La vérité.

La vérité ?

Tu la veux, la vérité, dis, pauvre chose ?

La vérité à poil. La vérité totale, complète, entière, lumineuse. La vérité sans seulement une feuille de vigne pour se placarder le frifri. La vérité intrésèche. La vérité qu’offense. La vérité dodue, grasse comme cochon empuriné. La vérité hénorme. La vérité qu’on n’ose pas dire, pas croire. La vérité universelle. La vérité de chacun. Celle de mes fesses. Celle qu’est pas bonne à dire. La vérité travestie. La vérité trahie. Les quatre vérités ! La vérité qui dépasse l’affliction. La vérité même. Et puis aussi la vérité qu’est en dessous de la vérité. La vérité du Bon Dieu. La mienne : la réelle ! Franchement, tu la veux, la vérité, hé, peau de saucisse ? Rien que la vérité, toute la vérité ? Bien vrai, t’es sûr ? T’es prêt ? Tu peux ? T’auras pas de regrets ?

La vérité en marche ?

Bon. Alors en avant… arche !

Seulement je te préviens : tu me croiras pas. J’ t’ai imposé ce que, truffes, ils déclarent une image de marque. San-Antonio il est campé au tout jamais dans ta mansarde si basse de plafond. A présent, je t’affirmerais que je suis le roi des cons, tu me croirais plus.

C’est trop tard.

Et pourtant je vais pas m’éterniser, m’immortaliser dans les malentendus, non ?

Faut que je me rectifie avant déchets.

Ils me talonnent.

Que je me mette à table. T’informe du textuel de mon cas.

Bon.

Dans trois secondes ça va être lâché. Révélé. Irrattrapable. La vérité c’est que je ne suis pas un homme, mais un Martien.

Un Martien venu survoler votre bande d’oc.

Je m’ai déguisé, camouflé serré. J’ai joué au Terrien tant que j’ai pu à force de bassesses et de conneries, de faiblesses et de turpitudes. J’ai tellement bien manigancé qu’on m’a cru et que par moments, même, je me suis pris pour un homme ! Faut dire que je n’avais rien laissé au hasard, à l’instar (au super-instar) de Jésus qu’a laissé traîner Dieu tout le long de son passage. Miracles et cortèges, c’est pas le genre San-Antonio. Chez nous, à Mars, on nous élève pas en grande pompe dans le culte. Un jour je t’en dirai plus. L’heure n’est point venue.

Ce que je voulais te révéler aujourd’hui, c’était ça, simplement : je suis un Martien !

Donc, dis-toi que ce polar innocent représente en fait un événement plutôt inouï sur les bords. La première fois, sur ton globe à la mords-moi le pôle, qu’un individu t’annonce qu’il est martien.

Surtout crois pas que je sois seul.

Y en a autres ! Beaucoup d’autres que tu peux te l’arrondir pour en avoir la liste.

Entre Martiens on ne se fait pas d’arnaque.

Chez nous y a qu’une devise : célébrité-digression.

Si je prends la décision de glavioter le morcif, c’est parce que mon temps est venu. Le temps de quoi ? Tu verras. Tu vas voir. Bouscule rien. Un arbre, on pige vraiment comment il est foutu que lorsque ses feuilles sont tombées, alors laisse pleurer les miennes, savate !

Et aborde l’époque martienne de San-A. sans frémir. Tu te doutais bien que ça n’allait pas durer toujours sur les mêmes bases, nous deux, dis, banane ? On n’allait pas forniquer de conserve à la petite semaine comme des macaques dans une cage ! Tu t’en serais contenté, ma parole ! Ah, sinistre ! Tu la gaffais donc pas cette minute radieuse où je t’étale la terrifiante vérité ?

Belle comme l’incendie de Publicis sur les Champs-Elysées, ma lope d’amour ! Car faut bien reconnaître que l’empire au papa Bleustein, c’est quand il a cramé qu’il a été le plus majestueux. Triste à dire, hein ? Y a rien d’aussi textuellement sublime qu’une catastrophe. Bien intense, bien irrémédiable. Féerique.

Regarde flamber ma vérité. Réchauffe ton incrédulité à ses hautes flammes. San-Antonio est martien.

Je le jure !

T’entends, morpion ? Je lève la main droite, la jambe droite, la burne droite et je te le jure !

Si tu ne me crois pas, doute, au moins.

Et puis pourquoi tu me croirais pas ?

Tu crois bien à la fidélité de ta femme et à l’intelligence de tes chiares !

Mieux : tu crois à ton éternité, lavement !

Enfin te revoilà prévenu et dorénavant plus rien ne sera pareil.

Car je suis martien !

Franchement, on ne dirait pas à me voir…

Hein ?

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