Don Juan demeura devant le portail de l’hôtel de Runes, regardant la Blonde s’en aller, silhouette d’une maladive élégance qui semblait à peine toucher terre. Et elle, quand elle fut à dix pas, se retourna pour le voir encore… Voici ce qu’elle vit:
Le noble portail s’ouvrit, une litière, traînée par un vigoureux cheval noir caparaçonné de pourpre, une jolie litière avec des rideaux de soie pourpre frangés et armoriés d’or; et dans le cadre de ces rideaux d’une chaude et somptueuse couleur, se montrait une jeune dame, radieuse de sa jeunesse fleurie en beauté, vêtue d’un adorable costume de satin broché sur quoi les pierreries étincelaient; son sourire exprimait le bonheur d’être riche et belle, l’allégresse d’être aimée, la joie de vivre. Dans le moment, donc, où la litière franchissait le portail, le cheval, soit qu’il eût pris peur, soit que quelque partie du harnachement mal ajusté l’eût blessé, se mit à ruer, puis se cabra, renversa le laquais chamarré qui le tenait en main, souffla, hennit, s’élança… La dame jeta un cri d’effroi, se renversa sur les coussins, cacha son visage dans ses mains.
Et voici encore ce que vit la ribaude:
D’un bond qui révélait l’adresse et l’audace, la souplesse et la force, la plus puissante vitalité, don Juan se jetait à la tête du cheval, se cramponnait solidement aux harnais, et suspendu au-dessus de la chaussée, comprimait d’une main de fer les naseaux de l’animal qui, à demi étouffé, s’arrêta, s’abattit…
La Blonde, défaillante de terreur et d’admiration, eut un soupir qui traduisit et précisa soudain le sentiment éveillé en son âme naïve… Mais voici ce qu’elle vit alors:
La dame, aussitôt la litière arrêtée, s’élançait à terre; la rude émotion éprouvée, par choc en retour, la faisait vaciller, elle pâlissait, ses yeux se fermaient, elle s’affaissait, elle allait tomber… le sauveur accourait… Don Juan la prenait, la soulevait, l’emportait dans ses bras robustes, et cette vision étrange et charmante s’évanouissait dans l’hôtel de Runes.
La ribaude se détourna, frissonna d’elle ne savait quelle douleur et s’en alla.
Il y eut grand remue-ménage dans l’hôtel, des gens affairés coururent de-ci de-là pour témoigner que la seule possibilité de la catastrophe évitée les affolait, toute la séquelle des femmes et des suivantes parut éplorée. Don Juan marcha dans un cortège de lamentations, de cris, de larmes, il suivit le flot, monta un large escalier, parcourut des appartements fastueux, refusa jusqu’au bout de se dessaisir de son merveilleux fardeau, malgré les objurgations aigres-douces d’une vieille gouvernante, et, parvenu enfin jusque dans la chambre même de Mme la duchesse de Runes, déposa doucement dans un fauteuil la jeune femme évanouie, et tout aussitôt mit un genou sur le tapis, puis s’inclinant sur la main qu’il saisissait la baisa d’un long baiser qui fit tressaillir la jolie duchesse… elle ouvrit les yeux et sourit.
– Relevez-vous, monsieur, dit-elle, et faites-moi la grâce de m’apprendre à qui M. le duc de Runes, mon mari, devra la joie de me revoir vivante…
D’un coup d’œil, la spirituelle Parisienne avait jugé don Juan et que, peut-être, déjà, il attendait trop de sa reconnaissance: d’un mot, elle lui enseignait que sa première pensée allait à son mari. Don Juan avait l’oreille fine. Il entendit parfaitement. Mais il dédaignait les précautions raisonnables, et comme à son ordinaire se jeta à corps perdu dans la bataille.
– Madame, dit-il, vous voyez devant vous don Juan Tenorio, gentilhomme espagnol, de la noblesse de Séville, conduit à Paris par son heureuse destinée qui était de vous rencontrer, l’homme le plus fortuné du monde puisqu’il a eu le bonheur d’épargner peut-être une écorchure à ces mains adorables, l’homme aussi, le plus cruellement déçu, puisqu’il apprend à l’instant que celle qu’il adore appartient à un autre.
Et don Juan s’inclina en étouffant un long soupir.
C’était du plus pur espagnol. Tenorio se trouvait en pleine algarade sévillane. Tout y était: et l’accident évité par sa prompte bravoure, et la belle jeune dame aux yeux encore un peu effrayés, et l’absence du mari, et la déclaration traditionnelle incluse en une phrase alambiquée… en lui-même, don Juan regretta de n’avoir point amené quelques guitaristes.
La duchesse de Runes considéra son sauveur avec un ébahissement amusé, puis:
– Mais… vous m’aimez donc, monsieur?
Don Juan tressaillit de joie. Il n’eût pu souhaiter meilleure réplique à son rôle.
– En doutez-vous? dit-il. À quoi donc m’a-t-il servi de me morfondre des jours et des jours à la porte de cet hôtel, de vous suivre de loin quand vous sortiez? Il y a une heure encore, lorsque ma constance me conduisit une fois de plus devant cette demeure, j’osais me dire que, peut-être, vous aviez enfin daigné apercevoir le respectueux adorateur qui souhaitait donner sa vie pour un sourire, pour un regard de vous. Je vois qu’il n’en est rien… vous m’apprenez que jamais vous n’avez jeté les yeux sur moi… que vous m’ignorez, madame, et vous me voyez cruellement puni de ma présomption. Juan Tenorio, c’est ici la fin du plus beau rêve de ta vie: celle que tu aimes avec tout ce qu’il y a dans ton âme de forces d’amour ignore ton existence et ton cœur, puisqu’elle te demande si tu l’aimes!…
Le visage de la duchesse de Runes prit cette expression de douce gravité qui va si bien aux très jolies femmes, et, se levant, elle tendit sa main à don Juan qui la saisit avec transport.
– Seigneur Juan Tenorio, dit-elle, laissez-moi vous dire que vous avez fait mieux que d’éviter une écorchure à mes mains. Au vrai, vous m’avez sauvé la vie, et pour cela, bravement et bellement risqué la vôtre. Adélaïde de Runes cherchera et, je l’espère, trouvera l’occasion de vous prouver la sincère gratitude dont son cœur est pénétré. Ah! monsieur, je frémis à la seule pensée de l’affreuse douleur que la nouvelle de ma mort eût apporté à mon bien-aimé duc, et je vous bénis de lui avoir épargné un chagrin qui l’eût tué lui-même…
Et dans le même moment, l’inévitable réaction venant à se produire, la charmante jeune femme éclata en sanglots. Don Juan demeura interdit. Quoi! La duchesse de Runes aimait donc son duc au point de ne voir dans sa propre mort que la douleur dont eût été frappé le cher mari! Don Juan se vit tout petit. Il se jugea humilié. Il éprouva la plus furieuse jalousie contre cet homme aimé d’un tel amour par une femme qu’il aimait, lui, depuis dix minutes! Il vit la duchesse lever les yeux vers un beau portrait qui, par une coquetterie d’amour exclusif, se trouvait la seule œuvre d’art dont fût ornée cette chambre. Et, dans un costume de cour qui lui seyait à merveille, pourpoint de satin, court manteau de velours, toque à plume blanche, c’était le souriant portrait d’un gentilhomme jeune et beau, avec une physionomie de mâle franchise et d’humaine bonté, des yeux lumineux d’intelligence, le digne époux de cette adorable Adélaïde de Runes qui pleurait doucement en le contemplant. Elle se tourna vers don Juan alors, et continua:
– Le duc de Runes, monsieur, vous accueillera en frère, quand il saura ce qu’il vous doit. En attendant qu’il revienne de Chantilly où il se trouve dans l’escorte française de Sa Majesté le roi des Espagnes, son hôtel vous est ouvert. Vous me feriez un infini plaisir en venant, dès ce soir, vous asseoir à ma table.
De cet amour proclamé par don Juan, pas un mot. Tenorio ne pouvait rester sous le coup d’une pareille humiliation.
– Madame, dit-il, j’ose accepter la précieuse invitation dont vous m’honorez. Je dois cela à mon pauvre cœur qui, si longtemps, a souffert loin de vous. J’ai si souvent rêvé de vous approcher que je me dois à moi-même le dédommagement de pouvoir vous contempler pendant toute une heure en vous disant que je vous aime…
– Seigneur Tenorio, dit la duchesse, on voit que vous êtes de la noblesse de Séville, la plus galante qui soit au monde. Certes, un Français qui m’eût aimé comme vous prétendez m’aimer, se fût cru, dans l’heure où il venait de me sauver la vie, et justement pour cela, obligé à ne pas me parler de son amour… Mais nos gentilshommes parisiens ont de ces timidités que ne connaissent point les paladins d’outre-monts.
La leçon était dure; la duchesse de Runes s’évertua à en atténuer la sévérité par la grâce du sourire et la légère ironie de la voix. Mais elle ignorait à quel obstiné elle avait affaire, et que don Juan professait qu’on doit tout bonnement répéter à une femme «Je vous aime» jusqu’à ce qu’elle ait entendu, et que le moment où elle entendra viendra sûrement…
– Français ou Espagnol, dit-il, tout témoin de l’aventure vous eût sauvée par courage, par devoir de gentilhomme: plus égoïste, moins digne de gratitude, c’est seulement par amour que don Juan Tenorio s’est jeté à la tête de votre cheval, heureux, madame, trop heureux s’il eût péri dans l’affaire, puisqu’il lui était réservé de succomber à la douleur de n’être rien pour vous. Du moins me sera-t-il permis d’adoucir l’amertume de mon dernier soupir en attestant le ciel que je meurs de vous avoir trop aimée…
Dans le moment où il parlait ainsi, don Juan imagina sa mort. Oui, il se dit vraiment expirer de douleur. Il s’entendit attester le ciel en prononçant le nom chéri d’Adélaïde, et l’amour, un véritable amour surgit en lui, et il pleura de vraies larmes sur sa propre misère, et le regard chargé de ces larmes qu’il leva alors sur la duchesse de Runes fut empreint d’un tel désespoir qu’elle en fut toute troublée d’un sentiment fait de compassion et aussi de quelque vanité. Car, à en croire du moins la théorie de don Juan, il n’y a pas de femme qui n’éprouve de la fierté à inspirer une passion capable d’aller jusqu’au trépas… le malheur était que ce bon Tenorio n’était nullement mort sinon en imagination, et qu’il n’avait aucune envie de trépasser.
La preuve, c’est que, s’étant présenté le soir du même jour à l’hôtel de Runes selon l’invitation qui lui en avait été faite, il fit excellente figure à la table de la duchesse qu’il émerveilla par son appétit, qu’il étourdit de sa verve et de son entrain…
Quant à la Blonde, quant à la ribaude du cabaret du Bel-Argent, il va sans dire qu’il n’y pensait plus.
Et Léonor? Ah! pour ce qui est de Léonor… mais nous verrons bien.
Adélaïde de Runes (de la branche cadette de la famille de Runes) avait épousé son cousin germain Henri-François de Runes: c’était toute son histoire… c’était peu, c’était beaucoup… c’était tout!
Élevés ensemble, Adélaïde et François s’aimaient depuis… autant dire depuis toujours. Depuis deux ans que, sur dispense spéciale, ils avaient pu s’épouser, leur amour sincère, profond, n’avait fait que s’épanouir en charme et en félicité. Ces deux êtres certainement destinés l’un à l’autre par une admirable concordance de dispositions naturelles et sociales, étaient sûrs de s’aimer toujours; ils étaient pareils par la beauté, la jeunesse, les aspirations de l’âme, par la même finesse d’esprit, la même distinction de goûts, la même élégance d’attitudes morales, la même vitalité de cœur. En vérité, chacun d’eux était le parfait miroir où l’autre pouvait se contempler et s’étudier. On dit que ces ressemblances étonnantes sont presque toujours génératrices d’ennui, de lassitudes prématurées. Laissons dire les philosophes qui se feraient couper en huit plutôt que de ne pas couper en quatre les fils d’or des destinées heureuses, et contentons-nous d’admirer les beaux spectacles de la nature. Adélaïde et François s’adoraient. Vraiment oui, leur amour était de l’adoration. La vie sans Adélaïde eût semblé un non-sens à François; la vie, sans François, n’eût pas été possible à Adélaïde…
Telle était la jeune femme chez qui don Juan, quinze jours durant, se présenta régulièrement chaque après-midi et à la table de laquelle, par cinq fois en cette période, il fut reçu en sauveur, en ami, en frère.
Pour ses quinze visites journalières, don Juan changea quinze fois d’habillement, et, à chaque nouvelle métamorphose, son costume fut un impeccable chef-d’œuvre de haut goût, d’opulente simplicité.
Tenorio vivait toutes ses matinées à la grande friperie de la Halle où il passait en revue, avec sa parfaite science du vêtement et son coup d’œil infaillible, tout ce que les boutiques les mieux achalandées pouvaient offrir de plus fastueux, de plus harmonieux et de plus seyant.
De même, il changea quinze fois de monture, et à chaque fois, le cheval devant qui le suisse de l’hôtel de Runes ouvrit le grand portail à deux battants, fut une bête de prix que plus d’un connaisseur admira au passage.
À chacune de ces visites, don Juan se fit suivre de deux laquais des mieux équipés et parfaitement stylés: rien qu’à les voir, on devinait que le maître ne pouvait être qu’un très haut seigneur.
Dès le premier jour, don Juan avait poussé la hardiesse jusqu’à offrir à la duchesse un beau diamant qui valait bien cinq ou six mille livres, enchâssé dans une bague d’or curieusement ouvrée. Il va sans dire qu’elle refusa tout net, et elle ajouta:
– Pardonnez-moi, seigneur Tenorio, mais monsieur le duc et moi, une fois pour toutes nous nous sommes promis de ne jamais porter de bijoux que ceux que nous nous serions donnés l’un à l’autre.
– Dès ce soir, donc, je jetterai cette pierre dans la Seine, riposta don Juan. Achetée pour vous, elle ne saurait plus convenir à nulle femme au monde…
Il dit… et, naturellement, garda la bague et le diamant qui, au lieu de descendre au fond de l’eau, s’en allèrent échouer, plus tard, chez quelque revendeur.
Don Juan dépensait sans compter. Mais, pareil d’ailleurs à tous les prodigues, il savait calculer sa prodigalité même. C’est ainsi que, choisissant un nouveau costume, il revendait à perte celui qu’il avait porté la veille, au fripier même qui l’habillait de neuf. Pour les chevaux, il employait le même procédé.
Il résulta de là que, s’étant montré avec quinze habits différents, et pouvant passer pour posséder une écurie de quinze chevaux, don Juan, au bout de l’aventure, se trouva possesseur d’un unique cheval et du costume qu’il portait sur lui.
Il n’en fut pas moins établi aux yeux de M. et Mme Grégoire que Juan Tenorio était un seigneur d’une fabuleuse richesse. Plus que jamais, les hôtes de la Devinière furent persuadés qu’ils pouvaient à un tel personnage, ouvrir un crédit sans limites.
Quant aux deux laquais, don Juan les avait loués pour un mois, laps de temps qu’il avait jugé très suffisant et largement compté pour arriver à la conclusion naturelle et fatale de l’aventure, c’est-à-dire, d’après lui, à la chute de la pauvre duchesse.
Malgré cette espèce d’ordre qu’il mettait à son désordre, et cette astucieuse lésinerie qu’il mettait à sa prodigalité, don Juan n’en avait eu pas moins besoin d’une importante somme d’argent initiale pour entreprendre sa guerre amoureuse. Ce fut très simplement qu’il résolut ce problème:
Le jour même où il sauva la duchesse de Runes, entre l’incident que nous avons conté et le dîner auquel il fut convié, il s’en alla, tout affairé, trouver le comte de Loraydan auquel il tint à peu près ce langage:
– Cher ami, vous souhaitez, pour le moins avec autant d’ardeur que moi-même, que l’enlèvement de Léonor d’Ulloa se fasse en toute célérité. Or, une telle entreprise ne va pas sans quelque dépense à laquelle je ne puis faire face, ayant oublié mon escarcelle à Séville. Si donc, d’une part, vous tenez, comme vous me l’avez dit, à ce que je vous débarrasse promptement de la fille du Commandeur, et si, d’autre part, ainsi que vous me l’avez également affirmé, votre bourse est à ma disposition, prêtez-moi sur l’heure les quelque vingt mille livres nécessaires à notre commun bonheur.
Loraydan, excellent calculateur, trouva peut-être la somme un peu forte, mais il n’en laissa rien paraître et s’exécuta de bonne grâce et «sur l’heure», comme disait Tenorio.
Nous arrivons au quinzième jour.
La bizarre jalousie que don Juan, dès la première minute, avait éprouvée contre le duc de Runes était devenue une de ces bienheureuses haines d’autant plus tenaces et violentes qu’elles sont sans motif. Tenorio était jaloux de Runes. Jaloux? Mais pourquoi diable? Adélaïde était-elle sa femme, à lui, don Juan? Lui avait-elle fait don de son amour, et Runes intervenait-il comme un importun larron qui, pour une satisfaction passionnelle, s’en vient troubler le bonheur d’autrui?
Don Juan n’était pas très éloigné de le croire, ou, du moins, de le prétendre.
Le plus consciencieusement du monde, donc, il haïssait ce pauvre duc de Runes qu’il n’avait jamais vu. Runes était aimé d’Adélaïde: cela suffisait.
Pendant ces quinze jours, sa passion s’exaspéra, il en vint à aimer sincèrement Adélaïde, il en vint à se dire qu’il ne pouvait vivre sans elle… Le quinzième jour, au matin, il reçut à la Devinière la visite du comte de Loraydan qui lui dit en substance:
– L’heure de tenir votre parole est venue. Voyant que vous aviez d’autres soucis en tête, j’ai moi-même tout préparé pour le départ de Léonor d’Ulloa. Des hommes, un carrosse: tout est prêt. Demain soir, vers onze heures, le moment sera propice. À vous d’agir. Au cas où vous resteriez inactif, mon cher seigneur, je croirais que vous vous êtes moqué de moi, et de Léonor, et du Commandeur, et du roi, de tous, c’est trop!
– Trop! Beaucoup trop! s’écria don Juan. Mais trop n’est pas encore assez. Si mon pauvre Corentin était là, il vous dirait que j’ai accoutumé de me moquer de Dieu et du diable et de moi-même. Pourtant nul ne pourra dire que Juan Tenorio se soit moqué de sa propre parole d’honneur. Soyez tranquille. Votre colère, et celle de votre roi, et celle de tous les sbires de Paris, je m’en moque, cher seigneur. Mais parce que je vous l’ai promis, le départ de Léonor se fera demain, à l’heure que vous dites.
Et demeuré seul:
– Par le Dieu vivant, comment ai-je pu oublier que j’aime Léonor? Ah! Léonor cruelle, il est bien vrai que mon cœur… Oui, mais j’aime Adélaïde. Si j’en crois ce digne comte, demain, je dois quitter Paris. Je n’ai donc plus que cette journée pour venir à bout d’Adélaïde. Eh bien, soit: ce soir, tout sera fini.
Le soir venu, il se rendit à l’hôtel de Runes, où il était attendu à la table de la duchesse.