminée d’ailleurs et agitant trois kilogrammes de bracelets passés à son poignet droit, elle crie :
— Hello, Walti !
On se détronche et on voit se pointer un superbe garçon d’à peu près mon âge, noir mais avec une chevelure décrêpée, regard bleu, ce qui accroît sa beauté, portant des lunettes cerclées d’or qui lui donnent un aspect intellectuel. Il est très élégant : blazer de commodore agrémenté d’un écusson d’université, pantalon de flanelle grise, chemise à fines rayures blanches et bleues, cravate tricotée bleu marine.
Il s’approche, à la fois réservé et souriant. M. Colgate le voit, pile il lui signe un contrat pour sa pub. J’ai déjà vu des dents blanches, mais en considérant les siennes, tu comprends que Bonux, Persil, Ariel et consœurs ont raison : faut pas confondre blanc et blanc !
— Voici Walter Equal, le nous présente Mme Kaufmann. A propos, vous ai-je dit que mon nom est Daisy ?
On se révèle à notre tour : Véra, Antoine, tout bien. Poignées de louches françaises ponctuées de « Hello » ricains. L’arrivant fait un guili sous le menton d’Apple, lequel paraît le connaître et frétille.
On papote. Daisy nous demande si nous sommes mariés. Je réponds que Véra est ma cousine. Elle se trouve à Marbella en compagnie de son papa chez qui je travaille : import-export. Nous venons faire un petit break, manière d’échapper au stress à l’affût dans les bureaux des hommes d’affaires. Et eux ?
Daisy explique que son mari est un haut fonctionnaire américain, spécialisé dans les contacts avec l’étranger. Il se trouve provisoirement à Paris. Elle ignore que c’est certes toujours vrai, mais qu’il est allongé dans un tiroir de la morgue, ce qui te prouve bien qu’un malheur qu’on ignore n’est pas encore un malheur. Quant à Walti, il fait dans la banque et assure la liaison entre un groupe suisse et la Decline’s American Bank Corporation. Il vient de divorcer et il s’est permis une escapade à Marbella manière de se changer les idées.
A la manière dont la Daisy le regarde, on comprend qu’elle s’y emploie, n’étant pas raciste une fois passé les services d’Émigration américains. Mémère doit aimer la carambole. S’emplâtrer ce beau Noir au regard bleu, aux cheveux lisses et brillants comme truffe en lamelles doit être délectable pour la gentille chère grosse mémère à chien-chien rubaneux. Peut-être pas tant jouissif de vraie jouisserie, mais fortifiant.
Elle raffole trop la picole, la bouffe, les fanfreluches et les horribles mignons yorkshires de poche pour y aller franco du panard, Daisy. Je la devine à harnais, comme les dadames du temps jadis : corset, combinaison. Je hais ! Intolérable, la combinaison ! Et le corset, donc, instrument moyenâgeux ! Reliquat de croisades. Survivance de la ceinture de turpide chasteté, oh ! la la ! Descendant ras de moule, je le vois bien ! Aplatissant l’inaplatissable : le volume est déplaçable, mais pas comprimable, jamais longtemps en tout cas. Et donc il la calce, la veuve qui s’ignore encore. Et tiens ! Je vois radiner un groume, portant un plateau menu, en argent simili. La manière que de loin, il mate Mme Kaufmann, je comprends que c’est pour elle.
La very mauvaise nouvelle ! Tu veux parier ? Je profère un mot d’excuse et lui bondis au-devant.
— C’est pour Mme Kaufmann, n’est-ce pas ? lui demandé-je en espagnol, car je ne suis pas à une langue près.
Il fut un temps, je causais que le français, mal d’ailleurs, mais ça présentait des difficultés. Alors j’ai décidé de parler cent vingt-huit langues et dialectes pour faciliter les contacts z’humains, plus perdre de temps en oisives traductions répétitives. On vit le siècle de la promptitude, n’oublie pas.
Le groume répond affirmativement. Je ramasse le télégramme sur le plateau et lui vote un bifton de cent pesetas qui n’ôte rien à sa gravité de futur torero. L’Espago se marre peu. Toujours soucieux, t’auras observé. De là qu’on dit grand d’Espagne. A cause de la constipation qui continuellement les crispe. C’est purement intestinal, leur tristesse, les Espingos, parole ! Pas plus grands que toi et moi ; beaucoup plus petits au contraire. Mais ça n’a aucune importance ; à quoi sert d’être long ? Comme dit Scut qui a tout dit : « On ne peut plus se mettre les mains sur la tête. »
J’enfouille le message tandis que le gamin retourne à la réception.
Alors que je regagne ma place, je surprends un curieux manège : le copain noir verse quelque chose dans le godet de la chère Daisy. Boulot d’artiste, espère. Il a eu un geste pour caresser le petit brimborion de cador. Et, en exécutant ce mouvement, il a vidé le contenu d’une capsule dans le dry martini. Faut réellement posséder mon œil de lynx pour apercevoir la manœuvre d’illusionniste, tant tellement elle fut exécutée divinement. Tu parles d’un manipulateur, ce mec ! Je voudrais le voir avec un pacsif de cinquante-deux brèmes en pognes, ce boulot !
Heureusement, je vais le biter en renversant le glass de la Daronne au moment de m’asseoir. Fastoche, il est précisément au bord de la table basse.
Mais le sort en décide différemment. A l’instant précis où je rejoins le groupe, Daisy rafle son verre et te le gloupe à la russe, descendez on vous demande ! J’en suis tout bêta. Santonio se convoque pour une conférence intime. Deux attitudes sont envisageables. Ou bien je marque le coup, saute sur l’ami Walter, gueule qu’on mande un toubib, rameute, déclenche, bref, joue les terre-neuve, ou bien je m’écrase et je laisse venir.
Le temps de peser le pour et le contre, j’ai déjà opté en faveur de la seconde solution. Ce serait bien le diable s’il avait empoisonné la bonne dame ! P’t-être lui enquille-t-il un aphrodisiaque, qu’elle démène un peu des miches, Mémère, non ?
— Vous avez l’air tout songeur, Tony ? note la brave Daisy. Pas de mauvaises nouvelles, j’espère ?
— Au contraire, réponds-je : une grosse affaire m’est proposée.
Le Noir me demande si dans ma partie on « sent » la crise, je lui rétroque que nous sommes surmenés et qu’on embauche à tout-va.
Nous discutons encore de conneries plus ou moins mondaines, et puis nous nous séparons avec promesse de nous revoir après le dîner pour un petit coup de champ’ vacancier. Walti part le premier.
— Charmant homme, dis-je à la gravosse ; vous le connaissiez avant Marbella ?
— Non, nous nous sommes liés d’amitié au bord de la piscine. N’est-il pas beau comme un dieu ?
— Le dieu qui afficherait cette tête-là ferait le plein !
— Je le trouve follement excitant, renchérit Mémère que ses glandes tarabustent.
Elle soupire, ce qui me donne à penser que j’ai devancé l’événement et que ce magnifique spécimen de la race noire n’a pas encore fait de la maîtresse d’Apple la sienne, ainsi que l’écrivait Sainte-Beuve, la patronne des hugoliens.
La nuit est tiède, avec des chiées d’étoiles. Le ruisseau glougloute et d’habiles spots écrivent dans les branchages persistants des rêves de lumière (Ah ! si San-Antonio décidait un jour d’écrire sérieusement ! Jean D’Ormesson (Non, mais dites donc, de quoi je me mêle ? L’Éditeur)).
M’approchant d’un lampadaire, je décachette le message adressé à Poupette Kaufmann.
Je m’attendais à une annonce mortuaire, je lis :
Complication m’oblige différer retour, te donnerai nouvelles fin de semaine. Tendrement, Baby.
Le télégramme est daté de cet après-midi. Cela fait un jour que Baby Kaufmann est défunté.
Tu crois au miracle, toi ?
Moi, non.
Je rafistole le pli et demande à Véra où se trouve l’appartement de la Daronne afin de l’aller glisser sous sa porte.
M’est avis que nous avons un point de commun, les « gens » de Pantruche et moi : nous ne sommes pas pressés de faire de la peine à Daisy.