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Depuis qu’il avait découvert que Paulo di Maglio avait détourné des mémoires pour son usage personnel, Umberto Abdone devenait de plus en plus désagréable. il profitait carrément de la situation et Macha ne pouvait plus le supporter. À plusieurs reprises elle avait failli le remettre en place et elle qui détestait la violence et surtout ne voulait vexer personne, elle avait parfois des envies furieuses de le gifler. Il ne cessait de se frotter contre elle, lui imposant de force la réalité d’un désir exacerbé. il la frôlait sans vraiment la peloter mais c’était encore pire. Il paraissait pétri de frustrations et d’inhibitions et ne devait pas être capable de réaliser auprès des femmes qu’il payait tous ses fantasmes.

— Il faut le supporter, dit Paulo… Je lui ai promis une lettre du syndicat mais il ne se fait pas d’illusions. Il sait que je ne pourrais pas la lui montrer. Il doit croire que nous magouillons quelque chose contre l’entreprise.

— Tu crois qu’il doute que je sois étudiante ?

— Tu aurais dû t’inscrire vraiment. Il est capable d’aller se renseigner à la faculté.

— Si seulement il avait un accident ou tombait malade. Il va nous empoisonner l’existence durant des nuits alors que nous avons besoin de notre sérénité.

D’ailleurs Umberto arrivait chaque jour un peu plus tôt et ce fut Macha qui décida de ne pas venir durant quelques jours pour mettre un terme à cette tension insoutenable.

— Tant pis pour le retard mais ce sera préférable… Je vais en profiter pour dormir un peu, sinon je ne tiendrai pas le coup. Je vis trop sur les nerfs.

On lui avait présenté quelques étudiants en économie politique mais elle les trouvait trop dragueurs. Ils voulaient bien l’aiguiller dans ses recherches mais l’invitaient toujours dans leur chambre et rien de sérieux ne pouvait se faire avec eux. Elle apprit qu’un certain professeur Montello était un spécialiste du commerce extérieur, mais qu’actuellement il était malade avec une crise de bronchite comme chaque hiver.

Elle lui téléphona pour obtenir un rendez-vous mais sa femme se montra très sèche, désagréable. Il n’était pas question de venir déranger son mari alors qu’il était si malade. D’abord qui était-elle et pourquoi voulait-elle le voir ?

— Je fais des recherches sur le commerce extérieur de l’Italie… Je ne suis pas étudiante mais dans mon métier j’ai besoin de données intéressantes.

— Quel âge avez-vous ?

— Trente ans, pourquoi ?

La signora Montello lui raccrocha au nez sans préciser pourquoi elle posait ce genre de question et Macha pensa qu’elle était jalouse.

— Il faudrait téléphoner plusieurs fois dans la journée, lui conseilla sa sœur, et dès que tu entendras sa voix, tu la reconnaîtras, hein, tu raccroches. Peut-être qu’à la longue tu finiras par tomber sur lui.

— Je ne peux pas perdre tout mon temps à ça, répondit Macha.

— Dans ce cas je m’en occupe, dit Ruth… Je te prends un rendez-vous si c’est lui qui me répond ?

— Oui… D’accord mais je ne pense pas que tu auras des chances.

En attendant, elle retourna dans les bureaux de l’entreprise de transports et Umberto se précipita sur elle, lui baisa cérémonieusement les mains en déclarant qu’elle lui avait manqué énormément, qu’il n’arrivait plus à s’intéresser à son travail depuis qu’elle manquait et il l’environna de grandes attentions, recommença à la frôler si bien qu’elle lui demanda d’une voix très calme pourquoi il se montrait aussi pénible.

— Vous me trouvez pénible, fit-il le visage déformé par ce qu’il prenait pour une insulte.

— Vous voulez coucher avec moi et vous agissez comme un gosse, dit-elle. Je n’ai pas envie de partager votre lit et je voudrais que nos relations soient plus normales. Je suis sûre que nous pourrions être de très bons amis.

— Vous préférez Paulo di Maglio, hein ?

Di Maglio se trouvait à l’autre bout de la pièce et ne pouvait entendre leur conversation.

— Pas du tout. Je suis ici pour faire mon travail et vous me perturbez gravement.

— Vous êtes ici pour utiliser les ordinateurs à des fins personnelles. Je suis très inquiet et je vais devoir avertir dès demain matin les dirigeants de cette entreprise de ce qui se manigance ici.

— Vous vous trompez, dit-elle.

Di Maglio intrigué revenait vers eux rapidement.

— Umberto dit que nous manigançons quelque chose contre la société. Je lui assure que non. Il ne veut pas me croire et nous menace.

— Je ne ferai que mon travail, répliqua Umberto avec hauteur.

— D’accord, dit Paulo, mais par la suite ne t’étonne pas des conséquences de ton acte.

— Tu ne me fais pas peur.

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